Nul mieux que
Brice Tarvel pouvait devenir, sans conteste possible, le nouveau biographe officiel d'
Harry Dickson.
De par son imaginaire, son sens de l'intrigue, sa linguistique riche, son sens de l'humour à froid, il incarne la continuité et en même temps le renouvellement dans des historiettes qu'auraient pu rédiger le Maître de Gand. Mais peut-être avec plus de dérision et le côté débonnaire de celui qui ne se prend pas au sérieux, sans pour autant se moquer de ses lecteurs.
Deux nouvelles enrichissent la liste déjà conséquente que
Brice Tarvel consacre à ce héros né, comme bien d'autres, de l'imaginaire teuton et dont la saga fut réécrite ou imaginée par
Jean Ray et quelques continuateurs dont Gérard Dôle et
Robert Darvel : La forêt des dieux et Les voleurs d'ombres.
La forêt des dieux :
Lorsque la brave Vespasia Plimpton aperçoit de sa fenêtre, qu'elle avait ouverte non par curiosité mais pour y déposer sur le rebord une délicieuse et odorante tarte aux orties fumante, un homme courir comme un gamin et affublé, à la façon d'un Peau-rouge de cinéma à demi-nu, de plumes et autres objets vestimentaires tel un sauvage et s'enfoncer dans la forêt proche, Vespasia est estomaquée par ce comportement étrange déployé par un homme pourtant bien connu des habitants de Crowborough puisqu'il s'agit de l'apothicaire du village.
Elle fait part de sa vision à son mari Timothy, un vieil homme cloué dans un fauteuil roulant suite à une blessure récoltée lors de la guerre des Boers en Afrique du Sud. A l'épicerie du village, les langues vont bon train entre les commères qui lisent la gazette locale. La fille du garagiste a eu le crâne fracassé alors qu'elle cueillait en toute innocence des cryptogames. Naturellement la faute en incombe à un rôdeur malveillant, une supposition rapidement établie lorsque l'on ne sait rien des événements. Et pourquoi ce rôdeur ne serait-il point l'auguste Augustus, l'apothicaire, comme le suggère Vespasia, puisqu'elle l'a vu brandissant une sorte de hache ?
L'épicière avance une solution fiable. Son commis est apparenté avec Mrs Crown, la gouvernante d'
Harry Dickson, le Sherlock Holmes qui n'est pas de papier. Aussitôt prévenu par téléphone, non portable, le célèbre détective se rend dans la charmante localité en compagnie de son apprenti aide-assistant, Tom Wills. Leur premier réflexe est de se rendre au poste de police afin de s'entretenir avec le pharmacien placé en geôle. Celui-ci éructe des mots incompréhensibles qui pourraient être des éléments de langage des habitants du Yucatan. Et dans sa vitrine trône une statuette de Yum Cimil, le dieu de la mort des Mayas. Et ce n'est pas tout car d'étranges effigies effrayantes sont érigées un peu partout dans la forêt, jusqu'à un manoir construit sur une île au milieu de l'étang communal, ce qui n'est pas commun. Une lettre émanant du frère du châtelain incite les deux détectives à se rendre au pays des Mayas.
Les voleurs d'ombres
Imaginez qu'un jour, alors qu'il fait beau et chaud, ou inversement, un individu marche par inadvertance sur votre ombre, la recueille et l'emporte chez lui. Un phénomène qui se produit par deux fois dans le quartier londonien de Peckham.
C'est ce qui arrive à Basil (Où vas-tu Basil… ?) Dobson qui vient de perdre son meilleur ami, noyé au cours d'une partie de pêche. Il a besoin d'un costume neuf pour enterrer son copain mais il est désargenté. Avec cette ombre qui ressemble à un morceau de tissu, il pense que sa femme va pouvoir lui confectionner l'habit adéquat pour cette cérémonie funèbre.
Au début de son récit, sa tendre épouse ne croit pas en ses racontars, d'ailleurs son haleine alcoolisée ne plaide guère en sa faveur, mais elle est bien obligée d'avaler cette fable. Les deux coupons de tissu, enfin prétendus tels, sentent la poussière et la miction canine.
Seulement ce tissu transformé en ébauche de costume possède une propriété qui se traduit par des fourmillements, et provoque des envies. Il faut absolument que Basil possède un bouquet de fleurs et un sifflet. Les dits objets en main, Basil retrouve sa sérénité.
Des individus peu scrupuleux l'ont aperçu alors qu'il ramassait à terre ce faux tissu ombré, et un malfrat nommé la Fouine Rouge s'introduit de façon fracassante chez le couple Dobson et oblige l'homme à lui remettre ses chaussures. Car c'est une chose sûre, les souliers sont magiques, comme si du chewing-gum était collé sous les semelles, retenant les ombres vagabondes. Et la Fouine Rouge a bien l'intention d'en faire un commerce pas forcément équitable.
Harry Dickson et Tom Wills sont amenés à enquêter sur ces étranges procédés car l'appétit de la Fouine Rouge et ses comparses est insatiable et provoque de nombreux incidents qui dégénèrent.
Deux historiettes, l'une rurale, l'autre urbaine, fertiles, comme l'imagination de l'auteur, en rebondissements et qui retiennent l'attention du lecteur, qui en redemande, par leur brièveté et leur densité, leur force d'évocation.
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