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EAN : 9782710368960
208 pages
La Table ronde (31/05/2012)
3.76/5   21 notes
Résumé :
Tous deux fraîchement diplômés de Princeton, John et Joe sont davantage affamés de littérature que de nourritures terrestres, et ils ont la ferme intention de tourner le dos à tout ce qu'on attend d'eux aux Etats-Unis : un mariage, un bon job, une visite hebdomadaire aux parents. Ainsi s'embarquent-ils pour un long voyage qui les mènera de Munich à Nairobi sur une moto BMW immaculée, baptisée en l'honneur du périple : le Nil Blanc. Objet littéraire singulier, ces ca... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Quand John Hopkins écrit « Les carnets du Nil Blanc » en 2012, il nous démontre une fois de plus son goût pour les grands espaces et pour le dépaysement. le livre est publié aux éditions La Table Ronde, comme cinq des huit ouvrages précédents de l'auteur.

L'histoire ? Nous sommes aux États-Unis, en 1961. John et Joe, vingt ans, fraichement diplômés de Princeton, refusent l'avenir tout tracé que la société leur réserve et, sur un coup de tête comme dans un caprice, ils disent adieu à la famille, à un mariage qui serait arrangé, à une carrière certainement lucrative mais ennuyeuse, à la visite hebdomadaire obligatoire aux beaux-parents et à la ribambelle de gamins que leur entourage attend déjà : (page 50) « mon objectif, ériger ma vie au lieu de me soumettre aux dictats de la famille, une famille déchirée par les conflits ». John est vif, enthousiaste, amoureux de la vie et du monde ; Joe est un romantique. Tous deux choisissent l'escapade et le soleil de l'hémisphère Sud. Vive l'amitié, l'aventure, l'inconnu et la liberté ! « Les Carnets du Nil Blanc », leur journal de bord, retrace - avec le naturel, la sincérité de la jeunesse et dans le moindre détail - leurs aventures, dans un voyage qui les mène, à l'invitation de Sam – un ancien de Princeton – et étape par étape, de Munich à Nairobi. John et Joe chevauchent une BMW R50 blanche de 500 cm3, moto qu'il baptise « le Nil Blanc » en référence à sa couleur et au fleuve qu'il longeront pendant une bonne partie de leur voyage, d'où le titre du livre.

Dans cet ouvrage simple, au style direct, nos deux amis font corps avec les paysages qu'ils parcourent : « une immense expérience (page 144) vécue sur deux continents primitifs, le tout en une année ». Évidemment, des dangers les guettent : tarentules, scorpions, criquets, moustiques infestant les eaux fangeuses et marécageuses dans lesquelles il leur faudra patauger, guêpes, douaniers incorruptibles, brigands somaliens et j'en passe. Et puis il y a les risques de maladies : vers, diarrhée, insolation, ganglions, fièvre maligne, fièvre typhoïde, septicémie, méningite cérébrospinale et autres cochonneries. Tout au long du parcours qu'ils s'inventent à chaque étape, il va leur arriver des trucs invraisemblables, cocasses (page 114 – en Égypte, « les chauves-souris sont grosses comme des canards ») ou dramatiques (page 79 – « à Tozeur la semaine dernière, la température atteignait 65°C en plein soleil » ; « nos mains ressemblent à des côtes de porc pas assez cuites, rouges et crues »). John et Joe affrontent le sable, le vent, les trombes d'eau, les nuits glaciales, le soleil de plomb et les banquettes en bois des wagons surchauffés de 4ème classe du chemin de fer Djibouto-Ethiopien. Joe sera atteint de mononucléose. Mais, à chaque fois, c'est la moto qui les sauve, une moto (page 41) « toute blanche qui luit comme une perle dans la brume ».

Dans « Les Carnets du Nil Blanc », la nature est superbe (page 33 – « la côte italienne, léchée par une mer magnifique aux cent nuances de bleu » ; page 79 – « un vieux pécheur unijambiste surveillait ses éponges, accrochées sur une corde à linge » ; page 89 – « des ballades en moto au clair de lune, entre les colonnes d'un théâtre romain » ; page 116 – « dans le désert, la nuit, seul, vous n'entendez absolument rien, à part les battements de votre coeur » ; page 166 – « l'imposant Mt Kenya éternellement coiffé de neige »). Et puis il y a leur amitié masculine, permanente et ambigüe (page 31 – « l'expérience partagée est inestimable car nous nous complétons »). Quant aux péripéties, elles abondent : en Afrique, (page 141) il leur faut veiller aux « crocodiles qui se battent pour un bout de vermicelle », aux bêtes sauvages et (page 162) aux « braconniers qui n'arrangent pas les choses ». Enfin, Sam, leur hôte, est en réalité un drôle de fermier yankee anglophile, timbré, incontrôlable, tantôt chaleureux, tantôt fracassé, toujours alcoolique et parfois effrayant. Dans cet ouvrage, le lecteur en prend plein les yeux mais aussi plein les narines : (page 86) un officier Libyen leur offre du thé et des gâteaux à la pistache ; (page 111) vous saurez tout du kébab d'agneau, avec ses morceaux de viande grésillants, saupoudrés de cumin moulu et de sel ... Brisant le carcan que leurs familles voulaient leur imposer, John et Joe font aussi la découverte du monde réel qui les entoure : les méfaits de la Légion Étrangère en Tunisie, l'aveuglement de certains musulmans devant les vrais problèmes du 20ème siècle, les déplacements de population, les conversions forcées …

Un roman initiatique, de belles descriptions, quelques réflexions pimentées sur les enjeux du continent Africain, des désillusions et une fin surprenante: un petit chef-d'oeuvre, malgré quelques (rares) clichés et (curieusement) l'absence de femmes.
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"Ce qui est génial avec un journal, c'est que vous n'avez pas besoin d'inventer, vous enregistrez les moments de votre vie au fur et à mesure. (p114)"

Je ne lis que très rarement des récits de voyages mais j'avais besoin d'évasion, d'espaces et la forme "journal de bord" me plaisait. Alors j'ai suivi les traces du Nil Blanc, la moto BMW que John Hopkins et son ami, Joe, ont choisie et baptisée ainsi pour traverser en 1961 une partie du continent africain (Tunisie, Lybie, Egypte, Soudan, Ouganda) pour rejoindre le Kenya où les attendent Sam, un ancien élève de Princeton comme nos deux guides, qui leur propose de séjourner dans sa ferme à Nanyuki. Malgré une rencontre amoureuse pour John pleine de promesses, et après un séjour au Pérou, ils enfourchent leur machine pour commencer par un séjour en Italie chez un passionné de littérature aveugle qui leur proposera, contre nourriture et logement, de devenir lecteurs avant de suivre le Nil et les différents pays qu'il traverse pour atteindre le Kenya.

Voyage initiatique mais également voyage pour déterminer le sens et le but à donner à leurs vies lorsqu'on a une vingtaine
d'années, découvrir des peuples, des religions, des façons de vivre, des trésors d'architecture, d'être et au fil du temps John Hopkins va apprendre, observer, écouter, voir un continent aux pays riches de leur passé ou plongés dans la misère, qui sont pour certains à des moments décisifs de leur histoire (Algérie, Tunisie etc...) avec les derniers soubresauts de la colonisation, de l'emprise de la France en particulier sur cette région et que leur statut d'américains va parfois protéger.

"(...) Ici un simple bonjour vous vaut un sourire et de la sollicitude. Les gens les plus chaleureux du monde résident dans les pays pauvres. C'est ce que j'ai appris au Pérou. (p89)"

Ils vont vivre des aventures et péripéties, risquer leurs vies sur un coup d'accélérateur, être fiévreux, faire des rencontres plus ou moins marquantes (j'ai beaucoup aimé leur séjour chez le passionné de littérature en Italie), attendre des pièces pour leur engin en panne et l'auteur, au fil des jours, des kilomètres va tenir un journal de tous ces événements.

"En Afrique, les contrastes sont terribles. A la fin, vous vous demandez : qu'est-ce qui était mieux, les épreuves ou le soulagement ? La réponse est : ni l'un ni l'autre. Ou les deux. L'un définit l'autre. Ensemble, ils rendent l'aventure inoubliable. (p158)"

Déjà à l'époque John Hopkins relève le sort des femmes mais également les ravages de la colonisation et de la religion 

"Pas d'éducation pour les femmes ; on ne peut pas s'empêcher de s'en offusquer. La cuisine, la chambre à coucher et le voile. L'islam traditionnel porte des oeillères qui le poussent à dévaloriser les femmes. La moitié de la population n'a pas le droit de prendre part activement à l'éducation, la justice, la médecine, le commerce et à d'autres domaines qui pourraient aider leur nation à prospérer. (p167)"

mais également les contrastes humains, géographiques, va devoir surmonter des chaleurs torrides, des transports aléatoires, perdre des bagages, sans oublier la découverte de la faune d'un continent encore sauvage.

Je dois avouer que je ne pensais pas prendre du plaisir à les suivre, moi la casanière, la frileuse des équipées sauvages et finalement je me suis prise d'intérêt pour la traversée d'un continent sûrement dû à l'écriture jetée au fil des jours qui reflète les états d'âme de l'auteur, parfois avec ironie, questionnements et doutes.

Inutile de vous dire qu'il va trouver du sens à ce voyage puisque ces carnets vont être suivis de ceux de Tanger et d'Amérique du Sud. L'amitié qui le lie à Joe va s'y sceller définitivement et ils garderont le goût des découvertes, de l'ailleurs et de ce que les voyages peuvent apporter de connaissances des autres mais également sur soi car on le sait bien l'important n'est pas le but mais le chemin que l'on parcourt.

"Il n'est pas évident de trouver un bon compagnon de voyage. Qui a écrit ça ? Moi. Etre avec Joe constitue véritablement une expérience éducative incroyable. S'il n'était pas là, j'appréhenderais l'avenir. (Encore plus.) Mais si j'ai le courage d'affronter ce qui apparaît maintenant comme un vide complet, c'est parce que Joe a conscience du même vide, il le sent lui aussi, il le partage. (...) Ce que je suis en train d'acquérir, c'est de la bouteille : une immense expérience sur deux continents primitifs en l'espace d'une année. Seul, cela n'aurait pas été possible. Avec Joe on fait bloc. Nous avançons ensemble. C'est un voyage dicté par le caprice, la soif d'aventure et une foi constante dans l'inconnu. (p179)"

J'ai aimé.
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Un instinct très sûr me conduit vers les récits de voyage pourtant bien dissimulés, quand ils sont quasiment devenus des classiques, parmi les romans de ma bibliothèque. Cette fois, je dois la bonne pioche à deux jeunes américains, John Hopkins et son ami Joe; ils viennent de dépasser la vingtaine, et après leurs études à Princeton, ne sont pas attirés par la vie bien droite semblant les attendre; après un voyage en Amérique du sud soi disant pour cultiver le café et se 'faire les dents', les voilà en route vers l'Impala Farm, Nanyuki, Kenya, Afrique orientale britannique (nous sommes en 1961).

Moyen de locomotion : une BMW blanche, baptisée le Nil blanc. Avec possibilité de l'installer sur bateau ou train.

Après un emploi de 'lecteurs' en Italie, les voilà en route via la Tunisie (au moment des événements de Bizerte, et ils doivent à leur nationalité américaine d'avoir survécu), la Lybie, l'Egypte, le Soudan, l'Ouganda. Un périple pas vraiment de tout repos dans une Afrique qui les séduit et où, il faut l'avouer, ils échappent de justesse à différents périls. Pannes de moto, maladies, je ne vais pas tout raconter, et non plus la fin de l'aventure. John, le narrateur, et son ami Joe trouveront leur voie tout de même...

Bien écrit, sans complaisance, avec la fougue de la jeunesse (sans doute un journal un peu remanié ensuite?) et sans longueurs. Ah l'Impala Farm t sa vue sur le Mont Kenya...
Lien : http://enlisantenvoyageant.b..
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Ce livre est un piège à lecteur. Et c'est une des choses qui me plaisent dans ce type d'ouvrages. C'est un mélange de journal et de carnet de voyage. L'auteur raconte les fait marquants de ces journées et il note tous les livres lus ou dont on lui a parlé pendant des conversations. Alors si vous voulez des titres cultes d'avant 1961 vous aller être gâtés. J'avais l'impression de voir ma Pal qui prend la poussière … « la Montagne magique » Thomas Mann, « Lord Jim » Joseph Conrad etc.

J'avais beaucoup aimé son « Carnet d'Amérique du Sud (1972-1973) » Les sujets sont plus adultes que dans « Carnets du Nil Blanc ». Ici nous découvrons John Hopkins au début de son parcours d'écrivain voyageur. Déjà les femmes et l'amour, la création et sa soif de voyage.

On découvre au début du livre une photo de Joe et John et la fameuse moto. On va partir avec eux dans ce périple qui va les faire grandir. Ces jeunes gens, leurs idéaux et leur parcours. Les choix tant au point de vu du cheminement sur terre que mental.

À travers leurs itinéraires et leurs questionnements on découvre une époque et des faits historiques.
[...]
Ce qui m'a beaucoup intéressé c'est tout ce qui concerne la création littéraire et l'influence du vécu comme base de travail.

A travers ce « road movie » avec les aventures et mésaventures on découvre une époque et une certaine vision de la vie et du monde. Il y a des choses que l'on n'écrirait plus de nos jours.

Je vous souhaite un bon voyage.
Lien : https://latelierderamettes.w..
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Un très beau récit de voyage à travers l'Afrique par John Hopkins.
J'étais un peu sceptique à la base parce que ce n'est pas vraiment mon style de lecture. Mais c'est vraiment très joliment écrit. La plume est fine et simple avec des détails superbes des paysages découverts lors de cette expédition. Comme si vous y étiez! John Hopkins m'a transporté en Afrique et j'ai eu l'occasion de rêver quelques heures à ses côtés.
Bref je le recommande!
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critiques presse (2)
LesEchos
03 juillet 2012
A tous les jeunes gens tentés de vieillir trop vite, ce livre merveilleux est à recommander d'urgence.
Lire la critique sur le site : LesEchos
Liberation
02 juillet 2012
Le livre atteint sa propre essence : écrire, c’est être invité par des gens qui, lorsqu’on arrive, ont disparu. On peuple alors le domaine avec les héros inattendus et ce qu’il reste d’imagination.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
page 123
[...] 28 août. Une expérience inoubliable : à 3 heures du matin, arrêt à Abou Simbel. (Statues colossales taillées dans la paroi d'une montagne.) Visite à la lumière des flambeaux et de la lune. Impossible de décrire l'effet irréel et inquiétant produit par ces sculptures monumentales (de 15 à 18 mètres de haut) qui nous toisent. Elles sont menacées par l'eau du lac Nasser qui ne cesse de monter et l'on évoque un projet consistant à les transporter au sommet de la montagne. Difficile d'imaginer comment. Mais nous avons eu le privilège de les admirer, comme des millions d'autres personnes avant nous, c'est à dire avant que Thomas Edison invente l'ampoule électrique, avec un guide et un flambeau. Dans la galerie au-dessous : bas-reliefs, sculptures et hiéroglyphes. Expérience mystérieuse, étrange, hors du temps. [...]
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Il n'est pas évident de trouver un bon compagnon de voyage. Qui a écrit ça ? Moi. Etre avec Joe constitue véritablement une expérience éducative incroyable. S'il n'était pas là, j'appréhenderais l'avenir. (Encore plus.) Mais si j'ai le courage d'affronter ce qui apparaît maintenant comme un vide complet, c'est parce que Joe a conscience du même vide, il le sent lui aussi, il le partage. (...) Ce que je suis en train d'acquérir, c'est de la bouteille : une immense expérience sur deux continents primitifs en l'espace d'une année. Seul, cela n'aurait pas été possible. Avec Joe on fait bloc. Nous avançons ensemble. C'est un voyage dicté par le caprice, la soif d'aventure et une foi constante dans l'inconnu. (p179)
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Pas d'éducation pour les femmes ; on ne peut pas s'empêcher de s'en offusquer. La cuisine, la chambre à coucher et le voile. L'islam traditionnel porte des œillères qui le poussent à dévaloriser les femmes. La moitié de la population n'a pas le droit de prendre part activement à l'éducation, la justice, la médecine, le commerce et à d'autres domaines qui pourraient aider leur nation à prospérer. (p167)
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En Afrique, les contrastes sont terribles. A la fin, vous vous demandez : qu'est-ce qui était mieux, les épreuves ou le soulagement ? La réponse est : ni l'un ni l'autre. Ou les deux. L'un définit l'autre. Ensemble, ils rendent l'aventure inoubliable. (p158)
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Ici un simple bonjour vous vaut un sourire et de la sollicitude. Les gens les plus chaleureux du monde résident dans les pays pauvres. C'est ce que j'ai appris au Pérou. (p89)
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Video de John Hopkins (1) Voir plusAjouter une vidéo

John Hopkins : Adieu Alice
Cimetière de Fès, Maroc. Olivier BARROT, parmi les pierres tombales, présente le livre "Adieu Alice" de John HOPKINS. En off, musiquearabe.
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