Malgré sa sympathie pour les Américains, Malouet se prononce donc contre l'intervention française. Dans une note rédigée beaucoup plus tard, il ajoute : "La meilleure raison à alléguer contre cette guerre, et dont je n'ai fait aucun usage, est qu'il était aussi inconséquent que dangereux pour une monarchie absolue de se mettre à la tête d'une révolution démocratique." Il ne changera pas d'avis.
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Pendant l'hiver, La Fayette semble avoir insisté beaucoup pour obtenir le commandement du corps que Louis XVI était maintenant décidé à envoyer en Amérique. Le 2 février 1780, il reprenait ses instances auprès de Vergennes en prétendant que sa nomination serait avantageuse "au service public et aux intérêts de la France vis-à-vis de ses alliés". Il souhaiterait choisir dès maintenant les officiers qui commanderont sous ses ordres dans rien demander pour lui-même; il se contenterait de lettres de service lui donnant autorité en sa seule qualité d'officier général américain.
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Quant à la presse, elle attribua ce départ tantôt au dépit provoqué par ses tentatives malheureuses auprès de la comtesse d'Hunolstein, tantôt à l'ennui que ressentaient les officiers d'une vie de garnison monotone. La Correspondance secrète du 2 avril 1777 rapporte ainsi: "Le mécontentement presque général de notre militaire et les offres que les agents des Américains font ou vont faire engagent nombre de nos officiers à passer en Amérique avec congé si on leur accorde, et sans congé si on le leur refuse."
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Quant à L'Espion anglais du 26 mai 1777, il écrit: "Je veux croire que le marquis de La Fayette, entraîné par une louable ambition, ait conçu de lui-même le hardi projet d'aller servir la cause des Insurgents; il n'y a là rien d'extraordinaire, mais s'il est enflammé de l'ardeur de la gloire, il est en même temps très jeune et d'un caractère modeste et timide. Est-il vraisemblance qu'il ait osé ou pu l'exécuter sans que sa famille en ait connaissance ?"
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Faisant le point de la situation militaire, il remarquait une fois de plus qu'avec "l'infériorité maritime, on ne saurait faire la guerre en Amérique. C'est elle qui nous empêche d'attaquer tel point qu'on enlèverait avec deux ou trois mille hommes. C'est elle qui nous réduit à une défensive dangereuse autant qu'humiliante.
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