Il était une fois un conte d'
Alexandre Pouchkine.
Un poète, auteur russe du XIVème siècle.
Attention frisson.
Le titre nous en fera voir, mais aussi entendre, avec un livre-cd richement soutenu de la voix du comédien
Denis Podalydès.
L'histoire est tirée d'une mémoire tissée de brins de fumées et de lumière, tendue sur une nuit noire qui accueillera le texte également.
Les illustrations fines et colorées de Etienne Guiol semblent forgées dans le verre, c'est enchanteur.
Nous pressentons le conte de sagesse quand il s'agit d'affrontements guerriers dans un conte et nous n'aurons pas tort.
C'est un conte sur les passions, vivifiantes ou mortelles.
" Tout conte est tissé de mensonge mais n'en contient pas moins quelque vérité", nous dit la morale de fin.
Cela est vrai pour tous les contes en général, pensés un temps pour servir des leçons de vie.
Quelle serait celle de ce livre?
Il était une fois le Tsar Dadon, seigneur fourbu qui en avait justement le dos rompu par la charge, héroïque et administrative, la responsabilité léonine.
Comment veiller à une retraite plus douce et adaptée?
Avec le temps, Dadon n'avait plus l'âge pour confronter les menaces extérieures avec la même vigueur.
Enfin du moins le croit-on, il y aura tout de même une raison qui fera oublier les affres du vieux temps au seigneur. Mais n'allons pas trop vite dans le conte.
Afin d'anticiper et de s'accorder le temps de voir venir, un mage offrit au Tsar un coq qui sonnera l'alerte dès que l'ennemi pointera ses lances dans la ligne d'horizon.
"Pour te remercier de l'appui que tu m'apportes, lui dit-il enthousiasmé, dis-moi ce qui te convient et ton voeu sera le mien...", lui promit le Tsar.
Le mage le fera mais le Tsar se souviendra t-il?
Pour l'heure, notre Tsar ne serait plus tiré du lit avec l'ennemi aux pieds de son édifice.
Il est amusant de voir que l'ennemi venant de l'Orient, selon l'histoire, n'appuyait sa stratégie que sur l'effet de surprise.
C'est qu'il est redoutable le Tsar Dadon.
Et puis un jour, lui aussi, comme d'autres guerriers, croisera la route de la belle Sheherazade...
À la conclusion de la lecture, il est très clair que nous sommes dans le conte de sagesse, il faudra oublier le Merveilleux, son happy end et son baiser de dénouement.
Pouchkine nous réservera le soin de nous faire notre propre idée de ce qui a péché dans l'histoire et ça n'en est pas moins terrible.
L'auteur articule son conte autour d'une pensée virile et peut-être d'un autre temps aussi, posant le pouvoir de séduction de la femme au même rang que celui d'autres pouvoirs de discorde.
Cela nous ramène à d'autres mythes tel que celui du Roi David des récits bibliques qui perdra le Nord et le bon sens devant la passion dévorante.
L'histoire se déroule comme une bobine de fil, accompagné des musiques de Nicolaï Rimski-Korsakov et les personnages tombent sous l'épée les uns après les autres.
Gloups.
Un conte qui ne restera pas gravé dans ma mémoire mais qui fait plaisir à découvrir.
A réserver à un jeune public à l'aise avec la lecture, avec la hauteur des récits métaphoriques.