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Valérie Rouzeau (Traducteur)Frédéric Brument (Traducteur)
EAN : 9791027803064
480 pages
Le Castor Astral (17/08/2023)
4.23/5   24 notes
Résumé :
À travers une série de divagations pleines d'esprit et d'humour, Hollie McNish interroge le quotidien de nos vies et ses interdits, lutte contre toutes les injustices qui persistent dans notre société.
- Du tabou des règles aux diktats de la beauté, de l'expérience de la parentalité aux céréales anti-masturbation de Kellogg, Hollie McNish lutte contre les injonctions imposées par la société et questionne les différentes pressions exercées sur les femmes vis-... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
« J'ai beau scruter l'intérieur de ta bouche
Je ne vois pas les mots sortir

Seulement la forme qui change entre tes lèvres
Avec les mots chantés dans le vent ;

Invisibles comme dieu »

Poétesse et performeuse britannique (d'origine écossaise, vivant à Londres. Un détail pour moi, mais pas pour elle …), plébiscitée par l'admirable Kae Tempest et publiée par la non moins admirable maison d'édition du Castor, on ne peut dès lors que céder, quand on aime la poésie contemporaine et/ou la poésie féminine. Car féminine, elle l'est assurément cette poétesse qui n'évite aucun sujet qui fâche et qui tâche … Elle parle règles et leurs douleurs, accouchement et parentalité solo. Elle parle plaisir féminin, plaisir solitaire et nudité : « je me demande à quel moment de l'histoire on cessera de corréler la moralité féminine avec la proportion de cuisse exposée ». Elle parle aussi éducation, des petites filles et des petits garçons. Et la sexualité de ses grands-mères (et aussi des nôtres):

« Allonge-toi et pense à l'écosse

Et elle blague: de mon temps c'était seulement « allonge-toi et pense à l'angleterre »
Et elle blague: pour les écossaises c'était pire encore

Et elle blague: oh vous les jeunes, si larges d'esprit
Et elle blague: on nous disait que c'était normal si ça faisait mal

Et je soupire: ça, ça n'a pas changé

Et elle blague: on ne nous disait rien de nos propres envies
Et elle blague: le sexe n'était qu'une tâche domestique parmi d'autres

Et elle blague: le clitoris, nous croyions que c'était une herbe !
Et elle blague: quand on s'ennuyait, on faisait les magasin dans notre tête

Et je soupire: ça, ça n'a pas changé

Et elle blague: nous aimions tellement lire des romans d'amour
Et elle blague: la nuit de noces ; comme nous étions tout excitées
Et elle blague: la déception une fois l'acte accompli
Et elle blague: si seulement nous pouvions vivre cette vie une nouvelle fois
Et elle blague: quel dommage que nous ne puissions pas

Et elle blague

Et aucune de nous ne rit »

Un recueil – inégal, il faut le dire - de poèmes, parfois mis en contexte par une introduction, de nouvelles et de réflexions. Des paroles très justes, des scènes cocasses, d'autres qui font franchement réfléchir. Mais toujours frais, pétillant, lumineux.

Une poétesse dont j'aimerais découvrir les performances. Alors peut-être qu'un jour elle passera par Bruxelles (elle voyage assez bien en Europe). Si vous la voyez passer, ami.e.s d'ici, faites-moi signe. En attendant, je relirai de temps à autre certains de ses poèmes.
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🪷Chronique🪷

Je lis de la poésie
Comme je respire
Je ne cherche pas le temps
Ni le moment, je m'ouvre
Je m'ouvre aux mots, à l'univers
Au contexte, à la portée, au ton
Je n'aime rien que me blottir
Dans les poèmes
Je suis tombée sur ce livre
De Hollie McNish
Par hasard, mais le hasard fait bien les choses
Je souhaite que vous fassiez de même
Parce que ce recueil de poésie
C'est de la poésie c'est une évidence
Mais c'est plus que cela,
C'est une femme sensible, drôle, pétillante
Intelligente, attachante, talentueuse
Qui nous parle de condition féminine
A travers son temps, ses expériences
Ses aînées et sa descendance
Elle nous parle des problèmes et des joies
Des diktats et des chances
Des griefs et des pensées rebelles
C'est un livre hybride avec des poèmes et des essais qui nous rappelle de la difficulté d'être mère, femme, épouse, réglée, jeune, vieille, habillée, nue, pensante, fille, poétesse, corps, esprit, sirène…
C'est un recueil de poésie qui dénonce, s'indigne, caresse, aime, conseille, réjouit, gratte, contemple, embrasse, attrape…Un livre pour vibrer en somme!
Et comme si ça ne suffisait pas
Le temps s'arrête
Parce que la portée, les mots, le contexte
Vous frappe en pleine poitrine
Tout est vrai, tout est sang, tout est encre
Et plus tu lis, plus t'es ancrée dans l'actualité
Les miroirs prennent vie, les écrans fument
Les fins approchent mais grandir et materner
Reste le plus dur à faire dans cette société
Mais il subsiste une question fondamentale
Qu'est-ce qu'on va transmettre à nos filles?
Est-ce qu'on leur dit la peur, la honte, le harcèlement, l'injustice, la desolation?
Ou, est-ce qu'on décide ensemble de leur souhaiter le meilleur?
Est-ce que ce voeu qu'elles fassent quelque chose d'elles, n'est peut-être pas, le plus doux espoir qu'Hollie McNish met dans toutes ses pages?
Est-ce qu'à force de conseils, d'astuces, de paroles énoncées à voix haute, elle, ma très chère Hollie, ne deviendrait pas l'espoir de cette génération?
Je veux le croire.
Je souhaite seulement que tu voies quelque chose de moi, Hollie McNish:
Mon coup de coeur❤️
J'ai lu ce livre de toutes les façons possibles, les 7 manières et bien plus encore, mais je reste sur ma conviction, tu as réussi! Tu as fait quelque chose de toi. Tu t'es faite lumière! Une lumière ne peut pas se cacher, pour notre bien, pour notre coeur, reste! Brille avec et parmi les plus grandes, mets tous les mots que tu veux dans tes poèmes, je serai là pour les lire et les déclamer désormais…
Après cette découverte/secousse/lame de fond
J'attends ma fille
Et je pense
Je souhaite que tu fasses quelque chose de toi
Et j'ai encore le sourire aux lèvres
En finissant cette chronique
Car je sais que j'ai touché de la magie
Et que je vais encore me lover
Dans ces poèmes façon 4…
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Au début de ma lecture, j'ai eu un sentiment d'ennui par le thème abordé. Puis, plus j'avançais et découvrais la vie, les pensées, les colères justifiées face aux inégalités que subissent les femmes, et plus j'ai accroché.

Hollie McNish dénonce avec justesse les travers de nos sociétés et il y a tant de petites choses à changer pour rendre épanoui des enfants et donc de futurs adultes.

Son vécu sur l'accouchement était très bien retranscrit sur la douleur, ses sentiments de peur, de gêne d'être à poil et l'entourage du personnel médical soit inutile soit aidant. Là encore la télé nous montre une image erronée mais qui nous manipule.

J'ai adoré lire son vécu lorsqu'elle a appris les jurons en français et leur traduction littérale ^^'
Comme elle l'a constatée avec sa mère, grand-mère et elle-même : la condition du sexe féminin dans notre société patriarcale pudibonde toujours d'actualité, fait beaucoup de mal et à tout âge. Que ça soit à travers des charlatan comme Kellogg (les céréales) et leurs extrémités d'actes " médicaux ", la non-pédagogie sur les règles, les rapports sexuels avec ou sans pénétration, les religions, l'insécurité, les pubs mensongères qui manipulent, la mensuration du corps des femmes dans les médias, mais pas les violences, etc.

Au final j'ai adoré ce tres beau livre, mis dans différentes mises en pages selon que ça soit un texte, poème, ou pensées.
Merci à la masse critique de Babelio et aux éditions le Castor Astral pour ce livre et d'avoir découverte cette excellente autrice anglaise :))
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Quel livre !

J'ai eu envie de vivre dans le monde de Hollie McNish, un monde où on a le droit d'être qui on veut sans être jugé.

Où le respect de l'autre est roi car l'autre nous respecte.

Où les règles ne sont pas tabous mais banales comme elle devrait l'être, car le sang dans les films l'est non ?

Où le sang d'un accouchement n'est pas caché car c'est la vie.


Et tellement d'autres choses. C'est un livre qui regroupe des pensées, des nouvelles, des poèmes d'une femme de son enfance à sa vie de femme, de mère.

Merci Hollie McNish de m'avoir fait entré un peu plus dans le monde de la liberté. À force de lire des textes comme ça, je vai finir par laisser le regard des autres me survoler sans m'atteindre.
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Un texte polymorphe

Il m'est difficile de classer ce livre… Tout ce que je peux dire, sans avoir peur de trop me tromper, c'est que c'est un recueil. Pas vraiment recueil de nouvelles, pas vraiment recueil de chroniques ni recueil de poèmes. Il n'est rien de tout cela. Et en même temps, un peu de tout ça à la fois.
Il est construit avec facétie et brillance, tout à l'image de l'autrice! Les textes sont brillants, intelligents, bouleversants… Parfois drôles, parfois émouvants. D'autres fois érudits, et/ou révoltants. Et tous ensembles, ils construisent un ouvrage complet et protéiforme, qui reste sur notre table de chevet, ou dans notre sac pour pouvoir partager certains passages avec ses proches.

J'aurais presque envie de dire qu'il est ludique: on réfléchit, sans être assommée

En mélangeant les genres et les formes, l'autrice nous parle de la condition des femmes. Elle en explore, si c'est n'est tous, au moins une bonne partie, des pans; historiques, sexuels, où elle évoque la sororité, la masturbation, l'éducation, la maternité, la vie domestique,…

De ses histoires personnelles, elle sort une réflexion beaucoup plus globale. Par exemple, de sa relation avec sa fille, elle réfléchit à nos relations inter-générationnelles. Ou encore, à partir de l'observation d'un simple paquet de céréales au petit déjeuner, on apprend des choses incroyables(-ement révoltantes) sur l'histoire des femmes.

Alors, je ne sais pas de quelle manière vous lirez ce livre! Sachez qu'au début je comptais user de la proposition °4 piocher à votre guise , puis je me suis vite ravisée et je l'ai dévoré de bout en bout. Il trône maintenant dans ma petite étagère de poésie, dans l'entrée, pour y avoir accès à tout moment: Entre La Reverdie et de la merveilleuse anthologie Habiter poétiquement le monde.
Lien : https://cafelecturesetdecouv..
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critiques presse (2)
LeMonde
05 octobre 2023
Un mélange bouillonnant de poèmes volontiers érotiques, de nouvelles souvent comiques et d’essais féministes en prose. Hollie McNish y parle du corps, de sensualité, d’amour, de deuil, de maternité ; elle se défie de toute morale.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LesEchos
25 septembre 2023
Avec « Je souhaite seulement que tu fasses quelque chose de toi », son second recueil traduit en français, la poétesse britannique poursuit son exploration du quotidien et de l'époque entre humour, colère et tendresse.
Lire la critique sur le site : LesEchos
Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
p.126-7. Pas une seule fois les garçons n'ont eu à se présenter devant une classe de filles pour apprendre à nous caresser avec les doigts en se servant d'un figue, ce qui, j'en suis sûre, aurait aidé nombre d'entre nous. J'aurais apprécié cela. En particulier parce que l'obsession de la pénétration s'étendait aussi à l'usage des doigts et que doigter, pour la plupart des garçons, semblait se traduire par baiser avec les doigts et seulement ça, une imitation de tringler en continu mais avec un outil beaucoup plus petit. Ça ne comptait que s'ils allaient à l'intérieur. Home run.
Le fait que notre culture se focalise continuellement sur la pénétration dans l'acte sexuel, comme étant à la fois la norme et le marqueur d'une perte d'on ne sait quelle invisible innocence, semble à la fois confus et dangereux, en particulier pour les jeunes, les personnes sans expérience ou peu sûres d'elles. Cela fait de la pénétration la chose qui compte, la chose sur laquelle nous devrions nous concentrer sexuellement et enfin la chose qui, depuis des milliers d'années, s'avère une marchandise recherchée, mettant encore des enfants et des adolescents en danger dans le monde entier.
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p.222-3.
Alors que la majorité des gynécologues de leur époque n'approuvait pas l'extrémisme de la mutilation génitale féminine défendue par Baker Brown, John Kellogg, lui, était l'un de ses partisans les plus connus. Les cornflakes et la MGF : deux armes féroces dans le combat contre l'immoralité.
Le meilleur résumé du rapport de John Kellogg au plaisir sexuel, je l'ai trouvé dans Vagina : A Re-Education de Lynn Enright, où on lit :

Il [John Kellogg] était marié mais n'avait semble-t-il jamais consommé son mariage ; il croyait que la masturbation féminine était la cause de toute une série de problèmes, comme la maladie mentale, les fausses couches et le cancer... il conseillait l'utilisation de bandages et de liens pour empêcher les enfants de se masturber ; si ça ne marchait pas, il suggérait de se servir d'une cage. Dans certaines circonstances, quand les autres méthodes avaient échoué, il recommandait une excision ou de brûler le clitoris à l'acide phénique... Alors que d'autres médecins pratiquaient des excisions avec une certaine discrétion, Kellogg, à l'instar de Baker Brown, soutenait ouvertement cette pratique.
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p.423.
Mais la goutte d'eau qui faisait déborder le vase, pour elle, c'était que je laisse aussi toujours à côté du siège des toilettes une boîte de tampons et un paquet de serviettes hygiéniques. Je voulais que tous ces produits soient exposés à la vue de ma fille dès son plus jeune âge ; qu'ils soient aussi normaux pour elle que du savon et un rouleau de papier toilette. Et aussi parce qu'à l'époque où je manquais encore de confiance en moi pour simplement demander, il m'est quelquefois arrivé de débarquer de manière imprévue chez des gens et, en farfouillant dans leur salle de bains pour leur en piquer, de n'en trouver aucun.
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p.186.
Je vois les sourires quotidiens de ces mères leur être rejetés à la figure par des moues dégoûtés, des plaintes et des mines renfrognées, des cartables balancés à leurs pieds comme des tas de crottin de cheval, des plats dénigrés avant même qu'une bouchée ait franchi la bouche de l'enfant ; des insultes hurlées ; des menaces crachées.
Je n'arrive  pas à le supporter. Comme parent, je me suis progressivement transformée en ma grand-mère, rabâchant qu'il faut être reconnaissant et respectueux envers ceux qui vous respectent, et manger cette satané bouffe qu'on vous pose sur la table à l'heure du dîner, que vous en " ayez envie " ou non. Si j'ai pu manger de la purée de navets toutes ces années, alors toi aussi. (Désolée, maman.) Allergies mises à part, bien sûr.
Récemment j'ai demandé à ma fille de m'applaudir pour avoir étendu le linge. Si ses amis ne disent pas merci quand je pose de la nourriture sur la table, je me contente de reprendre l'assiette et m'en vais jusqu'à ce qu'ils pigent ce qui se passent. Je suis en train de devenir une mère embarrassante et ridicule  - et je suis sûre que ça ne fera qu'empirer avec le temps.
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p.35.
Elle me raconta que sa mère, selon la pure tradition romantique, lui avait dit deux choses alors qu'elle avait dix-neuf ans et s'apprêtait à quitter la maison pour la première fois.
Tout d'abord que les relations sexuelles étaient obligatoires, l'un de ses devoirs d'épouse. Non seulement elle devait s'y engager devant Dieu, mais aussi au regard de la loi. Jusqu'en 1991 en Grande-Bretagne, un mari ne pouvait être accusé de viol sur sa femme puisque, légalement, le mariage impliquait le consentement mutuel et ce dès lors que les époux avaient prêté serment.
Cette législation émanait de la thèse d'un homme du XVIIe siècle, Sir Matthew Hale, et fut par la suite adoptée par de nombreux pays du Commonwealth :

Le mari ne peut pas être coupable d'un viol commis par lui-même sur sa femme légitime, car par leur consentement mutuel et par contrat, la femme s'est livrée à son mari, et elle ne peut se rétracter.
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Video de Hollie McNish (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Hollie McNish
Lecture-performance (en français) par l'autrice Rencontre animée par Adrien Gombeaud
Du tabou des règles aux injonctions à être belle, de l'expérience de la parentalité aux céréales anti-masturbation de Kellogg's, Hollie McNish tend un miroir affectueux au monde qui nous entoure et à celui de son enfance. À travers une série de divagations pleines d'esprit et d'humour, où alternent prises de position et poèmes brûlants, l'autrice interroge le quotidien de nos vies et ses interdits. Loin de condamner notre société, sa vision enchantée sonde nos comportements et les décortique pour offrir des perspectives nouvelles sur les multiples façons de l'habiter poétiquement. Née en 1983 à Glasgow, Hollie McNish est une poétesse, écrivaine, slameuse et performeuse. Elle se produit dans le monde entier et a notamment collaboré avec Kae Tempest.
À lire – Hollie McNish, Je souhaite seulement que tu fasses quelque chose de toi, trad. de l'anglais par Valérie Rouzeau et Frédéric Brument, le Castor Astral, 2023.
Son : François Turpin Lumière : Patrick Clitus
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