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Bernard Kreiss (Traducteur)
EAN : 9782226182067
350 pages
Albin Michel (04/01/2008)
4.38/5   26 notes
Résumé :
Porté par une langue d’une très grande beauté, à la fois poétique et précise, investi d’un impressionnant pouvoir d’évocation, le nouveau roman du grand écrivain autrichien Christoph Ransmayr relève du chef-d’œuvre littéraire.
Nostalgiques « d’un lieu immuable sous un ciel immuable », deux frères, très dissemblables et pourtant profondément liés, quittent l’Irlande pour le Tibet oriental. Ils ont pour but d’escalader le mont Phur-Ri, un des derniers espaces i... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Je suis assez étonné que ce livre soit passé presque inaperçu par la communauté Babelio
Il s'agit d'un très beau texte poétique, l' écriture est originale et l'histoire onirique
L'histoire est celle de deux frères irlandais, très différents qui vont essayer d'atteindre le sommet de cette montagne volante
Celle-ci se trouve au Tibet Oriental
Les nomades kampas qui les accompagnent sont persuadés que cette montagne prendra son envol un jour. C' est une montagne sacrée et aucun nomade n'aurait l' idée d'aller au delà d'une certaine altitude , persuadé qu'il risquerait lui aussi de s' envoler
Les deux frères sont très différents : l' un est marin ,côté machiniste , a fait un peu d'escalade en Irlande
L'autre est programmeur informatique, alpiniste chevronné , tellement rationnel qu'il s'est aperçu que cette montagne n'apparaissait sur aucune carte connue
La fin tragique est connue dès le début et pourtant le récit est plein de suspense
Pam,le marin rencontrera Nyema , la nomade, qui lui raconte qu'il faut fixer des clous pour que la montagne reste bien arrimée à la Terre.Je vous laisse découvrir cette très belle légende
J'ai la chance de connaître un peu cette région et j'ai, tout de suite, été immergé dans l'aventure
Vous vous doutez bien qu'en de telles contrées, il ne s'agit pas seulement d'un récit d'aventure en montagne
Les Dieux, les croyances, la vie nomade , voilà le quotidien.Inutile d'en dire plus.
Un conte épique , mi récit d'alpinisme, mi récit initiatique
Si vous aimez le Tibet, vous serez emporté par ce beau livre de Christoph Ransmayr
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La Montagne volante, est un roman que Ransmayr, dans un aparté introductif, définit ainsi : 'constitué de lignes flottantes, c'est-à-dire de lignes de longueur inégale' (bien qu'il le différencie spécifiquement de la poésie). La forme peut être très libre, dépourvue de mètre et de rime, mais il y a certainement une sensation plus poétique dans la langue et un rythme dans les lignes : malgré toutes les protestations de Ransmayr, cela se lit (et, surtout, sonne) plus comme des vers que comme prose:
'Je suis mort
six mille huit cent quarante mètres d'altitude
le 4 mai de l'Année du Cheval.'

En fait, alors qu'il semble proche de la mort, le narrateur ne l'est;
son frère, avec qui il avait grimpé 'avait repoussé ma mort' -- et en fait c'est son frère qui est mort cette nuit-là.
La Montagne volante est l'histoire de deux frères qui voyagent au Tibet pour conquérir un sommet himalayen,le Phur-Ri.
L'issue, on la connait dés le début, pourtant, alors que cette conclusion plane sur le reste de l'histoire, le roman parvient à rester étonnamment plein de suspense.

Les deux frères ont grandi en Irlande, élevés par un père dur après que leur mère ait abandonné la famille, s'enfuyant avec un autre homme. le narrateur, Pad, est devenu marin, passant la majeure partie de sa vie en mer.
Son frère, Liam, programmateur informatique qui s'est enrichi, est capable de s'offrir une retraite sur mesure sur la petite île aux chevaux - proche de la maison de leur enfance, y aménageant une maison très confortable - mais souvent coupée du continent (et Liam y reste seul résident à temps plein).
Liam a convaincu son frère de de s'associer à lui pour cette expédition soigneusement planifiée.
Les préparatifs sont longs et il y a des difficultés logistiques, notamment pour échapper aux autorités chinoises le cas échéant, mais Liam est minutieux, capable et déterminé :
Et dans l'ensemble, cela se déroulé comme il l'avait prévu

'Chacun de nos pas n'a servi qu'à ça
d'éliminer un point blanc de ses cartes.'

Les légendes autour du Phur-Ri et ce concept de montagnes volantes sont fascinantes,
' Ce nom
est une description de la réalité,
d'un événement visible, palpable.
Les habitants affirment avoir vu la montagne non amarrée flotter,
elle a disparu, oui elle s'est envolée
mais elle toujours revenue.'

Des histoires comme celle d'une montagne volante devaient être
transformées à l'intérieur de chaque esprit en quelque chose de nouveau et d'unique.
Chacun devait raconter sa propre histoire,
sa propre histoire, et ainsi en faire
quelque chose de distinctif et d'exceptionnel.

Les différences entre les deux frères, dans la personnalité et les attitudes, deviennent plus nettes au fur et à mesure de leur progression. Liam, déterminé à atteindre un objectif - qui s'impatiente et peut à peine se retenir une fois proche du but - reste une énigme pour Pad, qui est beaucoup plus facilement capable de s'impliquer dans le processus - de se sentir à maison parmi les habitants avec qui ils s'approchent lentement de la montagne.
La différence majeure est que Liam reste isolé, tandis que Pad tombe amoureux d'une jeune veuve les Nyema.
(Liam, lui est un homosexuel renfermé qui est incapable d'établir une relation sur son île-retraite, sachant que l'homosexualité ouverte rendrait la vie impossible dans le pays conservateur où il vit.)
C'est Liam qui va les entraîner dans l'ascension finale - certains qu'ils seront de retour en sécurité deux jours plus tard, même s'ils sont mis en gade par les habitants, dont beaucoup pensent que :
'quiconque a posé le pied sur la pointe d'une montagne volante
a couru le risque d'être jeté
hors du monde avant son temps
ou envoyé tournoyer dans l'espace.'

Malgré leur familiarité avec la région et la proximité de la montagne, les habitants la contournent prudemment.
Phur-Ri, cette montagne mystérieuse se montre aux deux frères :
'telle qu'en elle-même, seulement en fragments'
à mesure qu'ils s'en approchent.
Et, bien sûr, lnous savons ce qui leur arrivera sur la montagne.

La Montagne volante est un conte épique, une initiation.
Ce n'est pas seulement l'homme et/contre la montagne (et les éléments),
mais aussi une histoire de frères, de famille, d'Irlande et d'amour.
Aussi une histoire familiale et nationale - celle des départ.
Tout comme ces longues années que Pad a passé en mer, sans aller nulle part.
Nyema lui offre l'opportunité de s'installer et de construire une vie, et lui
'promet de revenir'
mais avant ce retour, le livre se termine quand il revient sur l'île de son frère, une île pour lui tout seul.

C'est un roman fort éloigné des platitudes boboisantes ,
un grand roman
dans lequel la nature emporte tout
et chacun.
Au-delà de l'écologie,
en plein panthéisme.
Lien : http://holophernes.over-blog..
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Le livre s'ouvre sur une "Note en marge" de l'auteur:
"Depuis que la plupart des poètes ont pris congé de la langue versifiée et recourent, à la place des vers, à des rythmes libres et à une phrase flottante articulée en strophes, le malentendu s'est fait jour ici et là, qui veut que tout texte constitué de phrases flottantes, donc de lignes d'inégale longueur, relève de la poésie. C'est faux.
La phrase flottante -- ou mieux: la phrase volante -- est libre et n'appartient pas aux poètes."

Cette forme, selon mon ressenti, permet à l'auteur d'imposer un certain rythme introspectif couplé à une grande légèreté de lecture. Certains découpages de strophe introduise également une forme d'étrangeté, en s'éloignant (volontairement ?) de la propension naturelle à les lire comme un chant, aidée par une ponctuation "libre". Voici pour la forme, exercice plutôt réussi.

J'adore les récits d'alpinisme; ici, ce n'en est pas vraiment un, même si les puristes pourront se régaler d'une grande force d'évocation, sans tomber dans le fantastique, même si l'auteur convoque habilement certaines légendes tibétaines, débarrassées du vernis de folklore pour le lecteur (mais pas de leur "pittoresque", un tour de force permis par des A/R entre les personnages -- même si l'ont restent du point de vue du narrateur en permanence -- et leurs visions différentes de l'environnement), couplées à l'enfance en Irlande des deux frères/héros, la figure du père, etc.

Lorsque je regarde le film d'une grande course himalayenne , j'ai tendance à passer directement au récit de l'ascension, la démarche sportive s'alliant souvent mal avec la traversée des cultures locales, leurs passages et images obligées de temples et de rencontres pas toujours spontanées. C'est dire la "performance" de l'auteur de retourner ce postulat, où l'on comprend très vite que l'important du livre se situe dans l'humain, tout en ne décevant pas celui venu pour les crampons/piolets.

Sa structure non-linéaire, dans l'histoire proche et plus lointaine, achève habilement cette lecture face au Rêve.

Un grand livre, qui se lit en quelques relais, sans chutes de pierres.
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C'est l'histoire de deux frères : l'un vit sur la terre d'Irlande et l'autre sur les mers. Mais le centre de l'histoire, c'est " la montagne volante", un sommet de l'Himalaya nommé ainsi par les Tibétains, parce q'elle apparaît et disparaît derrière les nuages; c'est le rêve fou de parvenir à son sommet qui n'existe pas sur les cartes, qui a été seulement mentionnée par un pilote chinois avant que son avion ne s'écrase. Nostalgie de l'enfance, où les deux frères sont tantôt complices, tantôt rivaux, quête initiatique et roman ethnographique, "La montagne volante" est tout cela à la fois. Mais c'est surtout un merveilleux moment de lyrisme, où le texte est porté par "les phrases flottantes", qui forment des strophes d'inégales longueurs. Au bout du rêve, il y a la mort et l'amour, car Ransmayr croit en l'amour.
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La montagne volante nous conte l'histoire de deux frères Pad et Liam intimement liés et opposés.
Quittant leur Irlande natale, sous la forte impulsion de Liam, ils décident d'escalader le mont Phur-Ri dans le Tibet oriental, également appelé montagne volante par les nomades Khampas. Cet espace inexploré, mythique permettra à ces deux frères de se retrouver.
Dans une langue versifiée et poétique, l'auteur nous entraîne dans les mondes intérieurs de Pad et Liam, au plus près de leurs émotions, désirs, batailles et surtout amour.
Par cette langue, il sait aussi nous parler de la montagne, de l'alpinisme, du toujours plus haut et de la quête ultime.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Je me souviens d'un après-midi orageux
où nous étions montés au lac sans Tashi
et reposions, enlacés dans le sable de la rive
vers laquelle des rouleaux, aussi délicats
que les vguelettes d'une pataugeoire pour enfants,
poussaient un morceau plat de bois flotté.

Lorsque Nemya quitta mes bras
pour boire de l'eau dans le craux de sa main,
je ramassai le morceau de bois et entrepris de graver
dessus, à l'aide de mon couteau, des lettres latines
correspondant aux sons du nom de Nemya,
et lorsque, un peu plus tard, elle jeta ses habits
sur un roc encore vierge de lettres
et se baigna en criant et en riant dans l'eau glacée,
je frappai l'eau avec cette planchette de bois flotté,
comme faisaient les imprimeurs du bord su Mékong,
et lançait à la baigneuse
que son nom était à présent imprimé sur le lac.

Car auparavant, dans mes bras, Nyema
avait parlé des lettres, de l'écriture
comme d'une médecine,
d'un remède contre la mort
qui ne pouvait certes pas guérir le mal
mais du moins le soulager.

D'après elle, un homme qui savait lire et écrire
était comme une divinité et pouvait
quitter son temps et son lieu
s'il transformait en écriture
les pensées, les noms et chacunes de ses paroles,
s'il écrivait sur un morceau de bois, une pierre
ou du papier avec la conviction
de laisser ainsi un message qui resterait lisible
lorsqu'il aurait lui-même depuis longtemps disparu
ou serait prisonnier d'une autre forme de la vie.
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Peut-être que ce besoin
est effectivement insatiable
qui nous pousse à rechercher l'inconnu,
ce qui demeure vierge de traces et de noms
jusque dans des territoires quadrillés par la science,
à rechercher cette place blanche, immaculée
dans laquelle nous pourrons inscrire
une image de nos rêves éveillés.
(…)
Dans les semaines qui suivirent la mort de Liam,
sur ma couche, sous l'une des tentes noires
du clan de Nemya, j'ai révé
que ce n'était pas l'appel du lointain ou la nostalgie
d'une place inviolée, d'une tâche blanche
sur la carte du monde
qui nous avaient attirés à Kham
en quête d'une montagne oubliée,
mais que cette montagne nous avait trouvés, nous,
ses victimes, deux silhouettes à peine visibles
sur les parois rocheuses de Horse Island.

Elle avait dérivée à notre rencontre, inéluctablement -
d'abord sous l'apparence d'un fragment blanc de données
numériques puis comme une image en expansion,
hallucinatoire, sans cesse cachée
par des nuages défilant à vive allure,
harnachée pour finir de glaciers et de neiges éternelles,
avait foncé droit sur nous, formidable, souveraine,
déroulant au passage ses drapeaux de neige flamboyants,
et nous avait entraînés dans son sillage
hors de notre retraite de Horse Island
et de notre vie,
dans l'air raréfié et la désolation
de ses plus hautes hauteurs,
sous un cie sombre où des constellations
se montraient même en plein jour.
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Je ne me suis jamais beaucoup intéressé à la description
des visages et des caractéristiques corporelles,
et quand un chroniqueur ou un scribe quelconque
se donnait du mal pour fournir
de tels éléments de reconnaissance, je me bornais
à les survoler et les oubliais le plus souvent aussitôt
parce que je voulais découvrir mes propres visages
dans chaque histoire, et que j'ai depuis toujours prêté moins
d'importance à la courbure d'un nez, à la couleur des yeux
ou à la taille des oreilles et de la bouche

qu'à la question : qu'est-ce qui a bien pu avoir été vu ou
pleuré
par ces yeux, entendu par ces oreilles, dit ou avalé
par cette bouche, et d'une manière générale, quelle expérience
du monde a bien pu être acquise, quelles souffrances,
quelles
jouissances éprouvées [...]
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J'avais franchi plus de la moitié de la langue de glace,
et les mâchoires d'acier à douze dents
qui crissaient sous chacune de mes chaussures à coque
me permettaient de marcher d'un pas sûr,
même sur les surfaces luisantes de glace turquoise
qui miroitaient entre de large bandes de neige durcie,
lorque je vis le premier -puis trois, quatre,
cinq ! Autres papillons
comme reposant dans des cercueils de verre.

Des papillons apollons : ailes déployées, il reposaient
dans des cavités en forme de coquilles,
sous une fine menbrane de glace transparente.

Ils devaient déjà être morts
lorsque, du haut d'un froid hostile à toute vie,
ils étaient tombés en neige sur le glacier.
Seules leurs ailes écailleuses avaient encore
capté un peu de lumière et de cheleur, créant
à l'endroit de leur chute ces alvéoles dans lesquelles
ils reposaient à présent comme dans des cercueils de verre.
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Depuis que la plupart des poètes ont pris congé de la langue versifiée et recourent, à la place des vers, à des rythmes libres et à une phrase flottante articulée en strophes, le malentendu s'est fait jour ici et là, qui veut que tout texte constitué de phrases flottantes, donc de lignes d'inégale longueur, relève de la poésie. C'est faux.
La phrase flottante -- ou mieux: la phrase volante -- est libre et n'appartient pas aux poètes.
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Videos de Christoph Ransmayr (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Christoph Ransmayr
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