Si Béatrice l'Intrépide avait une carte de visite, on pourrait y lire : 'Aventures, honneur, héroïsme, justice'.
Des trolls ou des rats dans le jardin ? Elle saura vous en débarrasser.
Pour les peines de coeur, la venue de l'être aimé, elle ne procède pas tout à fait comme les marabouts ou les 'madame Irma', elle est plus franche, parce qu'elle sait que l'amour ne s'achète pas. Mais si vous insistez, sachez que les alliances intéressées, en revanche, ça existe : « Qui te parle de lui plaire, du moment que tu l'épouses ? »
Une parodie de conte pour enfants, où enfin, les rôles s'inversent.
La personne en difficulté n'est pas une princesse captive dans un donjon, mais un joueur de fifre empêtré dans la lose avec sa tunique dégueu et ses bas-bleus – ses braies, comme on disait à l'époque, si j'ai bien retenu l'excellente visite guidée au château de Murol (Auvergne).
Une histoire où les femmes, intelligentes, courageuses et honnêtes, ont le beau rôle, dament le pion aux manipulateurs masculins, et mettent à mal les clichés.
Où une femme qui ne rêve pas de prince charmant n'est pas forcément homosexuelle, elle peut avoir envie de vivre SA vie, d'être libre.
Amusant et cynique pour les adultes. Pour les 9-12 ans visés, je ne sais pas si le premier degré est suffisant...
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Tiens, on s'y croirait quand la princesse parle ainsi au Roi :
« Père, ce qui est dit est dit, vous avez donné votre parole.
- Et alors, je la donne, je la reprends, je la redonne, j'en fais ce que je veux, mordiou, je suis le roi !
- Cela suffit maintenant, cessez vos gamineries ! »
Manu, si tu nous lis.......
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Au moyen-âge, une héroïne féministe avant l'heure qui ne se laisse pas faire par les hommes.
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- Croyez-moi, reprend Jean-Claude, depuis le temps que je hante cette terre, j'ai appris tout ce qu'il y a à savoir sur la nature humaine, et en particulier sur le tempérament féminin. Tout ce qu'aiment les femmes, c'est le clinquant, le doré, et les paillettes. Tu n'es pas d'accord, Roger ? Tu trouves que le petit fait envie, habillé comme ça ?
Le serveur opine du chef.
- Il a raison, gamin, tu ne peux pas espérer attirer l'attention de notre bonne princesse Hermine avec tes bas reprisés et ta tunique tachée. Il faut faire quelque chose.
Béatrice l'intrépide secoue la tête d'un air navré. Elle n'a jamais rien entendu d'aussi ridicule.
- Nous autres, femmes, nous attacher à pareilles frivolités ? Jean-Claude, n'avez-vous pas honte de proférer de telles sornettes devant ce pauvre François ? Et s'il lui prenait fantaisie de vous croire ?
(p. 50-51)
Patiemment, Jean-Claude explique alors la vie des rois à François les Bas Bleus. Dans les familles royales, les mariages se font beaucoup plus simplement qu'ailleurs. Nul besoin de convoquer des sentiments aussi complexes et incertains que l'amour : tout est question de pouvoir et d'argent, qui sont choses simples et prévisibles. Pour épouser une princesse, il n'y a qu'à montrer à ses parents qu'on possède des richesses suffisantes.
(p. 62)
Sur son téléphone, Béatrice compose le 666.
- Allô, cher Jean-Claude ? Tout se passe comme vous le voulez ? Non, non, rien de spécial, je voulais juste m'assurer que vous ne laissiez pas François seul, le pauvre, dans son état. C'est cela, oui. Non, je ne leur ai pas encore réglé leur compte. Oui, c'est pour cette raison que vous les entendez hurler. Oui, tout à fait. Horribles, affreux, sournois, et certainement tricheurs. Et qu'est-ce qu'ils sentent mauvais ! A tout à l'heure alors ! (p. 67)
- J'ajouterai, dit le chambellan, que madame l'Intrépide a réalisé ces derniers jours quelques fort jolis exploits sur les frontières de Votre Majesté.
- Ah oui, j'en ai vaguement entendu parler. Des invasions n'est-ce-pas ? Fort bien, vous serez récompensée pour votre bravoure, jeune fille. Votre action sera citée en exemple dans les écoles du royaume, et peut-être donnerons-nous votre nom à une ruelle ou une maison de retraite. Prenez note, chambellan. (p. 79)
Elle fouille dans sa sacoche de selle. Organisée autant qu'Intrépide, elle ne se sépare jamais de son indispensable Précis de Monstrologie, par messire l'abbé Boubumirza. Elle le connait par cœur, mais une petite vérification s'impose.
- Voyons vois, Lycéen, non, Lycaon, non, ah, voilà : Lycanthrope, ou Loup-Garou... (p. 66)
Matthieu Sylvander, co-auteur de Béatrice l'intrépide avec Perceval Barrier