Ludvig Holberg se révèle piquant et dénonce son époque en détaillant les moeurs des habitants souterrains. Il arrive que les coups poertés sonnent encore juste aujourd'hui, ce qui donne sa modernité à un texte qui comporte aussi quelques longueurs.
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Plus instruit, mais pas plus riche, je n’en dus pas moins vivre quelque temps des subventions de mes parents et de mes proches. Même un peu mendiant pour l’heure, je refusai de passer mon temps à ne rien faire ; et pour approfondir mes connaissances dûment acquises en sciences physiques, je décidai d’examiner de plus près la physionomie du pays et de son relief, et commençai dès lors à errer aux quatre coins de la province. Pas de rocher trop escarpé que je ne tente d’escalader ; pas de crevasse assez profonde et sinistre que je ne veuille explorer : pourquoi n’y trouverais-je pas de quoi nourrir l’attention et les hypothèses d’un érudit en sciences de la Nature.
En l’an mille six cent soixante-quatre, lorsque j’eus passé mes examens à l’université de Copenhague et obtenu la mention laudabilis en théologie comme en philosophie, je fis mes préparatifs pour retourner dans mon pays natal, et embarquai à destination de Bergen, en Norvège. J’étais pourvu de certificats excellents, mais dépourvu d’argent, sort commun à la plupart des autres étudiants norvégiens qui, en général, reviennent la bourse plate du Temple des Muses. Le vent nous était favorable, et après six jours d’une paisible navigation, nous arrivâmes à Bergen, ma ville natale.
Je compris aussi, et plus clairement encore, combien se trompent ceux qui admettent la nécessité de certains vices parmi les mortels qui croient que la colère aiguise la force que l'émulation produit l'industrie, et que la défiance est la mère de la prudence; car qui ne sait, que d'un mauvais œuf il ne peut naître qu'un mauvais corbeau, et que plusieurs qualités dont les humains s'enorgueillissent, et que nous célébrons dans nos vers, sont plutôt des sujets de honte que de gloire, si on les regarde avec les yeux d'un philosophe.
La folie est à l'égard de la société ce qu'est la fermentation à l'égard de l'estomac : le trop, ou le trop peu de fermentation nous cause des maladies.
Gardez-vous, me dit-il, de toute personne qui vante sa propre vertu, et surtout de ceux qui se donnent au diable pour vous en convaincre.