AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782372581127
177 pages
Taurnada Éditions (09/06/2022)
4.47/5   47 notes
Résumé :
Serons-nous l'esclave de notre assistante de vie connectée ?
Nos traces sur le Net constitueront-elles des preuves à charge ?
La parole et la pensée deviendront-elles pathologiques à l'heure de la communication concise et fonctionnelle ?
Qu'arrivera-t-il si les algorithmes des moteurs de recherche effaçaient des pans entiers de notre mémoire collective ?

Autant de questions parmi d'autres, qu'Estelle Tharreau soulève dans Digital ... >Voir plus
Que lire après Digital way of life - IntégraleVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (40) Voir plus Ajouter une critique
4,47

sur 47 notes
5
26 avis
4
13 avis
3
1 avis
2
0 avis
1
0 avis
Merci à Taurnada pour cette découverte. Il s'agit de 10 nouvelles qui peuvent nous montrer un futur pas si éloigné que cela. L'évolution de la technologie n'a eu de cesse de prendre de l'ampleur. Un exemple simple, les vidéos, par caméra, sur des cassettes , des dvds, des clés usb et demain ? Des exemples nous pouvons en trouver de nombreux, des bons, comme des moins bons. L'aide au niveau de la ménagère avec la machine à laver le linge qui a changé la vie de nombreuses femmes qui allaient au lavoir (et il en existe encore dans le coin de chez ma grand-mère). Il faut faire attention à ce que nous mettons sur les réseaux sociaux, tout peut être pris, volé, utilisés (et ça, c'est ce que j'explique bien à mon fils). Ces RS qui nous rapprochent autant qu'ils nous éloignent. Un simple constat de ma part, il n'y a rien de plus ou de moins que ce que j'ai pu voir depuis des années. Avant de débuter sur le récit l'auteur nous met des notes préliminaires qui nous indique une direction qui ne sera pas forcément prise. C'est intéressant de voir jusqu'où va l'auteur et cela me plait ! Entre ceux qui imaginent être là pour draguer et d'autres pour travailler, il y a un monde. Et si ce n'était que le début de l'aventure ? Suivez Estelle dans 10 histoires qui donnent froid dans le dos, car si nous arrivons jusque là je ne donne pas cher de notre peau.

Pathologique, ou le meilleur moyen de rentrer dans le moule. La lecture est un point que j'adore (sinon je n'aurai pas de blog, hein) et grâce à elle, nous pouvons voyager, apprendre de nouveaux mots. Et pourtant le monde dépeint dans cette nouvelle nous emmène dans une réalité autre que la diversité. Tous doivent apprendre le même nombre de mots, tous doivent se conformer à ce qu'on leur dis, ne pas avancer trop vite, ne pas chercher à connaitre plus et surtout se cacher. Milo est un enfant qui a besoin de savoir, son esprit ne peut pas se cantonner aux murs qu'on lui donne. La tablette numérique pour quoi faire vu qu'elle est bloquée ? Il ne peut découvrir par lui-même et fait partie de ces personnes qui ne s'arrêtent pas à une barrière, il leur faut la contourner. Et ce n'est pas un médecin qui peut décider pour les autres, pas vrai ? Cette Réalité Virtuelle semble prendre le pas sur tout le monde. Codage à volonté, les métiers ne sont plus que dans le cadre du numérique, si je peux encore appeler cela de cette façon. Chacun vit sa vie de manière peu traditionnelle pour nous, pauvre humains qui ne sont pas encore connectés 24h/24. Tout est contrôlé dans la réalité, mais les fantasmes eux sont toujours ancrés et réalisé dans le virtuel. Alors lorsque le monde s'effondre, celui qu'ils connaissent tous, c'est la débandade. Ils n'ont plus de repères, ne savent plus quoi faire et deviennent ce qu'ils ont toujours vécu en fantasmes.

Mais ce n'est rien, comparé à cet aveuglement amoureux. Pas besoin de numérique pour comprendre que l'homme à la tête d'un lieu, ou ayant un poste élevé fera ce qu'il faut pour rendre un verdict tout sauf impartial. Imaginez-vous jury dans un procès important, celui qui va décider de laisser en liberté un homme ou non et là, vous devez uniquement appuyer sur des boutons. Si vous ne réfléchissez pas et suivez bêtement ce que l'on vous dis, vous avez les moyens de continuer à vivre normalement, mais si vous êtes de ceux qui cherchent à comprendre ce 1% qui traine, alors je vous conseille de ne pas être juré. Il est si facile de devenir un mouton pour éviter les ennuis, de suivre celui qui a du pouvoir pour ne pas être inquiété. La majorité semble l'emporter et la position instable dans laquelle vous êtes risque de vous exploser à la figure. Et ainsi vous ne serez plus des êtres humains, mais considéré tel des inhumains. Pourtant ce n'est pas de leur faute si la société les rejette l'un après l'autre. Est-ce que le physique compte plus que le travail ? Oui et cela n'est que mon opinion sur notre monde qui ne voit que par ce physique qui se doit d'être parfait sinon vous pouvez faire demi-tour. Je n'ai jamais compris pourquoi c'était ainsi et pour ma part je ne fonctionne pas de cette manière, comme d'autres et encore heureux, mais combien on pris dans les dents qu'ils étaient moches, qu'ils étaient des monstres parce qu'ils ne rentrent pas dans le moule ? D'ailleurs je ne rentre dans aucun moule et j'en suis fière. Les militaires qui sont revenus des guerres, estropiés, perdus, abimés n'ont-ils pas le droit d'être considérés comme des humains ? Les accidentés de voiture ou de tout autre incident ont les mêmes droits et pourtant le regard des autres peut être mauvais. Ce monde où les "rafistolés" n'ont que le droit de se taire et de rester cachés ? Jusqu'où peut aller l'être humain envers un autre ? Tous les jours nous en avons un exemple et plus nous avançons dans le temps, plus les écarts existent et font mal.

Est-ce que cela ne deviendrait pas un automatisme ? Automatique, qu'est-ce qui peut le devenir ? Suivre son instinct ou une assistante de vie qui va vous rappeler tout votre agenda ? Au lieu de prendre un papier crayon et de tout mettre sur un carnet, c'est la maison en elle-même qui va vous le rappeler. Ah, la technologie est vraiment d'un autre niveau, mais au fait, cela n'existe pas déjà avec une certaine Alex ? La journée de repos de Cécile ne va pas se passer comme la maison l'aurait voulu. Est-ce pour cela qu'une information capitale aurait pu éviter cette fin ? Pas de tragique, pas de morts, mais une solution plutôt radicale juste pour avoir oublié ? Absurde ? Nous sommes déjà dépendants, je le vois, avec tous les rendez-vous qui sont sur mon téléphone. Un bien pour un mal, tout est au même endroit, mais si ce lieu nous perd ? Où allons-nous ? Probablement à l'Éternité ! Qui ne c'est jamais demandé ce qui se passe après la mort ? Et si par hasard nous serions à un point où justement nous pouvons le savoir. C'est la seule nouvelle où j'ai eu plus de mal, pour la comprendre. Je pense que je suis passée à côté de celle-ci, mais vu qu'i n'y en a qu'une qui m'a laissé sur le côté en voyant les personnages faire leur voyage, ce n'est pas catastrophique.

De toute manière, il vaut mieux faire attention à sa vie et surtout à son profil que nous pouvons mettre en ligne. Tiens, j'en reviens à mon premier paragraphe : ne rien divulguer sur les réseaux sociaux, car tout le monde peut y avoir accès et s'en servir. La preuve bien des années après, ce professeur qui va voir sa vie s'effondrer pour des bêtises alors qu'il était plus jeune. Tout se sait, à un moment où un autre et peut se retourner contre vous. Pas moyen de revenir en arrière et le bouton rouge ne sera d'aucune aide. Bien au contraire, tout le monde le connait ce fameux bouton, celui qui est là pour envoyer des missiles à l'autre bout du monde pour exterminer une population. Nous le connaissons, probablement par le biais des films où le président se demande s'il doit appuyer dessus, dans des sous-marins pour se défendre. Mais si tout avait été caché, est-ce que nous saurions qu'il existe ? Dans chaque génération nous apprenons des éléments, mais nous en perdons aussi, alors, verdict ? Devrions-nous harceler nos anciens pour mieux comprendre ce qui est déjà passé ? Harceleuse, je ne pense pas me caractériser de cette façon. Et Julien ne voit pas sa fille de cette manière. Elle veut jouer avec les autres et ne pas devenir ce robot qu'ils sont tous devenus, vivant dans leur monde. Un monde comme les précédents où l'individualité est mise en avant et pourquoi ne pas se retrouver sous la trappe ? Peut-être parce que leur sort ne sera pas si enviable en comparaison de ceux qui resteront au-dessus ?

En conclusion, je suis restée très évasive pour certaines des nouvelles, mais toutes se regroupent sur notre société et la manière dont nous allons évoluer en fonction de la technologie. le numérique, la nanotechnologie, les aides potentielles, nous ne pouvons pas négliger que certaines avancées font des miracles et sont importantes. L'auteur nous présente des idées qu'elle ne partage pas forcément, c'est son but de nous laisser avec notre propre questionnement et surtout : sommes-nous déjà trop impliqués et trop pris dans cet engrenage pour ne voir que le bien ? L'évolution de la technologie n'est pas à prendre à la légère. Il vaut mieux faire attention et bien réfléchir avant de suivre le mouvement. Chaque nouvelle apporte ce qu'il faut pour ne pas se braquer contre le numérique ni pour y plonger tête la première.

http://chroniqueslivresques.eklablog.com/digital-way-of-life-l-integrale-estelle-tharreau-a212871857
Lien : http://chroniqueslivresques...
Commenter  J’apprécie          30
Glaçant. C'est le premier mot qui me vient à l'esprit. Il n'est pas venu en terminant ce recueil de dix nouvelles de science-fiction, non, il est venu dès que j'ai eu fini la toute première nouvelle, Pathologie, qui nous interroge sur l'avenir que nous souhaitons pour nous et pour la prochaine génération. Quels apprentissages allons-nous leur proposer, comment intégrer les enfants qui sont différents des autres, surtout quand cette différence est liée à une inappétence pour tout ce qui est numérique ? La solution proposée par la médecine n'est pas si éloignée que cela de celle qui était proposée, dans la « vraie vie », voici encore quelques décennies aux enfants « différents ». Oui, j'utilise beaucoup de guillemets parce que les mots ont un sens, et que leur sens varie considérablement selon la personne qui les utilise.
Ce qui est d'autant plus effrayant, c'est que le point de départ de chacune des nouvelles est une utilisation du numérique, une interrogation, des recherches, qui font déjà partie de nos vies, comme le prouvent les extraits d'article cités en tête de chacune des nouvelles. Pathologie n'est pas la seule nouvelle liée à l'enfance, au lien parents/enfants, à la différence. Harceleuse montre aussi la différence, en la personne d'un père, Julien, qui refuse que sa fille rentre dans le moule, qui ne veut pas qu'elle plonge (elle est encore une enfant) dans le monde virtuel si parfait dans lequel sont déjà ses camarades de classe. Plus besoin de mot pour s'exprimer, des émoticônes suffisent. L'amertume ressentit par Julien à la fin de cette nouvelle l'a été aussi par moi : accepter l'uniformité, le virtuel, c'est perdre beaucoup, et personne, sauf lui, ne s'en préoccupe (oui, je ne dis même pas « semble s'en préoccuper »).
Qu'en est-il du savoir ? Il est déjà des personnes, de nos jours, qui s'inquiètent du fait de voir gommer certains aspects de notre passé, parce qu'il ne faut plus en parler, parce que c'est loin, parce que cela n'existe plus, parce que nous ne sommes plus concernés. Bouton rouge pousse à l'extrême les conséquences de cet effacement d'une partie de notre passé, dû à l'absence de livres, au tout numérique qui choisit de ne garder que ce qui est facilement trouvable par les moteurs de recherche – que ce qui est bon que le commun de l'humanité sache. Revers de la médaille de l'enseignement : le passé numérique peut nuire gravement aux adultes qui se sont un peu lâchés sur les réseaux sociaux étant adolescents. Impossible ? Aujourd'hui déjà, les recruteurs, les employeurs scrutent les profils des candidats, et pas seulement leur curriculum vitae. le droit à l'erreur numérique, le droit à l'effacement numérique est encore loin d'être acquis. Soyons vigilants, semble nous dire l'autrice dans Profil. Soyons juste, elle semble nous le dire constamment, y compris dans la nouvelle Automatique. Elle peut faire sourire, presque rire parfois tant son héroïne, Cécile, est incapable de vivre sans son assistant vocal, tout agaçant soit-il. J'ai eu envie de lui chanter « débranche tout », elle qui ne sait même pas organiser sa journée de repos sans lui, sans cette voix lui prodiguant des conseils, lui énonçant ce qui lui reste à faire, ses obligations, énonçant tous ses conseils, toutes ses consignes sans une once d'humanité. Cécile a désappris à prendre soin d'elle et des siens par elle-même, elle ne s'en rend pas compte, enfin, pas encore. La chute m'a rappelé des nouvelles de Fredrick Brown.
Et l'homme, dans tout cela ? Il cherche sa place. Il ne parvient plus à prouver son humanité (Inhumain), il apprend à coder tout jeune, pour se retrouver dans une réalité virtuelle sereine, pense-t-on (Virtualité réelle), une réalité qui lui permet de se défouler, d'assouvir ses pulsions discrètement impunément – jusqu'à la catastrophe, c'est à dire jusqu'à la panne bien réelle du virtuel. La justice ? Parfaite, incapable de se tromper. Gare à l'humain qui voudrait prétendre à réfléchir aux sanctions proposées/imposées par la machine. Cela soulage tellement les instances judiciaires qui ne sont plus débordées (Aveuglement amoureux) même si les prisons semblent rester bien pleines.
Le virtuel permet d'assouvir les fantasmes, et permet aussi d'assouvir le rêve de la vie éternelle, et là encore, je ne trouve que le mot glaçant pour qualifier Éternité. Encore faut-il que l'homme survive à tout ce qu'il a fait subir à la terre (La trappe). Y parviendra-t-il ?
Digital way of life – dix variations autour de notre usage du numérique, dix questionnements sur tout ce que cet usage peut entraîner pour l'homme, dix sonnettes d'alarme sur les abus en tout genre qui pourraient survenir si nous n'y prenions pas garde.
Lien : https://deslivresetsharon.wo..
Commenter  J’apprécie          110
Merci aux éditions Taurnada de m'avoir permis la lecture de ce bon recueil de nouvelles dystopiques .Estelle Tharreau nous livre des nouvelles plutôt inquiétantes de ce qui pourrait être le monde numérique de demain où le formatage des personnes serait la règle .A partir d'articles de presse réels ,elle force le trait pour nous donner un aperçu d'un futur où les libertés s'amenuisent .A lire en espérant qu'il en sera autrement .
Commenter  J’apprécie          180
En parallèle de mes lectures polar, j'aime beaucoup lire un peu de SF, Digital Way of Life était tout indiqué pour moi : des nouvelles, format parfait quand on a un petit garçon qui nous accapare et un thème tournant autour des nouvelles technologies pour changer un peu. Combinaison parfaite. Je ne ferai pas de résumé des nouvelles, ce serait absurde, je vais donc essayer de parler du recueil et des thèmes abordés, sans spoiler la découverte.

Digital Way of Life propose une grande variété de nouvelles toutes plus glaçantes les unes que les autres. Et c'est peu de le dire, réellement. J'ai beaucoup aimé les articles de presse en exergue de chaque nouvelle. Au début, cela m'a déroutée. Je me demandais vraiment à quoi cela pouvait mener; et, finalement, j'ai adoré. Au bout de quelques paragraphes de la nouvelle, le lecteur fait le lien et comprend. La partie en exergue éclaire le récit et vice-versa. En effet, l'article de presse / l'information offre un point de départ, une balise à partir de laquelle l'autrice construit une extrapolation, imagine une évolution de la société… et à chaque fois, cela se fait vers un futur terrifiant. le lecteur suit ainsi un cheminement depuis ce qui nous semble aujourd'hui assez anodin jusqu'à l'aboutissement plein et entier. le lecteur prend conscience de ce qui pourrait advenir à partir de cette graine plantée. Une plante monstrueuse et carnassière pourrait germer de cette seule graine, une plante qui s'étendrait, et étoufferait tout autour d'elle.

Le recueil aborde différents thèmes : les réseaux sociaux et le rapport au langage qu'ils induisent, leur impact sur nos manières de parler et de communiquer, ce qu'ils disent de nous et ce que nous pouvons faire dire aux photos postées ; les mondes créés par les jeux vidéos et la réalité augmentée – la façon dont cela redéfinit le lien humain, mais aussi la frontière entre rêve et réalité voire la banalité du mal que cela peut cacher ; la question de la Justice et des ordinateurs, plus largement la question de l'appréciation humaine à l'ère des ordinateurs et des intelligences artificielles ; la question des nouvelles technologies au service des chirurgies, la place de la technologie dans la médecine ; la question aussi de la mortalité humaine et de la tentative de survivre à sa propre mort par le biais des technologies ; et enfin, la question du souvenir à l'ère d'internet et de l'information en quelques clics. Autant de questionnements qui sont finalement très puissants et qui sont très prégnants. En effet, chacune de ces nouvelles fait vibrer une corde différente chez le lecteur. Certaines m'ont littéralement terrifiée parce que je sais, au fond, que cela pourrait arriver bien plus vite qu'on ne le pense. Et que si cette vision du futur devait réellement advenir, je tremblerais pour mon fils. D'autres m'ont paru moins probables mais tout aussi inquiétantes pour l'humanité, pour tout ce qui contribue à nouer des relations chaleureuses et épanouissantes. Quelques uns de ces textes m'ont fait penser à l'univers de Kafka, un monde dans lequel l'individu est broyé par un système tellement fou et inhumain que rien ne peut être fait pour l'enrayer. D'autres ont un accent cruel et rappellent les totalitarismes : nous voyons ce moment où un détail est sorti de son contexte, amplifié et déformé jusqu'à en faire une preuve à charge.

Estelle Tharreau a un vrai talent pour faire exister des mondes futurs aux accents cruellement actuels. C'est, je crois, ce qui rend ses textes si efficaces, si prenants et si angoissants. A aucun moment le lecteur ne peut apposer le filtre d'un futur si lointain qu'il en devient improbable. Dans ces récits, rien n'est fait pour nous sécuriser. Au contraire, tout contribue à nous faire sentir l'urgence à remettre l'humain au coeur des relations, à nous exhorter à faire attention aux machines et à l'utilisation que nous avons des différents médias et des différentes technologies. En filigrane, nous pouvons sentir l'urgence aussi à nous servir de notre intelligence pour avoir une utilisation raisonnée de tout ce qui nous facilite le quotidien. A trop vouloir gagner via la technologie et les machines, l'homme pourrait bien perdre son humanité, voilà ce que ces textes suggèrent.

Le format des nouvelles est bien évidemment percutant. Un roman aurait eu du mal à évoquer ces mille et une facettes, ces mille et un dangers. Ici, le tempo est rapide, les rebondissements sont fréquents, le lecteur est bien vite happé et il est entraîné vers une chute toujours saisissante. La brièveté du genre permet de nous prendre aux tripes, de nous étourdir et de nous porter au plus vite l'estocade, nous laissant sonnés, et, à peine remis, nous sommes pris dans les filets du texte suivant. D'une certaine manière, dans ce recueil, nous tombons sans cesse de Charybde en Scylla. Aucun des futurs n'est préférable à l'autre et si tous devaient advenir, quel drame pour l'humain !

En conclusion, je dirais que ce recueil est excellent : les questionnements abordés par les nouvelles sont riches et variés, ils touchent des points essentiels et prennent le lecteur aux tripes. La question de l'homme et de tout ce qui fait son humanité est posée. La plume d'Estelle Tharreau nous emporte et nous laisse, à la fin du recueil, essoufflés et étreints par une sensation diffuse de gêne et de crainte mêlées. C'est donc une lecture à la fois atypique et délectable dans tout ce qu'elle a de glaçant et de dérangeant.
Lien : https://lesreveriesdisis.com..
Commenter  J’apprécie          40
Dans ce recueil de nouvelles, Estelle Tharreau va imaginer un monde futur régi par les nouvelles technologies, mais surtout, elle va mettre en exergue les diverses dérives qui pourraient en découler.

Estelle Tharreau s'essaie dans un tout nouveau genre, et je peux dire que c'est une véritable réussite. L'exercice des nouvelles n'est pas aisé, puisque l'auteur doit, en très peu de pages, poser un décor et offrir un dénouement rapide. Ici, Estelle réussit cela avec brio.

Toutes les nouvelles m'ont intéressée. Bien évidemment, certaines davantage que d'autres. Mais elles ont toutes en commun un postulat de départ en rapport avec les nouvelles technologies et les dérives qu'elles pourraient entraîner. Cela peut parfois donner des récits très effrayant, et Estelle a réussit en très peu de pages à poser son décor et à proposer un univers très riche.

Mais surtout, ce qui m'a beaucoup plu, et que je ne retrouve pas toujours dans les recueils de nouvelles, ce sont les dénouements que propose Estelle. Ils sont très bien travaillés.

La plume de l'auteure est addictive. Les nouvelles sont assez courtes mais très denses. J'ai retrouvé beaucoup d'originalité dans ce que propose l'auteure.

Un recueil de nouvelles qui paraît effrayant à bien des égards. Grâce à une plume fluide, tous les récits m'ont paru très bien réalisés. À découvrir.
Lien : https://mavoixauchapitre.hom..
Commenter  J’apprécie          160

Citations et extraits (31) Voir plus Ajouter une citation
Tout avait lamentablement échoué, Désormais, il ne s'agissait plus de surdéveloppement de la parole ni même d'hypertexte. Il n'y avait plus de traitement. Plus d'espoir. Elle venait elle-même demander ce qu'elle avait toujours refusé d'envisager.
“Il délaisse même les mathématiques et les sciences programmatiques. Il n’écrit plus une seule ligne en français automatique. Il ne va plus sur aucun réseau social. Il ne veut plus aller en cours. Il est coupé du monde.
– Qu’est-ce qu’il fait de ses journées ?
– On a baissé les bras, fit Sibelle, amère. On lui a laissé le livre de son arrière-grand-mère.”
Trémo se raidit.
“On ne sait plus quoi faire… Il devient violent. Il nous insulte. Il nous traite d’abrutis, de dégénérés. Tant qu’il lit, au moins, il n’est pas dangereux pour lui-même et pour les autres.”
La voix de Sibelle se fit lasse et douloureuse.
“Il s’enferme dans sa chambre. Il passe ses journées là-dedans avec ses “bouquins” comme il dit. Il descend à peine pour manger. On a tout essayé. Orthopsychologue, addictologue. Rien… Rien. Il reste figé comme une statue. Des heures entières. Des jours entiers. Sans parler. Sans bouger. À part ses yeux”.
Commenter  J’apprécie          40
Tout avait lamentablement échoué, Désormais, il ne s'agissait plus de surdéveloppement de la parole ni même d'hypertexte. Il n'y avait plus de traitement. Plus d'espoir. Elle venait elle-même demander ce qu'elle avait toujours refusé d'envisager.
“Il délaisse même les mathématiques et les sciences programmatiques. Il n’écrit plus une seule ligne en français automatique. Il ne va plus sur aucun réseau social. Il ne veut plus aller en cours. Il est coupé du monde.
– Qu’est-ce qu’il fait de ses journées ?
– On a baissé les bras, fit Sibelle, amère. On lui a laissé le livre de son arrière-grand-mère.”
Trémo se raidit.
“On ne sait plus quoi faire… Il devient violent. Il nous insulte. Il nous traite d’abrutis, de dégénérés. Tant qu’il lit, au moins, il n’est pas dangereux pour lui-même et pour les autres.”
La voix de Sibelle se fit lasse et douloureuse.
“Il s’enferme dans sa chambre. Il passe ses journées là-dedans avec ses “bouquins” comme il dit. Il descend à peine pour manger. On a tout essayé. Orthopsychologue, addictologue. Rien… Rien. Il reste figé comme une statue. Des heures entières. Des jours entiers. Sans parler. Sans bouger. À part ses yeux.
Commenter  J’apprécie          10
– Réfléchis ! Comment y faisaient les gens avant le numérique ? Y devaient bien noter sur quelque chose pour écrire des livres ou faire leurs courses ? Eh ben, moi, je dis que ça devait être sur du papier.
– Et pourquoi on n’en trouve pas de trace ?
– Parce qu’y z’ont dû y foutre le feu quand y z’en ont plus eu besoin. Et du coup, on a plus de traces des trucs que les ordinateurs ont effacés.
– Pourquoi ils auraient effacé des trucs si graves ?
– Parce que c’était trop vieux. Parce que les gens s’en foutaient. Personne s’y intéressait et c’était plus référencé. Et quand t’es plus référencé, eh ben, t’es effacé ! Et ça, hein, ça, tu peux pas m’dire le contraire.
– Je dis surtout que t’es en plein délire. En pleine théorie du complot.
– Non ! Mon vieux y savait vraiment des trucs. Y disait que les gens dans l’ancien temps, leur chef, y pouvait appuyer sur un bouton rouge et ça envoyait une bombe nucléaire et quand la bombe, elle explosait, ça faisait comme un grand champignon dans le ciel.
– Ah, ah, ah, ah ! Tiens, retourne-toi ! Regarde vers la côte. Un champignon, comme ça ?
Commenter  J’apprécie          10
Je me suis toujours intéressée aux entrefilets, aux nouvelles glissées dans le fil abondant et fluctuant de l’actualité. À ces nouvelles masquées par la grande polémique du moment. Ces informations presque passées sous silence et qui tracent, pourtant, les contours d’un monde qui se construit malgré nous.
Commenter  J’apprécie          60
- Deux cents mots, fit Trémo, songeuse. C'est le double de la normale.
- Je ne me rends pas compte, hasarda timidement la mère. Cela fait combien en nombre de caractères ?
- Oh, oui ! excusez-moi. J'ai encore de vieux réflexes. Environ 800 caractères. La norme étant de 400 à son âge.
[...]
- C'est grave, Docteur ?
- Nonnn, s'exclama Trémo d'un air le plus enjoué et rassurant possible. Il a un surdéveloppement de la parole, mais à cet âge, les enfants n'avancent pas tous à la même vitesse. Les choses commencent à s'harmoniser vers quatre ans. On fera le point dans deux ans. Veillez simplement à ne pas trop le stimuler et utilisez des mots et phrases simples à la maison.
- Ne vous inquiétez pas, c'est ce que nous faisons déjà ! Même entre nous, mon mari et moi, on va toujours à l'essentiel. Pas de mots inutiles !
- Alors, pas d'inquiétude à avoir. Tout va rentrer progressivement dans l'ordre.
Commenter  J’apprécie          10

Videos de Estelle Tharreau (14) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Estelle Tharreau
« le Dernier festin des vaincus », le booktrailer. Un thriller d'Estelle Tharreau.
Un soir de réveillon, Naomi Shehaan disparaît de la réserve indienne de Meshkanau. Dans une région minée par la corruption, le racisme, la violence et la misère, un jeune flic, Logan Robertson, tente de briser l'omerta qui entoure cette affaire. Il est rejoint par Nathan et Alice qui, en renouant avec leur passé, plongent dans l'enfer de ce dernier jalon avant la toundra.
Un thriller dur qui éclaire sur les violences intracommunautaires et les traumatismes liés aux pensionnats indiens, dont les femmes sont les premières victimes.
« Au Canada, une autochtone a dix fois plus de risque de se faire assassiner qu'une autre femme. »
Roman disponible le 2 novembre 2023 (papier & numérique).
Infos & précommande ici https://www.taurnada.fr/ldfdvet/
+ Lire la suite
autres livres classés : société connectéeVoir plus
Les plus populaires : Imaginaire Voir plus


Lecteurs (88) Voir plus



Quiz Voir plus

Les plus grands classiques de la science-fiction

Qui a écrit 1984

George Orwell
Aldous Huxley
H.G. Wells
Pierre Boulle

10 questions
4872 lecteurs ont répondu
Thèmes : science-fictionCréer un quiz sur ce livre

{* *}