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Citations de Yann Queffélec (605)


Trop d’alcool, de clope, d’insomnie, de rendez-vous manqués avec l’amour et l’argent. Dieu sait qu’elle en jetait, quand je l’ai connue, sexy en diable, virginale en diable, collectionnant les mecs en attendant l’amour fou. Je baisse les yeux, gêné par cette prunelle riboulante de mégère à cran, je pose une question neutre : Pourquoi tu es venue ? Elle fronce les sourcils, me répond humblement comme si j’aurais pu m’en douter : « Pour les copines… et les copains. » Sous-entendu : ceux qui prendront la mer demain. Elle était sur le Saint-Malo 2015, cet après-midi, un multi remanié pour Servane, tu la connais ? Servane Escoffier, la fille de Bob, une sacrée nana… J’espère qu’elle va leur fiche une branlée, aux mecs, même si je les aime bien.
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Elle n’était ni mon amante ni mon amie, après tout. Pas un câlin, pas un baiser ne scellait notre sympathie réciproque, pas une ambiguïté. Elle était juste « ma sœur » et nos atomes se reconnaissaient dans la foule, fuyant les mêmes démons ou les poursuivant : elle, sur ces voiliers que j’aime tant, mon premier job, moi de par les mots qui vont plus loin que loin, comme les voiliers, et comme eux peuvent sombrer. À cela venait s’ajouter l’émotion, notre carburant spirituel, notre déraison vitale, un don qui faisait de nous les proies désignées du hasard, à la fois les plus forts et les moins armés pour subir la quotidienneté du réel, ce train-train effréné des gestes et du sentiment, ce bonheur clé en main.
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Voyeurs, nous étions quelques millions à l’être au même instant, tous animés du même espoir débile : Ne tombe pas, tous gavés du même écœurement à vomir.
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On a dit qu’il avait mis fin à ses jours, tu l’as d’ailleurs écrit. À quoi met-on fin quand on choisit l’absence, le grand départ, à quelle incompréhension du monde où l’on se cherchait une île ? Sur son geste, aucune explication, mystère. Et mystère aussi les circonstances de l’accident qui met fin à tes jours à toi dans le ciel de Villa Castelli.
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Et naviguer ne signifie pas forcément prendre la mer : vous n’avez jamais pris la mer en duo, en équipage, jamais fait corps et âme avec le voilier, jamais crié de joie dans les grands surfs où il déboule en vol plané, jamais eu peur en vous disant : trop haut, trop dur, trop creux, trop fort, beaucoup trop, ça va merder, jamais pataugé dans l’habitacle sans dessus dessous d’un « multi » retourné dans un lof éclair, l’angle mort critique, non, rien de tout ça, la balise Argos déclenchée, les secours qui n’arrivent pas, la nuit glaciale…
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Et naviguer ne signifie pas forcément prendre la mer : vous n’avez jamais pris la mer en duo, en équipage, jamais fait corps et âme avec le voilier, jamais crié de joie dans les grands surfs où il déboule en vol plané, jamais eu peur en vous disant : trop haut, trop dur, trop creux, trop fort, beaucoup trop, ça va merder, jamais pataugé dans l’habitacle sans dessus dessous d’un « multi » retourné dans un lof éclair, l’angle mort critique, non, rien de tout ça, la balise Argos déclenchée, les secours qui n’arrivent pas, la nuit glaciale… Et les riches heures qu’on est amenés à se remémorer, quand la mer vous a portés ensemble : portés, menacés, tourneboulés, terrifiés, on ne peut vraiment pas dire que vous les ayez partagées tant que ça.
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D’après moi c’était l’amour, votre motivation, le grand amour du public volage. On ne vous aimait plus, pas assez. Vous aviez l’âme en peine et Dropped vous assurait amour et lumière, le destin s’est invité à bord. On vous aimera toujours, désormais.
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On parle tout seul entre veille et sommeil. On radote, le stylo à la main, on boit du café ni chaud ni froid. On a des causeries intimes avec soi-même, avec les péris en mer, nos frères, nos chers amis qu’on les ait approchés ou non.
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D'ailleurs, ils ne faisaient plus l'amour depuis longtemps. La magie des commencements déclinant, la magie des sens avait décliné. Ils avaient d'abord espacé leurs échanges, ils les avaient appauvris, visant l'excitation pure au mépris d'une harmonie plus élevée. Et quand ils avaient tacitement supprimé tout rapport, chacun s'était senti délivré : lui parce que Sylvia ne l'inspirait plus, Sylvia parce qu'elle se faisait l'effet d'un cadavre entre ses mains.
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Chez eux vit aussi Maria, leur nièce. A neuf ans, sait dresser les tables et nettoyer les poissons. Elle est grande, les yeux noirs, une enfant silencieuse un peu sauvage et bohémienne. Elle tire volontiers la langue aux touristes et va pieds nus l'été.
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Il la connaît. Elle se demande s'ils n'ont pas trop souffert pour vivre ensemble aujourd'hui, s'il est toujours l'homme de sa vie, s'il lui ment, vers qui vont ses pensées quand il s'endort, indifférent au baiser qu'elle met sur sa peau?
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Il faut dire qu'i ne lui promettait pas la moitié du Pérou à Jacotte, rien de moins qu'un chromo pour midinette : palmiers à gogo, nuits bleues, doigts de pieds en éventail au bord de l'oasis.
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Dès qu’il fut parti, Ludo se glissa chez Nicole et subtilisa les perce-oreilles épars dans son linge. « C’est une fine mouche, observa Tatav le lendemain sur le trajet de l’école. Elle a rien dit. Même qu’elle m’a fait la bise. Faut y mettre des boules puantes sous les draps. Quand elle va se coucher, ça va écraser les boules. Oh, la nuit qu’ils vont passer, les vieux ! » Ludo faillit se faire prendre en déminant la literie piégée par Tatav. « Moi, j’y comprends rien, s’énervait celui-ci. – Moi non plus, répondait Ludo. – J’ai une idée. Je me mets derrière elle à quatre pattes. Toi tu fonces dessus par-devant pour qu’elle recule et tombe sur moi. » Exécution. Mais à la seconde où Nicole allait buter en plein dans Tatav, Ludo s’écria : « Attention ! » et le piège échoua. Tatav s’en tira piteusement par un lacet qu’il renouait, mais commença de regarder Ludo d’un sale œil. « Ben quoi, j’ai eu peur… »
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Ludo crut punir sa mère en lui battant froid. Il ne cracha plus dans le café du jeudi matin, ne colla plus ses lèvres sur le bol où elle avait bu, bloqua sa respiration quand ils se croisaient. Son point d'honneur, voulait que toute intimité fût désormais radiée de ces gestes par lesquels, chaque jour, il la servait. Nicole affectait de ne rien remarquer. On eut dit que la brouille installée par son fils répondait à ses vœux. Sa froideur, à lui, n'avait d'autre avenir que la tristesse, il ne s'enfonçait dans l'hostilité que pour s'y résigner le plus tard possible. « T’as raison, disait Tatav à Ludo. Elle est niaise, ta mère. Moi je voulais pas que mon père se la marie. – Ah bon », répondait Ludo.
« Faut la mettre à bout, déclara Tatav un jour. Faut qu’elle demande pardon. C’est la loi. » Il pouffa : « On va y coller des perce-oreilles dans ses affaires. Allez viens ! Toi tu surveilles l’escalier, moi je les mets. » Ludo fit la sentinelle. « Plus jamais qu’elle osera mettre sa culotte, exultait Tatav en sortant quelques instants plus tard. J’y en ai mis un régiment. Bon, moi je vais au sous-marin. »
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(A propos d’une dissertation ayant pour sujet une citation de Fontenelle)
Les mots volettent, ils effleurent la face interne des paupières, et c’est là qu’ils se font capturer comme dans la fable, et surtout comme des imbéciles. On leur coupe les ailes, on leur passe un fil d’encre autour du cou et on les fait trottiner sur le papier blanc. Le devoir est fini, Fontenelle peut aller se rhabiller.
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Yann Queffélec
On ne déballe pas son coeur avec des mots.
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Je suis pris dans une tempête de souvenirs dont beaucoup ne s'intéressaient plus à moi depuis des années.
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On ne ment à personne, en plus, quand on se ment à soi-même.
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Yann Queffélec
Je suis un fou de la nuit, qui porte à la rêverie. On trouve des zones de sensibilité auxquelles on n'a pas accès le jour.
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Je n'ai fait qu'enlever ses tongs à la gamine. Elle avait un sparadrap autour d'un orteil, le petit riquiqui du pied gauche. Vernis noir écaillé, ongles taillés court, danse oblige. Plus beaux sont les yeux, plus tentants sont les ongles. Vous auriez embrassé quoi, vous, en premier ? Moi le sparadrap. Je l'ai décollé avec les dents. J'ai sucé l'élixir de quelque ampoule forcée. J'ai mis ses doigts de pieds dans ma bouche et ça ma plu. Les arrondis, le modelé, l'odeur de fromage, la chair tiède, ma langue entre ses orteils. J'ai pété un câble.
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