Qui sont les représentants en librairie ? Ces hommes et ces femmes de l'ombre, qui sillonnent les routes de France dans des voitures chargées de livres pour faire le lien entre les maisons d'édition et les librairies ? Elisabeth Segard, journaliste à Livres Hebdo, est allée à leur rencontre pour brosser le portrait robot de l'une des professions les plus discrètes et les plus influentes de la chaîne du livre. Dans la deuxième partie de l'épisode, Lauren Malka nous emmène au coeur de la Goutte d'or, à Paris, pour y découvrir la Régulière, une librairie-café présentée par sa fondatrice Alice et par l'écrivaine Chloé Delaume, au micro de Lauren, comme une véritable oasis de culture.Enfin, la clique critique de Livres Hebdo se réunit pour vous parler non seulement de ses coups de coeur de février, mais aussi de ce que ces livres dessinent dans le paysage éditorial de ce début d'année. Entre essais, BD et romans, les genres sont variés : Histoire de Jérusalem, de Vincent Lemire et Christophe Gaultier, publié aux Arènes ; Littérature et révolution, de Joseph Andras et Kaoutar Harchi, publié aux éditions Divergences ; Insula, de Caroline Caugant, publié au Seuil ; Les yeux de Mona, de Thomas Schlesser, publié chez Albin Michel ; Rousse, de Denis Infante, publié chez Tistram ; Abrégé de littérature-molotov, de Macko Dràgàn, publié chez Terres de feu. Un podcast réalisé en partenariat avec les éditions DUNOD, l'éditeur de la transmission de tous les savoirs.Enregistrement : janvier 2024 Réalisation : Lauren Malka Musique originale : Ferdinand Bayard Voix des intertitres : Antoine KerninonProduction : Livres Hebdo
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Adélaïde consulte les statistiques. En France, 14 % des hommes en couple ont rencontré leur partenaire sur leur lieu de travail. 12 % d’une autre manière. 11 % dans une fête ou une soirée privée entre amis. 10 % sur leur lieu d’études. 10 % via un site ou une application de rencontre. 9 % dans un bar ou un restaurant. 7 % dans un bal, une fête publique. .............Adélaïde se demande ce que c’est, ces 12 % rencontrés d’une autre manière. Ce que ça laisse comme champ à part chez le boulanger ou peut-être le dealer. À moins qu’ils ne soient eux-mêmes considérés comme une zone d’activité commerciale.
C’est l’histoire d’une peur bleue qui se regarde dans le miroir. L’histoire d’une solitude qui se conjugue pour survivre. Adélaïde Berthel, c’est une faille comme une autre, moins longue mais plus profonde que celle de San Andreas.
Ce qu’est pour moi l’autofiction, le dire, le raconter. Le compte rendu d’un Je qui s’emploie à s’écrire, ce que ça peut signifier. Vivre son écriture, ne pas vivre pour écrire. Ecrire non pour décrire, mais bien pour modifier, corriger, façonner, transformer le réel dans lequel s’inscrit sa vie. Pour contrer toute passivité. Puisque. On ne naît pas Je, on le devient.
Adélaïde échappe de peu à la promotion de Plus forte que la douleur, le témoignage de Martine C., une orpheline handicapée atteinte d’endométriose. Mais elle hérite du premier roman d’une présentatrice de télé particulièrement exigeante, chaque jour au téléphone elle doit lui faire un point. Son roman est très mauvais, mais ses amis nombreux, aussi la couverture presse se fait-elle impressionnante.
Plus le temps passait plus elle assimilait la vie de couple à un évier, un évier en inox, avec sa vieille éponge qu’il serait temps de changer, mais tout le monde a la flemme de passer au Franprix.
Il y a plus de femmes que d’hommes et ils meurent en premier. À défaut d’être lesbienne, il faut être inventive.
Adélaïde pense à ce sondage repris par France Info : 14 % des couples se sont formés dans le cadre de leur vie professionnelle. Soit environ un couple sur sept. Adélaïde se dit qu’à la pause déjeuner, elle passera au CE. Pour l’instant elle minaude un peu dans l’ascenseur.
Ça ne sert qu’à ça, se guérir de l’enfance, au fond, les histoires d’amour.
Maman se meurt première personne.
Elle disait malaxer malaxer la farine avec trois œufs dedans et un yaourt nature. Papa l’a tuée deuxième personne.
Infinitif et radical.
Chloé se tait troisième personne.
Elle ne parlera plus qu’au futur antérieur.
Car quand s’exécuta enfin le parricide il fut trop imparfait pour ne pas la marquer.
Ce n'est pas la résilience qui tint Clotilde Debout, c'est l'orgueil, l'entêtement à se dire que sont père ne pouvait pas l'anéantir, que se trouver amputée de sa mère, dépecée par le deuil, ne l'empêcherait pas de vivre, quelle aurait toujours le dessus Peut-être faut-il préciser que son père la visa longuement avant de se faire sauter la tête. Ce temps d'hésitation demeure pour elle marqué, imprégné du pouvoir que son père avait sur elle. Qu'il l'ait épargnée lui paraît encore hautement suspect, une forme de punition, un châtiment pervers. (34)