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EAN : 9782868535320
91 pages
Le Temps qu'il fait (01/01/1900)
3.5/5   2 notes
Résumé :
«Pour saisir à pleines dents le monde dans ce qu’il a de sincère, il faut d’abord bien entendre ce que disent les mots qui le désignent. Parce que c’est par là qu’il est passé, le monde, pour arriver jusques à nous. Il faut renverser les vocables afin que leur fond remonte à la surface, en voir toutes les facettes, en extraire la substantifique moelle et apprécier les grandes dates de leur histoire. Sinon, on passe à côté des mots sans les voir, on les dit sans leur... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce qui se cache derrière les mots, climat, pays, etc... qui est notre rapport à ces endroits que nous investissons et qui nous investissent - en une petite sottie, faux entretien entre le poète qui parle des mots et un groupe de savants, océanographe, climatologue, géographe, etc..., chacun décrit avec saveur, en un de ces débuts précoces de soirée comme il y en a au bord de la Vistule, et qui dans le plaisir de la nourriture, d'un vin exceptionnel, de l'envie qu'ils ont d'une autre approche, oublient leur rigueur doctrinale pour revivre le climat, la terre de leur enfance, et ce qu'elle a fait d'eux, adoptant le regard, le sens des mots que donne le poète qui est l'auteur (les autres aussi un peu) en une joyeuse converation.

Autobiographies et d'abord de lui qui est passé de l'ouest niortais au fond de la Pologne, par choix, à cause de l'envie que lui a donné la douceur de sa terre d'en vivre une autre ("Enfant, nous, quelque chose de non identifié ne collait pas entre le climat océanique et moi.») venu de cet ouest à la plaine ouverte, noeud des vents, et proie de l'hiver qui bien sûr, pour les polonais, leur vient, comme tout ce qui est dur, de Russie.
Il y a aussi l'Auvergne d'un fumeur de pipe, où le froid est dans les fonds, et les petites fleurs naissantes sur les sommets ronds et usés, la cour de l'école normande "sous ce climat grognon" qui a fait l'océanographe amoureux des suds, et de la plaine où il s'est établi, sous le Mont Ventoux ("Il arrive aussi qu'au-dessus des vignobles le bleu du ciel soit si brûlant qu'il en est transparent, qu'il se gondole comme le fer de la forge chauffé à blanc et battu sur l'enclume.."), le vent d'autan etc...
Il y a une certaine bonhomie dans cette fausse assemblée, il y a surtout une poésie simple, drue dans tout le texte.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Les rus et les rivières, les étangs, les mares et les petits lacs partout disséminés sur les champs, hibernent dès lors dans l'immobilité. Les pêcheurs trouent la glace, comme Maître Renard le fit faire à Ysengrin et, de ce puis glacé où s'engouffre l'oxygène, ils sortent des silures ventrus au bout de leurs hameçons...
Parfois le ciel est anxieux, lourd et noir comme à l'orage, et, entre deux nébulosités accroupies sur la lige d'horizon ouest, le soleil baigne dans cette platitude blafarde d'un sang jaune et rouge. Beauté chagrine de ces fins de journée où le mercure n'a pas réussi à remonter plus haut que les moins dix degrés et où la lumière, congédiée en plein après-midi, en pleine adolescence, répand son agonie menstruelle sur des champs immaculés.
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Des "ah" et des "oh" d'une vive réprobation fusent autour de la petite table? Sans doute craint-on que le monsieur mafflu, timidement couperosé, le cheveu blanc coupé ras, visage débonnaire du bon vivant, m'ai heurté par sa franche répartie. Alors on lui dit que l'heure n'est pas franche répartie. Alors on lui dit que l'heure n'est pas aux mauvais augures de laboratoire, qu'il tombe un peu l'uniforme, bon sang d'bon sang, qu'il reprenne un peu de vin.
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Ainsi là-bas, à l'embouchure de la Sèvre Nortaise où se prélasse Charron. Le soleil est encore haut suspendu au-dessus de l'horizon brumeux à l'heure où, ici, au seuil de la nuit, nous entrechoquons nos verres. Tout est imprégné par des embruns salés, la plaine est grisâtre et son herbe échevelée se couche à toute vitesse en tournant le dos à la mer, comme si elle tentait éperdument de la suivre. C'est une plaine aplatie sous le vent, qui déroule sa mélancolie sans une saut d'humeur et qui vient se noyer ainsi jusque dans les gouffres de l'océan. Sans transition. On passe de l'herbe où paissent les bovins du producteur de viande à l'eau saumâtre du mytiliculteur. Puis, sans transition encore, on passe au large où croisent des navires en partance pour les antipodes, puis enfin, toujours sans transition, au ciel où tournoient inlassablement des cormorans inquiets.
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Un climat, oui messieurs. Votre cher et maître mot. Un des plus beaux mots de la langue française, un mot qui a beaucoup vu. Un mot de voyageur. Ouvert à tout vent, conjugué à bien des temps et qui essuya bien des intempéries.
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