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EAN : 9782213015170
566 pages
Fayard (23/01/1985)
3.62/5   150 notes
Résumé :
Au 58, rue de la Mare, dans le XXe arrondissement de Paris, vivent les Guttman et les Roginski. Fuyant l'horreur des pogroms, les deux couples sont venus, l'un d'Ukraine en 1919, l'autre de Pologne en 1921 et ont eu chacun un enfant : Maurice et Elsa. Ils sont travailleurs, chaleureux. Ils veulent oublier, s'intégrer et leur naturalisation les fait pleurer de joie. La vie est belle ! Très vite, pourtant, la montée sournoise de l'antisémitisme fait planer une « drôle... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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Quelle plume Madame Signoret ! Je vous connaissais le talent d'actrice et pas des moindres puisque vous avez reçu la consécration en 1960 mais je ne vous connaissais pas celui d'écrivaine ! Vous m'avez conquise par votre style parfait ! Vous avez écrit un roman jubilatoire parfois ironique, chaleureux, captivant, enrichissant tant sur le plan humain que sur le plan historique. Vous associez la Grande et la petite histoire dans un savant mélange judicieux d'érudition mais il est vrai que vous avez suivi les cours d'histoire de Lucie Aubrac !

Ce roman est un hymne à l'amour de Belleville et de ses habitants : ce quartier populaire de Paris qui a connu toutes les phases d'immigration à commencer par les juifs de l'est, dès les années 1920. Alors, vous prenez vos lecteurs par la main et vous les emmenez déambuler dans les rues du quartier, rue des Cascades, rue de la Mare, rue des Pyrénées où ils pourraient y rencontrer Georges Pérec, Clément Lépidis, Daniel Pennac et la saga Malaussene, mais le plus émouvant, la rue Bisson où un écrivain de génie a situé l'appartement de Madame Rosa et du petit Momo de « La Vie devant Soi » au 6ème étage d'un immeuble insalubre ! Cela vous rappelle quelque chose ?

Et nous parvenons devant le 58, rue de la Mare. Vous nous invitez à entrer dans cet immeuble et à participer à la vie quotidienne de la famille Elie Gutmann, maroquinier, juifs ukrainiens, natifs de Jitomir et de la famille Stepan Roginski, fourreur, juifs polonais, natifs de Lublin. Leurs enfants sont nés à Paris. Les Gutmann - Roginski sont heureux. Ils nous ont invités ainsi que leurs voisins pour fêter leur naturalisation et la vodka se boit entre deux phrases prononcées en yiddish ! Ils savourent cette liberté et nous avec eux mais l'ombre des pogromes et celle de Simon Petlioura est toujours là bien qu'ils n'en parlent pas pour préserver les enfants, pire ils ne prononcent même pas le nom de Petlioura, c'est dire l'effroi que cet homme leur inspire ! Alors la nuit, lorsqu'une portière de voiture claque, c'est un réveil en sursaut ! On ne guérit pas si facilement de la terreur ! Ils tentent de vivre et nous goûtons avec eux leurs joies, leur bonne humeur, leur évolution professionnelle, leurs amitiés, leurs désillusions, les études des enfants, la réussite scolaire des enfants et nous faisons la connaissance d'un merveilleux instituteur, nous pénétrons même les coulisses du cinéma ! Seulement Petlioura continue d'empoisonner leur existence. Il vient de se faire assassiner rue Racine à Paris par Samuel Schwartzbard! Les évènements de cette période sont extrêmement denses, le Front Populaire, les premiers congés payés, les défilés, l'antisémitisme qui surgit, Hitler en Allemagne, l'affaire Sacco et Venzetti, la tentative d'assassinat de Léon Blum, c'est une fresque étourdissante qui nous entraîne des années 1920 à la Libération de Paris. Nous y ressentons beaucoup d'émotions mais aussi beaucoup d'amour malgré cette « peste brune » qui gangrène Paris !

Le ton de votre roman n'est jamais dramatique, larmoyant, pessimiste, même si les épreuves sont présentes, tout est écrit avec subtilité, vous faites confiance à la vie, à l'être humain ! Cela se ressent ! C'est une réussite !
Et Volodia dans tout cela ? ………………..

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Maurice et Zaza se sont toujours connus, ils se sont rencontrés dans leur poussette. Les parents de Maurice viennent d'Ukraine, les parents de Zaza viennent de Pologne. Les deux familles ont fui les pogroms et espèrent élever leurs enfants dans un monde de paix.
Les enfants grandissent heureux dans le XXe arrondissement de Paris, rue de la Mare. Ils vont à l'école, explorent les environs, croient naïvement que Petlioura (personnage historique) est un gros mot. C'est l'entre-deux guerre ; l'antisémitisme monte.
Le livre est plein d'anecdotes drôles et touchantes, comme les personnages le sont également. Un ouvrage oublié et c'est bien dommage.
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Ce roman retrace le parcours de plusieurs familles juives ashkénazes venues de Pologne et de Hongrie à Paris au début des années trente. Nous sommes rue de la Mare dans le 20ème arrondissement et aussi dans le très chic Neuilly sur Seine . Nous faisons connaissance des Guttman et des Rojinski et de leurs enfants Maurice et Zaza, puis de Myriam Goldberg dans un immeuble voisin. Les pères sont fourreurs ou taxis, les mères couturières-retoucheuses avant de connaître le monde du cinéma en devenant costumières. Quant aux enfants, entre facéties de gamins et moments d'inquiétude, ils vivent leur enfance sous le regard bienveillant de leur instituteur, homme bon et dévoué qui les aidera le moment voulu .

On parle yiddish, de moins en moins, et au final en cachette, seulement quand on est entre soi . On évoque l'ataman Petlioura, tortionnaire d'Ukraine finalement exécuté à Paris par un jeune Polonais (histoire vraie), ou bien les soeurs Papin qui ont assassiné leur patronne. Mais surtout on essaie de se construire une nouvelle vie, en ne parlant plus des pogroms, de la peur, de l'obligation de se cacher quand la vie se passait en Pologne ou en Hongrie.

C'est un morceau de vie qui nous est conté là, une vie en apparence très ordinaire, avec ses jalousies, ses petites brouilles, ses éclats de rire. Avec pour toile de fond les chansons de l'époque (tu me fais pouet-pouet! ou bien La butte rouge ou Allons au-devant de la vie), ses faits divers, la vie des quartiers de Paris et de Neuilly aussi où s'établissent ceux-qui-ont-réussi -la branche snob de la famille), les rivalités d'escalier et la concierge sympathique. La « petite » histoire dans la Grande, lourde de menaces et riche de fraternité.
Un fil rouge, discret mais présent, court tout le long du livre : le destin énigmatique du cousin Volodia, disparu, étrangement réapparu, perdu définitivement. La menace qui plane au-dessus de ces gens simples se fait chaque jour plus pressante.

L'écriture de Simone Signoret est agréable quoique un rien désuète et le récit aurait gagné à être plus concis. Pourtant ce foisonnement colle bien au fond à la profusion des événements rapportés. Un moment agréable - et instructif aussi - de lecture.

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Lu il y a très longtemps. Je me souviens d'un livre fort, de personnages puissants, d'une belle écriture, et d'une atmosphère, de joie puis de catastrophe. Un livre d'une grande beauté,et d'une grande tristesse, qui pouvait même évoquer par certains côtés , si je ne déforme pas trop mes souvenirs de lecture, l'immense Isaac Bashevis Singer , acclimaté au pavé de Paris.
A relire.
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Livre acheté en même temps que ‘'La nostalgie n'est plus ce qu'elle était'' à la fin du siècle dernier… J'ai lu le second, ai eu une impression mitigée et ai remisé le premier au fond de ma PAL. En faisant le tri dans ma bibliothèque (il était nécessaire de faire de la place), je suis tombée sur cet ‘'oublié'' et ai décidé de le lire avant de statuer sur son sort !
C'est l'histoire de deux familles d'immigrés… A notre époque où l'immigration est un des sujets d'actualité, voilà qui m'incitait également à cette lecture.

Mais,
Je vous parle d'un temps
Que les moins de vingt ans
Ne peuvent pas connaître

L'immigration de ‘'Adieu Volodia'' n'a rien à voir avec celle que nous connaissons ces dernières années : ces juifs qui fuyaient les pogroms des pays de l'est n'ont pas grand-chose à voir avec les immigrés politiques et économiques de notre époque. Ils se sont insérés et ont fondé familles et commerces… une insertion que la 2e guerre mondiale et l'antisémitisme mettra à mal.
C'est tout cela que Simone Signoret nous raconte au travers des familles Guttman et Roginski.

Comme pour ‘'La nostalgie n'est plus ce qu'elle était'', je sors de cette lecture avec une impression mitigée. Trop long ? Trop détaillé ? Une plume talentueuse, mais…
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Elie regardait Maurice auquel il n'avait pas dit non plus qu'il n'en revenait pas d'avoir un fils qui parlait grec, latin et anglais, en sus du français qu'il avait tant de mal à parler lui-même. Un fils qui serait bachelier, comme avait dû le lui épeler Maurice quand il lui avait expliqué que ce n'était pas une profession comme maroquinier par exemple. (page 157)

Sami les attendait au coin de l'impasse et de la rue de la Mare et tous trois descendaient jusqu'au lycée Voltaire à pied quand il faisait beau, en métro quand il pleuvait. Il leur arrivait souvent de croiser Monsieur Florian qui se dirigeait vers leur ancienne école. Ils s'étonnaient un peu de le rencontrer de si bonne heure mais l'idée ne les effleura jamais que le vieux maître trichait avec son propre horaire pour le seul plaisir de les voir partir, gais et sérieux à la fois, vers ce puits intarissable auquel ils s'abreuvaient chaque jour: l'instruction secondaire, laïque et républicaine pour laquelle il les avait désignés. En travaillant bien au lycée Voltaire, Maurice, Robert et Sami prolongeaient les rêves pédagogiques de Monsieur Florian auquel son statut d'aîné de famille nombreuse auprès d'une mère veuve avait jadis interdit l'accès aux facultés. Alors, il faisait semblant de les rencontrer par hasard, ses oiseaux échappés du nid de la rue Henri-Chevreau qu'il suivait de loin et surveillait de près. (page 160)
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"HIER SOIR A PARIS, L'ATAMAN PETLIOURA ASSASSINÉ PAR UN COMPÄTRIOTE"
(page 42)

Les Mercier étaient donc, comme on dit, de bons patrons. Ils avaient de qui tenir : le grand-père Fabien avait été communard et le père Adrien dreyfusard. Julien, qui ne fréquentait pas que les bordels au cours de ses voyages, avait appris à connaître le monde et les étrangers. Il n'était pas xénophobe et Paul et lui avaient beaucoup aidé à la naturalisation conjointe des Guttman et des Roginski, priant leur cousin Martial Mercier, député socialiste du Lot, d'appuyer les démarches.
Et comme Paul Mercier était un bon patron et qu'il avait lu le journal, il passa la tête ce matin là dans l'atelier et lança un "Ca va Guttman?" qui disait assez à Elie que son employeur avait mesuré à sa juste valeur l'importance que pouvait revêtir pour lui le fait divers du jour. Un peu plus tard, voyant son copain soucieux, Dédé Meunier avait voulu le faire sourire :
- Alors, comme ça, on s'entretue chez les Popoff? Qu'est-ce que t' en as à foutre? Tu l'es plus Popoff, t'es franssouski maintenant! avait-il dit à Elie en lui bourrant affectueusement les côtes. (page 48)
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Des histoires comme celle de Pierre-Richard-Willm et Frédéric Chopin, par exemple :
- Vous me donnerez des leçons de polonais pour jouer mon Frédéric, avait dit aimablement l'acteur à la fin d'un essayage.
- Ca, je vous le conseille pas, Monsieur Willm, parce qu'avec un accent comme le mien, votre Frédéric Chopin aurait jamais pu sortir du Shtetl pour aller apprendre le piano! avait répondu Stépan en riant.
- Vous êtes trop modeste, Monsieur Roginski, avait alors murmuré Mademoiselle Agnès tandis que Pierre-Richard-Willm avait éclaté de rire à son tour et assené à Stépan une grande bourrade sur l'épaule.
- Excusez-moi, vieux! Autant pour moi. Alors "mazeltov et shalom", Monsieur Roginski, à demain.....- et il était sorti sous le regard admiratif de Mademoiselle Agnès qui avait eu le mot de la fin :
- C'est fou comme il se débrouille déjà bien .........en polonais!
(page 332)
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Mademoiselle Anita prit une grande respiration :

- Je me suis renseignée auprès de nos confrères. Chez eux aussi, le tract est arrivé. Presque tous pensent comme moi que ce tract est une provocation antisémite mais tous m'ont confirmé qu'il disait la vérité sur les Galeries Lafayette dont la direction a refusé de se joindre à un groupe de commerçants qui boycottent l'Allemagne depuis les lois de Nuremberg interdisant à vos coreligionnaires allemands de travailler. Certains de nos confrères ont décidé de boycotter à leur tour les Galeries ....... (page 274)
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Quand Janek avait fait venir Stepan en France, c’était pour obéir à deux motifs : un urgent besoin de main-d’œuvre spécialisée, allié à l’accomplissement tardif d’une promesse qu’il avait faite, dans la nuit d’un village polonais, à un petit frère de onze ans qui sanglotait de le voir partir.
Contre l’avis de sa femme, en dépit des colères de sa femme, surmontant les bouderies de sa femme, Janek avait fini par envoyer la lettre d’embauche et l’argent du voyage à Stepan.
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