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EAN : 9782267031034
224 pages
Christian Bourgois Editeur (30/08/2018)
3.36/5   7 notes
Résumé :
Avec une verve étourdissante, un merveilleux sens du comique et de l'absurde, l'auteur de Jesus' Son et Arbre de fumée poursuit son exploration des cercles de l'enfer : un drogué écrit au diable dans un centre de désintoxication, un jeune taulard sous LSD retourne vers la préhistoire, un publiciste âgé se tient à l'affût de ces instants magiques où "le Mystère vous adresse un clin d'oeil", un poète ressemblant à l'auteur est impliqué malgré lui dans l'obsession crim... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
LA GÉNÉROSITÉ DE LA SIRÈNE de DENIS JOHNSON
Recueil de 5 nouvelles.
Bill a 63 ans, Elaine 52, ils ont 2 filles ni belles ni intelligentes, Bill égrène ses souvenirs, le jour où Chris de retour du Vietnam ne voulait montrer sa jambe en titane à Deidre que si elle embrasse sa prothèse, 6 mois après ils sont mariés et Tony ce peintre atypique mystique et extraverti qui va se balancer d'un pont de 150m de hauteur avec sa voiture…
Mark est en cure de désintoxication, il écrit à plein de gens, une fille qui lui avait envoyé des coeurs et des je t'aime en CM2, Bob auquel il demande de lui ramener un carton, sa grand-mère, Satan, son docteur et sa prescription de médoc Antabuse, son frère John si bizarre, sa mère qui snifait de la colle, en prison au Texas, Mark, ex flic, ex dealer, ex maquereau, ex tueur. Sur sa pierre tombale on pourrait lire »je devrais être mort »…
Il est en taule avec eux dans la même cellule, BD a reçu un magazine de son frère, il était imprégné de LSD, il en a fait profiter tout le monde, après on ne voyait plus les autres de la même façon, le visage de Bob s'effaçait et se recomposait différemment en mode puzzle. Bob faisait des prédictions qui s'avérèrent exactes, BD tuerait un caïd, volerait de la drogue et m'en laisserait un paquet…
Je laisse mon petit déjeuner pour aller à l'hôpital voir Linkewitz, ce qui m'a fait penser à Darcy au sujet duquel un ami s'inquiétait car il ne répondait plus au téléphone. Je vais voir, il est vivant discute avec son frère et sa belle soeur qui sont morts, ce sont eux qui font les courses, je l'emmène à l'hôpital, cancer du poumon stade 4 métastases au cerveau…
Markus Ahearn en 1977 avait été arrêté en 1977 pour tentative de pillage de la tombe d'Elvis Presley, il récidive en 2016, on parle de poltergeist…
Derrière chaque nouvelle on trouve une parole hallucinée, il y a de la poésie et du lyrisme, du délire et de l'absurde. Denis Johnson, décédé en 2017 était un élève de Raymond CARVER et c'est l'auteur de L'arbre de fumée, national Book Award 2007.
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Denis Johnson, né en 1949 à Munich en Allemagne et mort en 2017, est un auteur américain. Denis Johnson commence sa carrière en tant que poète, assistant aux ateliers d'écriture dispensés par Raymond Carver, il écrit plusieurs très beaux volumes inspirés de la poésie de Walt Whitman ou des poètes de la Beat Generation. Vivant éloigné des principaux pôles de culture de la Côte Est et de la Côte Ouest des Etats-Unis, Johnson semble avoir été un homme discret, introverti, dont les manières douces contrebalancent une présence physique intensément charismatique. Son oeuvre comprend poésies, nouvelles, romans et théâtre. La Générosité de la sirène, un recueil de cinq nouvelles, vient de paraître.
Je viens de refermer l'ouvrage et j'avoue ne pas trop savoir comment en parler car je ne sais pas vraiment ce que j'en pense ! L'auteur est porté aux nues par les plus grands écrivains (Philip Roth, Jonathan Franzen, Don DeLillo et notre Philippe Djian pour n'en citer que quelques uns), comparant son style à Jack Kerouac ou William Burroughs (et moi j'y vois du Bukowski dans le premier texte). La ramener après ces cadors pour donner un avis plus tempéré peut sembler prétentieux ou preuve d'amateurisme de ma part mais tant pis, c'est la règle du jeu : j'écris ce que je pense en toute indépendance.
Première réflexion, les textes – à mon avis – se succèdent dans un ordre d'intérêt croissant ; est-ce une bonne idée ? Je ne le crois pas et je m'adresse aux éventuels futurs lecteurs, si la première nouvelle qui donne son titre à l'ouvrage vous déroute par son aspect narratif totalement décousu, sautant du coq à l'âne, n'abandonnez pas le bouquin. Sautez-la et passez à la suite quitte à y revenir ensuite. Un recueil de nouvelles devrait être organisé comme un disque, avec un titre fort d'entrée, pour chopper le lecteur/auditeur, quitte à s'autoriser un temps faible ensuite puis finir en force. Enfin, moi je vois ça comme ça…
Les autres nouvelles adoptent une narration plus abordable même si l'écrivain n'est pas des plus classiques, digressions courtes ou histoires multiples au sein d'une même nouvelle demandent un minimum de concentration. Quant aux sujets, ils sont tous très surprenants : un alcoolique en centre de désintoxication depuis quatre ans écrit des lettres (qu'il n'envoie pas) à tous les gens qu'il connait mais aussi au pape et au diable (Le Starlight sur Idaho) ; en prison, un détenu prédit à ses trois collègues qu'ils tueront dans le futur (Bob l'Etrangleur) ; le narrateur accompagnera successivement deux amis à l'heure de leur mort (Triomphe sur la mort) ; un professeur de poésie se lie d'amitié avec un de ses étudiants obnubilé par Elvis Presley, un délire total sur toutes les théories abracadabrantes concernant sa mort et un épilogue à l'unisson (Doppelgänger, Poltergeist).
La première nouvelle m'est passé au-dessus de la tête, les deux suivantes sont pas mal mais j'ai vraiment adoré les deux derniers textes, Triomphe sur la mort est excellent et le dernier complètement extravagant. Autant dire que tous les textes font la part belle à la mort mais sur un ton légèrement drôle jouant sur le doux et l'amer et c'est en cela que Denis Johnson est un vrai écrivain, il a sa propre écriture.
Pour résumer, je n'ai pas tout aimé dans ce recueil, mais ce que j'ai aimé est d'un très haut niveau.
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Ce livre se décompose en cinq nouvelles. Elles ne se valent pas toutes mais ont la qualité d'explorer différents types de narrations, allant des anecdotes décousues à la correspondance, du monologue à la narration linéaire. Dans la dernière, qui est aussi ma préférée, l'auteur se lance dans la théorie du complot de façon magistrale. Toutes semblent assez différentes les unes des autres ; néanmoins on peut quand même distinguer quelques points communs : le souvenir, la famille - et surtout les frères / soeurs -, la mort, la folie et un vide à combler.

Les personnages sont presque anonymes, l'auteur nous en dévoile des moments clés, des émotions fortes, mais ils sont là comme de passage, pour raconter une histoire courte. Dans toutes les nouvelles, ce sont surtout des hommes, jeunes adultes ou presque retraités. Très peu de femmes, si ce n'est en second plan, et la plupart sont mères, épouses, ex ou secrétaires (bof bof). Tous les protagonistes sont sur le seuil de la mort - la leur ou celle des autres -, respirant la solitude - la leur ou celle des autres. Et aussi : de l'obsession - pour le diable, pour Elvis -, parfois de la jalousie ou de la crainte. Concernant la mort, il semblerait que ce soit un clin d'oeil de l'auteur à sa propre mort (survenue en 2017).

Je ne connaissais pas Denis Johnson - je n'en avais même jamais entendu parler - donc je découvre un auteur apparemment très connu et apprécié de l'autre côté de l'océan. le résumé m'avait alléchée, et je remercie Christian Bourgois et Babelio pour la découverte. Il semblerait qu'il y ait plusieurs aspects légèrement autobiographiques ou en tout cas clairement reliés à l'auteur dans ces nouvelles - je serai bien en peine d'en faire l'analyse mais je peux déjà dire qu'il y a quelque redondance dans les nouvelles qui laissent à croire à des indices. Ce que je retiens surtout de l'auteur, dans ces nouvelles, c'est son sens de l'anecdotique, du détail, de l'humour dans l'absurde, et c'est aussi sa capacité à capter l'attention malgré un côté banal apparent. L'agencement des nouvelles est bien fait, en commençant léger et en terminant en fracas. Peut-être est-ce pour ça que je retiendrai surtout les deux dernières nouvelles. Enfin, quoiqu'il en soit, je me dis qu'il y a quelque chose à creuser, et je me laisserai donc tenter, un de ces quatre, par sa prose ou encore sa poésie.
Lien : https://lecombatoculaire.blo..
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Denis Johnson cultive à merveille l'art de la chute. Pas la chute de ses nouvelles mais plutôt celle de ses personnages. Dans ce recueil sont présentées des histoires d'hommes simples, fragiles, perdus, loin des classiques portraits de mâles aux prises avec leur identité virile. Ainsi ce publicitaire constatant que son existence s'est écoulée trop vite et que le poids des ans commence à se faire sortir. Ou encore ce drogué en cure de désintoxication qui a « une douzaine d'hameçons dans le coeur », ce taulard imbibé de LSD, et ce poète obsédé par Elvis.

Ils sont là, en suspens, comme prêts à se dissoudre. Des âmes seules entourées de souvenirs, de fantômes. Et le lecteur de les accompagner avec une forme de retenue proche de la pudeur. Les découvrir sans les juger, sans chercher à les comprendre, avec l'impression de les observer de loin tout en partageant des confidences qui ne lui étaient pas forcément destinées.

Décédé en 2017, Denis Johnson était admiré par ses pairs (Jonathan Franzen et Don DeLillo en tête) et considéré par les critiques comme un des auteurs les plus importants de sa génération. Dans ses nouvelles la filiation avec Carver saute aux yeux : même limpidité dans l'écriture, même minimalisme saisissant d'émotion. Mais Johnson y rajoute une touche de poésie, un soupçon de lyrisme, un trait d'humour. Surtout il porte sur le monde un regard désabusé d'une lucidité qui touche en plein coeur.
Lien : http://litterature-a-blog.bl..
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Ces cinq nouvelles mettent en scène des hommes qui abordent la mort, d'une façon ou d'une autre. . Drogué, taulard, poète, tous l'évoquent d'une façon ou d'une autre . Déroutant et fascinant.
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critiques presse (1)
Bibliobs
27 septembre 2018
Romanciers en herbe, vous gagnerez quelques années de tortures inutiles grâce aux conseils dispensés dans "la Générosité de la Sirène".
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Bon, c’est pas une famille à se tatouer son blason sur le buste. Tu te rappelles la fois où le frérot a cassé le nez de sa petite amie au salon en disant : « Voilà, j’ai rien à ajouter. » Tu te rappelles le matin où papa a plongé la main dans ses céréales ramollies puis est resté assis le regard vide, pendant environ vingt-deux minutes, avec ce truc visqueux au creux de la paume ? Tu te rappelles le jour où John a eu sa photo dans les journaux de Dallas après son arrestation, et il nous l’a envoyée par courrier comme si y avait vraiment de quoi être fier ? Tu sais ce que je me souviens surtout à propos de cette photo ? Les bords étaient tout déchiquetés, parce qu’il avait dû la déchirer avec les doigts dans le journal. Mon frère aîné est quelqu’un à qui l’Etat du Texas refuse l’usage des ciseaux.
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Suis-je en train de marteler la table de mon poing ? En tout cas, quelqu'un le fait. « Écoutez-moi maintenant ! Et faites bien attention ! À l'intérieur de chacun de nous vit un empoisonneur semblable au colonel Parker. » À ce moment-là, je suis déjà debout, je crie, pleure sans doute - mon mariage, j'ai oublié de le dire, bat de l'aile ; mes finances sont au plus bas ; mon boulot de professeur de poésie apte à postuler à la titularisation dans cette prestigieuse université ne tient plus qu'à un fil, un état de fait qui n'a rien à voir avec mon enseignement, lequel est déplorable, ni avec mes poèmes, qui relèvent de l'imposture, mais tout avec la politique du département, à laquelle je ne comprends rien - alors oui, vociférant et en larmes, j'ordonne à mes étudiants de me quitter sur-le-champ, de sortir, de rentrer chez eux - « Allez vous asseoir à votre table sans stylo, sans papier, sans même les mots. Explorez votre cœur, arrachez-en votre colonel Parker pour l'extirper de là, ouvrez grand les mâchoires, déchiquetez-le entre vos dents, réduisez-le en bouillie dans votre estomac, expulsez-le comme une merde - oui, entrez en éruption ! - puis apportez-moi ça tout barbouillé sur la page ! »
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Au cours des années suivantes marquées par la culpabilité, l'obsession de Mark pour Elvis a atteint des sommets de frénésie dépassant de loin celle de son frère et elle s'est fixée sur un aspect particulier de l'intérêt porté par Lance au Roi du rock'n'roll - la théorie de son frère, ou son hypothèse, selon laquelle l'Elvis Presley retrouvé mort sur le sol de sa salle de bains l'après-midi du 16 août 1977, l'Elvis Presley qui avait vécu presque vingt ans à Graceland, n'était pas Elvis Presley ; au printemps 1957, le colonel Tom Parker s'était arrangé pour faire disparaître - assassiner, tuer avec préméditation - le Roi et le remplacer par un Elvis conciliant, soit par son frère jumeau Jesse Garon Presley, qu'on croit à tort être mort-né, « mais vivant tout ce temps-là à Memphis, m'a dit Ahearn, chez sa mère adoptive, Sarah Jane Restell, la sage-femme démoniaque qui l'avait volé la nuit de sa naissance. »
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Je m'étais occupé de quelques ateliers de ce genre au cours de la décennie précédente, lisant et me bagarrant avec les vers de toutes sortes de participants, non seulement des étudiants chevronnés dans les ateliers d'écriture, mais aussi de jeunes enfants inscrits aux programmes « La poésie dans les écoles » subventionnés par l'État, des retraités suivant les stages artistiques de centres sociaux, et à une occasion, pendant plus d'un an, des voleurs, des trafiquants et autres voyous dans une prison fédérale ; je m'étais plus ou moins constamment demandé : mes propres tentatives valent-elles beaucoup mieux que les leurs ? La première douzaine de poèmes de Markus Ahearn m'a fourni la réponse. C'était le vrai truc ; tandis que je les tenais entre mes mains, une angoisse secrète a relâché son emprise sur mon cœur, j'ai accepté le fait que je ne serais jamais poète, seulement un professeur de poètes.
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Le directeur du département d'orthopédie s'est approché de moi. C'était soit un énorme individu, presque un géant, soit un homme qui, compte tenu des circonstances, me semblait gigantesque. Il s'est emparé de mon corps avec ses mains frémissantes de monstre, puis il a entamé sa conférence tout en manipulant ma jambe et en tripotant l'articulation pour, j'en étais absolument sûr, me dévorer. « Vous allez maintenant constater comment le cartilage endommagé provoque le blocage de l'articulation », a-t-il annoncé, mais il n'a pas réussi et il a continué d'allonger et de plier ma jambe tout en continuant son baratin. Pendant ce temps-là, je remarquais que le Grand Vide de l'Extinction avalait la réalité tout entière à une vitesse ahurissante, et pourtant rien ne pouvait interrompre notre naissance continue dans le présent.
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