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EAN : 9782377590360
468 pages
In Octavo (25/09/2020)
4.5/5   12 notes
Résumé :
Chine contemporaine La découverte d’un corps momifié dans un champ bouleverse la vie de l’inspecteur principal Tian Haifeng. Cette « femme de la tourbière » le fascine, le trouble, l’émeut. Il n’aura de cesse de résoudre l’énigme de sa présence et de sa disparition suspecte. Cette quête le mènera jusqu’au lointain territoire Ouïghour. Il y sera confronté au côté sombre d’un pays où personne ne doit jamais perdre la face y compris les instances dirigeantes. « Si nou... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
J'ai été très heureux de retrouver une nouvelle enquête de l'inspecteur principal Tian Haifeng (hé oui, il a pris du galon !). Il va une fois encore sortir de sa bonne ville de Nanjing (Nankin), pour un très long voyage dans une des contrées les plus exotiques du pays, le Xinjiang, terre des fameux Ouïghours. Au départ, il y a l'exhumation accidentelle par un paysan d'une femme momifiée. Cheveux oranges, tunique, bottes, et un bracelet qui bientôt va disparaître. Haifeng la trouve bouleversante, il veut retrouver ce bracelet. L'archéologue dépêché sur place voit peu après son labo et le corps de cette « femme de la tourbière » incendiés, il a peur, mais il se tait et fuit lorsqu'on lui finance le traitement pour sauver son fils malade. Haifeng trouve évidemment cela très suspect, d'autant qu'un étudiant en archéologie trop curieux de la momie décède soi-disant accidentellement chez lui. Ayant compris que le bracelet se trouvait au Xinjiang, Haifeng s'arrange pour que son chef l'inspecteur divisionnaire Hu Tang l'y envoit. Il y rencontrera une femme Mei Hua, qui sait où se trouve le bracelet, et le vieux propriétaire qui la loge, Lao Deng, lui aussi archéologue. Mais Lao Deng ne tarde pas à être approché par des gens du Ministère de la Culture…Bientôt, quatre momies sont retrouvées, dans un état de conservation parfaite. Lao Deng en est tout excité, le Ministère l'a choisi pour une conférence de presse qui révélera au monde à travers ces corps toute la grandeur du peuple Han, qui aurait, c'en est la preuve, exploré et conquis cette contrée reculée des millénaires auparavant. Mais quelque chose cloche, un inquiétant Pékinois est bien trop présent dans toute cette affaire…qui va se révéler une incroyable machination au service de l'implacable appareil d'Etat. de Tourfan à Urumqi, Haifeng et sa complice vont lutter pour mettre au jour la vérité, tout en devant sauver leur peau face à ceux qu'ils dérangent. Au terme de cette aventure, ils en auront appris un peu plus sur eux-mêmes.

Voici un épisode comme toujours bien équilibré entre réflexion de l'enquêteur, moment plus introspectif, passage rythmé avec course poursuite haletante… Bref, on ne s'ennuie pas, dans ce bout de Chine méconnue, une autre Chine loin de la consommation triomphante, qui est aussi un des principaux points de tensions qui secouent le pays à ses marges lointaines : là le Tibet, ici en l'occurrence le Xinjiang et ses poussées séparatistes, ses attentats terroristes et ses camps de rééducation, si ce n'est pire. Car la Chine est peuplée à 85 % environ par l'ethnie Han, ultra-dominante, qui concentre le pouvoir politique et économique, et cherche à éteindre toute velléité de contestation aux limites de l'empire. Mais les Ouïghours musulmans ne s'en laissent pas compter, malgré l'épuration ethnique et religieuse en cours. La falsification de la vérité historique est ici une facette très éclairante de l'implacable entreprise de mystification à laquelle peut se livrer un régime totalitaire.

L'épilogue surprend en nous ramenant de superbe façon quelques millénaires en arrière, sur une scène d'une grande puissance poétique qui nous interpelle sur nos origines à tous, avec humanité.

Encore un bel opus d'un auteur qui est brillamment parvenu à construire une personnalité de flic simple et attachant, sans avoir le mauvais goût de lui coller une étiquette mille fois rebattue d'alcoolique ou de coureur de jupon.

Je remercie babelio pour cet envoi dans le cadre de masse critique, et les éditions in octavo, qui il faut le souligner conçoit toujours de belles couvertures, tant visuellement qu'en terme de matière, avec cet aspect de doux vélin.
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Laissez-vous dépayser le temps d'une lecture et d'une enquête aux côtés de l'inspecteur Haifeng. « La mémoire de l'oubli » vous emmène sur les traces d'un corps momifié retrouvé intact des siècles après son inhumation. Qui était cette femme ? D'où venait-elle ? L'auteur profite de cette trame pour soulever des questions pertinentes, notamment concernant les dessous de l'Histoire et sa réécriture. Il nous dit avec beaucoup de justesse que « quelquefois, la vérité doit se cacher pendant un temps pour éviter qu'elle ne meure. » L'auteur montre ici sa connaissance du pays, de certaines coutumes et des problèmes : la corruption à divers niveaux et la « vérité officielle » qui n'est pas toujours celle que nous avons sous les yeux entre autres problèmes.

L'auteur s'intéresse également au Xinjiang, sujet très sensible. Dans quelques scènes décrites, nous y voyons le racisme envers les Ouïghours, les mauvais traitements subis par la population, mais aussi le mépris de Chinois Han, la sinisation forcée et le désir omniprésent de prouver que cette région du monde est chinoise depuis des siècles, voire des millénaires.

Outre l'enquête, j'ai vraiment été interpelée par ce rapport que nous avons à l'Histoire avec un grand H, ces détournements de faits, cette peur de ce qu'elle peut prouver. Les faits historiques peuvent être malléables entre les mains d'un gouvernement, il peut complètement réécrire l'Histoire et la faire passer pour véridique. C'est d'ailleurs glaçant de remarquer que des milliers de gens peuvent croire les yeux fermés à cette version. Mais ce n'est pas nouveau et cela continuera probablement encore.
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Oh ! Mais qu'il est bon ce petit livre rouge-là, et comme j'ai eu la main heureuse lors de la dernière Masse Critique mauvais genre de Babélio qui me l'a attribué ! Je ne connaissais pas Martin Long, auteur franco-britannique sévissant visiblement depuis une quinzaine d'années dans différents genres d'écritures, dont des romans policiers ancrés en Chine, « un pays qui, à la fois,[le] fascine, [l]'inspire et [le] chagrine » comme on le comprendra en s'attachant aux pas de son personnage récurrent, l'inspecteur Tian Haifeng. Dans cet opus au titre nébuleux à la James Bond, « La mémoire de l'oubli » (diantre !), il nous invite à découvrir à ses côtés un pays en grand écart permanent entre deux rythmes, deux mondes, deux vérités, à la fois nourri et étranglé par son histoire, un pays où l'immensité des paysages n'a d'égal que la multitude de ses habitants, un pays où il est de bon ton de ne pas voir une tête dépasser, surtout si elle ne ressemble pas à toutes les autres, surtout si elle ne raconte pas la même histoire, celle de la gloire d'une nation sans faille qui jamais ne perd la face.
Au fil de l'enquête que mène Tian Haifeng pour en savoir plus sur une morte d'un autre temps à la troublante beauté, on découvre tout un mode de communication aux règles strictes et muettes, un art de vivre et de se taire, de se souvenir mais d'accepter, de rire de soi pour mieux rester digne. N'étant absolument pas une grande connaisseuse de cet état surdimensionné à l'Histoire foisonnante et à la culture complexe, il m'a semblé, grâce à ce roman et à la sensibilité affutée dont Martin Long fait preuve à son égard, me familiariser un peu avec une actualité qui persistait à m'échapper jusque-là : j'en sais désormais un peu plus sur cette mystérieuse « minorité Ouïghour » . Si le style est loin d'en être inoubliable, entravé sans doute par une traduction parfois hasardeuse, le récit est bâti avec rigueur et cohérence, s'articulant en deux parties autour d'un symbolique voyage en train. L'ambiance, en revanche, le climat de tension, la course d'un bord à l'autre de ce pays aux paysages contrastés et aux règles étranges resteront suffisamment dans ma mémoire pour susciter l'envie d'y retrouver très vite l'attachant inspecteur Tian Haifeng.
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Je viens de découvrir cet auteur qui m'a vraiment impressionnée par sa façon de nous transporter dans une Chine encore plus dépaysante que l'idée que nous en avons: celle des traditions toujours vivantes ,celle d'un modernisme sous le joug "dictatorial" d'un pouvoir suprême qui met en scène des mensonges d'Etat pour réécrire L Histoire et l'adapter à son désir de mainmise absolue sur tout un chacun.
S'y affrontent des scientifiques épris de vérité, d'autres habilement contraints aidant les dirigeants dans la persécution du peuple Ouighour insoumis par opposition à la place prépondérante accordée aux Han.
Ce pays est tellement loin de notre Culture que l'on pourrait penser refermer le roman et réintégrer sereinement notre quotidien, mais il n'en est rien pour moi. Je n'ai pas pu m'empêcher de faire des rapprochements avec ce que nous vivons actuellement.....
Très bon roman. Martin Long ,je vais chercher à lire d'autres histoires parmi vos précédentes publications.

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La mémoire de l'oubli est un polar qui nous est proposé par Martin Long. Ce livre est publié aux Editions In Octavo.

Il s'agit de l'un des trois opus mettant en scène le personnage Tian Haifeng, policier à la PJ de Nanjing.

Pour cette aventure, l'inspecteur Tian Haifeng met en péril sa carrière suite à l'étrange découverte d'une momie millénaire dans un champ de tourbière.

Pour une première découverte de Martin Long, je dois dire que j'ai été complètement soufflée. Cet auteur nous transporte avec passion à travers la Chine, un pays qu'il affectionne et qu'il connait bien.

L'intrigue est formidablement bien ficelée et les personnages hauts en couleurs sont extrêmement attachants.

Une heureuse découverte en ce qui me concerne. J'ai déjà commandé un autre livre des aventures de Tian Haifeng et je l'attends avec impatience.
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Equipé de nouvelles chaussures en plastique de la marque les nouilles de Xin Wei, Haifeng descendit dans le fossé. Les sacs en plastique s'enfoncèrent illico dans le sol détrempé. Il aurait lâché un juron en sentant l'eau sale et glacée s'infiltrer dans ses chaussettes, mais dans l'intimité de la tombe, il fut saisi par un sentiment de compassion pour la victime. Attiré par le visage, il s'accroupit puis se stabilisa d'une main sur le bord du trou. C'était le visage d'une femme ─ de ça au moins, il était sûr ─ mais il ne pouvait pas lui donner d'âge. Car si les pommettes saillantes, le nez mince et les sourcils élégamment arqués étaient ceux d'une jeune beauté, la peau tannée et ridée aurait pu convaincre Haifeng qu'elle avait vécu une douzaine de vies.
- Elle est morte, annonça bêtement le paysan alors qu'il regardait dans le fossé par-dessus l'épaule de Haifeng.
Captivé par la femme devant laquelle il était accroupi, Haifeng n'entendit rien. C'était une sensation étrange qu'il n'arrivait pas à définir. Avec un respect inaccoutumé devant un cadavre, il se retint de le toucher.
Le paysan péta bruyamment, faisant sortir Haifeng de sa rêverie. La grotesque émission de gaz intestinal continua et Haifeng secoua la tête pour revenir à la réalité et à une scène de crime. Il ordonna brusquement au paysan de l'aider à sortir du fossé, mais en se redressant, il perdit l'équilibre, glissa dans la boue noire et tomba sur le cadavre.
- Mais quel imbécile ! cracha-t-il en tentant de se lever.
Il glissa sur le cadavre et tomba encore une fois dans la boue. Il jura, sachant qu'il avait salopé une scène de crime et un pantalon propre. Assis dans la tourbe, il ouvrit une main et regarda le contenu, d'abord avec horreur, puis avec incrédulité et finalement avec une explosion de rire.
Elle tombe en morceaux ! Mais c'est un archéologue qu'il nous faut, pas le BSP !
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- Rien n'est privé. C'est pire pour les Ouïghours d'ici. Ils sont régulièrement interpellés par les forces de sécurité en uniforme ou en civil et doivent remettre leur téléphone portable. Vous, la police, vous avez des appareils portables pour lire tous les contenus d'un téléphone. Vous faites ces contrôles directement dans la rue.
- Pas chez moi à Nanjing. Ici, la police cherche quoi ? Des références au terrorisme ?
- Non. Des références à la religion.
- Mais ils sont tous musulmans, les Ouïghours, non ? N'ont-ils pas de textes sacrés ?
- S'ils en ont un sur leur téléphone et qu'ils ont de la chance, le contenu est simplement supprimé. S'ils n'ont pas de chance, ils sont contraints d'être éduqués.
- J'ai vu les écoles bien équipées et la formation professionnelle qu'on leur propose à la télévision nationale.
- Beaucoup ne reviennent jamais de ces soi-disant villages d'union. Ce sont des prisons, Haifeng ─ des camps d'internement.
Mei Hua lui sourit faiblement et haussa les épaules.
Haifeng se rappela qu'il était supposé être dans la région autonome pour s'informer sur les mesures de lutte contre le terrorisme. Etait-ce plutôt les mesures de lutte contre la religion ?
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Elle avait abandonné sa voiture à deux kilomètres de là, derrière une crête escarpée à la lisière du désert du Taklamakan. Elle savait qu'il était imprudent de se balader seule avec une seule bouteille d'eau, mais chaque semaine, elle errait dans le four comme poussée par le désir de mourir. Un mois plus tôt, elle avait passé trois jours au lit avec un coup de chaleur mais était ressortie la semaine suivante pour défier le soleil. Le soleil la séchait, la punissait, mais en même temps ne lui demandait rien, la laissant seule dans ses pensées. Dans le désert, elle sentait parfois que sa douleur était consumée par la chaleur. Peut-être que dans ce lieu de mort, elle pourrait recommencer à vivre, se mentit-elle.
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- Que se passe-t-il Haifeng ? Je viens d'écouter des mensonges. Tout est faux.
- Moi aussi, nous sommes Chinois, Mei Hua. Parfois, nous devons vivre avec deux vérités, le temps que l'une d'entre elles meure.
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Haifeng leva les yeux de la femme et regarda un paysage qui semblait aplati et cloué au sol par un ciel bas et lourd. Comme ils avaient menacé de le faire, les nuages se mirent à déverser des torrents de pluie, reliant terre et ciel avec des cordes d’eau. Des flaques se formèrent rapidement au fond du fossé. Les orbites de la femme se remplièrent puis débordèrent, l’eau coulant comme des larmes sur ses joues. Haifeng essuya les gouttelettes qui ruisselaient le long de ses joues et contempla la scène, stupéfait par tout ce qu’il ressentait.
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