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EAN : 9782815910422
480 pages
L'Aube (18/09/2014)
3.21/5   12 notes
Résumé :

Une fois de plus, le commissaire Louise Boni travaille le samedi. Une fois de plus, elle a bu quelques verres de trop. Quelques verres pour oublier qu'il neige, comme il neigeait le jour où son frère s'est tué en voiture, le jour où son mari l'a quittée, le jour où elle a abattu le criminel René Calembert. Il neige, et Louise Boni va traquer en pleine forêt, la nuit durant, un étrange moine bouddhiste. Est-ce e... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Louise Boni est commissaire de police à Fribourg. Elle est appelée un week-end pour seconder un collègue campagnard qui se trouve face à un moine bouddhiste japonais qui erre dans son patelin puis dans sa forêt enneigée et glaciale.

Impossible de faire un billet qui tienne la route de ce Polar Littéraire Non Identifié, de ce truc qui donne l'impression de partir dans tous les sens puis finalement de partir à l'opposé pour en fait non repartir dans les autres digressions, pardon, directions. Tout cela pour aboutir un machin bien ficelé !

Et puis, une révélation m'étreint en arrivant à la page 104 : l'héroïne y lance cette phrase comme un cri du coeur : « Quand, pensa-t-elle, allait-il enfin se passer quelque chose ? ». Et comme c'est exactement ce que le lecteur (en l'occurrence, moi…) se dit à ce moment-là, on (oui, enfin, toujours moi quoi) en vient du coup à se demander si tout ce qui ne s'est pas passé avant n'est pas foncièrement et perversement voulu par l'auteur qui vient de plonger pendant une centaine de page son lecteur dans une dimension presque surréaliste, dans un état presque léthargique. Et si l'auteur jouait beaucoup plus subtilement avec son lecteur qu'il n'y paraissait au premier abord ?

Il joue tout d'abord sur l'ambiance apocalyptique qu'il fait peser sur sa narration en plaçant sa « non action » dans un paysage lunaire fait de forêt sombre et glacée, de neige blanche et glacée, de personnages tristes et glacés, en y distillant (toute référence à l'alcoolisme de l'héroïne étant ici particulièrement réfléchie) des apartés totalement ubuesques.

Rappelons donc et précisons que sur ces 100 premières pages, un moine bouddhiste erre dans la campagne allemande, on ne sait pas trop pourquoi. Mais le commissaire Louisa Boni est persuadée, elle, qu'il cherche ou fui quelque chose et qu'il est en danger. Elle le suit, passe la nuit avec lui dans la forêt, part chercher de l'aide auprès de son commissaire, revient, le suit à nouveau, perd ses collègues dans la neige… et on en est à se demander encore pourquoi tout cela quand les enquêteurs se mettent à échanger sur le fait qu'ils mangeraient bien un kebab ou une pizza quatre saisons, mais que les champignons c'est moins bon réchauffés, que du coup ils prendraient une pizza sans champignons, mais alors ce n'est plus une quatre saisons mais une trois saisons…

Sans parler des sempiternelles pensées que Louise livre au lecteur son frère qui s'est tué en voiture à cause de la neige (un peu), sur son mari qui l'a quittée en hiver sous la neige (beaucoup) et sur le pédophile qu'elle a tué deux ans plus tôt, toujours en hiver et sous la neige (passionnément, c'est le catalyseur qui a provoqué l'alcoolisme de Louise, par ailleurs terrain fertile par les drames précédents de sa vie), pensées auxquelles se mêlent tous les éléments de l'histoire qui se déroule sous nos yeux dans un fol et entêtant tourbillon enivrant (toute référence… particulièrement réfléchie). Ce rapport de culpabilité face à la neige par ailleurs symbole de pureté n'est qu'une perversion de plus proposée par l'auteur.

Ce côté totalement déroutant, ubuesque et quatrième-dimensionnesque est à mon sens, pour peu qu'on prenne le temps d'y réfléchir un peu, une grande idée de l'auteur, surtout quand on en prend conscience au bout du premier quart du livre. Ce sentiment de flou constant dans lequel pataugent Louise et le lecteur s'apparente aux troubles de l'alcool dans lesquels Louise vit de façon à peu près continuelle.

Le récit avance donc par à-coups au même rythme que les coups de Jägermeister que Louise s'envoie régulièrement, se baladant en permanence avec une bouteille dans les poches, cachant des bouteilles partout dans son appartement. L'histoire avance au rythme des cuites et des éclairs de lucidité de Louise. Il ne fallait pas être manchot pour réussir à faire de tout cela un livre qui se tient tant par la forme que par le fond.

Oliver Bottini réussit ainsi l'exploit de faire bon usage de son cerveau pour éviter de sombrer dans le morbide, la surenchère et les descriptifs sordides en traitant du trafic d'enfants asiatiques plus ou moins orphelins au profit de pédophiles. Un sujet grave s'il en est abordé avec retenue et tout en nuances à défaut de crudité.

Lien : http://wp.me/p2X8E2-fW
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Que voici un polar étonnant... et bien fichu. Exactement comme je les aime. Une filiation évidente et assumée avec Henning Mankell (deux citations dans le livre). Louise est en quelque sorte la petite soeur livresque de Kurt Wallander : elle est divorcée, s'entend mal avec ses parents, est plutôt une flique qui travaille seule, qui bosse la moindre piste mais se fie aussi à son instinct, à ses sentiments, elle est un brin dépressive (l'alcool ne l'aide pas vraiment). Filiation il y a mais Oliver Bottini sait créer une ambiance qui lui est propre. Pour nous Français, Louise pourrait être aussi le pendant dramatique de Viviane Lancier la fameuse commissaire de Georges Flipo (qui n'aime point les vers ou qui n'a point l'esprit club) : elle a quelques kilos en trop (à peine cinq, une broutille), apprécie les jeunes gens et peut souffrir de misanthropie.
Oliver Bottini ne lésine pas sur les seconds rôles, ils sont bien décrits, bien travaillés, tant ceux qu'on ne verra que le temps de cette enquête (qui meurent ou qui sont des protagonistes de l'histoire en cours) que les collègues de Louise, Bermann son chef impulsif, Lederle aux petits soins pour elle, Katrin Rein, la psychologue qui va tenter de la faire sortir de sa mauvaise passe et qui s'inquiète pour elle. Mais c'est Louise qui bénéficie du traitement le plus important, on n'ignore quasiment rien de ses tourments, de ses malheurs, de ses questionnements et de ses peurs. Elle vit avec des images des gens qui l'ont croisée ou qui la croisent encore, parfois on peut être surpris car un nom sort qu'on ne connaît pas (cf. Amélie, p. 88/89), ce n'est pas gênant pour la bonne compréhension, mais ça surprend ; je me dis que comme c'est une série, on apprendra des trucs dans les autres volumes, qu'on suivra Louise dans ses difficultés. Paradoxalement, on ne sait que très peu de son apparence physique, l'auteur distille de rares informations au fil des pages : brune, 4.5 kilos en trop, 42 ans, Anatol, son jeune amant lui dit "qu'elle possédait une étrange beauté, une beauté "pour ainsi dire souterraine". Elle n'était pas d'une véritable beauté au premier coup d'oeil, parce qu'elle n'était "pas vraiment mince" et tout, "et tes cheveux, tu ne t'en occupes pas vraiment, non ?" En revanche, plus on la regardait, plus elle devenait belle, d'une beauté tout simplement captivante ; sa mimique, son rire, son air béat, son regard et son corps possédaient une beauté qui leur était propre, quelque chose de chaleureux, de sauvage, de triste, de singulier, d'authentique, et après, on ne pouvait plus la quitter des yeux, plus arrêter de la caresser." (p.375)
Pour être complet, ce roman policier n'est pas d'un rythme effréné, à tel point qu'arrivé à un bon quart (environ 100 pages puisqu'il en fait 402) on se demande vraiment ce qui se passe, on n'a fait que se balader en montage avec Louise et le moine, mais on remarque qu'on ne s'est pas du tout ennuyé, au contraire. Les investigations sont longues, lentes et Oliver Bottini digresse sur les relations policières franco-allemandes, sur la société actuelle, sur le trafic d'enfants (puisque c'est cette direction que semble prendre l'enquête), sur ce besoin d'enfants à tout prix qu'ont les Européens pensant sauver de la misère des enfants asiatiques ou africains en les adoptant, sur le bouddhisme et cette manière particulière d'aborder la vie et le sens qu'on lui donne. Un polar qui ne se contente donc pas d'aligner des indices et des coups de feu. Un polar ancré qui parle de la société, de ses débordements, ses aberrations, sa demande de consommation excessive et aussi des réponses possibles pour se recentrer et prendre du temps pour soi.
Un excellent début de série policière qui me rappelle les meilleures d'entre elles, et comme j'ai le deuxième tome chez moi, eh bien je suis plus que ravi. N'hésitez pas, commencez-la, en plus ce Meurtre sous le signe du zen est en collection poche.

Lien : http://lyvres.over-blog.com
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Elle est très triste cette policière, bien sur elle est alcoolique. Mais je me suis attaché à elle et à ses manières de rebelle indisciplinée qui attrape les méchants, parfois en les tuant à coups de pistolet. Coté sexe, malgré sa grosse déprime qui la fait pleurer partout, elle drague "à donf" et ne crache pas sur un jeune chauffeur de taxi de temps en temps. Même si elle préférerait le prof de zen, beau mec marié à une japonaise enceinte. Mais cela se passera dans une autre vie.
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Reprends beaucoup des clichés des "polars" mais avec un certain talent.
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Personnages +++
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
... elle possédait une étrange beauté, une beauté "pour ainsi dire souterraine". Elle n'était pas d'une véritable beauté au premier coup d'œil, parce qu'elle n'était "pas vraiment mince" et tout, "et tes cheveux, tu ne t'en occupes pas vraiment, non ?" En revanche, plus on la regardait, plus elle devenait belle, d'une beauté tout simplement captivante ; sa mimique, son rire, son air béat, son regard et son corps possédaient une beauté qui leur était propre, quelque chose de chaleureux, de sauvage, de triste, de singulier, d'authentique, et après, on ne pouvait plus la quitter des yeux, plus arrêter de la caresser. (p.375)
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- Et là, tu est comment?
- Comment ça comment?
- Tu est bourrée?
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policier
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