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EAN : 9782879299839
400 pages
Editions de l'Olivier (20/10/2016)
3.94/5   24 notes
Résumé :
« Je gaspillais beaucoup de temps et d'énergie à créer une certaine image de moi-même et à recueillir une approbation ou une acceptation qui ne me faisaient rien, parce qu'elles n'avaient rien à voir avec celui que j'étais vraiment. J'étais un imposteur et ça me dégoûtait, mais je crois que je n'arrivais pas à m'en empêcher ».David Foster Wallace n'était pas uniquement l'auteur du roman-monde L'Infinie Comédie : il était également reconnu pour la qualité de ses hist... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
L'oubli de David Foster Wallace
Huit longues nouvelles.
Novembre 1995 la société Mister Squishy a réuni les panels de consommateurs triés sur le volet pour tester un gâteau fort en chocolat destiné aux supérettes, 27 de ces gâteaux sont disposés sur un plateau tournant. On les avait nommés Petits Délits. Les gens du panel sont au sommet d'un immeuble avec de grandes baies vitrées par lesquelles , au même moment , ils peuvent apercevoir des badauds la tête levée observer un homme assis sur une corniche à 70 mètres d'altitude…
Colombus fin des années 50.
Lui, Frankie, Mandy et Chris furent surnommés « Les 4 otages occasionnels », car ils n'avaient pas fui la classe d'éducation civique en même temps que les autres élèves. Lui étant rarement attentif se souvient vaguement qu'il neigeait et que c'était Johnson qui avait remplacé la prof habituelle, des chiens couraient à l'extérieur et que c'est en parlant du treizième amendement que ça s'est produi, il avait écrit au tableau TUE…
Il vit la casserole d'eau brûlante répandue, le bébé hurlant dans ses couches, il l'enveloppa dans une serviette, il était sûrement trop tard mais l'enfant avait déjà appris à sortir de lui même…
Un homme raconte ce qu'il a entendu d'une conversation en avion entre deux passagers devant lui. le récit parlait d'un enfant né dans un village paléolithique primitif sans plus de précision, peut-être une jungle en Asie ou Amérique du Sud. L'enfant semblait doué d'un QI exceptionnel et malgré son très jeune âge on le consultait sur des sujets complexes qui mettaient en jeu l'existence même de la tribu. Il répondait aux questions tous les 29,518 jours synodiques et la tribu fit bientôt des sauts quantiques sans fin mode de vie suscitant la jalousie et l'inquiétude des tribus voisines restées à des stades moins développés…
Toute sa vie il a été un imposteur essayât de projeter une image de lui sur les autres. Il avait essayé la psychanalyse mais il avait manipulé Gustavson (qu'il aimait bien) qui s'en moquait, il touchait ses 65$. Il lui avait parlé du paradoxe de l'imposteur…
Sa mère avait fin un peu de chirurgie esthétique pour ses pattes d'oie, il l'avait ratée, en voulant corriger ce fut pire on aurait dit la Fiancée de Frankenstein quand elle découvre son promis. Il l'amène chez un avocat en bus…
L'orage les avait chassés des greés et ils étaient au Club House en face du 19 ème trou avec le beau père de Hope, sa femme, cadre médical. Il veut lui parler du conflit qu'il a avec elle, elle prétend qu'il ronfle alors que pour lui, elle dort et rêve qu'il ronfle!!…
Atwater au téléphone essaye de convaincre son directeur adjoint à Style d'inclure dans le magazine une exposition sur la »merde humaine » une oeuvre d'art d'un artiste génial pour lui ce que son interlocuteur ne semble pas partager de prime abord, arguant du fait que ce n'était pas cohérent avec la ligne éditoriale de Style. L'artiste s'appelait Brint Moltke, sa femme, ne parvenait pas à être repoussante, Atwater imaginait qu'elle était l'image que les canidés voyaient quand ils hurlaient à la mort….
Ce ne sont pas tant les sujets des nouvelles qui font l'intérêt de ce livre mais le style. À la fois flux de conscience, on est dans la tête, souvent malade ou pour le moins perturbée du héros qui délibère avec lui même, mais aussi une forme de « naming »à la Brett Easton Ellis en plus détaillé et en plus savant. le roi de la digression intelligente. C'est à mon sens une écriture unique qui ne peut laisser indifférent, soit on adhère rapidement et on se laisse porter par le style, soit on n'adhère pas et une quinzaine de pages de lecture suffiront à passer à autre chose. Une oeuvre dans des tonalités assez sombres.
Foster Wallace est né en 1962 s'est suicidé en 2008.
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Il n'est pas toujours facile d'exister dans la société moderne. Une formalité administrative à remplir ? Un petit ticket vous rappelle que vous serez le 56e à vous présenter aujourd'hui devant une employée blasée. Au boulot, votre place dans la hiérarchie, à 20.000 lieues sous une chaîne interminable de chief executives en tout genre, vous confine à des travaux que tous trouvent sans intérêt, y compris vous-même.

Alors que se passe-t-il quand l'individu trouve finalement une petite faille dans laquelle s'engouffrer pour prouver son unicité? Ce n'est pas toujours très joli ; tout ce qui a été trop longtemps contenu explose, en laissant des traces et quelques dégâts un peu partout.

Les quelques nouvelles qui composent ce livre donnent une vision assez sombre de la vie, à travers des personnages dont on ne sait s'ils sont fous, ou si c'est le monde qui les entoure qui l'est. La plupart des protagonistes ont quelques tics ou particularités qui paraissent anodins au premier coup d'oeil, mais qui se transforment lentement en quelque chose de malsain et d'oppressant.

Toutefois, si j'ai été rapidement happé par toutes les nouvelles, la conclusion m'a souvent laissé sur la fin. Trop souvent, l'auteur nous laisse en plan juste avant le dénouement final, avec un goût d'inachevé désagréable. C'est visiblement une de ses caractéristiques d'écriture, puisque c'est déjà quelque chose que je lui reprochais dans L'infinie comédie. Dans un roman, ça se pardonne facilement, mais dans un recueil de nouvelles, ça se reproduit régulièrement au point de devenir désagréable.
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J'ai découvert David Foster Wallace avec L'Infinie Comédie, ce grand classique américain enfin traduit en France grâce aux éditions de l'Olivier. La maison d'édition remet ainsi cet écrivain à l'honneur avec toute son oeuvre dont L'oubli, un recueil de nouvelles.

Comme vous le savez peut-être, cela fait depuis peu de temps que je suis devenue une adepte des nouvelles mais je me régale à rattraper mon retard en lisant les classiques du genre et en découvrant les grands de demain. Les recueils de nouvelles permettent souvent de faire un condensé, résumé de l'oeuvre d'un auteur, de pouvoir appréhender son style, son univers et ses thématiques préférées. Ainsi si vous souhaitez découvrir David Foster Wallace sans pour autant vous attaquer à son classique -qui est un pavé assez impressionnant- je vous conseille de lire L'oubli !

Le recueil de nouvelles est le genre noble en littérature américaine de la même manière que le roman est le genre phare en France. Nous ne sommes certes pas habitués à lire des histoires courtes mais je peux vous dire qu'il suffit de lire les bonnes pour comprendre à quel point c'est vraiment le genre parfait pour transmettre la substantifique moelle d'un personnage, d'un fait, d'une idée.

Avec L'oubli, David Foster Wallace dépeint des protagonistes anéantis, conditionnés, portés par la société capitaliste du XXIème siècle. Des personnages tourmentés à l'image de leur auteur comme le souligne leurs questionnements perpétuels, leurs réflexions pessimistes, leurs introspections fatidiques. C'est ainsi que la folie, la mort ou le désespoir semblent les seules issues face au non-sens de la vie. Un peu pessimiste pour la période mais parfait pour lire après les fêtes !

En définitive, un recueil sombre et percutant qui met en avant tout le talent de Wallace !
Lien : http://leatouchbook.blogspot..
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Dans ce recueil de huit nouvelles, toutes ne se valent pas, je retiendrais surtout L'oubli, qui donne son titre au livre, L'âme n'est pas une forge et La philosophie et le miroir de la nature, plus profondes et qui m'ont plus touchées que les autres. J'aime bien le style d'écriture de l'auteur, c'est assez basique mais ça m'a paru direct, comme s'il me racontait directement les histoires, j'aime bien car je m'implique un peu plus dans la lecture.
Les sujets traités sont souvent mélancoliques, sur des thèmes comme la folie, le regard qu'on porte sur soi-même ou encore les normes sociales et ça me parle. Les personnages trouvent souvent refuge dans l'oubli, ils n'ont rien d'atypique, ils sont tout ce qu'il y a de plus banals et c'est aussi ce qui fait leurs forces, comment Monsieur-tout-le-monde peut-il s'adapter à ce monde sans visage ? Comment peut-il ne serait-ce qu'exister ?
J'ai beaucoup aimé car ce sont des questions que je me pose au quotidien et certains personnages me font penser à Bartleby le scribe de Melville, un roman que j'avais adoré par la banalité consternante de cet homme qui un jour ose se rebeller à sa façon.
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Je n'ai pas encore terminé ce livre que j'ai commencé par la lecture de la nouvelle intitulée "Ce cher vieux néon" dont les premiers mots m'on tout de suite attirée : "Toute ma vie j'ai été un imposteur". Je n'ai pas été déçue.
Si j'en crois un article lu sur la vie de DFW, cette nouvelle doit être très autobiographique. Il y explique/analyse/expose ce qui a été la grande affaire de sa vie, ce sentiment insupportable d'être un imposteur, de ne plus agir que pour un public qu'il s'agit d'éblouir. de ne plus faire les choses que dans l'espoir des félicitations. Question dont je ne sais jusqu'à quel point elle me concerne. Que je débusque peut-être dans la chasse aux likes sur les réseaux sociaux. Et que DWF met impitoyablement à nu. Ainsi se souvient-il avoir aimé le football, jusqu'à ce que ce gout, ce plaisir lui soit ôté, enlevé, supplanté par l'angoisse de la performance à assurer, la nécessité d'être le meilleur, le seul.
J'ai particulièrement aimé les rencontres avec son analyste ainsi que celle de la méditation. Son maître de méditation est le seul qui ne se laissera pas prendre à son bluff, et le lui laissera entendre avec beaucoup de subtilité, en lui décernant le prix de la statue. Plus tard, il se demandera s'il n'aurait pas dû continuer la méditation après s'être ainsi senti démasqué.
D'une effrayante lucidité, la nouvelle se termine par son suicide. Il l'écrit 4 ans avant son suicide effectif.
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Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
[À] un moment donné ses talents professionnels pour le marketing avaient métastasé et contaminé toute sa personne au point qu'il était aujourd'hui le genre d'homme à propos de qui, s'il prenait son courage à deux mains et proposait à une collègue de boire un verre et autour d'un verre lui ouvrait son cœur et révélait qu'il la respectait énormément, que ses sentiments pour elle relevaient d'une estime professionnelle et aussi éminemment personnelle, et qu'il pensait à elle bien plus souvent qu'elle ne l'imaginait probablement, et que s'il pouvait faire quoi que ce soit pour lui rendre la vie plus heureuse ou facile ou satisfaisante ou épanouissant il espérait qu'elle le dise, car c'est tout ce qu'elle aurait à faire, dire un mot ou claquer de ses doigts épais ou même poser sur lui un regard chargé de sens, et il serait là, dans l'instant et sans la moindre réserve, les gens penseraient quand même selon toute probabilité qu'il cherchait juste à coucher avec elle ou à la peloter ou à la harceler, ou qu'il nourrissait pour elle une obsession malsaine, voire peut-être qu'il lui avait élevé une espèce de petit autel malsain dans le coin de la seconde chambre inoccupée de son appartement, un autel rassemblant des objets personnels repêchés dans la corbeille à papier de son box ainsi que les petits mots secs et spirituels qu'elle lui faisait passer de temps en temps et surtout pendant les réunions absurdes ou mortellement ennuyeuses du personnel de Team Delta-y, ou que le fond d'écran de son ordinateur personnel Apple PowerBook était un agrandissement en qualité Adobe 1440 dpi d'un cliché numérique les représentant tous les deux avec son bras à lui sur son épaule à elle et de l'autre côté un petit morceau du bras et de l'épaule d'un autre membre de l'équipe Terrain de Team Delta-y pendant un pique-nique que A.C. Romney-Jaswat & Assoc. avait organisé pour ses sous-traitants à Navy Pier le 4 juillet deux ans plus tôt, Darlene tenant un gobelet à la main et souriant de telle façon qu'elle dévoilait presque autant de gencive supérieure que de dents, le rouge du gobelet de bière retouché informatiquement pour l'assortir à son rouge à lèvres et au petit nœud écarlate qu'elle portait souvent dans les cheveux, légèrement décentré sur la droite, comme une sorte de signature personnelle ou d'affirmation identitaire.
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Je sais que vous savez aussi bien que moi à quelle vitesse les pensées et les associations peuvent nous filer dans la tête. On peut être au boulot en pleine réunion de création, et rien que pendant les petits silences où les gens regardent leurs notes et attendant la présentation suivante on peut avoir la tête traversée par une telle quantité de choses qu'il faudrait un temps exponentiellement plus long que toute la réunion pour mettre simplement en mots le flux de pensées de ces quelques secondes de silence. C'est un autre paradoxe, dans la vie une grande partie de nos impressions et de nos pensées nous traversent si vite la tête que vite n'est même pas le bon mot, elles paraissent complètement étrangères ou extérieures au temps ordinaire séquentiel dans lequel nous vivons tous, et elles ont si peu de rapport avec le langage linéaire avec lequel nous communiquons un mot après l'autre qu'il faudrait facilement toute une vie juste pour déplier le contenu des pensées et des associations qui jaillissent en une fraction de seconde, etc. - et pourtant on continue à essayer d'utiliser l'anglais (ou la langue en vigueur dans notre pays de naissance, ça va de soi) pour essayer d'exprimer ce qu'on pense et pour découvrir ce que les autres pensent, alors qu'en réalité au fond de nous on sait tous que c'est une comédie et qu'on fait comme si.
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Réfléchissez-y une seconde - imaginez maintenant que tous les mondes de matière infiniment dense et changeante en vous à chaque moment de votre vie se révèlent ouverts et exprimables après la mort de ce que vous concevez comme vous, car imaginez maintenant qu'ensuite chaque moment soit une mer ou un plan ou un passage de temps infini dans quoi l'exprimer ou le communiquer, et vous n'avez même pas besoin d'un langage organisé, vous pouvez comme on dit ouvrir la porte et arriver dans la salle de n'importe qui avec toutes vos idées et facettes et formes multiformes. Car écoutez (...) : Qu'est-ce que vous croyez être, exactement ? Les millions et les trillions de pensées, de souvenirs, de juxtapositions - même les plus folles, comme celle-ci, je sais que vous le pensez - qui défilent dans votre tête et disparaissent ? Une espèce de somme ou de reste de tout ça ? Votre histoire ? (...) La vérité, c'est que vous avez déjà entendu ça. Que c'est ça qui se passe. Que c'est ça qui crée de la place pour les univers en vous, pour toutes les fractales sans fin de relations et de symphonies de voix, les infinités que vous ne pouvez jamais montrer à une autre âme. Et vous croyez que ça fait de vous un imposteur, cette minuscule fraction qui est la seule visible ? Bien sûr vous êtes un imposteur, bien sûr ce que les gens voient n'est jamais vous. Et bien sûr, vous le savez, et bien sûr vous essayez de maîtriser la partie qu'ils voient puisque vous savez que ce n'est qu'une partie. Qui ne le ferait pas ? (...) Mais en même temps c'est pour ça qu'il est si bon de fondre en pleurs devant les autres, ou de rire, ou de parler en langues.
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« Mais c'est de la merde.
— Et en même temps c'est de l'art. Des œuvres d'art sublimes. C'est extraordinaire au sens propre du terme.
— Non, c'est de la merde au sens propre du terme, c'est tout ce que c'est au sens propre du terme. »
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Néanmoins, lorsque l'enfant sort de sa transe catatonique ou de sa phase chrysalide, ou qu'il émerge de sa méditation sur les conséquences de ce qu'ont pu lui chuchoter le chamane hégémonique ou la nubile endeuillée, ou qu'il se remet de sa première poussée de testostérone adolescente, bref lorsqu'il revient de ce qui se produisait sur l'estrade en vannerie pendant les cycles lunaires où il est demeuré immobile et inaccessible, nous comprenons tout de suite qu'il a considérablement mué, car lorsqu'il en sort et qu'il rouvre les yeux et qu'il réagit aux stimuli et qu'il recommence à répondre à l'enchaînement cyclique des interrogations villageoises, ses réponses sont apparemment fort différentes, et sa relation avec les questions, les villageois et leur culture en expansion trahit désormais une gestalt tout à fait distincte. (...) Là, dans un premier temps, il arrive que l'enfant réponde à la question d'un villageois exactement comme avant, mais en adjoignant à cette réponse précise des réponses annexes à certaines autres questions liées ou consécutives et découlant d'après lui de sa réponse initiale, comme si maintenant il semblait concevoir ses réponses au sein d'un réseau ou système bien plus vaste de questions et de réponses et de nouvelles questions, et non plus comme de simples unités d'informations distinctes et indépendantes.
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Videos de David Foster Wallace (43) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de David Foster Wallace
Relecture de l'oeuvre labyrinthique de David Foster Wallace, dont le regard aigu sur la société américaine nous éclaire plus que jamais. Avec Jakuta Alikavazovic, écrivaine et traductrice des "Considérations sur le homard", et Pierre Ducrozet, écrivain et auteur de la préface de "L'Oubli".
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