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EAN : 9782918135364
232 pages
Editions Dialogues (06/10/2011)
3.06/5   8 notes
Résumé :
Quand une épidémie joue la discrète : j’effleure sans insister… ou si peu, que faire d’autre, sinon s’arranger avec elle et ce qui vous fleurit sur le nez ? On se fait opérer, ni vu ni connu, avec la bénédiction des pouvoirs publics.

Mais quand le doigt est pris – ou le pied ou la langue –, la bête est installée, elle se pourlèche, frétille et mène la danse. L’épidémie de la honte évolue en condition ordinaire et l’étrange se mue en art de vivre. >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Une étrange épidémie, qui provoque enflures aux membres, difformités diverses, des nez en patates, des pieds d'éléphants. Une pandémie qui s'étend lentement à travers la population, et que le gouvernement semble vouloir cacher. Pas de mise en garde, pas de communiqué, juste un rappel de vaccination à la radio, pour la grippe. Jeff, un jeune médecin, qu'inquiète. Personne ne semble prendre ce problème au sérieux, ou du moins essaie-t-on de le minimiser. Il se confie à Vladimir, son ami de toujours, un homme aux multiples ressources, un peu peintre, un peu vendeur de légumes, curieux de nature. Vladimir interroge son ami, il se renseigne sur la maladie. Il voit les gens se comporter de manière bizarre, ça l'inquiète.

La maladie est, dans ce roman, un personnage à part entière, une entité multiforme, qui meuble de façon tacite et sournoise la vie des habitants de cette cité. Autour de ce personnage insidieux et de Jeff et Vladi gravitent une diversité de personnes, parfois simples figurants, à peine esquissés… L'un s'adonne à une collection de pommes-de-terre, auxquelles il donne une âme. Un autre est boxeur, convié par le gouvernement à prester des combats contre des animaux, en échange d'un visa. Et toujours l'épidémie en arrière-plan.décadence et autres délices

L'auteure donne à voir un univers étrange et fascinant à la fois, qui rappelle un peu « le voyage d'Anna Blume d'Auster » ou le moins connu « Les amants de la dernière heure » dont je parlais ici voici quelques semaines. Savamment, patiemment, une toile est tissée, dans ce monde un peu décalé. L'auteure nous fait entrer dans son univers par petites touches, des bribes, des moments, des esquisses. Elle nous fait prendre des chemins de traverse, des impasses, revient parfois, fait un pas de côté, avec un art de la digression et de l'aparté, ce qui demande une certaine concentration et un esprit déductif au lecteur. Il faudra peut-être relire certains passages et remettre des éléments en place. Les idées sont amenées parfois sans fluidité. Certaines transitions sont rapides, abruptes, des éléments tombent au moment où on ne s'y attend pas. Ce qui donne un effet de surprise… Peut-être un peu trop systématique. Autant de choses qui confèrent au récit une ambiance et une densité, mais aussi, une certaine lenteur.

Roman envoyé grâce à Babélio et les éditions « Dialogues », que je remercie. Toutefois, puisque le principe de ce partenariat est de donner son opinion personnelle, je dois avouer que je reste un rien mitigé. J'ai buté sur certains passages, me suis un peu perdu en chemin, parmi ces nombreux figurants secondaires. Mon esprit peut-être trop cartésien a trouvé quelques défauts, une syntaxe perfectible. Je ne prendrais qu'un exemple : « le jeune homme servait ses clientes, soupesait les pièces… » Selon le sens premier, « soupeser » veut dire « évaluer un poids de la main ». Au sens strict, un commerçant ne soupèse pas, il pèse avec précision. Ce n'est certes pas grave, mais les détails de ce genre ne manquent pas, et un puriste risque d'achopper. J'ai trouvé que c'était un bon roman, qui aurait pu être encore meilleur avec quelques coupes et élagages. Je le conseillerai aux lecteurs attirés par ce genre en finesse, subtil, avec un rien de fantaisie, sur un ton particulier, décalé.
Lien : http://livrogne.com/2011/10/..
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Vladimir est un jeune homme touche à tout.Il peut être tour à tour vendeur en librairie,vendeur de volailles sur le marché ,journaliste dans un petit journal alter mondialiste.A la radio sont diffusés en boucle des messages prônant la vaccination contre la grippe porcine créant une drôle d'ambiance :cela vous rappelle-t'il quelque chose? Mais la situation s'aggrave quand Vladi apprend par son ami Jeff interne en dermatologie que des difformations surviennent chez certains sans que l'on puisse en connaître la cause....
Le décor est posé .Véronique Beucler nous entraine alors dans une farandole d'événements auxquels mon côté très cartésien et ma formation scientifique m'ont empêchée d'adhérer
Cependant je lui rend justice , avec une écriture très vivante elle soulève de véritables problèmes et pose des questions sur notre société présente et à venir .
Merci à masse critique
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En demandant à recevoir ce livre, je m'attendais à lire un essai sur la période littéraire dite décadente et niait, avec une certaine mauvaise foi, la présentation de l'éditeur qui me laissait présager autre chose et m'intriguait. C'est donc avec une certaine déconvenue que j'ai abordé ce roman qui ne m'a pas plus emballée que cela au début. J'avais du mal à accrocher aux personnages qui ne me plaisaient guère et, surtout, cette histoire de maladie soudaine me faisait craindre une science-fiction dystopique comme on en a fait tant de films (une maladie se propage sur un territoire donné et, comme par miracle, quelques rares survivants subsistent et doivent résister à la contamination, etc.) de plus, le style d'écriture me semblait commun et peu attrayant au premier abord.

Bref, je prenais un assez mauvais départ avec ce livre lorsque j'ai finalement été happée par l'histoire, au fil des pages, sans m'en rendre compte. L'intrigue a pris un tour différent de celui que je craignais : la maladie ne semble ni contagieuse, ni mortelle, et chaque malade tente de cacher les déformations dont il souffre. La politique du gouvernement est celle du silence, afin d'éviter les mouvements de panique. Ce mutisme intrigue le personnage principal, journaliste touche-à-tout et curieux, mis dans la confidence par l'un de ses amis médecins. A côté de ce récit principal, se tisse une série d'autres, comme celui d'un réfugié qui accepte de se battre contre des chiens en échange de la promesse d'une régularisation.

Par cet entrelacement narratif, l'auteure suscite des questions bien plus profondes que je ne l'attendais de cette oeuvre : celle du droit à l'information confrontée à la pudeur des victimes et à la sécurité du groupe social, celle du rôle des poètes et des rêveurs dans une société, celle de l'avenir de l'homme et de sa place dans son environnement, notamment. Ces interrogations sont survenues en moi pendant ma lecture, mais n'étaient pas posées directement, et aucune réponse dogmatique n'était apportée : c'est au lecteur à les apporter en fonction des thèmes qui l'ont touché plus particulièrement.

Malheureusement, mon intérêt est ensuite allé décroissant dans la seconde partie de l'ouvrage, radicalement différente au niveau de l'ambiance. Les questionnements divers fusaient toujours dans mon esprit, mais j'y étais moins sensible. le ton fantaisiste et imaginatif, qui domine dans tout le livre, était encore plus fort, et je crois que mon esprit cartésien a atteint là ses limites et sa tolérance. Les enjeux de cette nouvelle société m'échappaient et ont fait que j'ai passé plus de temps à me perdre en hypothèses qu'à profiter de la fin de cet ouvrage.

Je le conseille aux amateurs de dystopies qui n'ont pas peur d'être bousculés dans leurs habitudes et aux amateurs d'oeuvres d'imagination assez fantaisistes.
Lien : http://minoualu.blogspot.com..
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Imaginez-vous partir à l'étranger pendant quatre ans et découvrir à votre retour que la France n'est plus celle que vous aviez quittée. Les français prennent désormais la vie du bon coté. Ils s'amusent sans penser au lendemain, usant et abusant de la bonne chair. Ils sont devenus grivois, s'adonnant aux plaisirs en tous genres, sans complexes. Physiquement, ils se rapprochent du cochon, devenu l'emblème de la société. Les porcelets sont désormais des animaux de compagnie. On les adopte et malheur à celui qui continue à manger du porc !

Avant votre départ à l'étranger, des phénomènes inquiétants vous avaient alerté : une partie de la population subissait des déformations physiques inexplicables et fort peu esthétiques : un nez qui se transforme en groin, un pied qui évolue au point de ressembler à un pied de cochon. Tout cela dans un contexte de propagande pour la vaccination anti-grippale, avec un gouvernement qui cachait cette sorte d'épidémie pour ne pas affoler la population. Autre phénomène inquiétant, le gouvernement s'était mis à organiser des jeux ressemblant aux jeux de gladiateurs d'une autre époque…

Inquiet de la situation avant votre départ à l'étranger, vous vous adaptez assez vite au retour, observateur amusé, ne sachant pas vraiment que penser de tout cela...

La lecture est fluide, l'histoire distrayante et le ton plutôt léger. Les pages se tournent toutes seules. S'il y a un message au travers des lignes, il ne saute pas aux yeux. Mais cette évolution pour le moins surprenante de la société donne à réfléchir une fois le livre refermé et c'est sans doute le but recherché par la romancière qui ne porte pas de jugement sur l'évolution qu'elle imagine, pas plus qu'elle n'en fait porter aux principaux protagonistes de l'histoire.

Etrange aventure que la lecture de cet ouvrage...


Lien : http://sylire.over-blog.com/..
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Un roman rafraîchissant, qui interroge le lecteur sans lui infliger une leçon. Ami de la morale à la fin de l'histoire, passez votre chemin, ici, il va falloir vous faire votre propre opinion. Un roman qui joue sur deux ambiances très différentes, qui voit l'évolution d'un personnage, son intégration sociale et ses réactions devant les modifications profondes d'une société.
Un seul reproche : la fuite de quatre ans qui permet d'appréhender plus directement le changement m'a semblé trop importante et caricaturale. Un peu comme une ficelle trop visible, le procédé narratif manquait un peu de subtilité. Mais entre nous, cela ne m'a pas empêchée d'apprécier l'ensemble !
Lien : http://pralinerie.blogspot.f..
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Ce jeudi-là, Vladimir Fradel se réveilla d'un sommeil agité. Il grognait, se retournait, sans trouver de position confortable ; il finit par se redresser sur un coude et s'asseoir, les pieds hors du lit. Il porta machinalement les mains à son visage ; tout semblait à sa place. Dans le rêve qu'il venait de quitter, son corps, entendez : toute sa personne, celle d'un beau gaillard de 28 ans, avait été remplacée par une trompe. Une belle trompe, notez bien, ni grincheuse ni enrouée, fringante au contraire, alerte, butineuse, décidée à faire son office de trompe : fureter et avertir.
Il s'ébroua, tentant de se débarrasser de ces images, comme on secoue une chevelure pleine d'eau. Les gouttelettes trompeuses éclaboussèrent la chambre.
Le jour se levait dans une lumière rose qui perçait la grisaille de la nuit. Il se prépara un café, accompagné de la radio, en bruit de fond. Il vivait dans un petit immeuble ouvrier du sud de la ville appartenant à ses grands-parents qui l'avaient élevé. Il travaillait aux halles du nord, chargeait et déchargeait les camions ; ses épaules et ses biceps de lutteur lui facilitaient la tâche. Aux heures d'affluence, il donnait un coup de main à un volailler. Il avait maintenant sa clientèle de petites mères qui ne juraient que par lui et qui insistaient, c'était devenu un rite ou une provocation : «Allez, Vladimir, tâtez-y un peu !», elles le regardaient, rigolardes, enfoncer son pouce dans la cuisse souple des poulets et repartaient, ravies, avec leur volaille chatouillée par le beau gosse.
Pieds nus, les cheveux en bataille, il chercha un bout de chocolat dans le placard. Le jingle des infos de 7 h le sortit de sa torpeur, il augmenta le volume. Un fou furieux avait posé une bombe dans un hôpital de Washington, bilan trente morts et une centaine de blessés. Un convoyeur de fonds s'était évaporé avec onze millions d'euros. Sans menacer personne, il avait fait ça en danseuse, sur la pointe des pieds. Pour sa peine - ou son mérite -, il ne risquait que trois ans de prison. Voilà qui était plutôt réjouissant.
Le message publicitaire pour la vaccination nationale clôtura le journal. La dernière grippe porcine monopolisait une fois de plus l'information. Il coupa la radio et laissa les volutes de Cohen nettoyer la pièce. «...this waltz, this waltz, this waltz, this waltz / with its very own breath of brandy and death...»
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Il se demanda si c’était cela vieillir. La loi du temps lui était révélée, avec ses changements de vitesse sans préparation.; il découvrait que dix ou quinze ans peuvent passer sans vous effleurer et qu’en l’espace d’une minute, ses reptations jusque là invisibles se resserrent et vous étranglent.
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Avant ses scientifiques ou ses hommes politiques, une société a besoin de rêveurs. Et pas n'importe lesquels ! Il nous faut des poètes, des rhapsodes, ceux qui recousent le monde. La science ne parle qu'après.
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