Mondo Disco est un livre sous forme graphique, dans lequel son auteur,
Nicolas Wild, nous transporte de Beyrouth à Istanbul en passant par l'Ukraine, le Maroc, la France, le Népal ou encore le Cambodge.
Quel lien entre ces destinations ? Aucun, si ce n'est qu'elles font parties des lieux qu'a visité (et croqué)
Nicolas Wild entre 2012 et 2018.
Ce que j'ai particulièrement aimé c'est que chaque ville est représentée sous un format différent, je m'explique :
Nous commençons par Beyrouth, il s'agit d'une petite bande dessinée sur une soirée qu'y a passé
Nicolas Wild. le ton est drôle, le trait assez simple. C'est un chouette petit souvenir, bonne entrée en matière.
Puis nous nous envolons avec
Nicolas Wild pour le Népal. Il est missionné par Arte pour suivre une équipe en reportage sur le camp de Beldangi qui est un camp de réfugiés.
Ici son trait est plus précis, les planches sont colorisées pour la plupart et le ton est plus sérieux, le but est informatif. Et puis au milieu de cela nous trouvons les réflexions personnelles de Nicolas sous formes de dessins, toujours ! Elles sont drôles mais aussi touchantes, voire émouvantes.
Pour la destination suivante nous ne sommes pas trop dépaysés puisqu'il visite une base aérienne militaire française. Cette partie est très drôle, et si depuis le début
Nicolas Wild fait preuve de beaucoup d'auto-dérision, c'est je pense dans cette partie-ci qu'elle est poussée le plus loin. Quel plaisir, mais quel plaisir ! Et malgré les éclats de rires que la lecture de cette intrusion en milieu militaire m'a procurés, j'ai appris pas mal de choses.
Notre visite d'Istanbul se fait sous la forme d'un carnet de voyage où il met en commun ses dessins et ceux de son ami Marc. Très plaisant à feuilleter, les dessins comportent de nombreux détails, les dessins architecturaux sont splendides.
Arte fait son retour en envoyant Nicolas en reportage à l'ancienne centrale nucléaire de Tchernobyl en Ukraine. le ton y est de nouveau plus informatif mais tout comme pour le reportage au Népal, l'humour côtoie la détresse. le mélange est juste. Approuvé !
La suite nous emmène au Cambodge pour traiter de l'urbanisme de la ville de Phnom Penh.
Ici encore la triste et dure réalité se mêle à l'humour de
Nicolas Wild. A aucun moment l'humour de Nicolas ne vient faire de l'ombre à la triste réalité que vivent les personnes qu'il rencontre !
De retour en France nous y restons pour « enquêter » sur le crash de deux avions de la compagnie Air India, le Malabar Princess et le Kanchenjunga. C'est ce dernier qui intéresse le plus l'opinion publique puisqu'il transportait un physicien indien qui travaillait sur la bombe atomique pour son pays. Ce reportage sur son « enquête » est paru dans un magasine lyonnais et comme pour le reportage sur Tchernobyl, la fin est hilarante.
Puis nous terminons ce tour du monde avec un carnet de voyage marocain. le trait est plus léger, pas de colorisation. On a l'impression d'ouvrir un carnet de dessin que quelqu'un aurait oublié sur la table. C'est beau.
De plus, au tout début il y a une carte (faisant office d'index) représentant les différents lieux visités ainsi que des pictogrammes pour nous permettre de visualiser ce qu'on va y trouver (exemple : nucléaire, Arte, conflits, réfugiés etc.). J'ai trouvé l'idée géniale, je m'en suis beaucoup servi.
Vous l'aurez compris, il s'agit d'une petite pépite. La différence de traitement des destinations fait qu'on ne s'ennuie jamais, ce n'est pas du tout monotone, ça bouge, c'est drôle, c'est piquant.
Je salue une nouvelle fois l'auto-dérision de
Nicolas Wild, qu'est-ce que j'ai ris et qu'est-ce que j'ai compatis ! J'ai aussi beaucoup appris, merci !
Mon seul bémol sera sur le format.
J'ai trouvé ça un peu petit. Les dessins qui prennent toute la page sont tronqués, il manque des bouts. Alors quand il s'agit d'un texte et qu'on n'a pas la fin des mots, la compréhension en est difficile. Un format plus grand n'aurait pas été du luxe, d'autant plus que parfois certains commentaires à côté des photos sont très petits et quand ils sont écrits à la main il faut que je colle mon nez sur la page pour lire correctement.
Ce n'est que technique, mais c'est dommage.
Je recommande chaudement ce livre, le trait est envoûtant et le ton délicieux !