AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782494255067
134 pages
OISEAU PARLEUR (01/07/2023)
4.36/5   7 notes
Résumé :
Seuls face à leurs bourreaux et à la violence sourde de l’Histoire et des hommes, fragiles silhouettes qui prennent chair devant nos yeux, les « délaissés » se rencontrent partout où nous ne regardons pas : dans les marges de nos propres vies.
Un wagon de combattants de la Guerre Civile espagnole, les asiles américains dénoncés par la journaliste Nelly Bly, le bureau d’un commandant où se mènent des interrogatoires musclés, un professeur d’université... >Voir plus
Que lire après Les délaissésVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique

Voici un recueil de treize courtes nouvelles qui ont déjà été publiées dans différentes revues littéraires (mentionnées à la fin de l'ouvrage).

Les nouvelles, c'est un genre littéraire dans lequel il n'est pas toujours aisé de s'immerger, l'auteur doit agripper son lecteur dès les premières lignes de chaque histoire : eh bien, le défi est hautement relevé ici par l'auteur; chaque nouvelle, excepté une, donc formidable moyenne, m'a embarquée dans un univers ou une thématique différent.e. Avec ce fil rouge qui fait le titre du recueil, nous sommes confrontés à la dyslexie, l'emprisonnement, l'internement, le racisme, l'immigration, le viol, le vagabondage, etc.

Chaque histoire est dense, forte, certaines invitent à la réflexion, d'autres se boivent comme du petit lait.
L'auteur croque ses personnages dans un style concis mais précis, il possède un excellent sens de la narration, va directement à l'essentiel tout en maintenant un certain suspens, procurant ainsi beaucoup de plaisir à son lecteur.

Pour ma part, je les ai lues et savourées d'une traite, et j'ai passé un excellent moment. La plume est moderne, incisive, percutante.

Certains Babeliamis savent que je viens de lire mon premier livre de Stephen King, Différentes saisons, un recueil de novellas; eh bien, j'ose dire que certaines nouvelles de Fabrice Schurmans possèdent le même éclat.

Fabrice Schurmans est un auteur belge, né à Liège, il vit au Portugal depuis 1994, un écrivain à découvrir.

C'est aussi le frère d'un ami, qui m'a offert ce beau cadeau de lire son livre. Je le remercie, ainsi que sa maison d'édition L'Oiseau Parleur.
Commenter  J’apprécie          297
Très inspiré par Blaise Cendrars qui écrivait en 1912 « les fragments rassemblés dessinent l'existence des délaissés», l'auteur dénonce ce que subissent les populations précaires que nous croisons sans les voir.
Ses personnages ont tous vécus un enfermement, le dyslexique est prisonnier des lettres et des chiffres qu'il ne parvient à maîtriser, le détenu est emmuré dans un univers carcéral, l'ouvrière subit sa condition de femme face à un patron violeur, la journaliste infiltrée dans un hôpital psychiatrique imagine ne plus pouvoir en sortir, les soldats conduits au front sont entassés comme des animaux dans un train.
Il y a quelques nouvelles plus dures que d'autres, celles d'une victime face à son tortionnaire, d'un enfant maintenu en cage ou des travailleurs immigrés réduits à l'esclavage.
Mais dans chacune de ces courtes histoires, les exploités, les humiliés, les abandonnés ont tous connu une revanche, même infime, comme une petite touche d'espoir qu'offre l'auteur à ces « délaissés », ces abîmés de la vie à qui il reste, peut-être, une issue.
Alors si la question que pose Fabrice Schurmans avec ces 13 nouvelles est « Peut-on juste regarder passer les drames ? », au moins, avec ce recueil, nous ne pourrons pas rester indifférents à la misère « des parias, des laissés-pour-compte, des pauvres en guenille qui n'ont pas pris une ride depuis un siècle ».
Un constat amer mais révélateur et passionnant.

Merci à Babelio et aux éditions L'oiseau parleur pour l'envoi de cette masse critique privilégiée.
Commenter  J’apprécie          90
Les Délaissés. Dans ce recueil de nouvelles gentillement offert par les éditions L'Oiseau parleur dans le cadre d'une Masse critique, Fabrice Schurmans se glisse dans la peau des laissés pour compte de la société. Mais en donnant une voix à l'enfant dyslexique, au prisonnier, à la femme violée, aux ouvriers saisonniers, au migrant errant, au mari distrait et trompé, l'auteur offre au lecteur des rencontres, des présences que souvent l'on est gêné de voir, qu'on évite, qu'on délaisse de notre attention. D'ailleurs, le professeur d'université dans la dernière nouvelle "L'homme qui regardait passer les drames" nous renvoie vers cette situation où l'on n'ose, par crainte, intervenir face à une injustice, une violence dont on est témoin. Ces situations, ces humanités invisibilisées, et Fabrice Schurmans nous le rappelle dans "Le monde en une ligne", on les rencontre au pas de notre porte, ou dans la ligne de bus ou de métro que l'on emprunte quotidiennement.
Quatre nouvelles ne s'inscrivent pas directement dans notre siècle, ou dans notre environnement proche, mais font vivre des oubliés qui pourraient avoir des frères ou soeurs contemporains.
Il y a l'enfant esclave qui évoque les esprits, alors qu'il est enfermé dans la cale d'un bateau négrier, mais il pourrait tout aussi bien s'agir d'un enfant qui avec sa mère subit une traversée maritime dangereuse organisée par des passeurs sans scrupules.
Dans "Mélodie pour un coup de blues", nouvelle qui comme la précédente est influéncée par l'univers des contes, un soldat traumatisé par la guerre d'Afghanistan, peut grâce à la musique et à l'amour d'une "princesse" délivrée, espérer un avenir.
Mes deux nouvelles préférées enfin "Toi qui pâlissais au nom de Lucia Rios", histoire d'une nuit d'amour qui comme une parenthèse marque Fernando, engagé volontaire qui rejoint en train un front de la guerre d'Espagne. Et "Une semaine de folie" où l'on se retrouve à la place de Nellie Bly, journaliste d'immersion américaine, qui à la fin du 19e siècle s'est infiltrée pendant 10 jours dans un asile de fous pour femmes, et qui dénonce les conditions d'internement terribles subies.
Une écriture fluide, des personnages qui retiennent l'attention, une lecture découverte avec plaisir. Si le sort de nombre des personnages est sombre, l'espoir n'est pas absent pour certains des délaissés de Schurmans qui ont la chance de rencontrer une personne compréhensive ou aimante.
Commenter  J’apprécie          50
C'est un recueil de nouvelles écrites par Fabrice Schurmans (que j'ai découvert dans Molok Academik). Chacune de ces nouvelles est indépendante de la suivante mais toujours avec ce lien qui est de se mettre dans la peau des exclus de la société, des délaissés...
Les thèmes abordés sont assez variés (et parfois dur je pense au viol, a la prison, à la mort aussi) et la force des récits est assez intense. Chaque mot est choisi, pesé et bien à sa place. Cette écriture juste donne encore plus de "mordant" à ces nouvelles et rend la lecture fluide et facile (et addictive pour ma part).
C'est une lecture qui invite aussi a la réflexion. Quand on termine une nouvelle, on a cette espèce de petite clochette qui résonne dans la tête et qui nous pousse à une introspection qui fait du bien (et c'est aussi ce que je recherche dans une lecture), avant de se vider l'esprit et de passer a la suivante.
Pour chacun des personnages, l'auteur va droit au but et on cerne assez facilement la personnalité de ces derniers. On vit avec eux tout au long des pages.
J'ai une petite préférence pour "L'envers des lettres", peut-être parce qu'il me revoie a mon expérience personnelle. "Une semaine de folie" est assez sympa aussi et je pense que c'est la nouvelle que j'ai lu le plus rapidement, tellement le rythme de l'écriture était bien placé.
Evidement je pourrais vous en dire encore beaucoup, vous parler des chaque nouvelle pendant des heures, mais je pense que je vais plutôt vous conseiller de foncer dans votre librairie préférée et d'acheter ce livre!
Dernier petit conseil de la lectrice compulsive que je suis, même si ce livre vous happe dès la première page, prenez le temps de "digérer" chaque nouvelle, votre expérience de lecture n'en sera que meilleure.
Commenter  J’apprécie          30
Je viens de terminer la lecture de ces différentes nouvelles et je dois dire que j'ai été touchée et émue. Ces histoires vous parlent, de près ou de loin. C'est très dur mais c'est la triste réalité des choses. Les délaissés, ces personnes qui traversent à un moment donné de leur vie, une période difficile et le mot est faible. C'est un cauchemar éveillé. J'ai aimé le style. L'auteur fait une prouesse car à chaque fois, il faut entrer dans le récit, assez vite et il y arrive très bien. Phrases courtes, précises, pas de mots inutiles, c'est concis et bien décrit. On ne sort pas indemne de ces récits. Je l'ai lu avec beaucoup de plaisir.
Commenter  J’apprécie          53

Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Ils firent l’amour sans un mot, dans la nuit et la chaleur de leurs camarades épuisés avec l’énergie de ceux qui ne connaîtront pas de lendemains heureux. A plusieurs reprises, le train changea de ligne et ni Fernand, ni Lucìa ne savaient plus où ils se trouvaient. Il s’agissait d’une expérience neuve, excitante, pleine de possibilités. Se battrait-on du côté de Madrid ou en Catalogne ? Au moment où épuisés, les corps sombrèrent dans le sommeil, bercés par la douce musique du rail, cela n’avait aucune importance. Il n’y avait plus là que de magnifiques vaincus.
Commenter  J’apprécie          102
– Marie-Gertrude, as-tu mal quelque part ?
– Partout, docteur, m’entends-je dire d’une voix faible. Ce corps brûle…
– Mon corps, répond-il en insistant sur « Mon », il faut dire « Mon » quand on parle de son propre corps. Comprends-tu ?
Ensuite, il tourne la tête vers l’uniforme kaki pour ajouter deux phrases qui me transpercent. Surtout « Elle est à vous ».
– Ils ont encore des problèmes avec la grammaire, mais avec le temps, nous en tirerons quelque chose. Elle est à vous, Édouard.
Commenter  J’apprécie          60
Derrière lui, on referma la porte coulissante, celant l'étreinte, les mots échangés, les silences. Et la porte prit la forme d'une parenthèse. Et cette parenthèse s'éloigna, puis disparut au sortir d'une courbe.
Commenter  J’apprécie          40
Aurais-je dû intervenir au risque de compromettre ma 'couverture' ? Est-il juste de laisser souffrir un seul être afin de dénoncer le système affectant tous les autres ?
Commenter  J’apprécie          00
Qu'est-ce que c'est Dieu ? Ici, ils disent tout le temps Deus. C'est une voix gentille ou méchante ?
Commenter  J’apprécie          00

autres livres classés : nouvellesVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (10) Voir plus



Quiz Voir plus

Paris en poésie

Guillaume Apollinaire - "Le pont ..."

Mirabeau
Louis-Philippe
des Arts

10 questions
167 lecteurs ont répondu
Thèmes : poésie , poésie française , Paris (France)Créer un quiz sur ce livre

{* *} .._..