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EAN : 9782844182852
75 pages
La Part Commune (01/01/2014)
3.07/5   7 notes
Résumé :
Histoire naturelle du Massachusetts est l'un des tout premiers textes de Henry David Thoreau (1817-1862), l'auteur de Walden et de la Désobéissance civile. En prenant pour point de départ des rapports scientifiques sur la faune et la flore de la Nouvelle-Angleterre, l'auteur va se livrer à une réflexion intuitive, poétique et panthéiste sur la science et sur le rapport de l'homme de science à la Nature qui, selon lui est le détenteur d' « une sagesse indienne parfai... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Dans ce court texte, H.D. Thoreau, en s'appuyant sur une description de la faune et de la flore du Massachusetts, se livre à une réflexion panthéiste sur la nature et la vie qui conduit à un état de bien-être total.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
"Histoire naturelle du Massachusetts - La Part Commune pp. 65 à 73

J’ai été frappé de voir que ces feuilles fantomatiques et des feuilles vertes dont elles prenaient la forme étaient les créatures d’une seule et même loi : qu’eu égard à cette dite loi, les sucs végétaux enflent progressivement jusqu’à former une feuille parfaite, d’une part, et que les parti­cules cristallines se regroupent dans le même ordre, d’autre part. Comme si le matériau était indifférent, mais que la loi était une et inva­riable et que chaque plante au printemps ne poussait qu’en remplissant un moule éternel et permanent qui, été comme hiver, attend toujours d’être rempli.
Cette structure foliaire est commune aux coraux, au plumage des oiseaux et à une grande partie de la nature animée et inanimée . On observe cette même indépendance de la loi vis-à-vis de la matière dans bien d’autres cas, comme dans les sons naturels, quand une forme, une couleur ou une odeur animale a son équivalent dans le règne végétal. A dire vrai, tous les sons sous-entendent une mélodie éternelle, affranchie de toute signification particulière.
Pour confirmer que la végétation n’est qu’une sorte de cristallisation, chacun peut observer le dessin du givre qui fond sur la fenêtre: les particules en forme d’aiguilles sont regroupées ensemble pour ressembler à des champs de blé ondoyants ou bien à des meules se dressant ici et là dans l’éteule ; d’un côté, la végétation des zones torrides, les grands palmiers imposants et les banians au large panache, comme on peut les voir sur les dessins représentant des paysages orientaux ; de l’autre, les pins arctiques, roides et gelés, avec leurs branches tombantes.
La végétation est devenue l’archétype de tout ce qui croît, mais comme cette loi est plus évidente pour les cristaux, leur matière étant plus simple et, pour la plupart, plus éphémère et plus fugitive, ne serait-il pas tout aussi philosophique que pratique de considérer que toute forme de croissance ou de remplissage dans les limites du monde naturel n’est qu’une cristallisation plus ou moins rapide?
Ce jour-là, sur le versant de la berge haute de la rivière, où l’eau ou autre chose avait formé une cavité, son orifice et son contour extérieur, tels l’entrée d’une citadelle, arboraient une armure de glace chatoyante et hérissée. À un endroit, on pouvait voir de petites plumes d’autruche, qui ressemblaient aux panaches ondoyants de guerriers pénétrant dans la forteresse; ailleurs, les étendards chatoyants en forme d’éventail d’une armée lilliputienne, et ailleurs encore, les particules en forme d’aiguilles regroupées en bottes qui ressemblaient au panache des pins, pourraient passer pour une phalange de javelots . Sur la surface inférieure de la glace dans les ruisseaux, où elle était plus épaisse, un massif de cristaux était en suspens, à quatre ou cinq pouces de profondeur, sous la forme de prismes avec la base ouverte qui, quand la glace reposait sur son côté lisse, ressemblaient aux toits et aux flèches d’une cité gothique ou aux vaisseaux d’un port bondé et assailli de voiles. Aux endroits où la glace avait fondu, même la boue sur la route était cristallisée avec de profondes fissures rectilignes et les masses cristallines sur le bord des ornières ressemblaient exactement à de l’asbeste de par la disposition de leurs aiguilles. Au pied des éteules et des tiges de fleurs, le gel s’agrégeait pour former des coquilles coniques irrégulières ou des anneaux magiques. Par endroits, les cristaux de glace se déposaient sur les rochers de granite , directement sur les cristaux de quartz, œuvre du gel par une longue nuit - des cristaux plus anciens, mais pour un œil faisant abstraction de la courte durée de la vie humaine, qui fondent aussi vite que les autres.
Dans le Rapport sur les Animaux invertébrés , il est fait état de ce phénomène particulier qui nous incite à accorder une nouvelle valeur au temps et à l’espace. « La distribution des coquillages marins constitue un phénomène géologique qu’il faut prendre en considération. Le Cap Cod, le bras droit de l’Etat, s’avance dans l’océan sur cinquante à soixante miles. Nulle part, il ne dépasse les quelques miles de largeur, mais cette langue de terre étroite s’est avérée former jusqu’à présent une barrière contre les migrations de nombreuses espèces de Mollusques. Plusieurs genres et de nombreuses espèces, qui ne sont séparés que par l’intervention de quelques miles de terre, se retrouvent effectivement empêchés de se mélanger entre eux à cause du Cap, et ne passent pas d’un côté à l’autre. [...] Sur les cent quatre-vingt-sept espèces marines, quatre-vingt-trois ne passent pas sur le rivage sud et il y en a cinquante qu’on ne trouve pas sur le rivage nord du Cap ».
La moule commune (Unio complanatus ou, pour être plus exact,fluviatilis) laissée au printemps par l’ondatra sur souches et rochers, semble avoir constitué un aliment de choix pour les Indiens. A un endroit, où ils sont censés avoir festoyé, on en a trouvé en grandes quantités, à trente pieds au- dessus du fleuve, sur une épaisseur d’un pied, mélangées à des cendres et des reliques indiennes.
Les travaux que nous avons placés en tête de notre chapitre, avec autant de liberté que celle prise par le prédicateur pour le choix de ses textes, sont de ceux qui présupposent davantage de travail que d’enthousiasme. L’État voulait un catalogue exhaustif de ses richesses naturelles, avec des données supplémentaires qui soient directement utiles.
Toutefois, le Rapport sur les Poissons, les Reptiles, les Insectes et autres Invertébrés laisse entendre une importante somme de travail et de recherches, et sa valeur est indépendante de l’objet officiel qui lui avait été assigné.
Ceux qui sont consacrés aux Plantes herbacées et aux Oiseaux ne sauraient avoir autant de valeur tant que Bigelow et Nuttall restent accessibles. Ils ne servent qu’à indiquer , avec plus ou moins d’exactitude, quelles espèces on trouve dans l’État. Nous relevons nous-mêmes plusieurs erreurs, et un œil plus aguerri en allongerait indubitablement la liste.
Les Quadrupèdes méritent un rapport plus abouti et instructif que celui auquel ils ont eu droit.
Ces volumes abondent en mesures et en descriptions minutieuses, sans intérêt pour le lecteur profane, avec de temps à autre une phrase bigarrée pour attirer son attention, comme ces plantes qui poussent dans les forêts obscures et qui ne donnent que des feuilles et jamais des fleurs. Mais le terrain était plus ou moins vierge et nous n’allons pas nous plaindre du pionnier s’il ne récolte pas de fleurs lors de sa première moisson. Ne sous-estimons pas la valeur d’un fait: un jour, il fleurira pour donner une vérité. Il est étonnant de voir que quelques faits importants se sont ajoutés à l’histoire naturelle d’un animal en l’espace d’un siècle. L’histoire naturelle de l’homme est toujours en train de s’écrire petit à petit. À leur façon, les hommes en savent assez. Chaque paysan et chaque laitière sait que les parois du quatrième estomac du veau font cailler le lait et quels champignons sont comestibles et nutritifs. On ne peut aller dans un champ ou dans un bois sans avoir l’impression que chaque pierre a été retournée et que l’écorce de chaque arbre a été arrachée. Mais après tout, il est beaucoup plus facile de découvrir que de voir quand on a retiré le couvercle. On a fort bien dit que « pour inspecter, il faut être sur le ventre »3. La sagesse n’inspecte pas : elle observe. Nous devons regarder longtemps avant de réussir à voir. Les commencements de la philosophie sont lents.
Celui qui parvient à discerner une loi ou à associer deux faits possède quelque chose de démiurgique. Nous pouvons imaginer une époque où l’on enseignait dans les écoles que « / ’eau coule en descendant la colline ». Le véritable homme de science connaît d’autant mieux la nature qu’il connaît plus finement
son propre organisme: il humera, goûtera, verra, entendra et ressentira mieux que les autres hommes. Son expérience sera plus profonde et plus fine. Nous n’apprenons pas par conclusions, par déductions ou par l’application des mathématiques à la philosophie, mais par une relation et une communion directes. Il en est de la science comme de l’éthique : nous ne pouvons connaître la vérité en usant d’artifice et de méthode. La science baconienne est aussi fausse qu’une autre, et avec l’aide de toutes les machines et de tous les arts, l’homme le plus scientifique sera le plus sain et le plus chaleureux, et il possédera la sagesse indienne à la perfection."
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On n'apprend pas par induction et déduction ni en appliquant à la philosophie les règles mathématiques, mais par relation et sympathie directe avec les choses.
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La sagesse n'inspecte pas: elle contemple. Il faut regarder longuement avant de réussir à voir.
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« Ce n𠆞st pas dans la société que l’on trouve la santé, mais dans la nature. »
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