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Citations de Yann Queffélec (605)


"J'ai tout dit, je crois ... J'ai parlé aux médecins ... Je veux dire, après la nuit. Ça fait dix ans ... Plus d'une fois j'ai pensé qu'il était impossible de décrypter les choses, un pareil souvenir. J'étais seul avec la voix d'Eric. Quelle différence entre souvenir et cauchemar ? La vie d'un homme, d'un ami. La voix d'un ami perdu."
[...]
Erwan me regarde et ce n'est évidemment pas moi qu'il voit dans mes yeux.
"Il a dit quelque chose en tombant. Ce n'était pas un cri, c'était des mots ... Un seul mot, ou plusieurs ... Plusieurs mots, oui ..."
Dix ans plus tard, Erwan se rappelle avoir entendu son ami non pas lancer un cri, mais dire quelque chose en disparaissant à la mer.
Un adieu. Quel adieu ?
Il entend clairement la voix dans le vent noir qui balaie la mer invisible autour du bateau.
Il entend la voix d'Eric, pas les mots.
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Mais que diable peut regarder Éric, à trois ans, six ans, dix ans, quand il regarde la mer entre Pornic et Noirmoutier ? Quand il regarde quoi ?
La mer ?
Mais qu'est-ce que la mer dans les yeux d'un enfant qui vient au monde ?
A trois ans, six ans, dix ans, j'arrivais à la mer et mon cœur battait violemment. Enfant, on essaie déjà d'arracher à l'océan, merveille entre les merveilles, ce trois fois rien du secret des choses qui, lorsqu'on l'attend toujours avec la même avidité, s'est déjà dissipé. Mer, jeunesse, mirage ...
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La peur, l'amour. L'homme et ses variations à l'échelle d'une vie. Pas une fois où Éric n'ait pris la mer sans avoir présente à l'esprit l'idée qu'il pouvait y rester, qu'elle pouvait être linceul ou révélation, ou les deux. Pas une fois où, revenu à terre, il n'ait fait volte-face et regardé l'horizon, les milliers d'horizons qu'il avait traversés, fétu, grain, bateau. Le temps vient quand il vient où l'attache terrestre donne à réfléchir au plus valeureux des conquérants.
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Alors ? Ça s'est bien passé. Phrase tabarlienne entre toutes. Passer. Le verbe référent du marin. Combien d'entre eux, tel Francis Joyon après son tour du monde, ont eu ces mots dignes du plus grand Shakespeare : "La mer m'a laissé passer ..." À méditer.
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Le mot s'efface au contact de l'eau. Indicible, la mer, indicible le chassé-croisé de la mer et du rêve humain. Silence. Éric le garde pour lui, le silence de la mer, le motus des traversées qu'il accomplit en lui-même en traversant les houles, et s'il n'est pas Alain Gerbault qui tourne le dos aux mensonges des civilisations, il n'en cherche pas moins l'innocence au large, au plus loin.
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Vous savez quel passage il préférait dans la Bible ? "Et ils partirent pour Ezron-Gaber et plantèrent leurs tentes dans le désert de Sion qui est Kadesh. Et ils partirent de Kadesh et plantèrent leurs tentes a Hor, aux lisières du pays d'Edom ... Et ils quittèrent Zalmonesh et campèrent à Punon. Et ils quittèrent Punon et campèrent à Oboth ... Et ils quittèrent Almondib-lathaim et campèrent dans les montagnes d'Abarim, devant Nebo ..." L'errance, l'exil. Son almanach n'est pas celui des prophètes ou des muses, mais bien du marin breton dans sa bougeotte universelle, bédouin du flot errant, campeur ici, campeur là, sur le départ, toujours : l'ailleurs, retour de fortune, la partance au bout du môle, la ligne d'espoir à tracer.
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Quelque chose pouvait donc arriver à cet homme né pour embellir les vertus héroïques de l'homme, traverser l'horizon qui n'existe pas, récompense ultime du marin faisant vœu de franchir la ligne invisible entre celui qu'il était au départ et celui qu'il sera peut-être au bout du môle, après les orages et la peur de la traversée.
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L'âge de raison, nous y sommes après l'été 38. En classe, Éric est en retard, il s'ennuie, et s'il existe une variété de fleurs, chez les bourgeois, nommée désespoir-du-peintre, il existe le désespoir-du-maître, à l'école, une race d'élèves absolument réfractaires à la pédagogie comme à la bonté des enseignants. Éric en est un, j'en suis un. Symboliquement, nous partageons le même banc sous les patères, au fond de la classe.
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J'ai voulu raconter ici comment deux sensibilités si proches, concordantes, finissent par sembler étrangères au regard des faits. Au début nous marchons côte à côte, Éric et moi. Nous poursuivons le même but. Puis il allonge son pas géant. C'est un géant. Sa tanière autour du monde a pour nom Pen Duick, c'est à vol de mésange qu'il fait le tour du destin.
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La douceur de lire après la fureur de vivre, un bien joli radeau pour la naufragée du bitume en réparation, la pasionaria des transgressions alcooliques habituée à faire le mur des préjugés bourgeois, chrétiens, pour explorer en douce les jardins interdits. Alors, Flo, on lit quoi ? Comme à l’hôpital, on lit ce qu’on lit. On s’endort sur les bouquins sans avoir bien compris de quoi ça parlait, on ne les finit pas, on les oublie.
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Je pensais, lui disais, lui répétais qu’il n’avait aucune chance d’exister, ce livre, aucune raison. Et qu’en plus, ou en moins, je n’avais pas une minute à lui consacrer. Comme quoi, il n’y a que les imbéciles qui ne… etc. 
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La « petite fiancée » devait épouser la mer ? Eh bien c’est le destin qui l’a baguée, en noces d’or, un pied de nez à l’océan, sa dernière exagération. De personne physique elle est devenue personnage, une sphinge de mythologie comme Antigone ou Cordélia, symbole et mystère de la jeunesse au féminin.
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pouvaient aller se faire cuire un œuf (ce que certains ont peut-être fait, d’ailleurs). Mais si prodigieux fût-il, son miracle me déroutait comme un phénomène inquiétant, paranormal, inachevé. J’avais l’impression qu’il rôdait autour d’elle et lui disait tout bas : « Je t’ai sauvée, c’est vrai, je t’ai sauvée encore une fois, mais stop ! N’en fais pas trop. » En d’autres termes moins châtiés : « Arrête les conneries ! » Et je vous jure que j’ai pensé à ça en l’écoutant, au destin qui ne plaisante jamais.
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Les médias n’ont jamais cru sa version des faits. Deux tours de clé, c’est ça ! On va te plaindre… Fille à papa, va. Comme si tu n’avais pas Carte Bleue et chéquier, princesse, quand tu les as donnés les deux tours. Comme si tu les trouvais sous le pied d’un cheval, tes petits voiliers mauves pour lonesome cow-boy au sang chaud.
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Mon père admirait et choyait les grands aventuriers qu’il publiait, et il se prenait volontiers pour l’un d’eux, ce que d’ailleurs il était à sa manière, avec discrétion et toujours en famille. Pas son truc, la solitude. Il aimait nous surprendre : « Ça vous dirait d’aller passer trois mois dans le désert, chez les Touaregs ? » Et on avait à peine le temps de boucler un sac.
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Elle était née dans les belles-lettres et dans un milieu pour qui l’aventure était l’idéal de tout être humain normalement constitué. On avait de l’argent, chez eux, mais on n’allait pas le dépenser au restaurant ni dans les hôtels de luxe ou dans la sape, les bagnoles, les mondanités, etc. On ne frimait pas, on avait horreur de ça. Il fallait que l’argent serve à grandir vos qualités ou à les révéler, qu’il vous aide à savoir qui vous étiez.
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Les secrets n’étaient pas vraiment secrets pour les amis, avec Florence. Ils servaient à prouver qu’on avait confiance en eux, qu’on les aimait. En y repensant, j’ai changé d’avis. Il est malheureusement impossible de pénétrer dans la tête d’un médium, et d’observer le fluide à l’œil nu lorsqu’il entre en action.
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Les femmes, les hommes, ça se complète bien, ça rigole bien, la fête… La fête et la mer, tu ne peux pas dissocier… Jamais se prendre au sérieux quand tu dis les choses, mais les dire et se marrer ensuite… Elle avançait bien, son idée, son odyssée… Il lui manquait des sous, mais elle avait peut-être un plan avec la télé, un truc de malade, top secret…
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La femme aussi lui donnait envie d’en découdre avec l’air du temps. On ne faisait rien pour la mettre en valeur. On faisait semblant. Elle réussit, c’est bien, c’est moins bien qu’un mec. On lui dit « bravo bravo » comme aux petits enfants quand elle monte sur l’estrade en s’excusant d’avoir battu ces messieurs, tous nés d’une femme au demeurant. On s’arrange pour qu’elle n’y monte pas deux fois. C’est la place des mecs, le podium, l’échelon supérieur. Le mec, s’il n’est pas supérieur à l’autre mec, supérieur à la femme, il est quoi ? Rien. Paumé. Chez les voileux, la voileuse, vaut mieux pas qu’elle en fasse trop. « “Fiancée de l’Atlantique”, c’était mon surnom. Ça m’a fait plaisir, au début, puis j’ai trouvé ça gnangnan. T’imagines, Tabarly, si on l’avait traité de “fiancé de la mer” quand il a gagné l’Ostar contre Chichester et les autres ?… » Elle avait une idée, ces temps-ci. Une course au large en l’honneur des femmes du monde entier, « L’Odyssée des Femmes »… Sympa, non ? Rien que des femmes, des « gonzesses », des « fiancées », des plus ou moins larguées…
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L’alcool, déjà, l’alcool et l’amour. Sept tonneaux dans un virage mal négocié par Cupidon. À quoi pensait-elle à l’hosto, sous les pansements, bardée de broches et de sutures dans son lit à manivelle, bourrée d’antalgiques ? À la mer. Elle doit sa première résurrection aux magiciens en blanc, mais la seconde à la mer. C’est la mer et la voile qui l’ont réparée après l’accident.
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