J'ai enchaîné ce livre portrait après « Le valet de peinture » de Jean-Daniel Baltassat. Même si ce dernier ne relate qu'un épisode de la vie de van Eyck, j'ai noté des divergences à propos de la chronologie ou de l'entourage du peintre qui démontrent que peu de choses sont sûres à son sujet.
E. Belorgey imagine une vie de van Eyck à la première personne, avec détachement et pudeur. Elle peint le portrait d'un artiste ambitieux, conscient de ses qualités, orgueilleux et qui veut laisser sa marque dans l'histoire. le roman évoque moins la magie de l'acte créatif que l'état sensoriel du peintre quand il parvient à travailler. « Autoportrait de van Eyck » est un roman ennuyeux, même si on s'intéresse au peintre et à son époque.
Il faut toutefois reconnaître le mérite de l'écrivain qui, après un travail documentaire pour reconstituer une vie d'artiste dont on sait si peu, s'affranchit de son approche d'historien pour étoffer le récit d'anecdotes et de longues introspections, sur la base de faits ténus et incertains.
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Autoportrait ? où est la réalité où est la fiction
le doute , au soir de sa vie , comment juger son oeuvre et cette agression que cache t elle ? C'est tout l'intérêt des livres sur les peintres ,il faut suivre plusieurs pistes , retourner le tableau , enlever les dernières touches ...on peut cerner l'homme , plus difficilement l'artiste , on ne capte qu'une parcelle de l'art ,c'est justement le mystère qui en fait la beauté .
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cette biographie romancée, agréable à lire, nous plonge dans l'univers du peintre de "L'agneau mystique" ou du célèbre portrait "des Anorlfini". Un peintre qui n'hésitera pas à transgresser les règles. Un peintre qui finalement fait parti des précurseurs en matière d'art. A la lecture de ce portrait on peut penser que ce peintre est finalement très contemporain dans son attitude...
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Ma vision reste nette _ mais toute couleur a disparu. Un seul ton gris - du noir épais au blanc incertain - s'étale sous mes yeux. mes pansements, la chair de mes mains, les courtines, les géraniums aux fenêtre, le canal où se reflètent le ciel et les saules, tout est absolument sale- et gris, comme un manuscrit défraichi.
Mon horizon visuel s'élargissant, du coup, la théorie du monde m'occupa. Spiritualia sub metaphoris corporalium: les choses, les évènements sont les métaphores sensibles de réalités spirituelles, signes d'une vérité immatérielle. ma mission était d'imiter la nature pour glorifier la Création; de sorte que le miroir parfait de la réalité en éclaire la dimension métaphysique.
Ne plus jamais peindre! jamais! ö la puissance de ce jamais! Plus jamais cette jubilation amoureuse de la palette! Plus jamais, cette caresse du pinceau, glacis après glacis, nuance après nuance....Fini, ce souci de la lumière....joyaux, armures, draperies.... Muet le mystère du monde...infinis, lancinants regrets... Exilé de mes œuvres! Maudit destin!
Je m'appliquais; je tendais que mon trait devienne une ligne juste, suggérant tout ensemble le relief, le volume et, si possible, la matière. Qu'il saisisse comme un souple mouvement la réalité.
Pour le peu qui me reste à vivre, la beauté m'est aussi nécessaire que l'eau fraîche en été, et la soupe en hiver.