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EAN : SIE104201_382
Stock (30/11/-1)
3.75/5   8 notes
Résumé :
L'Iris fou est un recueil de nouvelles japonaises paru à l'occasion du Salon du Livre 1997 consacré au Japon, présenté par Ivan Morris.

Quatrième de couverture : L'inanité de la guerre, son absurdité parfois comique, son étrangeté et sa laideur, tel est le thème de L'Iris fou, première esquisse du fameux roman Pluie noire, paru en 1966, et qui valut à Ibuse Masuji sa célébrité. Mais on aimera particulièrement aussi, parmi les nouvelles qui composent c... >Voir plus
Que lire après L'iris fou - Odieuse vieillesse - Le Maître - Le tableau d'une montagne - L'artiste, Le crime de HanVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Avant le bombardement d'Hiroshima, alors que tous savent à quoi s'en tenir, la population ayant été avertie par des tracts américains, un aubergiste refuse de vendre une jarre qui pourtant est vouée à la destruction. Ainsi dans L'Iris fou d'Ibusé Masuji à côté de la grande tragédie de la guerre, la vie continue et certains s'accrochent aux choses quotidiennes, pensant peut-être repousser de cette façon l'inéluctable.

Plus que la réalité des choses, l'essentiel est semble-t-il l'idée que l'on s'en fait. Il en est ainsi du Tableau d'une Montagne à la saison d'automne dont on ne sait si la trace indélébile qu'il laisse dans les esprits dépend de la qualité de l'imaginaire et du talent de celui qui le décrit ou de l'oeuvre elle-même, réelle ou imaginée.

Dans le même ordre d'idées le plus merveilleux tireur à l'arc du Maître de Nakasima Ryunosuké n'était-il pas celui dont la réputation est telle qu'arc et flèches lui sont désormais inutiles, puisque ce qui compte c'est précisément cette réputation, répandue par un autre maître, bien plus que ses capacités réelles.

« Les gens devraient bien s'éteindre comme une musique, en laissant derrière eux une belle mélodie. » Ce qui est sûr c'est que l'Umé d'Odieuse vieillesse de Niwa Fumio est une aïeule qui empoisonne son entourage et qui de fait ne laissera derrière elle qu'un soulagement après qu'elle a disparu. Eh oui, certaines vieilles personnes par leur comportement ne sont que charge et désagréments pour ceux qui s'en occupent...

La dernière nouvelle de ce formidable petit recueil, le crime de Han de Shiga Naoya, pose la question de la culpabilité. Han, le lanceur de couteaux, sera-t-il jugé coupable d'avoir tué sa femme alors que lui-même ne sait s'il l'a fait intentionnellement ? La réponse est dans le livre. Une chose est sûre, une fois encore on aurait tort de se fier aux apparences...

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Le recueil est paru chez Stock en 1957 et a été réédité en 1997. Il contient six nouvelles de thèmes et d'époques variés mais toutes très intéressantes. L'anthologie donne envie de lire d'autres livres et c'est là l'essentiel. Cependant la traduction, qui semble avoir transité par l'anglais, gagnerait à être rafraîchie.

1) Ibuse Masuji (1898-1993) : L'Iris fou (1957). 28 pages.
L'action se situe dans un village à cent cinquante kilomètres d'Hiroshima, peu après la bombe et avant la capitulation du Japon. La nouvelle est remarquable dans sa construction. Elle fait alterner le motif allégorique de l'iris fou, des dialogues du quotidien, triviaux, dérisoires dans l'attente du prochain bombardement et puis l'irruption des rescapés atteints d'une étrange maladie.

2) Nakajima Atsushi (1909-1942) : le Maître (1942). 15 pages.
C'est un conte, avec beaucoup d'humour, des rebondissements et une chute qui illustre un précepte tao. Chang veut devenir le roi du tir à l'arc, il va trouver Fei le plus grand des archers. Celui-ci le soumet à des épreuves difficiles et très pittoresques qui font râler sa femme...
Ce conte apparaît sous le titre le maître fabuleux dans le recueil @Histoire du poète qui fut changé en tigre et autres contes.

3) Akutagawa Ryunosuke (1892-1927) : le Tableau d'une Montagne à la saison d'automne. 15 pages.
C'est une malicieuse histoire autour d'un chef d'oeuvre mystérieux que plusieurs témoins prétendent avoir vu. Une nouvelle sur la fragilité du témoignage, sur le pouvoir des mots plus vrais que la réalité, sur la vantardise et l'arrogance des critiques d'art. Un petit bijou du grand Akutagawa.

4) Niwa Fumio (1904-2005) : Odieuse vieillesse ( 1948). 48 pages
Une nouvelle cruelle, dérangeante car bien rigolote aussi sur une grand mère qui encombre ses petits enfants qui en ont la charge. La vieille Umé quatre-vingt six ans est insomniaque, gémit, réclame depuis son lit mais dès qu'on a le dos tourné trotte comme un lapin...Et puis elle fouille dans les affaires, chaparde, calomnie et se plaint de la nourriture. Bref c'est un fléau. Il faut refiler la vieille bique à l'autre petite fille...
"Odieuse vieillesse" est une expression entrée dans le vocabulaire courant au Japon.
La nouvelle est intitulée @L'âge des méchancetés en Folio.

5) Shiga Naoya (1883-1971) : L'artiste. (1913) 9 pages.
Un petit garçon collectionne les coloquintes, les sélectionne et en prend le plus grand soin comme s'il s'agissait d'objets d'art. Cette passion "efféminée" n'est pas du goût de son instituteur...
Le récit est charmant, concis, simple et donne un aperçu des mentalités de l'époque.

6) Shiga Naoya (1883-1971) : le crime de Han (1913). 17 pages.
Au cours de son numéro de lancer de couteaux , Han tranche la carotide de sa femme qui meurt sur le coup. Est-ce un accident ou un crime prémédité ? On suit les interrogatoires du juge d'instruction qui donnera son verdict à la fin. Cette petite enquête policière est d'une grande finesse psychologique.


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Je viens de terminer rapidement ce petit recueil de nouvelles japonaises. On peut se demander ce qui a motivé le choix de l'éditeur, tant les écrivains et les thèmes sont différents et n'ont pas grand chose en commun. Des récits de Shiga Naoya de 1913 à celui de Niwa Fumio de 1948, avec des thèmes aussi éloignés que la bombe atomique sur Hiroshima de Ibusé masuji au récit taoïste de Nakajima Atsushi, ces textes, par ailleurs très intéressants, se lisent facilement et ont l'avantage de nous présenter différentes facettes de l'histoire du japon et une littérature encore assez méconnue.
Ce recueil m'a également donné envie de relire les textes plus conséquents de certains de ces auteurs, comme "Pluie noire" de ibuse Masuji ou "Errance dans la nuit" Shiga Naoya.
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Une anthologie, c'est toujours intéressant pour tous types de lecteurs. Ce livre peut séduire ceux qui veulent tenter une approche avec la littérature japonaise contemporaine, mais aussi les lecteurs plus chevronnés car il y a des auteurs peu traduits qui figurent dans ce recueil. C'est d'ailleurs dommage, si vous voulez mon avis, que certains immenses auteurs japonais doivent ce contenter de ces passages éclairs dans la langue française... mais bon mes récriminations ne changeront pas cet état de fait (je ne cois pas à la parole performative) Sans compter que c'est rudement pratique, une anthologie! On peut picorer à sa guise tel ou tel texte, c'est court (bref idéal pour lire en transport en commun, en téléphonant au service client injoignable de X...)

Toutefois, me direz vous, toutes les anthologies ne se valent pas! Certaines semblent n'avoir que pour but de recycler des textes en un amas attrape tout, véritable piège à lecteur. Tel n'est pas le cas de cette anthologie (du moins à mon humble avis). Elle fait preuve de cohérence et d'ambition. Cohérence avec des auteurs concentrés sur la première moitié du XXème siècle, et ambition par une sélection exigeante avec des figures proéminentes aux styles singuliers, dont les textes sont des classiques lus en classe au Japon.

J'ai ainsi pris beaucoup de plaisir à découvrir cette anthologie. Je connaissais malheureusement déjà Odieuse vieillesse, qui occupe une part conséquente du recueil, mais relire cette nouvelle m'a fait un grand plaisir! Cette nouvelle est dérangeante car elle dépeint la déchéance humaine de la vieillesse et aborde un thème de société très profond et ô combien actuel au Japon, la difficile prise en charge des aînés par leurs famille. J'ai néanmoins eu le plaisir de pouvoir découvrir des auteurs japonais trop rares dans la langue de molière tel que Shiga Naoya, Nakajima Atsushi, Ibusé Masuji. Mon coup de coeur personnel va à L'iris fou, récit très fort sur les souffrances endurées par les civils japonais lors de la seconde guerre mondiale et l'horreur de Hiroshima.
Ce recueil ne manquera pas de vous toucher également, et j'espère qu'il pourra faire office de porte d'entrée dans l'univers fascinant de la littérature Japonaise à de nombreux curieux !
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Cet avec ce petit livre de nouvelles que j'ai rencontré la littérature japonaise.
Ce recueil de différents auteurs est très bien écrit et m'a permis de découvrir la sensibilité mais aussi dureté et la profondeur des écrivains japonais.
L'iris fou nous conte le désarroi et la souffrance des habitants des villes et des campagnes et la folie de la nature aprèsles bombardements atomiques de la fin de la guerre en 1945.
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Quand il émergea pour la dernière fois de son poste d’observation, Chi Ch’ang constata que la discipline sévère à laquelle il s’était soumis portait ses fruits. Rien ne pouvait lui faire cligner les yeux, ni coup sur la paupière, ni étincelle jaillie des braises, ni nuage de poussière tourbillonant subitement devant lui. Il avait exercé ses muscles oculaires à une inertie tellement parfaite que ses yeux restaient ouverts même quand il dormait. Une fois, comme il était assis et regardait dans le vide, une petite araignée tissa sa toile entre ses cils. Il estima être désormais en état de se présenter devant son maître.
(Le Maître de Nakajima Atsushi )
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Peu après le bombardement d'Hiroshima, je me trouvais chez un de mes amis, dans les faubourgs de Fukuyama, et je regardais un iris qui avait fleuri hors de saison. Il poussait seul de son espèce dans ce coin-là, et ses pétales étaient pourpres.
Ceci se passait à la mi-août, quelques jours après la proclamation du rescrit impérial annonçant la capitulation. La plupart des iris se pressaient en touffes serrées d'un côté de l'étang et dressaient leurs longs pistils vert lumière déjà tout dénudés. Mais cette plante retardataire était à l'écart des autres ; de ses feuilles pointues comme des glaives qui jaillissaient de l'eau émergeait une tige délicate et au bout de cette tige s'épanouissaient les pétales pourpres contrefaits. Lorsque je l'aperçus pour la première fois par la fenêtre de la maison de mon ami, je pris cet iris pour un bout de papier de soie qui flottait sur l'étang.
(Début de la nouvelle L'iris fou de Ibuse Masuji)
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La nuit qui s'aventure sur les lames grinçantes du couloir menant à la toilette entend invariablement une voix qui s'élève de l'ombre : " Qui est là ?" Ce n'est pas le ton anxieux de celui qui redoute la solitude nocturne ou l'exclamation d'une personne brusquement tirée de son sommeil. Non, c'est la voix posée très nette, de quelqu'un qui n'a pas fermé l’œil de la nuit. C'est la voix de la vieille Umé, et on ne peut pas s'empêcher de ressentir un choc désagréable.

(Début de la nouvelle Odieuse vieillesse de Niwa Fumio)
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"Odieuse vieillesse" de Niwa Fumio

Les autres voyageurs avaient entendu la conversation et examinaient les deux vieilles avec une curiosité évidente. On devinait à les voir qu'ils pensaient regarder non pas des êtres humains mais quelque étrange spécimen de plante ou d'animal désséché par le temps.
Ils ne paraissaient pas songer qu'ils étaient voués au même destin que ces deux femmes, et qu'à moins d'avoir leur vie abrégée par la maladie ou un accident, eux aussi seraient condamnés à devenir un fardeau accablant traîné à regret par leur famille exaspérée. Un léger effort d'imagination leur aurait permi de considérer ces octogénaires non comme les représentantes d'une race grotesque, mais comme un avertissement du sort qui les attendait : eux aussi seraient vieux, inutiles, privés de toute joie de vivre, uniquement voués à mourrir...
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L’homme qui ne possède qu’une puissance limitée ne peut s’empêcher de montrer son pouvoir. Alors en vérité on peut dire qu’il n’en possède aucun.

Le Maître par Nakajima Atsushi (1909-1942)
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Video de Shiga Naoya (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Shiga Naoya
« […] Akutagawa Ryunosuke (1892-1927) tenait cette nouvelle pour l'une des oeuvres les plus fortes de Shiga Naoya (1883-1971). […] Tout en usant de mots familiers réussir à donner une pareille sensation de transparence, voilà ce qui dans tout texte, à quelque genre qu'il appartienne, importe au plus haut point. […] Une telle forme d'écriture dédaigne la fleur pour obtenir le fruit : par la simplicité même, elle accède à l'essentiel comme aucun mode d'expression de la vie quotidienne ne le pourrait. […] » (Junichiro Tanizaki [1886-1965])
« […] Sa légèreté n'est qu'apparente. Elle recèle une puissance insoupçonnée. Ainsi de ces variations de Chopin, subtiles, presque imperceptibles, qui résonnent en nous, se propagent jusqu'au fond de nos entrailles comme la douleur d'une dent. […] » (Hideo Kobayashi [1902-1983])
« […] l'originalité de Shiga Naoya tient au fait que jamais dans aucune de ses nouvelles il ne se laisse aller à l'analyse psychologique de son personnage principal. Il le présente seulement comme un homme qui lutte pour essayer d'établir des relations humaines rationnelles dans le monde qui l'entoure. le personnage apparaît si profondément hanté par cette quête que Shiga Naoya ne s'attarde pas à une étude de son caractère. […] » (Sei Ito [1905-1969])
« […] En janvier 1913 paraît un premier recueil de nouvelles, dédié à sa grand-mère. le 5 août de cette même année, Shiga Naoya est renversé par un train de la ligne Yamanote. Il est grièvement blessé et doit se faire hospitaliser. Il écrit en septembre la nouvelle Han no hanzaï (Le crime de Han) puis, en octobre, part en convalescence à Kinosaki. […] L'une de ses plus belles nouvelles, Wakaï (Réconciliation) […] est publiée en 1917, peu de temps après Kinosaki nite (Le séjour à Kinosaki). […] »
17:55 - Générique
Référence bibliographique : Naoya Shiga, le séjour à Kinosaki suivi de le crime de Han, traduit par Pascal Hervieu et Alain Gouvret, Éditions Arfuyen, 1986
Image d'illustration : Autoportrait de Shiga Naoya daté de septembre 1912.
Bande sonore originale : P C III - O UT O UT by P C III is licensed under an Attribution License.
Site : https://freemusicarchive.org/music/P_C_III/O_UT_1733/O_UT
#NaoyaShiga #LeSéjourÀKinosaki #LittératureJaponaise
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