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Citations de Yann Queffélec (605)


La mer est une histoire de coeurs purs et d'amitiés tragiques entre les hommes et les femmes qui vont sur l'eau. Ils sombrent, on leur porte secours. Ils périssent, on se résigne à la vérité vraie. On ne commence pas à finasser en tablant sur le fatalisme courant pour arrondir les angles et sur le temps pour oublier.
Oublier Yves, Pascal, Eric Patrick, Georges...
Oublier qu'il n'y avait aucune aspérité sur les fonds sablonneux où le chalut du Bugaled tamisait l'océan ce jour-là. 15/ 01/04. oublier que la croche n'est pas l'explication raisonnable d'un tel accident.
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Dieu sait qu'elle n'avait rien négligé pour le tuer dans l'oeuf.
Tous les enchantements, tous les trucs de sorcière y étaient passés - le vinaigre d'ortie , la pelure d'oignon, les queues de radis noirs par les nuits sans lune. Elle s'était même blessée avec une cuillère à soupe à vouloir se débrouiller seule. "Lève les bras, disait la mère, lève-les, qu'il se pende avec le cordon." Cent fois par jour elle levait les bras, le plus haut possible, et cent fois par nuit, les mains crispées aux montants du lit pour hâter la pendaison.

_ "Il doit crever, rageait la mère, il faut qu'il crève. Le bon Dieu ne laissera pas faire ça. Qu'on soit la risée du pays. Que le pain sur lequel je fais ma croix tous les jours soit du pain sale avec le péché de ma fille. Un jour les voisins sauront qu'elle couve, et ma maison sera montrée du doigt."
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Il pleurait le souvenir d'une femme qui l'avait torturé de son vivant, le torturait par son absence, et dont la résurrection ne l'aurait pas rendu plus heureux. Mariage d'amour, mariage de haine, mariage de mort, et deux enfants que pour sa part il eût volontiers noyées dans les eaux du lac, et surtout la dernière : ce nourrisson braillard avec sa cicatrice au visage qui lui faisait honte et peur, comme s'il avait raturé lui-même au poignard cette chair dont il doutait qu'elle fût son sang.
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Guère étonnant si « fête » rime avec « tempête », on dirait deux phénomènes régis par les mêmes lois atmosphériques. Force 10, 11, 12, une fête n’est rien d’autre qu’une tempête de joie qui cherche à submerger l’univers. Comme une tempête, elle a son paroxysme et comme une tempête elle finit par s’amadouer, renvoyer dos à dos les fêtards et les dieux, et pas u soleil ne maque à l’horizon, minuit continue.
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On allait voir de près « l’archipel des éléphants blancs » , pâles cauchemars, îles imaginaires qui sont les plus hautes vagues et les plus longues, déferlantes, et les plus cogneuses que la mer ait portées, déployées vers nulle part sous la pression d’un vent qui souffle en tempête jour et nuit, à longueur d’année.
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Je sors à mon tour, je fais comme lui, les bras, les jambes, la respiration, je pianote en l'air, cherchant à saisir au vol les gouttelettes du crachin. Je suis un Henri Queffélec miniature, prêt à lui voler son mètre quatre-vingt-trois comme j'ai déjà volé son stylo, ses chaussettes, à parler des langues disparues, à jouer du piano, toujours en quête du pas suivant, du mot suivant, avec des personnages à mes trousses. Tu peux tempêter, papa, me brûler au feu de tes yeux bleus, un jour je deviendrai toi : toi et personne d'autre, et surtout pas moi.
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Papa ?... Tu ne vas pas me croire, papa.
- Je sais, la femme de ménage m'a prévenu.
- Je viens d'acheter un poisson rouge.
- ...
- En fait, papa, c'est moi qui ai le prix Goncourt cette année.
- J'ai du boulot, p'tit vieux, raccroche.
- C'est pas vrai pour le poisson.
- ...
- C'est juste vrai pour le Goncourt.
- la femme de ménage m'a...
- ... t'a prévenu, ça va !
Et soudain j'en ai marre de cette ombre confinée toute grouillante d'acariens à tête de mort, du souffle de papa, du souvenir de maman,...et ce fut la première et la dernière fois où, sans même raccrocher, pris d'une rage de perdition, je mis en pièces le téléphone encrassé d'une cabine publique comme s'il y allait de ma vie. Le Goncourt ! J'étais lauréat du Goncourt ! La honte ! Il ne me le pardonnerait jamais...
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Il eût fait n'importe quoi ce soir pour que ce trésor sans valeur, sa vie, lui fût laissée.
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"Et voilà. Un mensonge, normalement, tout bien brodé qu'il soit, tout bien garni, ça reste un mensonge et ça foire en beauté. C'est pour ça que les gens vont en prison, ceux qui brodent et ceux qui disent la vérité avec une gueule à broder."
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« la seule différence entre les femmes et les hommes, chéri, c’est que nous les femmes, nous avons des couilles ! » Françoise Verny
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Tes yeux.Ils font peur, tes yeux. Comme la mer par mauvais temps.Je te regardais, je commençais à trembler. Plus j'avais peur plus tu m'aboyais dessus, je disais n'importe quoi pour m'échapper, sortir de tes yeux, et toi ça t'excitait.
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Le sang est mystérieux, il est jaloux, il est seul à savoir ce qu'il éprouve.La perte d'une maman ne fait qu'amplifier cette dépendance animale du petit au grand, sa drogue, sa dose, son crime quotidien.
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Un homme ne vieillit pas à cinquante ans comme, à, disons : soixante-neuf. A cinquante il s'inquiète pour la baise, à soixante-neuf pour la suite, pour la vie.
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Le futur est luxe, le présent nécessite absolue, le bonheur devoir épicurien...
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C’est un oursin que je la vois brandir en ressortant ma tête de l’eau. Une vision enchanteresse, un choc qui vous porte au cœur. Mettez-vous à ma place et contemplez. Je suis derrière le voilier, Flo debout sur l’échelle de baignade, les pieds dans la mer, le dos tourné, nullement pressée de remonter à bord. Et le voilier bougeant un peu, elle n’est pas sans bouger, elle aussi, à contretemps. Sa longue chevelure cuivrée ruisselle entre ses omoplates, animale, brillante, elle secoue la tête et je vois l’eau dévaler son échine, je reçois des gouttes à la figure qui m’aveuglent, hélas… Il est bien mignon, l’oursin, mais il joue un rôle secondaire dans la mémoire de cette apparition.
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Partir, partir, partir au hasard. Le tour du monde à pied, à neige, à mer, à rêve, à soleil, à la vie à la mort. Un tour plus rond qu'une alliance au doigt. Quand il aurait franchi l'océan, gravi les montagnes, hanté les bas-fonds les plus bas d'Amérique et d'ailleurs, quand il aurait fréquenté les voleurs, les assassins, les clodos, les putains, les braves gens ni putains ni clodos, tout simplement vivants pour exister sans crever, pour grouiller, sillonner la ville, se hâter vers les métros bondés, quand il aurait grouillé, piétiné, mendié, mis des pantalons blancs, semé les flics dans des voitures volées, traversé les déserts, tabassé Blueberry, avalé la mer, mangé les sangsues grillées des derniers sauvages, sauvé des vies, tué, sauvé la sienne, à chaque instant, quand il aurait frotté son âme, à tous les plaisirs, tous les vices, il rentrerait chez lui.
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Il se détestait. Il se trouvait laid, stupide, ignorant, ridicule et maladroit. Mais justement. Plus il était ridicule et maladroit, plus Maï devait rester, l'aimer, l'épouser, lui donner des enfants. En fait il n'était ridicule et maladroit qu'à ses propres yeux. Elle avait pour devoir de lui prouver qu'il était beau, brillant, sans pareil, plus beau même que Julius faisant la croix de fer aux anneaux.
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Tu es sure, Flo? Tu es sure que tes paroles d'écrivain n'égarent pas tes intentions de jeunesse? Tu es sure que tu étais guidée? Il est des évidences qui ne nous crèvent pas les yeux à 17 ans et l'on se plante en bagnole au lieu de partir en mer aux cotés d'Ismaël, sus à l'inconnu dissimulé par l'horizon."
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Tout ce que je veux, c’est qu’on m’Aime, avec un grand « A », le plus grand des « A », d’un amour tellement grand que je n’aurai jamais envie d’aller voir ailleurs.
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Étonnez-vous qu’elle ait du mal à dénicher son merle blanc dans cette jungle où tout le monde ne pense qu’à une chose, sur coup de minuit : ne pas s’échouer à l’aube sur les brisants fatals d’un oreiller désert.
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