OÙ LES DÉESSES SE FENDENT LA GUEULE... NOUS FAUT VOIR.
Nous voici donc parvenu à l'album conclusif de cette mini-série, intitulé
Golias, tome 4 : La mort dans l'âme.
Fi du fameux miroir montrant LA vérité (avouez que c'eût été trop simple de confondre l'affreux tonton avec un tel objet divin), Artémis qui veut bien jouer les saintes protectrices à ses heures perdues - d'accord, c'est une déesse antique, et alors ? - n'oublie tout de même pas l'essentiel : se friter avec sa lointaine cousine, Hécate, avec laquelle elle ne parage pas la même paternité, celle de Zeus, contrairement à ce qu'affirme Sarhan le mage à la page 23. Serge le tendre devait avoir un léger coup de fatigue pour affirmer une telle incohérence, alors qu'il lui donne la paternité exacte dans le précédent album, à savoir celle du Titan Persès. La confusion vient peut-être de ce que
la Théogonie d'
Hésiode confère à la déesse de la "Lune Noire" (la nouvelle lune) un réel attachement à son égard du Dieu des Dieux.
Il est donc temps que tout cela se termine... Et l'on comprend assez vite que depuis le début de cette guerre de pouvoir familiale et la reconquête aventureuse qui s'ensuivit, les deux déesses n'ont cessé de se jouer allègrement de nous autres, frêles humains, à seule fin de régler leurs petits comptes persos. Pas sympa, non, non, vraiment pas.
Le coup du miroir ayant lamentablement échoué,
Serge le Tendre fait donc intervenir une horde de centaures belliqueux et cannibales afin d'accélérer le déroulé de cette histoire tragique - je lui en veux un peu : ce sont, parmi le bestiaire fantastique de l'antiquité, mes animaux anthropomorphes préférés. Et Chiron, leur plus beau représentant, comme exemple de grande sagesse et culture -, une jeune fille belle et naïve (niaise ?) qui n'est décidément pas celle que l'on pourrait croire, un Golias qui se prend, une fois de plus, pour plus fortiche qu'il n'est véritablement, des morts à la pelle, y compris parmi les têtes de série, du carnage, de la vengeance enfin assouvie, l'ensemble s'achevant sur une conclusion très douce-amère, emprunte d'une certaine mélancolie, ainsi que la sensation, pour le lecteur, d'un petit loupé d'ensemble, malgré quelques belles trouvailles.
Ainsi s'achève quelques moments de lecture globalement pas désagréables, des cases souvent superbement dessinées et colorisées (même si je rejoins l'avis d'Alfaric quant à cet ultime opus : celui-ci est un cran en-dessous en terme de graphisme et semble parfois avoir été légèrement précipité dans sa finalisation).
Pas certain cependant que la postérité bédéphilique retienne pour longtemps le fruit de cette rencontre qui se plaçait pourtant sous les meilleures auspices mais les Mânes de la renommée ne veillait sans doute pas assez bien sur nos trois créateurs. Qui demeurent cependant parmi les plus grands. Dommage. Vraiment.