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EAN : 9782923165578
106 pages
LEs Editions Ecosociété (04/06/2014)
3.48/5   22 notes
Résumé :
L'industrie touristique n'a jamais été aussi florissante. Une bonne nouvelle ? Pas vraiment... Car, si le voyage est philosophie, le tourisme est économie : le premier explore, le deuxième exploite. Il enserre les individus et les espaces dans les filets d'une organisation forcenée et impose le devoir de vacances comme une compensation thérapeutique : désormais, on part pour mieux supporter à son retour le joug d'une existence sans saveur. Ce manuel corrosif démasqu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Ce livre est un constat lucide sur la manière dont la domination marchande mondialisée a tué le voyage et tout ce qu'il contenait comme promesse de découverte et d'expérience. Comment le voyageur a été transformé en touriste et en consommateur au service de la machine économique. Comment le tourisme est devenu lui-même machine à détruire ce qui demeurait de cultures originales, d'espaces naturels et, pire encore, d'authenticité dans les relations humaines.

« On parla, au fil des temps, de démocratisation des voyages, sans se rendre compte que, bien des années plus tard - aujourd'hui -, la démocratie deviendrait pour beaucoup soluble dans la consommation. Et le tourisme devint consommation, élément majeur du devenir-économie du monde. Désormais, la libération initiale, devenue la norme, se fait oppressante : elle martyrise natures et sociétés humaines, opprime l'esprit des voyages et transforme l'hospitalité des lieux en prestations, les habitants en prestataires, les paysages en décors. Voilà où l'on est arrivé. »

« La consommation du monde servirait notre épanouissement individuel et, partant, justifierait le système touristique en érigeant ses vertus pour chacun.
Cela suppose que notre vie, ici, ne se suffit pas. le tourisme est l'indispensable industrie d'un capitalisme mobilitaire qui alimente la demande en jouant sur l'insatisfaction permanente propre au désir de consommation. Cette forme de frustration entraîne le mouvement. (…) le tourisme propose de quoi oublier ses soucis, à défaut de permettre de régler ses problèmes. »

« Supportant mal les situations et les engagements de longue durée, le touriste surfe, zappe, naviguant au gré de ses envies géographiques. Son carburant psychique est l'insatisfaction. Il est mû par le désir vague de renouveler ses sensations grâce au mouvement dans l'espace, qui doit apporter son lot d'étrange nouveauté, à la condition que celle-ci soit inoffensive et que son expérience soit dûment bordée de coussins de sécurité et de voies de détresse bien balisées. »

Pourtant, et c'est là que nous retrouvons cette vieille logique interne du capitalisme, le tourisme « est le luxe d'une minorité dont l'impact concerne une majorité. (…) Fort de son bon droit et de sa bonne conscience, le tourisme dessine un clivage subtil entre ceux qui ont les moyens de profiter du monde et les autres qui sont là pour servir. »
Mais alors « que reste-t-il des liens entre tourisme et voyage, justement ? (…) le touriste, cet autre soi-même que le voyageur voudrait un moment oublier, ce touriste donc, devant lui où qu'il aille, signifie la ruine de son voyage, l'anéantissement de sa découverte. Alors tout est bon pour éloigner cet anti-héros du voyage de son univers subjectif : le fuir en visitant des lieux que les touristes n'ont pas encore envahis. le mépriser, prétendre ne rien avoir de commun avec lui. »

Un tableau intéressant, à travers cette problématique particulière, de cette schizophrénie où nous fait constamment verser la logique marchande dans un monde réduit à sa sphère économique et où les réalités humaines dans leurs diversités sont constamment bafouées et sciemment occultés.
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Ce livre est assez décevant. Certes la critique du tourisme actuel, prolongement de notre société de consommation, est tout à fait juste. Mais au delà, le livre "tourne en rond" ne cesse de se répéter. Une seule vision du tourisme est exposée, sans aucune mesure. Pas de piste d'un autre tourisme et même pas vraiment d'explication sur cette dérive. Ne sont pas ou peu exposés les conséquences de cette situation. Bref, l'analyse offerte aurait mérité d'être beaucoup plus étoffée et illustrée.
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Nous ne sommes plus des voyageurs. Nous sommes des touristes, des consommateurs de destination.
Il faut avoir "fait" un certain nombre de pays pour briller en société.
Ce livre nous le rappelle : le voyage est un produit commercialisable comme les autres. Sa consommation alimente l'économie mais détruit des sociétés et des espaces naturels.
D'autre part, le touriste veut bien de l'aventure pour oublier son quotidien, mais en toute sécurité.
Cette étude est très intéressante et confirme une impression générale.
Cependant, le contenu est parfois un peu redondant et il manque d'exemples qui illustreraient de manière plus vivante le propos.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
« Une faible proportion de personnes dans le monde dispose de smoyens d'être des touristes. Comme l'automobiliste (80% de la population mondiale n'utilise pas encore de voiture), le touriste est un marginal destructeur. Loin d'être si généralisé que cela, le tourisme apparaît donc bien comme la pratique de celles et ceux qui disposent de suffisamment de ressources économiques pour jouir du monde sans entraves. Il est le luxe d'un minorité dont l'impact concerne une majorité, parce que cette minorité tente d'aller partout et que partout on cherche à attirer son pouvoir d'achat. Son pouvoir d'achat plutôt que sa bonne mine, n'en déplaise aux idéalistes. »
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On parla, au fil des temps, de démocratisation des voyages, sans se rendre compte que, bien des années plus tard - aujourd'hui -, la démocratie deviendrait pour beaucoup soluble dans la consommation. Et le le tourisme devint consommation, élément majeur du devenir-économie du monde.
Désormais, la libération initiale, devenue la norme, se fait oppressante : elle martyrise natures et sociétés humaines, opprime l'esprit des voyages et transforme l'hospitalité des lieux en prestations, les habitants en prestataires, les paysages en décors. Voilà où l'on est arrivé.
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« L'un des paradoxes du tourisme d'aujourd'hui est de tuer ce dont il vit, en véritable parasite mondophage. Celui-ci préfère le divertissement à la diversité ; le premier est en effet plus confortable car il ne remet rien en cause. Ainsi le touriste déclare son amour à cette planète dans ses moindres recoins, et, ce faisant, il contribue à l'épuiser impitoyablement. »
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« Le vrai voyage n'est-il pas dans l'aller simple ? Se laisser embarquer au gré des routes terrestres, ferroviaires, maritimes, bifurquer lorsqu'on ne s'y attend pas. Eloge de la lenteur. Bonheur ineffable de se trouver en transit en mouvement, entre deux points. Eprouver physiquement la distance, découvrir l'entre-deux, se retrouver à Pétaouchnock... »
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Supportant mal les situations et les engagements de longue durée, le touriste surfe, zappe, naviguant au gré de ses envies géographiques et de sa quête d'expériences. Son carburant psychique est l'insatisfaction. Il est mû par le désir vague de renouveler ses sensations grâce au mouvement dans l'espace, qui doit apporter son lot d'étrange nouveauté, à la condition que celle-ci soit inoffensive et que son expérience soit dûment bordée de "coussins de sécurité et de voies de détresse bien balisées".
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Le tourisme : un anti voyage - Rodolphe Christin mars 2019
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