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EAN : 9782823605389
304 pages
Editions de l'Olivier (07/04/2016)
4.24/5   146 notes
Résumé :
Un jour de janvier 1996, dans un village du Nigeria, quatre frères profitent de l'absence de leur père pour pêcher au bord du fleuve interdit Omi-Ala.
Le sorcier Abulu, qui les a vus, lance sur eux une terrible malédiction : l'aîné, Ikenna, mourra assassiné par l'un de ses frères.La prophétie bouleverse les esprits, et hante la famille jusqu'au dénouement tragique.
Avec cet admirable récit dans lequel le tempo du conte africain accompagne la peinture d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (48) Voir plus Ajouter une critique
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Où l'on assiste à la longue et inexorable descente aux enfers d'une famille nigériane : quatre frères : Benjamin (le narrateur), Ikenna, Boja, et Obembe, profitent de l'absence de leur père, représentant incontestable de l'autorité dans la famille, pour aller pêcher dans le fleuve interdit Omi-Ala. Au cours d'une de leurs parties de pêche, ils croisent Abulu le fou, personnage malfaisant, qui s'adressant à Ikenna, l'aîné de la fratrie, lance un malédiction : Ikenna mourra de la main d'un de ses frères. Cette prophétie va bouleverser la famille, d'autant plus que les prédictions du fou semblent connues pour se réaliser. Et l'on assiste au morcellement d'une fratrie précédemment unie, à la déchéance d'une famille dans un pays où les malédictions, prophéties et autres sortilèges ont la vie dure.

Ce roman constitue un excellent ouvrage pour étudier le profil psychologique de personnages. il conduit à analyser une action de départ et ses conséquences, s'interroger à propos de ces gens qui se prétendent capable de voir l'avenir, montrer comment on se forge une destinée à partir de faits qui nous conditionnent et peuvent nous amener à agir en fonction d'une réalité que nous nous créons et sur laquelle nous finissons par n'avoir plus aucune prise. C'est sans doute cela le destin.

Les personnages au cours du roman, délivrent chacun leur vérité et présentent des différences bien marquées qui les rendent très intéressants :

Le père, autorité incontestable, aux principes sur lesquels on ne revient pas,
La mère, qui agit en accord avec les lois du patriarche, garde tout de même sa personnalité et ses convictions. Personnage à la personnalité affirmée, avec ses points forts et ses faiblesses, avec son âme de mère qui ressent les soucis de ses enfants au plus profond d'elle même.

Les frères dont on observera l'évolution du comportement en fonction des événements qui surviennent dans le roman chacun ayant sa propre sensibilité.

Abulu le fou, personnage répugnant et immonde qui possède intérieurement certainement plus de bestialité que d'humanité, et néanmoins fascinant.


Ce premier roman de Chigozie Obioma est très bien écrit et c'est un pur plaisir de déguster ce texte. j'ai eu parfois l'impression de retrouver la plume de Yasmina Khadra. Je vous conseille cette pépite qui fera assurément partie mon top 10 de l'année !
Lien : http://1001ptitgateau.blogsp..
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Akure,Nigéria.
Ikenna(15), Boja(14),Obembe(11), Benjamin, le narrateur (9) ,David (3) et Nkem(1), cinq frères et soeur Igbo, y mènent une vie de famille soudée et disciplinée. Janvier 1996, leur vie bascule. Leur pére qui travaille à la Banque Centrale est muté à l'autre bout du pays, et ne peut y emmener sa famille. Le pére parti, profitant aussi de l'absence de la mère qui travaille, les quatre aînés , à la sortie de l'école, vont pêcher à la rivière,un endroit mal fréquenté qui leur est interdit.......une activité qui va leur être fatale. Une mauvaise rencontre qu'ils vont y faire, va radicalement changer leurs relations et leurs futurs......
Pourtant , le pére qui rêve grand pour ses fils, apprenant leurs activités clandestines, suite à une lourde sanction, leur sermonne d'en faire un usage positif : "...même ce que vous avez fait était mal,cela prouve qu'une fois de plus que vous avez le courage de vous lancer dans des entreprises aventureuses.Cet esprit aventureux,c'est l'esprit des vrais hommes.C'est pourquoi, à dater de ce jour, je veux que vous canalisez cet esprit vers des entreprises plus fécondes. Je veux que vous soyez des pêcheurs d'un autre ordre.".....mais le mal est fait......l'effet boule de neige est enclenché....trop tard rien ne pourra plus changer le cours des choses....

Un roman puissant sur la fraternité,sur l'Afrique, ses coutumes,sa spiritualité et ses superstitions, sur une vie où on n'échappe pas à la fatalité,à son destin. Une fatalité dans le cadre d'une situation économique et politique versatiles ( dépréciation de l'unité monétaire,pénuries, guerre civile......) et des conséquences désastreuses des agents météorologiques (pluie,sécheresse...)
Superbement écrit (lu en v.o.),l'auteur jongle entre trois langues. Dans la famille, les parents parlent leur langue d'origine l'Igbo avec les enfants, alors que ces derniers entre eux parlent Yoruba,la langue d'Akure. L'anglais la langue officielle du Nigeria, uniquement parlée avec les étrangers,est la langue des prières et des châtiments que la mère utilise dans des situations graves, "cette langue qui a le pouvoir de creuser des cratères entre vous et vos amis et parents...". La prose est fluide,l'anglais trés raffiné et précis.
Ce premier roman que son jeune auteur lui-même définit comme "une tragédie igbo"(l'ethnie dont il est issu) était un des finalistes de Man Booker Prize 2015, ce qui lui a permit d'être propulsé au devant de la scène littéraire .
Vive la littérature nigériane ! Jamais déçue ,que des perles ! Ne passez pas à côté, en un seul mot,c'est Magnifique !
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Se référant au premier fratricide de l'histoire des hommes, Cain et Abel, et le transposant, puisque toute tragédie a lieu d'être quelque soit la civilisation, dans un village Igbo près d'Akure, ville du sud-ouest du Nigéria, dans un milieu catholique, Chigozie Obioma fait parler un des cinq frères. Ce sont des chenapans, ils décident de braver les interdits, en particulier d'aller vers la rivière dite maudite où ils décident, en se cachant et avec des cannes bricolées, de pêcher de petits poissons… uniquement pour le faire.
Le père représente l'autorité, c'est un aigle, un roc, un modèle ; il fouette ses enfants s'ils désobéissent, mais il est nommé dans une autre ville : Ben dit que leurs malheurs ont commencé lors de son départ.
Un sorcier fou se rapproche, et lance ses malédictions.
Tout le livre reprend le meurtre du fils ainé par son frère plus jeune, sa mort, et les innombrables péripéties faisant suite à ces premiers drames.
L'auteur fait référence plusieurs fois au livre de Chinua Achebe : « le monde s'effondre », avec le sacrifice, demandé par les esprits, du fils adoptif par le père Okonkwo.

Et puisqu'il ne s'agit plus, après leur mort, de jalousie comme ce qui dresse l'un contre l'autre Ikenna, l'ainé et Boja le second, mais qu'il s'agit de vengeance contre cet esprit du mal, la référence biblique change. Il s'agit de David et Goliath, les faibles enfants contre le sorcier qui les nargue.

Tragédie universelle, que ce premier livre de Chigozie Obioma rapporte, avec la prise de conscience peu à peu du narrateur Ben, dont nous apprenons dès le début du livre qu'il a 9 ans au moment des faits. A chaque chapitre, Ben compare l'un ou l'autre membre de sa famille à un animal, expliquant par-là ses agissements et son destin.
Car il est question de destin, les prophéties du fou au double visage, comme deux démons jumeaux (deux frères ?) prenant possession de l'esprit d'Ikenna, avec les conséquences s'en déroulant.
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Chigozie Obioma est réellement un conteur hors pair. Il nous décrit le Nigéria des années 90 sous la dictature du général Abacha (autoproclamé en 1993), ses ethnies diverses (principalement Igbos, Yorubas et Haoussas) regroupées contre toute logique dans un même pays, sa conjoncture particulièrement instable entre révoltes, luttes intestines entre les différentes communautés et pauvreté, mais surtout il nous raconte l'histoire de la famille Agwu, d'origine Igbo habitant Akure, et de ses quatre aînés Ikenna, Boja, Obembe et Benjamin (le narrateur). C'est une histoire tragique qui explore avec génie l'un des nombreux tours que nous joue notre cerveau.

Ikenna, l'aîné de la famille, croise un jour le chemin d'Abulu le fou qui lui fait une prophétie alors que ses frères et lui rentrent d'une partie de pêche au bord du fleuve Omi-Ala réputé maléfique. Abulu est impressionnant dans son rôle de prédicateur et ses prophéties sont particulièrement prises au sérieux dans la ville "On se mit à considérer ses visions comme inéluctables, à voir en lui l'oracle du télégraphiste du destin. Dès lors, à chacune de ses prédictions, ses destinataires étaient si convaincus de son inévitabilité qu'ils faisaient tout pour y échapper." En faut-il beaucoup plus pour influencer Ikenna ?

Sans doute nous croyons être maître de notre destin, nous croyons pouvoir faire la part des choses entre conte et réalité mais les dernières découvertes en neurosciences l'on montré, c'est sans compter sur le pouvoir de notre inconscient. Ce dernier est souple, en constante adaptation. Il suffit d'y croire, même un tout petit peu, et une prophétie peut agir comme un venin qui s'instille au plus profond de l'inconscient et le pousse à tout mettre en oeuvre à votre insu pour que la prédiction se révèle exacte. Cela offre un regard nouveau et passionnant sur le côté inéluctable ou non du destin.

Le récit de Chigozie Obioma est pur, logique, structuré à la perfection : les graines du malheur ont été semées et on les voit germer implacablement au fil des pages, rien ne vient bouleverser le long cheminement du poison qui fait son chemin à travers les artères de tous les membres du corps familial. La famille dans son entier doit affronter un mal invisible et personne ne sait si elle s'en relèvera. C'est bien simple ce roman est organisé comme un thriller : on se demande jusqu'au bout ce qu'il va bien pouvoir advenir de la famille Agwu et de ses enfants. Une très belle réussite.
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Ce roman a la puissance d'une tragédie Antique. Tous les ingrédients y sont : l'oracle, le destin terrible vers lequel on se précipite en pensant lefuir, la force des émotions,les déchirements familiaux, les devoirs et engagement cornéliens...Le décor est cependant contemporain (années 90) et le drame se déroule au Nigeria. La langue est double comme les aspirations du père : l'anglais,langue officielle du pays mais surtout celle qui représente l'éducation occidentale convoitée pour ses fils afin d'atteindre l'avenir glorieux qu'il espère pour eux. L'yoruba la langue d'Akure, celle qui relie aux racines, aux valeurs familiales,aux coutumes. Les acteurs de ce drame sont principalement quatres jeunes frères,leurs parents et Abulu, le fou du village mais aussi celui dont les prophéties se réalisent. Alors que ,comme tous gamins dignes de ce nom, les quatres frères enfreignent un interdit en allant pêcher au bord du fleuve,ils croisent Abulu qui leur assène la terrible malédiction. C'est alors l'entrée dans la spirale infernale. Bien que les thèmes abordés dans ce roman soient universels: les liens familiaux, les interdits, la superstition, la violence, l'éducation; l'écriture est vraiment représentative de la littérature africaine. Les paraboles se succèdent, les proverbes et dictons jalonnent le quotidien, les métaphores servent de support à l'éducation et aux messages primordiaux. Mais c'est aussi le rapport au monde qui diffère de la pensée européenne. Cette lecture m'a bousculée, obligée à sortir de mon paradigme . Cela n'a pas été une lecture facile pour ces raisons mais également parce que la violente destruction qui s'opère et pulvérise cette famille est réellement bouleversante.
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critiques presse (2)
LaLibreBelgique
02 juillet 2017
"Les pêcheurs" est un roman d’apprentissage qui magnifie la fraternité. Une écriture gorgée de vie, une construction intelligente, une trame puissante lui ouvrent les portes du cercle des talents à suivre.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
LaPresse
12 août 2016
Un livre vibrant et émouvant. Parfois drôle, souvent surprenant, mais toujours d'une grande humanité.
Lire la critique sur le site : LaPresse
Citations et extraits (24) Voir plus Ajouter une citation
A fe f ko le fe ko
man kan igi oko

Osupa ko le hon ki
enikan fi aso di

Oh, Olu Orun,
eni ti mo je Ojise fun

E fa orun ya,
e je ki ojo ro

Ki oro ti mo to
gbin ba le gbo

E ba igba orun je,
ki oro mi bale mi

Ki won ba le gbo.

-----------------------------------------------

Comme le vent ne peut pas souffler
sans effleurer les arbres,

Comme personne ne peut masquer le clair
de lune avec un drap,

Oh père de l'armée
dont je suis un oracle,

Je t'implore de déchirer les
cieux et de verser la pluie

Pour que les plantes
que j'ai semées puissent vivre

Mutile les saisons pour que
mes mots respirent,

Et qu'ils portent leurs fruits.
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Elle cessa de parler, et ainsi débuta le silence qui allait engourdir son monde tout entier. À dater de ce moment, elle resta à la maison, assise, silencieuse, fixant le vague d'un regard fou. Quand notre père lui parlait, elle se contentait de le dévisager comme si elle n'avait rien entendu. Naguère, cette langue à présent pétrifiée produisait des mots comme les champignons produisent des spores. Quand elle était agitée, les mots surgissaient de sa bouche comme des tigres, et coulaient comme une fuite d'un robinet cassé quand elle était calme. Or, après ce soir-là, son cerveau devint un réservoir de mots dont aucun ne filtrait ; ils gelaient dans son esprit.
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A chaque ballon détruit, nous nous cotisions pour en acheter un autre - tout le monde sauf Kayode qui, issus de cette frange indigente de la population qui proliférait dans la ville, ne pouvait se permettre de dépenser le moindre kobo. Il portait souvent un short déchiré, usé jusqu'à la corde, et vivait avec ses vieux parents, chefs spirituels de la petite Eglise apostolique du Christ, dans un bâtiment à un étage resté inachevé, situé dans le virage qui menait à notre école. A défaut de contribution financière, il priait pour le ballon, demandait à Dieu de nous aider à garder celui-ci plus longtemps en l'empêchant de sortir de la clairière.
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Il était de tradition de franchir le seuil de la nouvelle année dans le cadre d'un office religieux, et tout le monde s'entassa dans la voiture de notre père pour aller à l'église, qui était bondée au point que des fidèles demeuraient à l'entrée ; tout le monde allait à l'office ces soirs-là, même les athées. C'était un moment lourd de superstitions : on craignait l'esprit maléfique des mois en "-bre" qui luttait bec et ongles pour empêcher les gens de franchir le cap du Nouvel An.
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J'ai entendu dire que lorsque la peur prend possession d'un cœur, la personne s'en trouble affaiblie. On aurait pu le dire de mon frère, car, lorsque la peur prit possession de son cœur, elle le dépouilla de bien des choses : sa sérénité, son équilibre, ses relations, sa santé, et même sa foi.
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Videos de Chigozie Obioma (6) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Chigozie Obioma
Apprendre à lire comme un écrivain • Le parcours de Chigozie Obioma Le 21 janvier les Artisans de la fiction et la Villa Gillet recevaient Chigozie Obioma, romancier nigérian. Son premier roman « Les pêcheurs » a été finaliste du prestigieux Booker prize en 2015 puis traduit en 27 langues. Chigozie Obioma est également professeur de littérature africaine et de creative writing à l’Université Nebraska-Lincoln.
À l’occasion de la sortie de son nouvel ouvrage « An orchestra of minorities / La prière des oiseaux » nous l’avons interrogé sur son apprentissage de l’écriture, au sein d’un MFA (master of fine arts) américain et sur les techniques de narration qu’il enseigne à son tour à ses étudiants.
En effet, Chigozie Obioma enseigne aussi bien à de futurs écrivains qu’à de jeunes élèves. Son approche se distingue donc entre deux publics bien distincts : ceux qui souhaitent faire de l’écriture leur carrière et ceux qui veulent simplement maîtriser les bases de la narration littéraire.
Dans cette interview exclusive il partage avec nous son parcours en tant qu’apprenti écrivain et ses méthodes de professeur d’écriture.
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