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EAN : 9781021005083
384 pages
Tallandier (03/03/2017)
4.21/5   7 notes
Résumé :
Galère, bagne, garde-chiourme, taulard. Le vocabulaire d’aujourd’hui garde la trace d’une histoire de plusieurs siècles et symboliquement achevée lorsqu’en 1953 les derniers forçats sont rapatriés de Guyane.
C’est aussi l’époque où s’applique l’ordonnance de 1945 relative à l’enfance délinquante qui clôt un processus de lente disparition des maisons de correction pour enfants.
Et c’est encore le temps où, de manière définitive, disparaît « Biribi » qui... >Voir plus
Que lire après Le temps des bagnes : 1748 - 1953Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Dès l'Ancien régime, la méthode judiciaire était on ne peut plus simple et se résumait à un seul mot : répression. Et dès le XVIIe siècle, l'idée de regrouper les condamnés pour les punir et les utiliser comme main d'oeuvre docile et peu coûteuse est apparue comme une solution. Écarter les malfrats de la société et en tirer profit ! D'où l'apparition de bagnes portuaires à Brest, Rochefort et Toulon. Puis histoire de repousser encore plus loin ces indésirables, on les envoie dans les colonies : principalement la Nouvelle-Calédonie et bien sûr la Guyane. Sans oublier les bagnes d'enfants qui parsèmeront le territoire, sous couvert d'éducation, et les bagnes militaires qui resteront gérés par l'armée et ce, quel que soit le régime en place durant leurs deux siècles d'existence. Michel Pierre retrace avec précision le processus qui a amené à cette situation où des milliers d'hommes, de femmes et d'enfants ont laissé la vie ou été brisés à jamais. Et la difficulté de les faire disparaître. Car les mentalités ont bien du mal à évoluer. Et malgré la bonne volonté de quelques-uns, le tout-répressif a longtemps été la seule et unique règle. Et pourtant une grande part des condamnés avaient pour principal tort d'être pauvre : le vagabondage pouvait en effet vous envoyer au bagne. Et un enfant laissé à la rue se retrouvait quasi automatiquement dans une maison d'éducation correctionnelle, où le mot correctionnelle est beaucoup plus important qu'éducation. On évitait en effet de trop leur apprendre de peur qu'ils visent trop haut par la suite. Et ces enfants se retrouvaient à travailler plus de 10 heures par jour, avec une nourriture souvent insuffisante, des conditions d'hygiène déplorables dans un système pénitentiaire odieux. Faisant d'eux des clients pour les autres bagnes destinés aux adultes. Non sans émotion, l'auteur retrace deux siècles d'un système pénitentiaire à sens unique et dont la disparition est très récente. Multipliant les anecdotes et les histoires édifiantes, il nous montre l'absurdité d'un tel système qui finalement obtint souvent des résultats contraires aux ambitions. Un grand livre d'histoire sur un pan important et essentiel de l'histoire de France.
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Un récit très complet et très documenté sur l'évolution historique des bagnes français depuis le XVIIIème siècle à aujourd'hui.
Il est intéressant de voir que progressivement la psychologie, l'éducation et la compassion prends progressivement du terrain face à l'humiliation, le mépris et l'oubli de ces êtres humains dont la peine très souvent exagérée juridiquement, expéditive géographiquement et inhumaine selon notre regard contemporain.
La société s'organisait pour mettre ces très nombreux bagnards hors de son champ de vision et de son fonctionnement par des méthodes antiseptiques qui les reléguaient dans des lieux isolés et très lointains. J'apprends que c'est une spécificité française au regard de l'observation qui en est faite par de nombreux autres pays à toutes les époques.
Les références littéraires, artistiques et cinématographiques donne au livre une source d'intérêts donnant au lecteur l'envie de poursuivre ses connaissances sur le sujet.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
En à peine une vingtaine d’années (1792-1814), la Révolution et l’Empire de Napoléon sont le Moloch qui dévore des générations entières. Toujours plus de jeunes gens connaissent toujours plus de champs de bataille, jusqu’au desastres des campagnes d’Espagne et de Russie et à la défaite finale de Waterloo. On peut évaluer à environ un million les militaires morts en campagne lors des guerres de Révolution et de l’Empire. Une hécatombe d’hommes jeunes même au regard d’une nation estimée à 30 millions d’habitants en 1810 (l’Empire russe en compte, à cette date, 43 millions et l’Angleterre, 11 millions). Le retour des Bourbons se fait à la tête d’une France épuisée où le fait militaire domine l’esprit de tous, où le héros et le lâche, le survivant et le disparu, le grognard et le déserteur deviennent les personnages récurrents de légendes familiales, de récits colportés par écrit ou oral, et bientôt de romans.
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Les jurés sont particulièrement sévères avec les domestiques et journaliers indélicats envers leurs employeurs. Dérober du blé chez le fermier qui vous a engagé vaut au minimum cinq ans de travaux forcés. Un simple vol peut mener à huit ans de bagne, même pour un butin dérisoire. C’est par exemple, le nombre d’années de travaux forcés prononcé contre Pierre Aubugeault, matricule 8356, parti pour Rochefort en 1819 pour « vol d’écheveaux de fils et d’une serrure de clos de vigne ». Et tel autre est condamné en 1832 à cinq ans de travaux forcés pour le vol « d’une chaine de fer et de deux chaines de puits dans un enclos dépendant d’une maison habitée ».
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…Congrès pénitentiaire international de Stockholm en 1878...….Juristes, criminologues, élus, directeurs de prisons de l’ensemble du monde occidental s’interrogent sur ce qui peut pousser un délinquant à récidiver. L’influent juriste autrichien Wahlberg y affirme que chaque « perpétration tenace du même acte à de courts intervalles et à chaque occasion qui se présente » relève de « la pression physique et morale de la volonté dégénérée ». Il explique que « le délit d’habitude est l’expression d’une dépravation physique et morale fondée sur la vie précédente du criminel, et se maintenant dès lors avec ténacité ».
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Il faut aussi pratiquer cette langue qui a tant fasciné les administrateurs et voyageurs au bagne ainsi que journalistes et écrivains (Hugo, Balzac, Eugène Sue…) : l’argot. Vidocq en fit un dictionnaire, Clément un répertoire et Hugo une définition : « Epouvantable langue crapaude qui va, vient, sautèle, rampe et se meut monstrueusement dans cette immense brume grise faite de pluie, de nuit, de faim, de vice, de mensonge, d’injustice, de nudité, d’asphyxie et d’hiver, plein midi des misérables. »
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Vidéo de Michel Pierre
Michel Pierre vous présente son ouvrage "Histoire de l'Algérie : des origines à nos jours" aux éditions Tallandier. Entretien avec Christophe Lucet.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2744332/michel-pierre-histoire-de-l-algerie-des-origines-a-nos-jours
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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