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EAN : 9791097465988
280 pages
Goater (09/09/2022)
4.25/5   20 notes
Résumé :
Une pilule permettant d’avoir un corps de rêve pour le reste de sa vie apparaît sur le marché. Les gens qui la prennent expulsent tout leur
gras et leur excédent de peau grâce à leurs excréments et ce dans d’atroces souffrances. 10 % des gens en meurent dont le père de la narratrice. Malgré cette tragédie, tout le reste de sa famille, tous obèses, et la plupart des personnes en surpoids de l’Amérique, en prennent. Comment désormais survivre dans ce mon... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Certaines thématiques sont rarement abordées dans les récits et pourtant lorsqu'on les lit on se dit "il en faut plus des comme ça". En Science-Fiction il est souvent question de redéfinir notre avenir mais pourquoi ne pas prendre une thématique beaucoup plus proche et intimiste au lecteur.

La pilule, big girl et autres nouvelles met surtout en avant la grossophobie. Dans la première nouvelle, la pilule, la plus grosse du recueil (sans mauvais jeu de mot), il est question d'une société d'anticipation où la plupart de la population est désormais obèse. Sauf que, comme dans notre société actuelle l'obésité est mal vue, certes d'un point de vue médical mais aussi esthétique. Désormais une pilule est disponible à la vente et permet de perdre énormément de poids pour retrouver la "silhouette parfaite" en mangeant tout ce qu'on veut. Mais pour ça il faut passer la terrible épreuve de faire partie des 9/10e pouvant survivre à cette pilule.

Et c'est là que le ton est donné. C'est une nouvelle à la fois puissante, déroutante et glaçante par son côté "mieux vaut mourir que d'être gros". Alors certes l'autrice définit vraiment très bien les difficultés rencontrées face à l'obésité mais il y a un aspect révoltant face à cette société qui ne veut que le corps parfait. Ainsi dès la première nouvelle l'autrice réussi à nous plonger dans une réalité glaçante qui pourrait presque être la nôtre. Une réalité qui de plus est portée par une empathie qu'on ne peut que ressentir pour l'adolescente, la protagoniste.

Une autre nouvelle traite de la grossophobie mais cette fois-ci envers un légume. Assez déroutante et courte, je n'ai pas été conquise mais elle permet là aussi de voir comment la société accepte difficilement ce qui est différent et non conforme.

Par ailleurs, big girl, l'autre nouvelle mise en avant conte encore la différence. Ici, une fille se retrouve dans la baie de San Francisco, des dizaines de mètres trop grandes. Avec cette nouvelle nous sortons un peu plus de la science fiction pour aller vers le fantastique. Mais encore une fois, la société est ici dénoncée. Un certain voyeurisme écoeurant est démontré par les habitants. Cette nouvelle m'a d'ailleurs fait penser à le géant noyé, dernier épisode de la saison 2 de Love death and robots.

En bref, avec la plupart de ses nouvelles, Meg Ellison réussi à nous démontrer une société envahissante qui ne laisse pas place à la différence et à la liberté de choisir ce qui est bon ou non pour son corps. Pourtant l'autrice n'a, dans son recueil, pas écrit que des nouvelles. Un essai sur la relecture de autant en emporte le vent fait beaucoup réfléchir et apporte ici une réflexion autour des classes sociales et du racisme. J'ai énormément aimé ses justes mots autour de la relecture.

Meg Ellison nous démontre donc a travers différents support : la nouvelle, l'interview et l'essai, ses talents d'écrivaine. Elle met surtout en avant la grossophobie, le racisme et autres thématiques sur l'acceptation ou non de la société face aux différences. La pilule fut par exemple un texte très puissant. A contrario, j'ai eu un peu plus de mal avec big girl qui relevait plus du fantastique et n'avait donc pas un dénouement concret ou encore El hugé qui n'a pas retenu mon attention. C'est selon moi un recueil inégal, où on vient piocher les nouvelles qui nous plaisent. Mais ce n'est que les goûts et les couleurs. En tout cas, la première nouvelle, la pilule, et l'essai sur la relecture valent vraiment le coup !
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Un recueil à découvrir de toute urgence !

La grossophobie n'est pas un sujet courant en littérature, et encore moins en littératures de l'Imaginaire.
Dans ce recueil, composé par Goater, Meg Elison signe deux textes explicitement sur le sujet, dont celui qui donne son titre au livre.
La Pilule est un modèle de nouvelle dystopique cauchemardesque (pléonasme je sais) dont le coeur est une invention permettant de maigrir mais à quel prix... À travers le regard d'une adolescente qui voit le monde changer autour d'elle, l'autrice dresse en creux un tableau acide et pointu de nos sociétés actuelles.
L'autre texte mis en avant, Big Girl, relève plus du fantastique, avec cette adolescente qui se réveille un matin, nue et mesurant cent mètres de haut dans la Bay de San Francisco. La nouvelle alterne des moments de narration classique avec des articles et des tweets. Cela fonctionne très bien et permet d'aborder des sujets divers, comme la pédopornographie, le voyeurisme ou la facilité des administrations à se décharger des cas trop complexes.

On trouve également au sommaire trois autres nouvelles, une interview et un article sur Autant en emporte le vent, lu puis relu à l'aune du privilège blanc.

L'autrice montre qu'elle est à l'aise sur différents formats de nouvelles et qu'elle sait mettre en place un univers en peu de pages. Les ombres cauchemardesques que projettent les sous-entendus des différents textes laissent entrevoir les horreurs qui régissent ces mondes, qui ressemblent quand même fortement au notre.

Un bémol, la couverture. Je reprends ici le commentaire d'une amie, trouvant dommage de mettre en avant dans le titre et le bandeau une des très rares nouvelles d'Imaginaire traitant de grossophobie, mais d'illustrer le livre avec une illustration d'un autre texte - certes mis aussi en avant dans le titre mais en seconde position.
En outre, à la lecture de la nouvelle en question (Big Girl) cette représentation en couverture a de quoi interroger !
Enfin, et c'est très personnel, je ne suis pas fan du dessin d'un point de vue bêtement esthétique.

Un livre important, première traduction en français de Meg Elison, composé de textes puissants et maîtrisés. Un recueil qui permet de découvrir l'autrice sous trois angles différents - littéraire, critique et personnel.
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Je remercie les éditions Goater et Babelio pour l'envoi de ce livre lors d'une récente opération Masse Critique.

J'ai fait une belle découverte avec ce livre de nouvelles, dont les deux plus longues "La pilule" (la nouvelle principale) et "Big girl" m'ont littéralement assommée. Ces histoires sont fortes et émouvantes, évoquant sous un angle très original et par le biais de la science fiction, la grossophobie ambiante et plus généralement la peur de la différence.
J'ai aimé le fond, le style, et l'approche de l'autrice qui partage également son point de vue sur la place de la femme dans la société dans une interview par Terry Bisson. Et ce qui ne gâche rien, la couverture du livre est très belle.

Meg Elison, que je découvre ici, a obtenu le prix Philip-K Dick (un prix littéraire américain récompensant des ouvrages de science-fiction) pour son premier roman the book of the unnamed midwife paru en 2014, et qui sera traduit en français en 2023/2024 (selon les infos sur le site de l'éditeur). J'ai aussi très envie de le lire !
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Lire des nouvelles ne fait pas tellement partie de mes habitudes et j'ai tendance à être un poil hermétique à ce format. Pourtant, j'ai passé un excellent moment avec ce recueil.

La pilule est la nouvelle principale du recueil et elle a notamment reçu le prix Locus de la meilleure nouvelle longue en 2021. Et je comprends pourquoi. Cette nouvelle d'une cinquantaine de pages est extrêmement puissante et j'ai particulièrement aimé la narration. L'autrice propose une réflexion très intéressante sur la grossophobie (celle qu'on subit mais aussi celle qu'on s'inflige à soi-même) et dénonce les dangers et dérives potentielles des régimes et autres solutions miracles. On sent la colère de l'autrice face à l'uniformisation de la société et elle nous partage des valeurs body positives très importantes.

J'avoue que toutes les nouvelles du recueil ne m'ont pas forcément autant plu, notamment El hugé qui m'a laissé un peu indifférent, ou Big Girl qui a une narration intéressante mais qui a quand même manqué d'un petit quelque chose pour vraiment m'emballer.

En revanche, j'ai été très agréablement surpris par la nouvelle Emportée par Autant en emporte le vent qui relève plus de l'essai et qui parle de la façon dont nos perceptions et notre sens critique évoluent tout au fil de notre vie.

Mais je pense que ma plus grosse claque après La pilule aura été Un tel peuple dont l'ambiance très sombre m'a vraiment marqué. On y retrouve une société totalitaire hyper anxiogène et je serais vraiment intéressé de découvrir un roman complet dans cet univers.

En tout cas, j'ai beaucoup apprécié ce recueil, déjà pour son écriture mais surtout pour les thématiques abordées par l'autrice que j'ai trouvées très importantes et actuelles (et en même temps intemporelles).
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[Je remercie les éditions Goater pour l'envoi de ce service presse de qualité]

Je ne connaissais pas Meg Elison avant que les éditions Goater ne me fassent découvrir ce recueil de nouvelles qui s'ouvre sur une novella à l'intrigue glaçante. J'ai déjà lu des histoires dont le sujet principal est l'absurdité des injonctions à la beauté : c'est même le sujet central de l'un des épisodes du Cabinet de Curiosités de Guillermo del Torro (2022, Netlifx). Mais la Pilule se démarque de ses congénères de façon saisissante : la science-fiction est utilisée à bon escient, pour dénoncer et souligner l'absurdité des comportements qui se retrouvent déjà dans notre société.

L'autrice pointe sur ses protagonistes une loupe grossissante, valorisant des différences moquées / ignorées par le reste de la société. Les spécificités de ses anti-héros·ïnes les rend mémorables et précieux·ses. Ce recueil est ponctué d'un essai et d'un entretien avec l'autrice, lesquels renforcent la cohérence de l'ouvrage en mettant en avant sa personnalité singulière. Meg Elison est de ces autrices qui sont d'une grande justesse quand elles écrivent, parce qu'elles pointent du doigt les comportements absurdes de notre société en forçant le trait jusqu'à le rendre monstrueux. La Pilule et Big Girl m'ont donné envie de découvrir en profondeur le travail de Meg (notamment the book of the unnamed Midwife qui a l'air particulièrement glaçant).

Cela dit, une liste de trigger warning aurait pu être ajoutée à cette édition. J'ai le coeur bien accroché, mais certains détails auraient pu être valorisés par ces ajouts.

Parce que le sujet de Meg Elison semble être le corps, sous toutes ses formes, du glaçant à l'étouffant, en passant par beaucoup de figures qui le diabolisent ou le rendent souverain. le corps est toujours présent, sous diverses formes, ce qui se rapproche, souvent, du bodyhorror. Et c'est à la fois jouissif et glaçant de se retrouver face à un miroir qui nous renvoie des biais qui sont déjà bien présents.
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Je suis polie envers mes confrères grassouillets quand ils sont victimes de la pression ; je comprends ce qu'ils traversent. Les gens minces qui parlent de régimes me remplissent d'une envie de meurtre liquide. je ne supporte pas leur défiance prudente, à accrocher des gousses d'ail et à se signer trois fois quand ils me voient arriver. Je n'écoute pas leurs superstitions terrifiées ou leur pseudoscience arrogante quand ils me répètent encore et encore ce qu'ils sont prêts à traverser plutôt que de devenir comme moi. (148)
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J'étais assise là, me demandant si j'étais réelle. Est-ce que les gens gros sont faux ? N'avons-nous pas d'âme ? Est-ce que ce que je fais n'a aucune importance, si je le fais en étant grosse ? Je n'avais jamais vraiment réfléchi à ces questions avant, mais avec mes deux parents bravant la mort pour être plus différents de moi, j'ai dû commencer à me poser des questions sur des tas de choses. (25)
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L'héritage de Tiptree était aussi fragile que le sont toujours les héritages des femmes et des personnes queer. Nous devons être parfait·e·s. Campbell a dû être fasciste pour être critiqué. Lovecraft a dû être un monstre. Le jugement d'Asimov ne viendra jamais, et c'était un agresseur public en série. Les femmes et les personnes queer sont presque toujours des notes de bas de page dans l'histoire de la science-fiction. Tiptree était imparfaite, et a fait une chose terrible, Mais maintenant, même la note de bas de page qu'était ce nom a été réduite. (135)
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Nous nous sommes rapprochés d'elle et elle a levé les yeux. Elle était vraiment canon ; une rousse avec des lèvres charnues et à la silhouette en forme de sablier qui a du temps à perdre. Sa robe moulait son corps, exprimait clairement qu'elle aimait être regardée. Elle ne se baladait pas avec un corps Amy Blanton. C'était une originale.
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J'ai appris à tirer au fusil quand j'étais assez jeune. J'ai appris à me servir d'une arme de poing une fois adulte. Je ne suis pas sûre qu'on devrait être autorisé à en posséder, mais tant que c'est le cas, je veux savoir m'en servir. Donc je m'entraîne avec un collectif armé lesbien secret et je reste prête. (128)
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