Le récit de
Stephan Orth en Iran est une touchante invitation au voyage en territoire perse. le jeune journaliste se promène au gré des rencontres et rendez-vous en couchsurfing chez ses hôtes dont la gentillesse et l'hospitalité sont légendaires. Oui, les iraniens et le monde perse en général savent depuis des lustres ce que signifient des mots simples comme accueil, insertion, partage. Ces hommes et ces femmes ne sont pas les brutes épaisses, abruties de dieu que montrent trop de médias occidentaux aveuglés par leur haine de l'étranger (et bien souvent, leur méconnaissance de cette très très riche culture).
Le voyage de Stephan lui appartient et ne saurait être regardé comme un guide de voyage pour bobo en mal de dépaysement chic. Mais au contraire, être lu comme un hymne à la différence.
Ce qui me séduit dans le récit, c'est l'art consommé du portrait bienveillant que l'auteur applique à chaque personne rencontrée ou contactée (y compris les personnes détenteurs de pouvoirs de police ou administratif ; la demande de prolongation du visa constitue une péripétie stressante et non dénuée d'humour british)
Stephan sait regarder l'autre avec une énorme envie de communiquer, sans laisser s'exprimer quelque a priori ou jugement de valeur, sans appréciation hâtive.
Il nous donne à lire un très beau portrait de l'Iran contemporain et de ses habitants, tout en contraste, pays fort et fragile, pétri de contradictions, tiraillé entre modernité et traditionalisme religieux, avide de fêtes et de respiration intellectuelle, pays magnifique ouvert sur le monde malgré la censure étouffante, assommante et mortifère imposée par les autorités politiques et religieuses.
J'ai particulièrement apprécié l'humour de l'auteur et son auto-dérision, illustrés dans les citations jointes.
Un récit à rapprocher des publications suivantes : "
Désorientale" de
Négar Djavadi"
Marx et la poupée" de
Maryam Madjidi, "
Bons baisers d'Iran" de
Lénaïc Vilain, "
Vivre et mentir à Téhéran" de
Ramita Navai (qui confirme la présence d'homosexuels en Iran, contrairement aux affirmations risibles et/ou ridicules assénées devant l'ONU par un ancien dirigeant de Téhéran)