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Céline Romand-Monnier (Traducteur)
EAN : 9782207259191
288 pages
Denoël (07/02/2008)
3.55/5   11 notes
Résumé :

Robert Bell, journaliste de seconde zone, le sait bien : rien ne se passe dans la morne .petite ville d'Odda cité industrielle sur le déclin nichée au fin fond d'un fjord norvégien. Bercé par la routine - un article par-ci, un petit verre puis un rendez-vous amoureux avec sa belle-sœur Irène par-là -, notre homme s'ennuie doucement. Comme les autres habitants, il est aussi engourdi qu'un ours en pleine hibernation. Alors quand un cadavre remonte à la sur... >Voir plus
Que lire après Ne réveillez pas l'ours qui dortVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Le néo norvégien ça vous dit quelque chose ?
C'est le nynorsk, une des deux normes de la langue écrite norvégienne, la seconde étant le bokmäl. Ces deux là sont toutes deux reconnues comme langues officielles. le nynorsk est utilisé aujourd'hui par environ 10 à 15 % de la population.
Une ville, Odda, dans les profondeurs d'un fjord à côté de Bergen.
Une drôle de ville qui nous est décrite comme un lieu où "quelqu'un était venu sur la pointe des pieds, avait porté un index à ses lèvres et fait chut !".
Nous allons découvrir la chaleur à Odda, de quoi parlons nous ?
Le climat subarctique est décrit avec été court et frais. (Il offre des différences climatiques parmi les plus extrêmes de la planète. En hiver, la température peut chuter jusqu'à -40°C alors qu'en été, elle peut atteindre 30°C). Surprise, la canicule ça existe sous ces latitudes.
Les personnages, Robert, journaleux, qui tente au travers de ces écrits de faire fonctionner "l'aspirateur à lecteur" pas mal trouvé comme définition.
Frank, policier peut être mais c'est surtout le mari d'Irène et le frère de Robert.
Le style de l'auteur, percutant, on passe son temps à recevoir des claques dans la gue.... , c'est violent, direct, très perturbant, nous frôlons le KO à plusieurs reprises.
L'intrigue, un meurtre, oui bien sûr, mais ce qui nous est raconté là, c'est le naufrage d'une ville autrefois industrielle et qui a comme tant d'autres, été victime de la mondialisation et de la recherche du profit envers et contre tout.
Découvrir comment une maison de retraite devient un foyer de demandeurs d'asile, "les politiques locaux avaient découvert que les vieux étaient une source de dépense et les demandeurs d'asile de revenus".
Assister impuissant au spectacle de ce qu'est devenue l'information, dans nos pays dit civilisés, cette chasse au scoop. Peu importe le sujet, peu importe si il existe seulement, il suffira de le créer, ce qui compte c'est l'audience !
Voir et revoir se jouer la condamnation préalable de ces étrangers qui ont fuit la misère économique de leur pays croyant retrouver au pays des droits de l'homme, l'espoir d'une autre vie, et puis en Norvège comme en France, économie souterraine,foyer logement, foyer concentrationnaire, ....
La moralité de notre époque peut elle se résumer à cette maxime : "On vient au monde pour bosser et pour baiser. Point final ".
Ne réveillez pas l'ours qui dort, ne réveillez pas l'amour, ne pas faire de vague, hier, aujourd'hui ou demain. Se laisser porter par ce qui ressemble à une vie ....
Ca donne pas vraiment envie, en Norvège comme en France, on devine la rumeur populiste qui gonfle .... Qui gonfle .... Que faire ?
Alors ....
On surveille les canetons, qui disparaissent la nuit, il faut faire des tours de garde, cela suffira t t'il ?
Je n'en suis pas sûre mais c'est un bon début !
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À un moment où le gouvernement français propose de répartir l'accueil des immigrés en zone rurale pour éviter la concentration dans les villes, il m'a semblé troublant de découvrir, dès le début de ce roman de 2004, la réflexion d'un Norvégien d'Odda (7000 habitants) :"Il faut qu'ils suppriment le foyer de demandeurs d'asile […] Les étrangers sont mieux à Oslo. Parce que là-bas, il y a déjà tout et n'importe quoi." Ne réveillez pas l'ours qui dort est un roman social et un roman policier qui se situe dans le cadre d'un bourg norvégien qui se meurt. Là-bas, les étrangers sont mal vus et sont donc les premiers suspectés quand quelque chose arrive. Ils sont Serbes, Albanais, Kurdes, Somaliens, Tamouls…

Quand le fils Pedersen est retrouvé mort noyé dans la rivière, après avoir eu une altercation le soir précédent avec des demandeurs d'asile, la rumeur publique, puis les journalistes et enfin le parti de droite pointent du doigt les Serbes, présumés coupables sans aucun début de preuve. Robert, journaliste à BT, enquête. Frank, son frère policier, enquête également. La meute des journalistes tourne en rond dans Odda attendant la percée dans l'enquête et le scoop. le lecteur aussi. Mais l'auteur nous emporte vers d'autres horizons: le mal-être croissant éprouvé par Robert, les affres de son adultère avec sa belle soeur et l'amitié entre Robert et un mineur isolé étranger.

Ce roman, l'air de rien, est une charge contre les journalistes qui veulent faire du papier à tout prix, n'hésitant pas à suivre la police dans ses déplacements, à faire des mises en scène ou à imaginer - sans preuve - des liens entre des évènements. C'est aussi une attaque contre la mondialisation qui a fait fermer une à une les usines d'Odda et qui, en même temps, y a amené tous ces demandeurs d'asile étrangers, dans un bourg où il n'y a plus de travail. Beau roman, au ton désabusé, à la fin émouvante et qui amène à réfléchir.
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Une lente exploration d'Odda, ancienne citée industrielle au fond d'un fjord. Un journaliste enquête. La force de l'auteur est de construire, en creux des phrases, une atmosphère oppressante, au delà des descriptions de la décomposition sociale, de la jalousie, de la crise économique, de l'oisiveté, de l'alcoolisme, des migrations et du racisme.

Nous sommes ici loin des images d'Épinal des sociétés du nord de l'Europe et de leurs régimes sociaux à imiter…

Certains ouvrages renforcent le regard sociologique des espaces discrets de l'écriture.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Dans une maison sur l'autre rive, une femme lavait ses carreaux. Désormais, cela avait un sens de nettoyer ses vitres à Odda. La fonderie avait fait faillite fin avril et la poussière de carbure ne déposait plus son voile gris sur la ville. Les grues du quai étaient immobiles. Le téléphérique arrêté. Les bennes s'alignaient du port jusqu'à Nyland, tels de petits points dans le ciel. On aurait dit que quelqu'un était venu à Odda sur la pointe des pieds, avait porté son index à ses lèvres et fait chut!
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La camionnette de glacier était garée dans la cour. On disait que Pedersen avait eu des problèmes avec la perception quelques années plus tôt. Afin d'obtenir un abattement fiscal, il avait déclaré un kilométrage bien trop élevé. Le percepteur avait averti l'inspection, sur quoi Pedersen était allé droit à sa camionnette, avait démarré et avait fait l'aller-retour jusqu'en Suède dans le week-end.
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[...] on s'habitue aux choses les plus étranges. Tu acceptes n'importe quoi, et puis tu t'y habitues. Tôt ou tard, ça devient ta vie.
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