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EAN : 9782070142651
352 pages
Gallimard (10/10/2013)
3.7/5   5 notes
Résumé :

'J'appartiens à un peuple disparu. À ma naissance, il constituait près de 60 % de la population française. Aujourd'hui, il n'en fait pas même 2 %. Il faudra bien un jour reconnaître que l'événement majeur du XXe siècle n'aura pas été l'arrivée du prolétariat, mais la disparition de la paysannerie. Ce sont eux, les paysans, qui mériteraient le beau nom de peuple originaire que la sociologie applique à d'improbables tribus.

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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Une quasi lecture en aveugle : auteur inconnu (il est indiqué "de l'Académie française", ce qui n'a rien éclairci), titre encore plus inconnu, pas de bandeau laissé par la médiathèque, une quatrième de couverture proposant quatre passages. J'ai poussé l'amusement jusqu'à m'interdire de fouiner sur internet avant d'en avoir terminé.

Au travers de ces courts textes, l'on découvre des grands parents paysans (chez moi aussi on disait "ne te décache pas..."), la montée des parents en banlieue parisienne, les études parmi des condisciples de milieux bien moins modestes, un poste de professeur à Harvard (ouah quand même)(mais, le jour où il découvrit qu'il rêvait en anglais, "je décidai de quitter les Etats-Unis") et moult considérations sur l'art, Venise, l'Europe, les camps nazis, fort originales et pas forcément dans l'air du temps.Un peu passéiste et pessimiste, fort érudit, belle et agréable écriture, l'impression d'aérer ou secouer ses neurones au détour d'une page devant une réflexion. Ainsi que des pages superbes sur la lecture, la vie paysanne, l'ambiance à Pantin il y a un demi-siècle. Bref, je recommande.

Quelques bribes:
Un démarrage qui a mis à mal mon stock de marque pages (ensuite ça s'est un peu calmé) car on parlait de lecture, relecture, écriture. "Lire avait été une aventure, relire est une retraite." "Le seul voyage qui vaille n'est pas d'aller vers d'autres paysages, mais de considérer les anciens avec de nouveaux yeux.""On relit pour vérifier que ce que l'on a lu autrefois était toujours là. Mais on écrit pour vérifier que ce que l'on a vécu jadis a bien été vécu. L'angoisse est tout autre." "Nul temps n'est plus compté que celui employé à lire, et nul temps n'est, dans le même temps, aussi libéré du temps que le temps de la lecture."

Et ça aussi:
"On savoure un plaisir secret à commencer la lecture d'un livre qu'on a tiré de sa bibliothèque pour la prolonger dans un autre exemplaire, par hasard découvert chez un ami dont la maison duquel passagèrement on loge. le don d'ubiquité est le propre des livres.
C'est le même texte, c'est la même impression et c'est la même année d'édition, mais la lecture en sera différente. (...) Il existe à travers le monde une fraternité secrète des gens qui possèdent, dans leur bibliothèque, les livres que vous avez chez vous."

"La lecture n'est jamais plane ni linéaire. Un livre est d'abord un "volume", qu'on saisit dans son épaisseur. On creuse dans sa masse, on fouille, on sonde, on attrape un éclat, on dégage une pépite. Rien de cette lecture superficielle du déroulement électronique, qui clignote ou s'efface aussi vite. Sa pesanteur dans la paume renseigne immédiatement sur le moment où l'on est arrivé, vers le milieu ou vers la fin. La lecture ne se perd pas sur une surface homogène, mais se renforce par mille sensations, une infinité de détails inconsciemment enregistrés par le cerveau, et ce poids dans la main atteste la gravité, ou la lourdeur, des idées que l'esprit y découvre." (OK, l'auteur n'est pas pour les liseuses...)

"La pyramide en verre transparent qui sert d'entrée au Louvre est le signe le plus éclatant de cette dérision moderne: jadis destinée à conserver les Pharaons morts dans l'obscurité et la sécurité de la terre, elle ouvre à la lumière aveuglante du jour des oeuvres destinée jadis à défier la mort, aujourd'hui réduites aux produits interchangeables des comptoirs commerciaux du monde civilisé."

"Pourquoi la monnaie européenne , l'euro, (...), ne porte-t-elle pas sur ses faces les portraits de grands Européens?" (tiens oui, je n'avais même pas remarqué)

Plein de passages sur les campagnes et les haies, la religion et l'art, mais je ne peux tout citer. Un peu "fourre-tout", oui, mais chacun y trouvera de quoi réfléchir.

Lien : http://enlisantenvoyageant.b..
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Jean Clair, de son véritable nom Gérard Régnier, né en 1940 à Paris, est conservateur général du patrimoine, écrivain, essayiste et historien de l'art. Ancien directeur du musée Picasso, il a également été commissaire d'un grand nombre d'expositions nationales telles que « Duchamp » (1977), « Les Réalismes » (1980), « Vienne » (1986), « L'âme au corps » (1993), « Balthus », « Szafran », « Mélancolie » (2005), « Crime et Châtiment » (2010) et a dirigé la Biennale de Venise du Centenaire. Membre de l'Académie française depuis mai 2008, son nouvel ouvrage, Les Derniers jours, est paru en 2013.
Première question sans réponse réelle, à quel type d'ouvrage le lecteur s'attaque-t-il avec Les Derniers jours de Jean Clair ? Ce n'est pas un roman, ce n'est d'ailleurs pas mentionné sur la couverture et l'auteur s'en défend, « je me méfie du roman » ; par contre on y trouve des traces d'autobiographie quand il revient sur son enfance à la campagne en Mayenne, puis son adolescence à Pantin en région parisienne, après la guerre. Par contre il y a beaucoup de réflexions et tentatives d'analyse du monde dans lequel nous vivons aujourd'hui ; donc un essai, penserez-vous, pourtant ce n'est pas cela non plus, car trop disparate, trop éclaté dans les sujets abordés, même si, in fine, toutes ses réflexions aboutissent à la même conclusion nous allons le voir. Objet littéraire non identifié, donc.
Jean Clair a la réputation d'être un polémiste, ce bouquin le confirme assurément. Je ne vais pas détailler tous les sujets abordés par l'écrivain, mais tous, peu ou prou se concluent par un sinistre, c'était mieux avant ! Que ce soit l'éducation scolaire des jeunes enfants, le français comme on le parle aujourd'hui, précipitant « le monde dans la folie » ; ou bien qu'il s'attaque à des sujets plus graves, supposant une Europe s'abandonnant – à contre coeur - à une charia mais espérant en retour, une revalorisation des principes moraux ; ou encore évoquant la gestation pour autrui comme « une victoire posthume du nazisme »… A ce point, le lecteur commence à essuyer la buée sur ses lunettes, s'inquiétant un peu de ce qu'il lit.
Globalement, j'ai eu la nette sensation de lire un bouquin écrit par un vieux réac, s'interrogeant sur notre monde devenu, se demandant si une telle vie de merde valait la peine d'être vécue. Mais, exprimé dans une langue châtiée parfaitement maîtrisée, voire désuète parfois, très cultivée, le moins qu'on puisse attendre d'un académicien me direz-vous. Je dois néanmoins être juste aussi, certains passages sur l'écriture, la vie rurale d'hier par exemple, m'ont beaucoup plu. Des critiques du monde moderne ont trouvé des échos avec mes propres constats, d'autres m'ont entrainé dans des chemins que je ne veux pas emprunter quand je raisonne objectivement mais que je sens (avec horreur) attendre leur heure au fond de mon esprit.
Bref un bouquin avec du bon (un peu) et du moins bon, très bien écrit certes mais s'éparpillant trop, ouvrant la porte à la discussion et à la polémique.
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critiques presse (1)
Actualitte
19 novembre 2013
Utiliser une langue classique et des plus élégantes pour tenir des propos dignes du café du commerce, toujours en faisant mine d'être érudit [...] On est ainsi ébloui et en même temps un peu embêté. Que cherche à dire au fond Jean Clair ?
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
Qu’en est-il du sens de pareille existence, sans échappée possible, ni vers les au-delà de paradis promis jadis par les religions, ni vers les satisfactions de l’esprit fournies par une culture aujourd’hui rabaissée au rang de loisirs, mais dont le seul et unique soin restera l’entretien de cet organisme précieux qu’est son corps, enchaînant jour après jour de pénibles exercices musculeux rassemblés sous le nom de fitness, la pratique des sports devenue obsessionnelle dans la poursuite de plus en plus nauséeuse de la performance, de sorte que, née de rien et promise à rien, cette carcasse soit un jour encore, un jour de plus, capable de satisfaire pleinement, sans erreur, sans retard, sans humeurs, aux horaires, aux agendas, aux commandes, aux impératifs d’une profession et aux illusions d’une vie sociale – clubs de rencontres et « réseaux sociaux » - dont la nécessité et l’utilité auront cependant cessé d’être visibles ?
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« Jamais la lumière n’a été aussi belle… » Cet émerveillement, que Bonnard eut un jour devant un ciel mouillé de Normandie, ce matin, je l’ai devant la lagune.
Pourquoi cette simple notation me touche-t-elle ? « Jamais la lumière », déchirement entre un état éternel, la lumière de toute éternité, et l’irruption d’un moment, ce moment qui ne reviendra pas… « jamais », jamais plus, « a été », toutes ces formes d’un passé à jamais défini, à quoi s’oppose enfin, sur une note haute, le « aussi », l’intensité, l’éclat de cette lumière-là, amenée au seuil d’une perfection dont nous percevons parfois l’éclat.
C’est alors cet éclair même qui nous convainc que le beau a été, durant un instant, à portée de notre œil. L’intuition de l’éternel nait de l’instant, et le sentiment du divin d’un hasard naturel dans lequel vacille la beauté.
Je comprends en ce sens le mot de Goethe, appelant en mourant la lumière.
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Comment le déroulement continu et plat d’un texte dans le « vacuum » électronique pourrait-il permettre pareille appréhension ? Qu’attendre de cette préparation sur la plaque de verre de l’ordinateur, dans laquelle on peut à loisir « couper/coller », opérer des prélèvements comme sur une paillasse de laboratoire, les examiner et les analyser, comme le font les « doctorants » d’aujourd’hui, le regard abîmé sur l’écran, fiers d’être admis désormais, en relevant les « mots clefs » et en calculant, dans les écrits de Proust ou de Zola, les occurrences et les paramètres, au rang de « chercheurs en sciences humaines » ?
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"La journée sera sombre et pluvieuse. il tombe des cordes. me voilà ramené à mon enfance, lorsque je me trouvais privé de pouvoir sortir et rejoindre mes copains, prisonnier dans la chambre.
Derrière les vitres, poudrées de petits cristaux de pluie, grandit dans une lumière assombrie mon envie de lire et d'écrire.

Autrefois, je lisais pour ralentir mes impatiences, la lecture était capricieuse. Lire aujourd'hui réchauffe un froid intérieur et elle exige temps et continuité."
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La télévision est caricaturale. Elle charge, elle grossit, souligne, exagère les défauts, sélectionne les étrangetés, les curiosités, les êtres qui surprennent, effraient ou scandalisent. Elle est devenue le champ clos du grotesque, de l’odieux, du barbare, du désinvolte et de la provocation. Son ton est nécessairement goguenard, et la goguette est en effet son but.
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Vidéo de Jean Clair
Intervention de l'écrivain Jean Clair lors du colloque "Que vaut le corps humain?" le 6 décembre 2019. #bernardins#colloque#corps
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