A lire absolument : "
L'idole noire" de
Stéphane Héaume aux éditions du Moteur (2011)
Un art de la narration qui n'est pas sans rappeler
Pierre Benoît (
L'Atlantide), un roman tout de noir, de gris et d'un blanc sépulcral.
« Chaque jour, ils viennent au palais de Minori. Ils espèrent recevoir du Maître un présent, un chèque, ou mieux encore, connaître l'endroit où se trouve
L'idole noire, l'inestimable aquatinte de
Frantisek Kupka. Et puis ils sont retrouvés noyés dans le lac… »
Stéphane Héaume, signe un nouveau roman aux éditions du Moteur, collection Histoire courte. Un polar glacial comme les couloirs du palais où il se déroule.
La particularité du jeune écrivain (
La nuit de Fort-Haggar,
le Clos Lothar,
le fou de Printzberg…) c'est de partir d'un tableau. Ici, «
L'idole noire », aquatinte de František Kupka, peintre Tchèque (1871-1957), initiateur de l'abstraction avec Mondrian et
Kandinsky. Il donne ensuite libre cours à sa fantaisie, déroulant une histoire toujours originale, captivante dans un style d'un classicisme contemporain épuré.
Nous larguons les amarres pour le suivre dans les méandres noyés de brume de son imaginaire, cet espace onirique qui lui est si personnel. Et on accède insensiblement à un univers fantastique, empli de chuchotements, de pas glissant dans le bleu marine des nuits, partagé entre épouvante et fascination. Trois personnages évoluent autour du narrateur, témoin et acteur, pivot central autour de qui s'orchestre un bal déchirant dans le palais de Minauri dont il n'est sorti qu'à sa 18e année. Il y a le vieux Maître grand amateur d'art, homme énigmatique au coeur de tous les enjeux ; la mère tant aimée dont la féminité et la grâce sont les seuls rais de lumière de cet univers sépulcral, et le secrétaire, sinistre sbire qui veille au grain, en l'occurrence l'aquatinte à la valeur inestimable que le Maître conserve jalousement. On retient son souffle, on avance les yeux fermés. On baigne dans un air irrespirable. Et la dernière page tournée, on n'est pas libéré... L'étrange musique se poursuit...
Ce roman, à la fois gothique et baroque, lui ressemble, beau, ténébreux, secret.
Comme
Stéphane Héaume.
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