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Boris Zaïon (Autre)
EAN : 9782211324717
464 pages
L'Ecole des loisirs (24/05/2023)
3.61/5   65 notes
Résumé :
LONDRES, 1878.
En débarquant dans la capitale pour la Season, les jeunes soeurs Morwood s'attendent à découvrir les charmes de la vie mondaine : robes de bal et réceptions, palais dorés et belles duchesses. Chaperonnées par leur tante qui doit veiller sur leur vertu, Eleanor et Eliza font la connaissance d'un fringant journaliste français, d'un riche héritier un peu coincé, d'un fantasque comte valaque. Mais tout n'est pas que valses, révérences et mouchoirs ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (23) Voir plus Ajouter une critique
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A Applefall Mansion à Grantham dans le Lincolnshire, en 1878, les Morwood se préparent pour la Season à Londres. James et Catherine Morwood ont en effet deux filles, Eleanor, 17 ans et Eliza, 15 ans, qu'ils élèvent avec la soeur de Catherine, Daisy Backburn. Ils ont loué dans cette perspective une maison à Londres dans Portman Street dans le quartier de Marylebone chez Mr et Mrs Petticoat.

Les deux soeurs vont vite rencontrer Sterling Ogilvy Newton-Russell, fils du vicomte Fistharm, un Lord richissime et son ami Benjamin Dropling mais aussi un journaliste, Victor Marlin. Au delà des réjouissances, les cinq nouveaux amis vont enquêter sur des disparitions d'enfants auxquelles un comte valaque ne serait peut-être pas étranger, il s'appelle Zahar Munte.

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Matthieu Sylvander est né en 1969. Il a grandi sans grande efficacité en Haute-Savoie, ce qui lui a donné un fort penchant pour la montagne sous toutes ses formes : le bas, le haut, et même le dessous.
Aujourd'hui à Toulouse, il essaie de concilier son métier de sismologue avec une activité en pointillés d'auteur pour la jeunesse, ce qui est une manière de funambulisme. Dans ses histoires, il reconnaît avoir beaucoup d'affection pour les personnages, disons, différents.” source : éditeur

Il publie à l'Ecole des loisirs depuis 2005 une trentaine de titres. Il commence par des albums, Les loups ne grimpent pas aux arbres en 2005 avec l'illustratrice Marie Deparis, sa soeur, Moi, dit la taupe en 2007, Tarte à tout en 2008, Qui veut aider Ali Baba ? et Palmier de Noël en 2012, .3 contes cruels en 2013, La chambre de la fille en 2015, Tout sur les tremblements de terre en 2017. Il publie aussi dès 2009 dans la collection Neuf, Vladimir Sergueïevitch ou La quête héroïque du mangeur de pommes en 2009, Orang et Outang en 2014, Béatrice L intrépide en 2016, Manoel, le liseur de la jungle en 2017, le plein de blorg en 2018, La romance de l'ogre Yosipovitch en 2019, Encore un orage en 2020. Il a aussi participé à la nouvelle collection de premières lectures à l'École des loisirs, Moucheron ! avec la série Archie.

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Matthieu Sylvander pastiche le roman victorien avec la découverte de deux jeunes soeurs provinciales de la Season à Londres, les deux héroïnes sont vite introduites dans les soirées les plus brillantes, ce qui permet des descriptions d'un monde suranné et disparu. Les deux caractères sont bien sûr opposés, l'une est sage et tranquille et tombe amoureuse d'un Lord tandis que l'autre est fougueuse, brillante et révolutionnaire et elle tombe amoureuse d'un journaliste. Matthieu Sylvander soigne les dialogues plein de verve et d'humour, sans crainte de l'anachronisme et c'est amusant, nous nous attachons sans peine à la fantasque Eliza et sourions devant son sens de la répartie.

La seconde partie du roman change tout à fait puisqu'il s'agit des aventures des deux soeurs, du Lord et son acolyte et du journaliste, à travers l'Europe sur les traces d'enfants mystérieusement disparus ; les cinq nouveaux amis enchaînent les voyages de l'Angleterre à la France puis à travers l'Europe. le périple est évidemment semé d'embûches, Matthieu Sylvander soigne les descriptions de paysages mais le rythme s'essouffle - le roman dépasse les cinq cents pages - et surtout le dénouement est bâclé en vingt-cinq pages.


L'Ecole des loisirs affiche un bandeau sur le roman, “A la croisée des chemins entre Orgueil et préjugés et Sherlock Holmes”. Autant la première partie, certes, joue sur les codes du roman victorien avec de multiples références mais avec sans souci de réalisme historique concernant les comportements et les dialogues des personnages, autant l'enquête sur les disparitions d'enfants paraît éloignée des mystères d'Arthur Conan Doyle. Il y a davantage de références à Charles Dickens mais l'aventure perd toute saveur dans les contrées orientales de l'Europe et le dénouement reste vraiment décevant.

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"La saison des disparus" me laisse une impression douce-amère. La première moitié de l'ouvrage m'a enthousiasmé : j'ai beaucoup aimé cette plume espiègle, le ton plein d'humour de l'auteur, ainsi que l'atmosphère de la Season en plein Londres Victorien. Si des références à Jane Austen sont clairement faites, les évènements du roman se situent ici un peu plus de soixante ans après le décès de l'autrice.

Eleanor et Eliza Morwood, deux jeunes demoiselles de la petite bourgeoisie, se rendent à Londres pour leur toute première Saison : à elles les bals, les réceptions, les tea parties et les beaux prétendants. Toutefois, une série de disparitions ayant lieu un peu partout dans le monde ternit ce tableau idyllique. de jeunes enfants semblent kidnappés à divers coins du globe... et si l'Angleterre était la prochaine étape ?

Je dirais que la partie "enquête" m'a moins séduite que la mise en place de l'ambiance saisonnière et l'introduction des personnages. Déjà, tout simplement, parce que "enquête" n'est pas le terme correct à employer ici. Dès la moitié du récit, il est assez évident de deviner qui est l'antagoniste et quel est son motif. le personnage en question est loufoque, vient de Transylvanie, est un comte fortuné... de Jane Austen, nous voilà maintenant en tête à tête avec Bram Stoker. Cela manque peut-être, à mon goût, d'un poil de subtilité.
Je ne suis également pas satisfaite de ce final, car je n'ai malheureusement pas saisi son intérêt. Peut-être l'auteur a-t-il prévu un second tome, ce qui expliquerait cet aspect "confus", mais très clairement si je devais décrire mon impression de fin, je dirais : "Tout ça pour ça ?"


Enfin, le dernier point m'ayant assez agacé est Eliza. Il est très clair que même si le résumé et le début de l'ouvrage nous fait suivre les deux soeurs, la benjamine est la véritable "héroïne" du récit. Là où Eléanor est pragmatique et réservée, ne souhaitant qu'une vie paisible avec un mariage heureux et des leçons de piano, Eliza quant à elle est un "esprit libre", un poil effrontée, nullement intéressée par la vie de famille et la gestion de maison. C'est la classique protagoniste "belle et rebelle", refusant les règles qu'on lui dicte. Et si ce type de personnage est intéressant, car il permet à un public assez jeune de se former et se questionner, je vous avoue avoir pas mal soupiré à de nombreux moments. Beaucoup de romans confondent "indocile" et "inconséquent". Ainsi, l'héroïne indisciplinée et forte enchaîne en réalité les bourdes, en faisant payer aux autres le fruit de ses erreurs. Elle est mise en opposition à sa soeur, si peu soucieuse d'aider les pauvres disparus, alors qu'elle même ne souhaite les délivrer que pour se faire acclamer et être reconnue (ce qui est tout autant une forme d'égoïsme). J'ai ricané à plusieurs reprises sur le discours égalitaire du roman : si je suis plus que d'accord sur le fond, la forme est quand même très ironique. le roman nous décrit l'abus de pouvoir des plus riches sur les plus pauvres d'entre nous ; c'est une situation qui révolte Eliza ainsi que son ami Victor, qui est socialiste. le message aurait pu être percutant, si seulement la moindre action de Victor et Eliza avaient été possibles sans qu'ils ne dépendent désespérément de l'argent et des ressources du fils de noble de la compagnie. Les chevaux, les auberges, les moyens de rattraper l'antagoniste de l'intrigue ? C'est son porte-monnaie. La solution de fin dépannant Eliza d'un rôle qu'elle était censée assumer ? C'est SON porte-monnaie. Un peu facile du coup, et surtout un message de valeur qui ne colle pas avec les actions des personnages.

Je dirais donc que "La saison des disparus" a une belle ambition, qui toutefois ne m'a pas convaincu. L'ouvrage aborde plein de thématiques intéressantes (la place de la femme dans la société, les injustices sociales etc), mais les maîtrisent maladroitement et paradoxalement à mon goût. Même si le roman est destiné à un public assez jeune, je trouve que ce sont des aspects qui auraient mérités d'être davantage détaillés et affinés, car la bonne idée de départ a sonné pour moi assez creux.


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Je suis une grande fan des romances se déroulant dans l'Angleterre du XIXe, tout comme des romans doucement satiriques de cette chère Jane Austen qui met en scène cette société anglaise si savoureuse d'alors, mais je n'avais jamais que trop peu lu de romans jeunesse dans cette ambiance. J'ai donc été ravie de voir L'Ecole des loisirs en proposer à son tour en suivant la mode des cosy mystery qui s'empare de nous en ce moment.


Il était l'heure pour moi de découvrir le surprenant Matthieu Sylvander, auteur prolifique pourtant également sismologue de son état. Son amour des personnages disons différents m'a permis de passer un moment délectable aux côtés de ses héroïnes : Eleanor et Eliza, deux soeurs appelées à vivre une saison pas comme les autres !

Hormis ce déplaisir à lire sans arrêt "season" au lieu de saison alors que le terme est parfaitement entré dans les moeurs, j'ai adoré suivre le ton léger et grinçant de l'auteur, qu'il fait porter à son héroïne, celle des deux soeurs que la saison ne fait pas du tout rêver, car à 16 ans, elle ne rêve pas du tout de se marier et d'avoir des enfants, elle. Je me suis amusée à plonger à ses côtés dans un type de récit que je connais par coeur et que pourtant l'auteur parvient à parfaitement à faire revivre et à rendre savoureux. Connaissant très bien les codes du genre, Matthieu Sylvander fait découvrir à la nouvelle génération ce pan de l'histoire de la société anglaise. C'est complet et pourtant toujours léger, entraînant et légèrement grinçant.

L'auteur se sert en effet de ce cadre cocasse qu'est la foire au mariage de ces jeunes filles dans le Londres des années 1870 pour nous faire le portrait de cette société, rappeler qu'autrefois aussi chez nous les mariages arrangés existaient mais que des jeunes filles courageuses ruaient parfois dans les brancards avec une tendre fermeté et sans pour autant se mettre toute la société à dos. C'est le cas de nos deux soeurs qui rencontrent très tôt dans la saison des jeunes garçons bien sous tout rapport qui pourraient les faire succomber mais avec lesquels elles vont nouer une autre relation, plus amicale, plus égalitaire, qui va leur permettre de vivre une sacrée aventure, même si celle-ci tarde à venir et que la description de la saison est un peu longuette.

Car en effet, le cadre de cette saison londonienne, inspiré comme chacun l'a compris des écrits de Jane Austen entre autres, est l'occasion également d'une belle aventure policière où la personne qui enquête sera l'une de nos deux soeurs qui va partir sur les traces d'un mystérieux kidnappeur d'enfants dont elle a réussi à comprendre le schéma opérationnel avec ses amis, mais qui a réussi à l'atteindre en plein coeur pour lui lancer le défi de sa vie. J'ai autant aimé cette partie de l'histoire que celle consistant à suivre les deux soeurs dans les bals et autres lieux de rencontre à la mode. C'était peut-être même encore plus entraînant car cette fois c'était plus imprévisible et que des secrets sommeillaient, secrets nous résolus entièrement à la fin de l'histoire, ce qui appelle une suite et donc un quintet qui devrait encore nous faire vivre de chouettes aventures.

Après pour une habituée du genre via les Aventures et Passions de chez J'ai lu, nous sommes ici avec quelque chose de très léger, de très soft. Les personnages sont assez grossièrement définis avec le riche beau gosse de bonne famille, le fils illégitime, le journaliste plein de verve, la soeur belle qui se conforte à la norme et celle juste charmante mais différente. C'est assez cliché mais ça fonctionne car les interactions sont chouettes. Ils forment un groupe d'amis sympathique auquel on aimerait bien se mêler. Il n'y a aucun comportement toxique chez les garçons par exemple que je trouve assez respectueux et en avance sur leur temps dans l'ensemble même si c'est léger, n'exagérons rien.

Concernant l'écriture, j'ai trouvé la plume de l'auteur légère et savoureuse, se fondant parfaitement dans le genre qu'il a singé ici. J'ai juste eu un petit coup de mou vers le milieu, pile quelques pages avant qu'il ne relance son histoire dans une nouvelle direction, et pareil vers la fin juste avant une dernière révélation. C'était comme si l'auteur sentait à chaque fois que mon attention déclinait et qu'il remettait un petit coup pour me réveiller. Bravo !

La saison des disparus est ainsi à ce jour mon cosy mystery préféré dans l'univers de la société anglaise du XIXe. Il recoupe tout ce que j'aime, les romances dans ce cadre de la foire aux mariages, des personnages savoureux et un peu modernes, et surtout une enquête entraînante pour zester le tout. C'est une jolie introduction à ce genre littéraire à part entière dont se sont emparés des éditeurs comme J'ai lu - Pour elle et Hauteville.
Lien : https://lesblablasdetachan.w..
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Londres, époque victorienne, Season et mystères ? En général, n'en dites pas plus, je signe.

Les premières pages m'ont totalement embarquée. le ton plein d'humour, un peu impertinent et ironique, me faisait bien sourire.
J'ai beaucoup aimé les clins d'oeil à la littérature du 19e s. : si Jane Austen est mentionnée (oui, je sais qu'elle n'est pas victorienne), j'ai vu aussi quelques références à Bram Stoker (non, on ne doit pas inviter un comte ténébreux d'Europe de l'est à passer le seuil de sa demeure : grave erreur). Ainsi qu'à Oscar Wilde, particulièrement avec la tante Daisie qui m'a furieusement fait penser à la Miss Prism de "l'Importance d'être constant" (surtout la version film d'Oliver Parker avec Rupert Everett et Colin Firth).

Mais au bout de 200 pages j'ai eu un petit coup de mou dans ma lecture. Je commençais un peu à m'ennuyer de ce feu d'artifice du début. Comme si l'intrigue faisait une pause avant de partir dans une direction différente, celle de l'aventure. Quelques péripéties sont alors venues relancer mon intérêt, mais je dois reconnaître que je l'ai terminé avec moins d'enthousiasme qu'au départ.

Quant à la fin... Elle m'a un peu déconcertée. Elle nous laisse avec quelques questions sans réponses - on a quand même égaré une centaine d'orphelins en route. Peut-être parce qu'une suite est prévue ?
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Oh la la, quel roman !! Nous passons d'une ambiance victorienne à une aventure assez folle et pleine de suspense, des personnages tout en nuances, ou pas, une traversée de l'Europe par tous les moyens de locomotion, de la réflexion et de l'action.

Matthieu Sylvander, c'est toujours un bonheur de lecture, toujours étonnante. Mais là, c'est vraiment inattendu d'un bout à l'autre.
Des soeurs, des demi-frères, de la noblesse, des bouges et des bateaux. Eliza quitte sa campagne du Lincolnshire pour découvrir de façon très traditionnelle la "season" à Londres, en compagnie de sa soeur en âge de se marier. Accompagnées d'une tante qui ne lève pas les yeux de sa broderie. Jusqu'à sa rencontre avec un clergyman !!
Mais Eliza n'est pas du genre à se satisfaire de bals et de réceptions. En plus des mathématiques, l'aventure l'attire. Qui aurait pensé que la "season" la retrouverait sur un bateau en compagnie d'un noble et d'un journaliste ? Shocking ;-) On croisera même un anarchiste. Et ce comte valaque avec sa cape noire diffère bien de celui auquel il nous fait penser ! Même si on le suit jusqu'en Europe centrale.

Les surprises des lectures successives :
Après Sous les étoiles de Bloomstone Manor (1898), je retrouve ici une jeune fille qui aime la science (les mathématiques cette fois) et qui déplore qu'en cette fin de 19e, il soit interdit aux filles de suivre des études, et de montrer leur intelligence.
Nous sommes en 1878, dix ans après Les Lettres du Kansas, où, si l'ambiance était complètement différentes, campagne profonde d'Amérique v/s petits nobles d'Angleterre les regrets et attentes des héroïnes se ressemblent vraiment.

J'aime tous les romans de Matthieu Sylvander, je trouve qu'on ne parle pas assez de lui car ses histoires sont toujours drôles, atypiques et bien écrites.
Ma préférée reste Manoel le liseur de la jungle, histoire d'un tatou et d'un Kipling. Mais La saison des disparus le suit en bonne place, malgré une fin un peu violente.
Et j'avais bien aimé aussi : Béatrice L intrépide, et l'inénarrable Vladimir Sergueïevitch.
Lien : https://livresjeunessejangel..
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critiques presse (2)
CNLJ
17 octobre 2023
Bijou d'intelligence et d'humour, cette revisite, mâtinée de polar, des romans de Jane Austen, qui étaient eux-mêmes une critique des romans sentimentaux de la seconde moitié du xviiie siècle, est pour le moins tonique !
Lire la critique sur le site : CNLJ
Ricochet
13 septembre 2023
Dense et baroque, politisé avec nuance, il emporte son lecteur dans un tourbillon d’aventures à la façon d’un feuilleton lissé sur cinq cent pages.
Lire la critique sur le site : Ricochet
Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Que de chemin parcouru, depuis leur arrivée à Londres ! Pour être honnête, lorsque les sœurs Morwood avaient fait leurs bagages, dans leurs chambres d'Applefall Mansion, elles étaient loin de se représenter avec précision ce que la Season leur réservait. Elles s'attendaient vaguement à vivre de longues journées d'oisiveté aux côtés de tante Daisy, entrecoupées dans le meilleur des cas de quelques réceptions de petite catégorie, données par des maîtresses de maison inexpérimentées pour des jeunes filles inconnues. Sous le regard perçant de tante Daisy, elles y auraient dansé deux ou trois valses avec des étudiants en médecine ou des avocats débutants, faute de pouvoir s'attaquer à la noblesse fortunée. Entre deux bals, elles se seraient mortellement ennuyées lors de promenades convenables au parc, à petits pas comptés, en compagnie de tante Daisy. Ce n'était pas simple de se faire une place dans le monde lorsque l'on venait de Grantham, Lincolnshire, sous la surveillance d'une tante Daisy et sans autre référence qu'une très lointaine parenté avec la duchesse de Kenthumberland (que nombre d'habitués considéraient comme une vieille bique).
Et, pourtant, leur anonymat n'avait pas duré plus d'une journée à la fin de leur première semaine, elles avaient déjà presque tout connu. Elles s'étaient fait des amis ; elles avaient séduit presque sans le faire exprès l'héritier de l'une des plus grandes fortunes d'Angleterre ; elles s'étaient presque débarrassées de leur tante, perdue corps et âme sur l'océan tumultueux de la passion ; et hier, elles avaient presque partagé la vedette avec l'attraction principale de la réception la plus courue de la Season. Bref, elles étaient lancées dans la Society et pouvaient envisager les prochaines semaines avec sérénité : les cartons ne manqueraient pas d'arriver au 25 Portman Street.
C'était presque trop pour Eliza. pg 196-197
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Les compétences en ballet de Victor étaient sans doute plus sommaires, mais il ne se débrouillait pas si mal pour un jeune homme contraint de gagner sa vie. Sans doute était-ce dû à son sang français. Les Français sont un peuple de danseurs, c'est bien connu, du moins quand ils ne font pas la révolution.
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- Je ne sais pas si je vais pouvoir vivre jusque-là, dit Eleanor en se levant brusquement du piano.
Eliza sourit.
- Je pense que si. On meurt rarement d'attente déçue. Papa, savez-vous s'il existe des précédents ?
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Eliza s'était déjà promis que jamais elle en renoncerait à son identité et que, lorsqu'elle deviendrait célèbre, ce serait sous le nom de Morwood, prénom Eliza. Il était temps que ces messieurs ouvrent un peu les yeux et comprennent que la "meilleure moitié de l'humanité" ne comptait pas se laisser faire ! Elle n'attendrait pas qu'ils soient mieux disposés : sa place, elle la prendrait elle-même.
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Miss Daisy Backburn, tout particulièrement, se mura dans une humeur contemplative dont rien ne put la tirer. Il faut dire qu'une tempête faisait rage sous son chignon et qu'elle consacrait toute son énergie à maintenir en place les digues de sa dignité. Quand on s'est voué au célibat depuis dix longues années, par hasard plus que par inclination, les remparts sont fragiles et le péril est grand de les voir sapés, minés, affaiblis, abattus. Miss Backburn vivait un songe éveillé, une pièce de théâtre dans laquelle elle jouait le rôle de la vierge effarouchée, barricadée au sommet du donjon, contemplant du haut de son perchoir l'avancée de l'armée barbare menée par un chef à la voix suave, au crâne dégarni, prénommé William.
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Vidéo de Matthieu Sylvander
Matthieu Sylvander, co-auteur de Béatrice l'intrépide avec Perceval Barrier
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