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Citations de Éric Fottorino (710)


Aujourd'hui, le souvenir de Colin est comme ces morceaux de verre dont les marées ont émoussé le tranchant. On les retrouve sur le sable au milieu des coquillages, doux et lustrés, pareils à du velours. Ils ne blessent plus.
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La mort est passée, la vie est pressée.
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..............tu oublies qu'on avait un idéal depuis la fin de la guerre, ça s'appelait l'unité paysanne. Qu'on soit céréalier beauceron, éleveur de cochons breton, maïsiculteur de l'Adour ou paysan des terres rapiécées des Vosges, on était de la même condition. Le combat de chacun était le combat de tous. Maintenant ça parle plus à personne, l'unité paysanne. C'est chacun pour sa gueule et c'est pour ça qu'on crève un par un. Dans ce temps-là au contraire, on se croyait capables de conquérir le monde, juchés sur nos tracteurs. On était les fantassins d'une force de frappe extraordinaire.
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Je me souviens que ce fut un bouleversement sans nom de prononcer ce nom - jamais dit auparavant, sinon pour désigner l’absence. Une syllabe redoublée, frappée d’évidence pour tous ceux qui l’ont répétée du plus loin de leur mémoire : papa. Timidement d’abord, puis avec assurance puisqu’il était d’accord, que c’était entendu, et que tout le monde pouvait l’entendre. « Papa », pour un oui ou pour un non, pour le seul plaisir de m’entendre dire ce mot magique et tout neuf. Éducation, rééducation sentimentale. Je l’ai connu pendant trente-huit ans et durant ces années, lorsque je l’appelais au téléphone, c’était mon premier mot, inusable, un mot de passe, au bord des lèvres, comme mon cœur à présent si je le répète en silence.
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Nous sommes rentrés à Paris, je n’avais pas parlé à mon père. il avait parfaitement donné le change, bravo l’artiste. Nous nous sommes embrassés. C’était la dernière fois. Je ne le savais pas. Lui si.
Aurais-je pu l’empêcher ? Tous mes proches, la famille, mes amis, me disent « non ». Au fond de moi, je crois que « oui », et c’est horrible de vivre avec cette pensée. Je me dis que si je m’étais montré plus spontanément généreux, plus insistant pour l’aider, malgré sa répugnance à l’être, il aurait peut-être différé son geste, et là dessus le versement d’une retraite venu le dissuader d’en finir ainsi. À quoi bon se le dire ? Je me le dis pourtant. Ce que j’éprouve n’a pas de nom, de nom connu. Quelque chose de moi s’est détaché et flotte dans l’air, invisible et pourtant consistant. Je me sens triste sans tristesse, seul sans solitude, heureux sans joie.
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À force pourtant, sans un bruit, sans cocoricos, le pari a été gagné. Moins on était nombreux, plus on produisait. En ajoutant des tonnes aux tonnes, on a fini par se faire respecter. Comprends ceci, Mo. Sans la chimie, sans nos machines, jamais on n’aurait fait de notre pays une puissance agricole. C’est bien beau à présent de rêver écologie, petites fleurs et légumes bio. Mais si on était partis dans cette direction après la guerre, crois-moi, il y a longtemps qu’on aurait tous crevé de faim.
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Les deux hommes se regardèrent. Brun esquissa un sourire, auquel répondit Mo. Il y avait entre eux la pudeur mêlée de dureté qui depuis toujours tenait à distance le moindre attendrissement. Mo ramena son père d'un coup de tracteur. Ils n'échangèrent plus une parole. Le silence parlait pour eux.
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Brun ne terminait jamais son assiette sans jeter dans sa soupe un trait de vin rouge. Cette habitude lui venait de ses cousins de Charente qui ne manquaient jamais une occasion de "faire chabrot", comme ils disaient. Mo n'aimait pas ça et quand son père voulait le forcer à rougir son bouillon, il mettait les mains sur son assiette en signe de refus. Brun n'insistait pas mais remâchait sa déception. Comment son fils pouvait-il ne pas aimer ce qu'il aimait ? Mo s'en veut à présent de n'avoir pas partagé ce rituel. Ils se seraient mieux compris, peut-être. (P.173)
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Mo a gardé une curiosité sans limites pour les pratiques agricoles des anciens. Depuis qu'Isidore a déniché un livre qui a appartenu à Léonce - le grand-père n'était pas si ignorant- ,Mo le lit consciencieusement, entre deux antiques numéros de Rustica. Ce gros manuel l'intrigue. À commencer par son titre en vieux français. "Théâtre d'agriculture et mesnage des champs", œuvre du plus fameux agronome de son époque, sous le règne de Louis XIII, Olivier de Serres.
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Les gens qui n'ont rien dans le cœur pensent que les suicidés n'ont rien dans le ventre.
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J'éprouvais ce que Stendhal avait paraît-il appelé le syndrome de Florence, un éblouissement violent à donner le tournis, un mélange de panique et d'extase, la rencontre de la grâce et des ténèbres, la douleur qu'inflige l'art quand sa beauté irregardable vous assomme.
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Vers midi s'est insinuée l'envie d'une omelette aux champignons arrosée d'une bolée au cidre. Rien ne pouvait contrarier cet élan. Il a suffi d'une table d'auberge dressée au bord de l'eau, la nappe rouge et blanche était en papier, les jaunes d’œufs orangés comme le couchant offrirent à nos ventres affamés la plus moelleuse des récompenses.
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- Je vivais avec une femme sauvage. Une femme attirante comme le sont souvent les êtres désaxés. Elle était de ces créatures qui vous accrochent et vous écorchent dans un même regard.
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On s’en est sortis vivants, Lina et moi. Vivants, pas indemne. Dans mon cœur, une statue de pierre est toujours debout, raide et menaçante. Nice commence par un point de côté, un mal à respirer. (p 51)
(...)
Lina était une victime de 17 ans que personne n’avait secourue. Je m’étais perdu dans son chagrin. Notre histoire avait manqué de mots. (p 52)

Un sentiment d’inexistence qui dure depuis nos débuts manqués. p 61

Il (le pédopsychiatre) a dit cette phrase bizarre à propos de deux fillettes : « Elles n’ont pas de plaies et pourtant elles ne cessent de se rouvrir ». Égoïstement, j’aurais aimé l’interroger sur les empreintes que laissent les traumatismes muets, quand le silence remplace le bruit.
(...)
Alors je me suis formé à la psychologie des petits. À ma grande surprise, j’ai découvert qu’ils se souvenaient de tout. Les bons souvenirs, ils les enjolivent. Les drames, ils les gardent intacts au fond d’eux. Ils ne cessent de les revivre au présent, comme une réalité qui ne passe pas. Les scènes d’horreur sont toujours aussi effrayantes. Elles se figent en eux comme des statues de pierre. Vouloir les détruire est illusoire. On ne peut que les éroder avec des mots. De l’écoute et des mots.
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Je me débats, j’argumente.[...] J’aime la justice en ce qu’elle est précisément le contraire du noir tout noir et du blanc tout blanc.
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Éric Fottorino
Nice, bord de mère
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Les secrets trop bien gatdès sont comme des cartouches dans un stylo d'enfant. Quand ils éclatent, une encre s'écroule et ça ressemble à du sang.
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Je pense à cette expression, "une femme attend son enfant". Mais l'enfant est déjà là, blotti en elle. C'est lui qui attend sa maman. Moi, je t'attendais. Tu n'es jamais venue.
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La route étire notre histoire.
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En 1960, le virus de l'amour est une sale maladie quand on n'a pas la bague au doigt.
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