Au début je me suis dit, mais c'est quoi cette histoire, où l'auteur veut-il m'embarquer ? La portière était ouverte...
"Il y a la liberté qui vous attend, sur les brises du ciel.
Et vous demandez : Et si je tombe ?
Oh, mais ma chérie, et si tu voles ?", Erwin Hanson.
... Et donc, me voilà assise sur la banquette arrière d'une voiture de location où deux chemins s'offrent à la narration, comme un air de liberté qui souffle en même temps que les airs de Woodstock à la radio.
"I've got two worlds
But I don't belong
I've got two ways
Neither's very strong...", Nansi Nevins.
Eh oui, aujourd'hui on fête les 50 ans de ce festival mythique, où la boue, les fleurs et la paix chantaient un meilleur avenir. Utopie quand tu me tiens. "Les hippies sont une manifestation de la liberté individuelle. Nous avons le droit d'être ce que nous voulons être.", Ringo Starr. "Imagine aucune possession, je me demande si tu peux. Aucun besoin d'avidité ou de faim. Une fraternité d'homme",
John Lennon.
Je me suis assez vite enthousiasmée pour ce road trip.
"Let the Sun shine
Let the Sun shine in..."
À un moment donné j'ai dû partager la banquette arrière avec une mamie hippie, ancienne chanteuse des Sweetwater, souffrant d'Alzheimer et un ado qui vit dans une illusion numérique, le virtuel étant son horizon.
C'était bizarre et saugrenu, c'était loufoque et utopique, c'était Woodstock, 1969 et la liberté, la fleur coincée derrière l'oreille. C'était un voyage intérieur et tout autour la vie.
"Et ceux qui dansaient étaient pris pour des fous par ceux qui ne pouvaient entendre la musique.", Frederick
Nietzsche.
J'ai laissé filer le paysage ouvrant grand mes mirettes. le ton était parfois étrangement professoral, comme si la voix d'un philosophe venait se mêler aux paroles de Jo Cocker, aux délires de la mamie qui planait, au sens propre comme au sens figuré, aux embrouilles d'un ado visionnaire, à la perte d'équilibre d'une jeune femme sans ceinture de sécurité, assise à côté d'un chauffeur perdu sous une couche de déguisements. Mais qui est-il vraiment. Où va-t-il ?
J'ai oublié un personnage : le chien fixé sur une ventouse qui oscillait de la tête à chaque rebondissement, porte- bonheur de cette épopée rock'ambolesque.
Chacun est entouré de solitude "Does it worry you to be alone"... Ensemble ils forment une famille."Try a little help with my friends." (john
Lennon/
Paul McCartney).
"Le bonheur ressemble à l'île d'Ithaque, qui fuyait toujours devant Ulysse.",
Voltaire.
"Oh happy days..."
Ils rejoignent la ville d'Ithaca dans un bus mythique. Arriveront-ils tous ensemble à bon port ?
Ou, la réalité de la vie les heurtera-t-elle de plein fouet, comme elle l'a fait avec le mouvement des Hippies ?
"I'm in a rainbow
And I'm feeling mighty good
Color vibrations passin' me by
Some slow and some fast
And some teaching me how to fly", Alex del Zoppo.
Je remercie Babelio et la maison d'édition Daphnis et Chloé pour ce Road Trip plein de surprises, jusqu'au bout du voyage. J'ai aimé chaque cahot, chaque note d'humour, chaque délire sympathique, chaque pensée philosophique. Ce roman le donne envie de découvrir un peu plus l'univers de
Mathieu Tazo.
"La route est longue, il y a des montagnes sur notre chemin
Mais nous montons une marche chaque jour", Joe Cocker
Oui, la route est longue, et on est mal barré. Si seulement les airs de Woodstock venaient dérider les cerveaux des autocrates, des siphonneurs de planète et des vendeurs d'illusions. En attendant cette utopie, lisons.
"Si je suis libre, cest parce que je ne m'arrête jamais de courir",
Jimi Hendrix.