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EAN : 9791096415557
90 pages
Tinbad (20/04/2023)
4.5/5   2 notes
Résumé :
Il y a une parole insignifiante qui domine et terrorise et qui pense que l'on peut dire et écrire sans être confronté à l'histoire et au silence. Il y a une autre parole - que ces carnets veulent incarner - qui se confronte aux nouvelles tyrannies mais aussi aux épiphanies de la beauté. Comme dans les précédents carnets de Pascal Boulanger - Confiteor et Jusqu'à présent je suis en chemin (Ed. Tituli), ce Bleu adorable multiplie les incises de pensées et de sensation... >Voir plus
Que lire après En bleu adorable : Carnets 2019-2022Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
En bleu adorable, titre d'un poème de Friedrich Hölderlin est aussi le titre du nouveau recueil de Pascal Boulanger. Je retrouve dans ce dernier carnet une écriture fine et habile mais que je découvre également extime.
La prose poétique en lien avec les questions existentielles de la vie actuelle.
Pascal Boulanger poétise la beauté jusqu'à l'épiphanie, versifie l'art, cite des fragments de pensée pour écrire le silence mais aussi le décrier car il dénonce et tacle le conformisme social et blâme les décisions arbitraires.

Extrait :
"Et le temps et le lieu et la trouée du temps : heures, jours, mois, saisons; l'heure de littérature nouvelle. L'épiphanie surgit, sans pourquoi, sans commerce, s'engouffre dans l'horloge des fleurs, avant que le chaos des émotions et des émeutes ne retourne à l'ordre, avant que des empreintes ne soient figées dans l'ambre de l'histoire. Je voyais l'herbe pousser dans le creux des murs de ma chambre, la porte de bois s'ouvrait sur des hameaux suspen-lus, de prairies en cascades, des épices tombaient sous le vent les arbres."
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Je pensais aux fauves, qui dans leur cage, vont d’un côté à l’autre.
Waiblinger à propos d’Hölderlin


Depuis mars 2019, je est un autre, je suis l’autre, celui qui vit
près de la baie du Mont Saint-Michel, à proximité des plages de
Saint Malo et de Cancale, échappant à l’injonction sociale et
aux divers crachats sur l’asphalte des villes qui sont dorénavant
sous l’œil de la surveillance et de la violence.
Le chouan est l’autre : l’autre du parisien (il est breton), l’autre
de l’homme moderne (il est archaïque), l’autre du civilisé (c’est un
sauvage), l’autre du lettré enfin (il est analphabète). Le chouan est
l’opposant, le déviant, et le perdant […].
Claudie Bernard : introduction au livre Les chouans de
Balzac (Livre de poche).
Sauf qu’ici, le perdant gagne la gratuité temporelle, l’écoulement ardent de l’instant, la beauté d’une immanence dans son
extension : l’exact contraire des investissements mondains des
lettrés (et des analphabètes) actuels.
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Louis Althusser, dans une lettre à Franca (Stock/Imec) :
Le grand rond, c’est comme je suis quand ça va. Le petit, c’est
comme je suis maintenant. Tout petit, réduit, rétréci… je n’arrive
pas pour le moment, à rejoindre le lieu où j’existe (je ne traverse
pas mon propre courant chaud, ma propre haleine). J’écris aussi
pour essayer de percer cette extériorité… Je bute aussitôt aux parois
du tout petit cercle au milieu du grand absent […].
J’entends bien entendu : je n’arrive pas pour le moment, à
rejoindre le dieu où j’existe.
J’entends bien aussi qu’Althusser bute sur le Tout Autre, ce
qu’il nomme le « grand absent ».
Cette lettre à Franca n’était-elle pas déjà « en jeu » dans un
texte de Baudelaire : Le palimpseste opposant le chaos de nos
émotions bipolaires à l’incommensurable mémoire de Dieu
mettant en harmonie les éléments les plus disparates?
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Et s’il est encore quelque chose d’infernal et de véritablement
maudit dans ce temps, c’est de s’attarder artistiquement sur des
formes, au lieu d’être comme des suppliciés que l’on brûle et qui
font des signes sur leurs bûchers (Antonin Artaud).
Afin d’être à l’écoute de ces brûlures qui nous traversent, il
y a nécessité de se dégager, se dégager de ce qui fait artistiquement illusion (et y compris de la communauté littéraire qui fait
illusion), de se dégager de ce monde rongé par le négatif et de
l’esclavage consenti. Et c’est en se dégageant de la sorte que la
poésie – ses signes – fait entendre une dynamique de langue
enfiévrée.
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Encore une fois, je veux placer le lecteur face au spectacle des mots
jouant le texte du monde et des choses qui le constituent. Il ne s’agit
pas de comprendre ce que le poème veut dire mais d’entendre ce
qu’il dit, d’habiter le lieu qu’il est devenu. Ce n’est pas le poème
qui est énigme, c’est le monde. Il faut aimer l’énigme qui permet de
rêver chaque instant de sa vie. Sauver l’énigme c’est sauvegarder
l’émotion qui seule est émeute. Je pense ici au beau titre d’un livre
de Pascal Boulanger : « L’émotion L’émeute ». (Gilbert Bourson
dans son essai : Sur la rive où bâille la ligne des portes.)
L’émotion comme émeute du cœur, comme érotisation de la
parole qui parle a toujours nécessité pour moi le dépassement
du négatif. Ce dépassement qui n’exclut pas la traversée maintient une veille sur les vastes prairies du texte.
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J’ai toujours pensé que le véritable manifeste surréaliste se révélait dans la prose inouïe du Paysan de Paris de Louis Aragon.
Ce livre, qui a 90 ans, ne s’enseignera jamais. Il a pu être vécu
(il me semble l’avoir vécu, jadis, dans mes déambulations parisiennes); il risque de ne plus jamais l’être (la post-histoire ayant
tout verrouillé).
Quand Aragon publie ce livre, il a vingt-neuf ans. Il n’est
guère plus âgé que les sinistres crétins (parmi lesquels CohnBendit) qui l’insulteront en mai 68.
Ce qui me traverse est un éclair moi-même. Et fuit. Je ne pourrai rien négliger, car je suis le passage de l’ombre à la lumière, je
suis du même coup l’occident et l’aurore. Je suis une limite, un
trait. Que tout se mêle au vent, voici tous les mots dans ma bouche.
Et ce qui m’entoure est une ride, l’onde apparente d’un frisson.
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Video de Pascal Boulanger (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Pascal Boulanger
Jacques Henric - Faire la vie, entretien avec Pascal Boulanger .Jacques Henric vous présente "Faire la vie, entretien avec Pascal Boulanger" aux éditions de Corlevour. http://www.mollat.com/livres/henric-jacques-faire-vie-entretien-avec-pascal-boulanger-9782915831726.html Notes de Musique : Otis Redding - 15 My Girl
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