C'est la deuxième enquête d'Irène Huss après «
Un torse dans les rochers ». A ce titre, on retrouve plus ou moins la même forme pour l'enquête (un commissariat avec une hiérarchie qui donne les ordres, une équipe entière qui travaille sur l'affaire, des réunions…) ainsi que les mêmes protagonistes : ses jumelles et son mari cuisinier mais aussi ses collègues. Autant de personnages auxquels on est attachés et qui ont réellement une personnalité même si pour la plupart leur rôle est minime et qu'ils ne servent en général qu'à faire vivre les différents environnements dans lesquels évolue Irène (maison, commissariat…). Comme pour le précédent, on a l'impression que l'auteure insère sa vie et ses propres inquiétudes de mère dans ce roman. Ainsi, elle s'inquiète pour ses filles qui sont adolescentes, dans leurs premiers émois amoureux, qui s'approchent de l'anorexie. Si ça donne un coté réaliste à l'histoire, ces apartés sont parfois trop long, inintéressants et ne semblent surtout pas influer sur les capacités d'Irène à enquêter.
J'ai eu du mal à entrer dans ce livre qui semble ne pas avancer, comme si la complexité de l'énigme nécessitait une mise en place longue et précise des décors, des personnages. Pourtant, l'histoire n'est pas si compliquée que ça si ce n'est la profusion de personnages qui nous sont presque tous présentés d'un coup. Comme on peut s'y attendre, un lecteur français se trouve rapidement perdu lorsqu'on lui envoie une vague de six ou sept noms suédois. de plus, certaines déductions semblent surgir de nulle part, tout comme certaines pensées d'Irène qui sont on ne peut plus étranges. Par exemple, elle est surprise que son chef puisse avoir des cousins, des amis ou encore que l'ex-femme de la victime ait encore du mal à en parler alors qu'elle est décédée de mort violente depuis seulement une semaine…
Au-delà de la forme, l'histoire part très bien : trois meurtres violents (dont celui d'un pasteur), des symboles satanistes retrouvés sur les écrans d'ordinateurs (et donc des coupables tout trouvés) alors que la communauté religieuse semble particulièrement mystérieuse et que la dernière survivante de la famille assassinée est injoignable. Mais les interrogatoires sont incroyablement longs pour un résultat minime, les recherches sur les adorateurs du diable n'avancent à rien et pendant tout ce temps le lecteur est baladé d'un personnage accusé à un autre avec la sensation d'avancer et de reculer en permanence. A cela s'ajoute le fait qu'une enquête secondaire peu intéressante a lieu en même temps, sans lien apparent avec la première ce qui embrouille le lecteur.
En revanche, à partir des deux tiers l'histoire s'emballe et commence à devenir passionnante. Les indices tombent les uns après les autres, les avancées et déductions s'enchainent tandis que les mystères se dévoilent peu à peu avant un final particulièrement étonnant et inattendu. Je pense d'ailleurs que sa fin est le véritable point positif de ce roman. Elle m'a surpris et donné le sentiment de ne pas m'être forcé à lire jusqu'au bout pour rien.
Pour conclure, les fans de romans nordiques qui recherchent du suspense ou cette sensation d'oppression que l'on trouve chez
Stieg Larsson ou
Camilla Lackberg peuvent passer leur chemin. Ce roman semble long tant il n'avance à rien. le thème du satanisme, de la religion et des pratiques occultes qui semble prometteur dans les premières pages est trop peu et mal exploité voir parfois parodique. Seul le final vaut vraiment le détour, c'est d'ailleurs lui qui justifie ma note.