L'auteure nous fait bien ressentir les sentiments de son personnage, même s'ils sont subtilement décrits. J'ai adoré son style d'écriture un peu poétique dans de courts chapitres qui voyagent entre le présent et le passé. Parfois on est même un peu perdu, mais je trouve que cela n'a pas d'importance, on ressent quand même l'émotion. C'est très intéressant de voir ce que les gens ont pu ressentir lors de cet événement qu'a été l'ouverture de la mine de Malartic et le déménagement / destruction de toutes les maisons. Étant quelqu'un qui a également dû quitter une région éloignée pour la grande ville je me suis sentie encore plus interpellée par le sujet et les dilemmes du personnages.
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Mon regard se déporte plus loin. À gauche s'étale un pan de forêt, trembles et épinettes dressés haut, comme si on n'allait jamais les coucher au sol. Je ne peux plus rien voir tomber. Pour l'instant, je laisse Francis entre Val-d'Or et Malartic, avec son chien dans sa maison, ses horaires de jour et de nuit, ses visions fantômes de nous eux à vélo dans sa cour ou dessinant un sentier. Peut-être pas des visions de nous deux, mais des répliques miniatures qui auraient leurs rêves et, un jour, leurs souvenirs fragmentés, une histoire en patchwork au fond du regard.
Dans sa nouvelle maison de son nouveau quartier, on se dit que c'est bizarre, de creuser si profond là où on pensait avoir ses racines, mais qu'on aime autant voir l'or sur ses payes que pas du tout.
Francis. Il me reste ton nom maintenant trop grand pour coller à ce corps d'enfant que j'ai en tête. J'ai fait exprès d'oublier l'image de toi adulte. Je ne dis jamais ''Francis'' à voix haute. Te nommer, c'est prouver ton existence, alors qu'il y a des kilomètre d'absence entre nous.
Personne n'a eu le temps de mourir, mais jamais la 117 n'a compté autant de fantômes.
117 Nord de Virginie Blanchette-Doucet.