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EAN : 9782849541722
84 pages
Chemins Plume (02/09/2017)
4.33/5   3 notes
Résumé :
Les mots, galets rincés, libres trilles de forêt, paisibles vieux chats, fertiles gouttes d'eau, graffitis de silence, clameurs d'éléments, entrevues d'absolu, pardons des terres, patiences des pierres, constances des graines, puissances des arbres, médecines des ancêtres, dimensions d'aimer. Les mots qui précèdent, poussent, traversent, portent : merci. Merci de me souffler qu'un brin d'herbe fait écho à tous les univers
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
J'ai choisi ce recueil pour son titre, qui fait écho à une chanson de Cabrel, belle et nostalgique, que je ne peux écouter sans que ma gorge se serre..

Même la vignette de première de couv' due au pinceau d Émile Bellet n'a pas les couleurs solaires et chaudes que ce peintre affectionne, ni son dessin les contours fermes et nets habituels.

Sur un fond gris-bleu, et comme vue derrière une vitre embuée, une sombre cafetière découpe sa silhouette vieillotte et familière . Seule une tache rouge -bougie ou lampion- posée à côté de l'ombre noire de la cafetière rappelle l'éclat d'un coeur qui bat.

Tout le recueil -le dernier paru d'Ile Eniger- est au diapason.

"Le front aux vitres, comme font les veilleurs de chagrin" disait Eluard...

Ile avec la meme acuité , le même sens de l'image et du mot qu'elle avait à dire les petits bonheurs de la vie, dit les petites et grandes douleurs de l'âge qui vient, du corps qui flanche, du pas qui se rouille, de la voix qui se casse: "Tu n'as plus le chant, c'est comme ça. Il s'est remisé quelque part, ailleurs. Tu le croyais inné, il etait seulement prêté. Il a rompu sa course sur le dos des obstacles.(...) C'est agaçant cette voix qui change de ton, ce pas qui s'alentit".

Elle dit les enfants qui changent: " "Un fossé s'est creusé, que personne n'a vu, qui rassemble et sépare. Les enfants ont grandi. (..) Parfois ils se penchent vers nous avec attachement, comme on s'inquiète des vieux arbres. Les enfants ont grandi."

Elle dit l' amie qui meurt: " Il y avait ta présence une fois entrevue, et nos lettres depuis des années. Et puis il y eut le silence qui ne repondait plus. Aujourd'hui est triste j'ai appris ton départ, ton billet pour le pays des étoiles."

Elle dit les parents en allés , et tous les regrets, tous les remords des mots d'amour qu'on n'a pas su leur dire : " Elle voudrait leur dire qu'elle pense à eux. Qu'elle regrette. Qu'elle a essayé de comprendre. Qu'elle est vieille elle aussi maintenant. (...) Elle voudrait rattraper ce temps que l'on ne rattrape pas. Finalement, elle leur dira qu'elle les aime. Mais ils sont si loin, même les étoiles ne répondent pas."

Elle dit l'injustice révoltante d'un soir de Noël: "Dans le silence étourdissant des consciences, c'est un soir d'hiver où Noël meurt, déjà cloué sur une croix."

Elle dit la force de la terre et du monde. Mais aussi l'étrange vide du corps que ces forces traversent sans qu'il puisse les retenir :
" On ne garde pas l'air traversé. On ne possède rien de ce qui nous parcourt."

C'est toujours la meme Ile, réceptive aux choses, aux oiseaux, à la lumière, toute vibrante de révolte et d'amour, mais, sous nos yeux, elle prend ses distances, déjà, elle dit "A Dieu" et elle ajoute: " Sans doute n'en serai-je pas capable, le moment venu. "

Hors Saison est un chant de vieillesse, un adieu apaisé et toujours tendre à la vie, un allègement librement consenti, une belle et forte respiration, lucide, car "la vie tient dans le miracle d'une poignée d'air à suivre"..


Dans les tristesses de l'hiver qui vient, il y a toujours, au centre, le feu qui "repousse ses cendres". "Même la nuit de pierre se réchauffe. Du dernier bois s'élève une bonté ultime, unique, étincelante"

Ile, ma soeur Ile, merci d'avoir partagé si généreusement , comme un viatique , ton inquiétude et ta ferveur.
.

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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Est-ce que l’écrivant est prêt à être seul ? Seul, sans retour d’ascenseur, sans réconfort de groupe, sans consolation d’écho, sans rallier la nébuleuse des rassurants effets miroirs ? Seul dans l’intégrité de sa voix nue hésitant sur le chemin inconfortable. Seul sans caution magique. Seul dans l’ombre immense. Avec pour unique secours, cette étoile abstraite et lumineuse dont il ne connaît pas le nom mais qui, un jour, l’a appelé par le sien.
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Chemin emprunté je ne sais quand pour je ne sais où, mes pas plus lourds que le ciel qui les couvre vont leurs doutes. Pourquoi un sentier plutôt qu'un autre? A quoi servent les questions? On ne retient ni l'eau ni son rêve d'aller. On ne garde pas l'air traversé. On ne possède rien de ce qui nous parcourt. On est une réponse que l'on ne comprend pas. Un orage retenu derrière la montagne où monte le matin. Une lumière croise le vitrail mauve des lavandes. Une odeur de menthe persiste aux épaules du jour. Chaque caillou, chaque bruissement, chaque battement, font route. Le temps ne passe pas, c'est nous qui passons. Allège-toi ma fille, ainsi va la vie, respire.
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Les mots tombent goutte à goutte. Seuls, démunis, sans ombres rassurantes. Écrire me relie au silence, au fil du brin d’herbe, à la voix du ruisseau, à l’amplitude d’une aile d’oiseau. Écrire décolle les vieilles croûtes, ôte les artifices, cherche l’eau pour la soif. Depuis longtemps, quelque chose étonne ma vie, la tient debout par bouts de ficelles, bricolages bancals et passages d’étoiles.
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On tombe parfois de haut à l'intérieur. Mon père, ma mère, où êtes-vous qui m'avez faite et laissée. Où êtes-vous , si loin si près que la compréhension fissure et fond en larmes. C'est un temps périlleux de marche sans appuis, d'existence dépouillée. La mue se quitte au crépuscule, que suis-je dans cette grande conversion ? La lanterne brisée du monde blesse mes pas. Tout tremble quand vivre joue avec des allumettes. Je cherche une certitude, une seule, qui vaille.
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Chemin emprunté je ne sais quand pour je ne sais où, mes pas plus lourds que le ciel qui les couvre vont leurs doutes. Pourquoi un sentier plutôt qu'un autre ? A quoi servent les questions ? On ne retient ni l'eau ni son rêve d'aller. On ne garde pas l'air traversé. On ne possède rien de ce qui nous parcourt. On est une réponse que l'on ne comprend pas. Un orage retenu derrière la montagne où monte le matin. Une lumière croise le vitrail mauve des lavandes. Une odeur de menthe persiste aux épaules du jour. Chaque caillou, chaque bruissement, chaque battement, font route. Le temps ne passe pas, c'est nous qui passons. Allège-toi ma fille, ainsi va la vie, respire.
Ile Eniger Hors Saison Chemin de plume 2017 page 14

On tombe parfois de haut à l'intérieur. Mon père, ma mère, où êtes-vous qui m'avez faite et laissée. Où êtes-vous, si loin si près que la compréhension fissure et fond en larmes. C'est un temps périlleux de marche sans appuis, d'existence dépouillée. La mue se quitte au crépuscule, que suis-je dans cette grande conversion ? La lanterne brisée du monde blesse mes pas. Tout tremble quand vivre joue avec des allumettes. Je cherche une certitude, une seule, qui vaille.
Ile Eniger Hors Saison Chemin de plume 2017 page 25

Est-ce que l’écrivant est prêt à être seul ? Seul, sans retour d’ascenseur, sans réconfort de groupe, sans consolation d’écho, sans rallier la nébuleuse des rassurants effets miroirs ? Seul dans l’intégrité de sa voix nue hésitant sur le chemin inconfortable. Seul sans caution magique. Seul dans l’ombre immense. Avec pour unique secours, cette étoile abstraite et lumineuse dont il ne connaît pas le nom mais qui, un jour, l’a appelé par le sien.
Ile Eniger Hors Saison Chemin de plume 2017 page 42

Nos vies ont sans doute un sens jusque dans les écueils, les erreurs, les refus, les acceptations. Vieillir -je veux dire grandir- est rude et exigeant. Il touche à l'acuité d'un réel occulté par les illusions dont on ne s'aperçoit qu'elles sont illusions qu'après les avoir traversées. Un vivant décapé, in commode, oblige alors à ne plus vivre d'ersatz mais de la seule réalité. Dans cet ajustement, se crée un état de joie, l'absolu vacance. Une bienveillance
Ile Eniger Hors Saison Chemin de plume 2017 page 45

À vouloir vivre comme un roi on devient un esclave. Ceux qui s'affichent partout sont nulle part. Quand l'homme se prend pour Dieu, les dieux disparaissent dans le chaos.
Ile Eniger Hors Saison Chemin de plume 2017 page 48

Les mots tombent goutte à goutte. Seuls, démunis, sans ombres rassurantes. Écrire me relie au silence, au fil du brin d’herbe, à la voix du ruisseau, à l’amplitude d’une aile d’oiseau. Écrire décolle les vieilles croûtes, ôte les artifices, cherche l’eau pour la soif. Depuis longtemps, quelque chose étonne ma vie, la tient debout par bouts de ficelles, bricolages bancals et passages d’étoiles.
Ile Eniger Hors Saison Chemin de plume 2017 page 50

Même quand on les lui tend, jamais la vie n'enfile ses pantoufles
Ile Eniger Hors Saison Chemin de plume 2017 page 69

Malgré les ossuaires, le soleil reviendra, il revient toujours.
Ile Eniger Hors Saison Chemin de plume 2017 page 72
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Videos de Ile Eniger (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Ile Eniger
Le texte "Je veux toi pour tisane. Le sucre de ta peau, ton goût de tabac d'arbre, le chat de ta gorge enroulé sur mon cœur, le chant de ton cœur déployé sur ma gorge, tes bras ouverts comme une table, tes pas de loup de nuit, ton sol précis sur mes graines de rêves, tes doigts sourciers sur mes glaises de soif, tes mers sur mes escales, tes bois à découvrir, mes rives à t'accueillir. Je veux tes mots revisités de fraises, tes mots rougis incendiés de neige. Je les veux qui enflamment qui touchent et qui m'existent. La sève de tes mains pour redevenir liane, l'arbre le fruit et la racine, le paysage en route, l'aimer à double tour d'où l'on ne sort jamais. Je veux le seringa troublé d'eau et de blanc, l'affolée de parfums de pollens et de miel, cette abeille innocente qui pille les corolles. Et plus que le désir, plus que le ciel à dire, plus que le tout à vivre, encore plus que le trop, je veux l'hiver épris des puissances d'été. Tes mains ouvertes, offertes pour les remplir de moi. Mes mains ouvertes, offertes pour les remplir de toi. Pour me réinventer, je veux toi pour m'écrire et m'aimer sans boussole. Tes instances de vivre renversées sur mon souffle. Tes mots de pain nouveau accordé à ma faim. Tes yeux pour vêtement. Je veux toi pour tisane. Je veux toi au présent." Extrait - Ile Eniger - Le bleu des ronces Éditions Chemins de Plume
yrendunn
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