Lelouch (Claude), retenez bien ce nom... : Petite histoire d'une incompréhension critique

Tout d'abord un merci à Masse Critique pour l'envoi de ce livre. Et comme il s'agit d'une opération un peu particulière je commencerai une fois n'est pas coutume par quelques mots sur l'objet livre lui-même des Editions Ocrée.
Les caractères sont grands, particulièrement agréables à lire. Papier d'une jolie blancheur et format qui permet de le tenir en main avec facilité (ou sur une table sans devoir se "battre pour le garder ouvert). Quelques ilustrations noir et blanc ou couleur évoquant les images sur pellicule de quelques films de Lelouch.
Il aurait peut-être été intéressant de se plonger - replonger dans la filmographie de Calude Lelouch avant de lire l'ouvrage. Mais manque de temps oblige on peut cependant très bien y trouver intérêt avec nos seuls souvenirs de films.
Bruno Lavillatte aime Lelouch et il s'attache au fil des pages à expliquer cette "petite histoire d'une incompréhension critique".
C'est parfois un peu "technique" et l'auteur ne fait pas un panagéryque énamouré de l'oeuvre du réalisateur. Il construit un raisonnement, une approche. Mais ce n'est pas que technique car on ressent un souffle, une vie, un élan...comme dans un film de Lelouch. Et c'est cet élan qui marque me semble-t-il plus encore que les arguments.
Que l'on aime ou non Lelouch, comme d'autres cinéastes, Bruno Lavillatte a raison de décrypter le désamour de la critique et de rendre au réalisateur ce quand même le cinéma lui doit. Lelouch a aimé, aime et continuera d'aimer le cinéma. Et c'est le plus important.
"Lelouch (Claude), retenez bien ce nom" n'est pas le meileur livre sur le cinéma qui soit, Mais il a sa petite particularité qui mérite que l'on s'y arrête.

Bruno Lavillatte tente d'expliquer le désamour dont est victime Claude Lelouch de la part de la critique.  Ce livre m'a été transmis par Babelio que je remercie ici.

Bruno Lavillatte a écrit cet essai ,"Lelouch retenez bien ce nom", dans lequel, non sans mal, en s'appuyant en grande partie sur les déclarations de Claude Lelouch lui-même, il analyse les éléments de son art qui pourraient avoir créé ce rejet des critiques.
Le style Lelouch, s'il en est un, tournerait d'abord et surtout autour de l'amour ; l'amour de la vie, des gens, des femmes, et aussi des sentiments. Mais pas que...Ajoutez à cela un réalisateur épris de réalisme qui mise toute son oeuvre sur le rôle de sa caméra, "objet technique surinvesti, totalement en prise avec quelque chose de quasi métaphysique"(p.76)
Bruno Lavillatte décortique toute l'oeuvre de Lelouch, et ses déclarations, jusqu'à en faire une philosophie.
À force de couper les cheveux en quatre, j'ai eu du mal à m'en faire une synthèse claire.

Néanmoins, "Lelouch ayant tout le monde contre lui, sauf le public", avis que je partage, je garde quelques concepts de cette analyse:
- Lelouch propose le bonheur comme solution; cette vision des choses est insupportable à une certaine critique (p.37)
- "Le mélange du rationnel et de l'irrationnel, c'est ce que certains aiment et d'autres détestent, en particulier certains critiques" (p.57)
- "chaque film est le brouillon de celui d'après" ce qui est insoutenable pour la critique traditionnelle. Cela explique qu'aucun film n'est réellement fini.(p.72-73)
- "Ce que j'ai voulu filmer toute la vie, c'est la spontanéité. C'est mieux que la vérité ". Il s'en suit que "souvent la critique ne sait pas par quels bouts appréhender un film de Lelouch" (p.142, 143)

Aussi fouillé et complet qu'il soit, ce livre essaie à corps perdu de prouver quelque chose d'indéfinissable pour expliquer ce rejet de la critique vis à vis des films de Lelouch, et je me suis souvent noyé dans ce labyrinthe de citations.

Cet essai consacré à l'approche cinématographique de Claude Lelouch s'adresse à un public érudit. Son propos est dense, émaillé de nombreux extraits d'interviews de Lelouch et de questionnements philosophiques sur ses choix, sa façon de travailler.

Cet essai se lit comme on suivrait une conférence qui nous plonge dans le processus de création d'un grand cinéaste français.

Bruno Lavillatte, ancien professeur de philosophie qui aime sortir d'une vision conformiste, offre un portrait brillant du travail de Claude Lelouch. À coup sûr, les fans du réalisateur se délecteront de chaque chapitre. Pour les novices comme moi, c'est surtout un sujet de curiosité et une longue liste de films à découvrir pour saisir toutes les tenants et aboutissants de cet essai.

Je retiendrais cette citation : « À la question, « qu'est-ce que le cinéma ? », la réponse de Lelouch est à la fois simple et complexe. Simple, car le cinéma c'est la vraie vie où hasard et coïncidence se joignent à elle pour donner sens à une existence qui ne voyait pas le bout d'elle-même. ».