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EAN : 9782918113072
Lieux-dits, coll. Duos (01/01/2012)
5/5   2 notes
Résumé :
Il a cet homme si vieux et si ridé assis sur une chaise depuis bientôt cent ans, il y a son corps inerte devenu gris aussi, son regard immobile qui fixe l’horizon, ses veines à peine bleuies et la maigre raideur, sa lente respiration qui comme lui se consume, les cendres de cigarettes qui tombent à ses pieds, on a cette impression de voir une statue, un homme pétrifié d’attente ou de douleur, le visage d’enfant ravagé par le temps, l’écorce de ses tempes et la chale... >Voir plus
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Loin l'autre, et parfois inconnu,
je pensais avec les oiseaux en vol.
Hier nous n'avons pas même échangé nos noms,
alors que chacun s'en est allé se souvenant,
emmenés l'un, l'autre, par l'avancée de la nuit,
dans la pratique de la langue étrangère.
Je dois retourner aux jours habituels –aux rêves
peut-être–, quelque temps encore avec vous.

Et lorsque déjà lointain le souvenir d’une voix,
d’un regard émeraude ou d’océan profond,
je commence à errer dans la ville endormie
aux aguets, impossible de vous désembusquer,
la nuque sensuelle d’une foule avançant
déçoit mes attentes et creusent l’envie.
Je vous cherche en vain, vous que je ne connais guère,
et lutte contre l’imposture d’un autre que vous.

J'avais alors volé sa moisson d'été,
j'avais ensuite imprimé sa face de lumière.
–Vous m'avez rappelé un village commun :
Mais dites-moi vous étiez alors adolescente !
Et vous, vous, allez voir le large fleuve rose.
Et vous, vous, les cent ponts sur l'Oder.
Si loin, vous tous que je sais exister,
à mon côté, qui m'accompagnez, toi, vous.

Les villes s’effaçaient au cours notre voyage
dans des langues impossibles que tu improvisais
aux frontières polonaises où vous ne saviez plus
s’il valait mieux rire ou désespérer.
Je te disais « mon cher » et tu me regardais
quand le soleil entrait par la fenêtre,
tu avais vingt ans dans la poussière du soir
quand vous iriez demain pleurer sur vos aïeux.

Regarder alors les verts par-delà le vitrage,
un rose de laurier s'est glissé dans la soie.
On ôte des épaules les moissons dorées, et
à peine plus tard les bleus au désir des abeilles,
champs nus, douceurs et parfums en souvenir.
La saison chaude laisse encore des peaux dorées
quelques jours au regard amoureux des jours
aux aguets pour toute survenance de glaïeuls.

Revenir dès lors ne sera pas facile,
les années et le temps nous regardent immobiles
et se moquent de nous voir remonter la rivière,
arrachant pas à pas les feuilles d’un vieux carnet,
où ensemble nous avions tracé l’itinéraire
d’une passion passagère qui aurait dû s’achever
au matin délicat d’une nuit orageuse,
un été fort lointain de mille neuf cent soixante-douze.

Loin l'autre, l'ami et son histoire
chargée de l'Histoire à peine achevée.
Le Sage de Pologne emporté par le banal,
Le poète de Palestine enlevé par le cœur1.
L'autre et parfois l'inconnu que nous portons
en effigie et dont la phrase prononcée
responsabilise les lèvres, allège la marche
cependant qu'encore une guerre s'est déclarée.

Les serments inutiles se brisent sous le poids
des pierres gorgées de pluie qui tombent
et brisent les charpentes d’un peuple en émoi.
Les livres sont brûlés et seul le Poète
pourrait risquer sa vie pour sauver la parole
d’un poète ennemi qu’une langue sépare.
Des cendres et des mots recouvrent le pays
d’une neige de silence. …
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Un Œil Sur... Samantha Barendson © Vidéo réalisée par Le Petit Bulletin et la ville de Lyon à l'occasion du Printemps des poètes.
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