Enfin.
Robin, premier tome de la présente trilogie avait quelque peu refroidie mon enthousiasme à accompagner le rusé hors-la-loi dans une nouvelle tentative de faire triompher le bon droit face aux vils envahisseurs Ffreincs. Car faut-il le rappeler ici point d'anglo-saxonnes querelles, mais des envahisseurs Normands face à des résistants Gallois.
Un de ces gallois en particulier retient ici l'attention. C'est du fond de sa geôle qu'il présente le combat qu'il mène au service de Rhi Bran ap Brychan, l'héritier du royaume d'Elfael. Cet homme, c'est Will Scatlocke que les Ffreincs rebaptisent Écarlate tant son patronyme écorche leur langue. Will est issu d'une famille de forestiers sous les ordres d'un autre roi gallois. Monarque mort d'avoir voulu protéger ses terres plutôt que de jurer allégeance au nouveau pouvoir comme d'autres. Ayant tout perdu et refusant de courber l'échine, c'est guidé d'une rumeur parlant d'un mystérieux Roi Corbeau l'Enchanteur – Rhy Bran ap Hud – qu'il s'enfonce dans la forêt inviolée de Coed Cadw. Il rejoint les Cymri misérables dans leur difficile combat.
Tout ceci, ainsi que les aventures exceptionnelles qu'il a vécu auprès de ses compagnons, c'est lui qui les raconte. du fond de sa cellule, il se livre au scribe Odo – serviteur du vil Abbé Hugo. Un jeu s'engage entre les deux hommes : Will sait que sa confession tresse peu à peu la corde qui va le pendre. Mais trainer en longueur pourrait lasser l'écrivain et son maitre et le conduire tout aussi vite à être exécuté. Les enjeux de ce monologue : Connaitre toute l'histoire du Roi Corbeau et son implication dans le vol de précieux objets lors d'une embuscade. Objets si précieux qu'ils accentuent la lutte en Ffreincs et Cymri. Mais le réponse à de tels emportements ne jaillira-t-elle pas de cette complicité nouvelle qui née peu a peu au fond d'une prison entre un condamné et son " confesseur " ?
Enfin donc. Enfin Stephen Lawhaed choisi de prendre un point de vue particulier pour poursuivre son récit. Introduisant Will Écarlate in média res, racontant les péripéties qui ont conduit à sa capture. Ce procédé – qui alterne dans le récit avec la traditionnelle exposition extérieure du tome précédent – implique l'auteur et ainsi, implique le lecteur. Basculant de profondeurs des basses-fosses des aventures de nos rusés gallois aux hauteurs des méandres de la politique normande, le récit étend enfin ses ailes. Tel un Roi Corbeau. On peut cependant regretter parfois son manque d'envergure. Mais reconnaître que
Lawhead a su relancer mon intérêt pour cette évocation originale de l'histoire de Robin des Bois et de ses compagnons. Car qu'advint-il de Will après qu'il eût livré ses aveux ? Ce sera à vous de le découvrir...
... Avant de vérifier si ce récit tient ses promesses jusqu'à sa conclusion au tome trois...