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EAN : 9782246853930
192 pages
Grasset (03/06/2015)
3.17/5   3 notes
Résumé :
En 1957, Álvaro Mutis a dû fuir son pays natal, la Colombie, accusé de détournements de fonds alors qu’il n’était qu’un bouc émissaire. A 39 ans, incarcéré dans la prison de Lecumberri, il a déjà derrière lui une double vie largement remplie, celle d’un bourlingueur et d’un poète reconnu : deux faces complémentaires d’un même personnage qui se retrouveront dans son œuvre romanesque.
Si les lettres envoyées en 1959 à Elena Poniatowska depuis la prison sont com... >Voir plus
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critiques presse (1)
LeFigaro
11 juin 2015
Incarcéré à Mexico à la fin des années 1950, l'écrivain a tiré de cette expérience fondatrice un texte dru, sous la forme d'une galerie de portraits.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Libéré de l'angoisse infinie de son existence et de l'uniforme toujours trop grand qui le faisait paraître plus misérable encore, il révélait dans la nudité de son cadavre comme un témoignage secret de son être qu'il n'avait plu transmettre durant sa vie et qu'il avait souvent cherché à exprimer par les chemins de l'héroïne où il s'était irrémédiablement perdu. La bouche était demeurée entrouverte dans un mouvement semblable à celui des asthmatiques qui cherchent péniblement de l'air ; mais en la regardant de plus près, on voyait qu'un pli de la lèvre supérieure découvrait en partie les dents. Un mélange de sourire et de sanglot semblable au spasme du plaisir. Il portait sur le côté gauche une blessure aux lèvres épaisses d'où gouttait encore un filet de sang noir qui avait la consistance de l'asphalte.
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La pluie est devenue diluvienne. Elle inondait le sol et rebondissait sur la boue fumante. Elle lavait les murs de pouzzolane...ruisselait sur les imperméables en caoutchouc luisants des gardiens, la tour métallique rouge du polygone, les cours, les cuisines. Insistante, en torrents joyeux, elle a commencé à emporter toute la misère de nos journées, toute la cruauté, la faim, le délire, la sourde et mesquine fureur de nos gardiens. Elle emportait tout et nous n'étions plus séparés du vent vagabond, qui court entre les constructions compliquées de Lecumberri, que par l'eau transparente tombant du plus haut du ciel, du lieu lointain où nous attendait la liberté, telle une louve rageuse qui cherche ses enfants....
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Dans le brouillard brûlant des bains de vapeur, au milieu des corps nus et fourbus, pris dans le parfum bon marché des savons et crèmes à raser, parmi les cris et les rires anonymes, rendus sourds par le bruit de l'eau qui court sur le sol et rugit dans les tuyaux, nous retrouvons la liberté; une liberté apparente, fausse, bien sûr, mais qui renouvelle, raffermit nos forces, et leur permet de résister à l'accablement de la prison. Nus, l'uniforme quitté, sans numéro ni lettre, nous retrouvons un nom et nous parlons de notre vie du "dehors", de la merveilleuse matière de nos jours d'hommes libres à laquelle jamais, ailleurs dans la prison, il n'est fait allusion, de peur de la laisser se dissoudre dans la crasse sordide qui souille et moisit tout, et qui est présente partout. L'eau qui coule, purificatrice, la vapeur qui hurle en s'échappant des robinets éloignent la présence humiliante du châtiment.
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La lettre d'Octavio m'a fait un bien immense. Une des choses que vous apporte la prison est de savourer de nouveau, comme quand nous étions enfants, toute l'affection ou l'intérêt que quelqu'un peut vous manifester. Ce qui, à l'extérieur, serait probablement pris comme une simple marque de cordialité ou de sympathie née d'un moment d'enthousiasme, prend ici un caractère précieux, plein d'échos secrets et de ramifications sentimentales.
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Je reçois des lettres pleines d'encouragements et d'amitié d'écrivains, de peintres et de poètes qui devraient me remplir d'enthousiasme et me redonner la force de supporter la prison; mais tout cela me semble très lointain, très étranger, comme si ce n'était pas de moi qu'il s'agissait. C'est l'un des pires effets de la prison : elle vous isole du monde, elle transforme les distances affectives et vitales qui vous situent dans le genre humain, et elle fait disparaître ces liens qui rendaient possible cette relation si extraordinaire et pleine de surprises que l'on a avec d'autres êtres.
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