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Irma Sayol (Traducteur)
EAN : 9782020121347
482 pages
Seuil (03/01/1992)
3.42/5   13 notes
Résumé :



Fuyant la persécution des Juifs, Juan Cabezón s’embarque comme gabier à bord de la Santa Maria. Le 12 octobre 1492, après un voyage incertain, il accoste avec Christophe Colomb sur l’île de Guanahaní : la conquête de l’Amérique vient de commencer.

Cette aventure, Juan Cabezón en est le témoin lucide et le protagoniste mesuré plus que l’acteur engagé. Il assiste à la rencontre de Cortés et Moctezuma et à cette véritable apocalyp... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Ce livre, c'est une fresque riche et colorée. C'est la longue plainte de ceux qui voient leur monde disparaître. Ce sont les cris de rage de ceux qui perdent leur vie à chercher fortune. Ce sont les dieux païens que l'on tue et les idoles que l'on abat. C'est la croix du Christ que l'on plante, tout là-haut, au sommet du Popocatepetl.
Ce livre est un long poème lugubre et sans espoir. Il parle de ces hommes qui se sont aventurés loin, très loin, des terres connues, sans grand espoir de retour. Il parle de Christophe Colomb, d'Hernan Cortes, et de ces conquistadores au coeur dur, ivres d'aventures, de gloire et de richesse. Il parle de ces indiens, fiers et arrogants, en parures colorées, qui ne voient pas que leur univers est en sursis. Il parle de ces chevaliers-aigles qui courent aussi vite que les chevaux, et dont seuls les bâtons qui crachent du feu ou les longues lances des conquistadores peuvent arrêter la course. Il parle de Moctezuma, le dernier empereur Aztèque, qui voit la puissance éternelle de son empire s'effondrer en quelques semaines. Il parle de la Malinche qui a enfanté le nouveau Mexique et de sa fidélité sans borne à Hernan Cortes.
Ce livre parle de la futilité du destin. Il s'en est fallu de peu pour que les indiens renvoient les fanatiques au Dieu unique dans leurs coquilles de noix. En une nuit sombre et interminable, les conquistadores ont failli tout perdre et se retrouver sacrifiés en l'honneur des dieux païens ressuscités. Il s'en est fallu de si peu pour que l'histoire change de direction.
Ce livre est un long fleuve de boue, de sang et de souffrance. Il est « prière », il est « clameur », il est « convoitise », il est « amour ».
Un livre brouillon au point que l'on s'y perd. Un livre répétitif au point que l'on s'y ennuie. Un livre avec de telles fulgurances qu'on en reste fasciné.
Un livre inclassable.






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Ô Muse, conte-moi l'aventure de l'Inventif : celui qui pilla l'empire aztèque, qui pendant des années erra, voyant beaucoup de villes, découvrant beaucoup d'usages, souffrant beaucoup d'angoisse dans son âme sur la mer pour défendre sa vie et le retour de ses marins etc etc… songe-t-on en lisant cette fresque d'Homero Aridjis…

1492. Mémoires du Nouveau Monde conte la suite des aventures de l'Espagnol converso qui fuyait le Saint-Office. « Juan Cabezón partit comme gabier à bord de la Santa María le troisième jour du mois d'août de l'an de grâce 1492 ». Aux côtés de Christophe Colomb, Juan accoste à Guanahaní , La Española , Cuba…, est présent lors de la rencontre de Cortés et Moctezuma, assiste à la chute de l'empire et parvient à survivre alors qu'en 1560 il ne reste plus qu'une poignée de conquistadores de la première heure, vieillards estropiés.
Dans cette suite et fin des aventures mouvementées de Juan Cabezón, le protagoniste est en retrait, il n'est plus que le témoin du désastre, de la fin d'un monde, de la création d'un nouveau.
« En évoquant l'infortune des conquistadores et de ceux qui étaient venus peupler les îles, Juan Cabezón oubliait son propre sort et se distrayait des fatigues de sa propre vie ». Sa femme et son fils ont quitté l'Espagne pour Naples, puis les Flandres. Les retrouvera-t-il un jour, alors qu'année après année les Espagnols viennent peupler ces terres lointaines?
Pourtant la violence de ce Nouveau Monde est pire que celle de l'Ancien, et Homero Aridjis qui s'appuie sur une bibliographie conséquente restitue avec force et précision la folie de cette période où les coutumes des uns répugnent les autres, où le Christ se mesure à Quetzalcoatl : «Doña Maria m'a raconté que lors de la consécration du grand temple de Huitzilopochtli et de Tláloc , en l'an 8-Acalt, année 1487 de Notre-Rédempteur, vingt-mille prisonniers furent sacrifiés.
- Avez-vous déjà vu pareille cruauté? proféra Pedro de Alvarado, le visage empourpré de sang, l'épée tirée du fourreau jusqu'au tiers de la lame.
- Que faisait cette année-là dans toute l'Espagne notre pieux Inquisiteur général? demanda Juan Cabezón .
- Sans doute brûlait-il des hérétiques, mon vieux Juan, lança Pedro de Alvarado avec un grand éclat de rire."

Le roman est une épopée d'une grande noirceur, où la reconstitution historique rigoureuse n'exclut pas l'imagination la plus débridée .
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« Juan Cabezon partit comme gabier à bord de la Santa Maria le troisième jour du mois d'août de l'an de grâce 1492 »
Et c'est ainsi que partirent quelques marins sur trois vaisseaux commandés par un certain Christophe Colomb.
Ils voulaient atteindre les Indes, ils ont découvert le Nouveau Monde.
Mais si ces hommes étaient des découvreurs, c'est quelques années plus tard en 1529 que Herman Cortes et ses hommes débarquent sur le continent et plus particulièrement dans l'empire aztèque.
Il ne faudra que deux ans pour que les conquistadores parviennent à vaincre Moctezuma et ses guerriers, il est vrai que les uns se battaient à cheval avec force canons et mousquets alors que les autres même s'ils étaient sur leurs terres n'avaient que des lances, des flèches et des épieux.
Ce sont donc les années de conquête et les premières années de ce qui deviendra le Mexique que nous décrit l'auteur avec force de détails historiques tant sur les moeurs sanglantes et barbares des aztèques qui pratiquaient quotidiennement le sacrifice humain que la cruauté des espagnols et notamment des religieux issus des milieux de l'Inquisition venus convertir les « naturels » et leur imposer le seul Dieu, à ceux qui en honoraient tant et tant.
Homero Aridjis nous convie à la naissance dans la douleur de son pays, le Mexique, dans une superbe fresque historique, mais une lecture exigeante dans laquelle on se perd souvent tant il y a une foison de personnages et beaucoup de termes issus de la langue des Antilles et du Mexique ancien (bon d'accord il y a un glossaire mais quand même….), sans compter que les espagnols s'expriment aussi en latin.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
- N'avez-vous pas vu aujourd'hui que les Indiens ont été vaincus par un chevalier qui galopait sur un cheval blanc et qui tenait d'une main les rênes et de l'autre l'épée ? Croix rouge sur la poitrine, botte à l'étrier, il s'élançait à bride abattue, décimant et fauchant les Indiens qui tombaient sur les flancs de son blanc coursier, piétinés sous les sabots ou mutilés par le fil de son épée, s'écria avec flamme fray Bartolomé de Olmedo, dont l'épée ensanglantée reposait sur l'herbe. Ce chevalier était le bienheureux saint Jacques, le capitaine général de la chrétienté.
- N'avez-vous pas vu cette femme qui leur jetait de la poussière aux yeux ? C'était Notre Dame, intervint le père Juan Diaz.
- Je ne les ai pas vus, je n'ai vu personne, je n'ai vu que le péril de mourir, répliqua Gonzalo Davila. Dans la bataille, comme dans l'amour ou la mort, je découvre les hommes plus grands ou plus petits qu'ils ne sont dans la réalité, mais je n'ai jamais vu ces apparitions.
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Le va-et-vient des pieds nus cessa, les corps imprégnés de sueur restèrent étendus n'importe où, accrochés aux rivages des ombres, lovés dans les recoins de silence, sans autre oreiller que leurs propres bras. Juan Cabezon s'allongea parmi eux, sur une planche, comme s'il se couchait au centre de lui-même, nulle part. Dans leur imagination, certains marins se virent déjà propriétaires de châteaux et de trésors fabuleux, d'autres seigneurs et maîtres d'une grande dame, les plus pauvres possesseurs d'une simple catin. Les plus fatigués, repus de misères et d'angoisse, ne rêvèrent de rien. Ils dormirent tous sans ôter leurs vêtements, heureux ou malheureux, mêlant leur respiration et leurs ronflements aux clameurs de l'océan.
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Le soleil se leva. Les montagnes se dessinèrent, les lagunes sortirent de l'ombre. Du haut de sa tour de guet, Juan Cabezon observa les temples, les canaux, la multitude des Indiens dans les embarcations, la foule des guerriers qui s'agglutinaient. Il ne put les compter tant ils étaient nombreux, revêtus de leurs parures et de leurs armes guerrières. Il les vit arriver, conduits par un chevalier-aigle qui courait aussi vite qu'un cheval et dont seule la lance d'Alvaro put arrêter la course.
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" L'avantage de se trouver dans un lit, c'est que dans son sommeil l'homme se meut à l'intérieur d'un espace limité ; en cas de péril il peut se raccrocher à ses bords, mais celui qui dort à l'air libre ne possède que des lieues et des lieues d'insécurité pour s'étendre et, surtout, la nuit infinie pour s'abîmer en lui-même "
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Juan Cabezon et Gonzalo Davila repartirent en toute hâte et leurs ombres immenses couraient sur l'immense chaussée, dans la lumière du matin.
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Videos de Homero Aridjis (17) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Homero Aridjis
« […] […] comme le dira Octavio Paz (1914-1998), “la poésie mexicaine ne trouvait pas sa forme propre. Chaque fois qu'elle se risquait à exprimer le meilleur et le plus secret de son être, elle ne pouvait que mettre en oeuvre une culture qui ne lui appartenait que par un acte de conquête spirituelle“. […] Enrique González Martínez annonçait qu'il fallait “tordre le cou au cygne“ moderniste pour pénétrer dans la réalité concrète de la vie quotidienne : “Cherche dans tout chose une âme et un sens / caché ; ne te drape pas dans la vaine apparence“ […] »
« Le poème tournoie sur la tête de l'homme en cercles proches ou lointains
L'homme en le découvrant voudrait s'en emparer mais le poème disparaît
Avec ce qu'il peut retenir l'homme fait le poème
Et ce qui lui échappe appartient aux hommes à venir » (Homero Aridjis, « Le Poème », in Brûler les vaisseaux, 1975.)
0:00 - EFRAÍN BARTOLOMÉ 1:49 - MANUEL ULACIA 3:40 - VERÓNICA VOLKOW 4:36 - MARISA TREJO SIRVENT 5:41 - AURELIO ASIAÍN
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Référence bibliographique : Poésie mexicaine du XXe siècle, traduction de Claude Couffon et René Gouédic, Genève, Patiño, 2003.
Images d'illustration : EFRAÍN BARTOLOMÉ : https://es.wikipedia.org/wiki/Efraín_Bartolomé#/media/Archivo:Efraín_Bartolomé_en_Berna,_1999.jpg MANUEL ULACIA : https://www.lavenderink.org/site/books/manuel-ulacia/?v=76cb0a18730b VERÓNICA VOLKOW : https://www.rogeliocuellar.mx/archivo/fotografia/4559/mx-rcu-esc-vovo-a-00020 MARISA TREJO SIRVENT : http://www.elem.mx/autor/datos/109900 AURELIO ASIAÍN : https://www.amazon.es/Aurelio-Asiaín/e/B001JWYBQ2/ref=dp_byline_cont_pop_book_1
Bande sonore originale : Mike Durek - The Good News Or The Bad News The Good News Or The Bad News by Mike Durek is licensed under a CC-BY Attribution License.
Site : https://freemusicarchive.org/music/Michael_Durek/Piano_Music_for_The_Broken_Hearted_1221/05_The_Good_News_Or_The_Bad_News/
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#PoésieMexicaineDuXXeSiècle #PoèmesMexicains #PoésieSudAméricaine
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