Tome 3 : L'Arbre de vie.
La couverture parle d'elle-même, je pense. le monde s'enfonce dans le chaos. L'Arbre de vie, Yggdrasil, a été détruit, les Élémentaires ne peuvent plus se régénérer, les déesses sont courroucées et les hommes sont perdus, certains baignés dans un retour tardifs de spiritualité, qui semble fort peu sincère, d'autres luttant de toutes leurs forces pour essayer d'inverser le cours des choses, pour rétablir l'équilibre.
Cyan semble défaite, la mort d'un seul homme fait prendre conscience de la vacuité, de l'orgueil et de l'insanité de leur conduite passée, mais le mal est fait, et à vouloir encore jouer et à encore se prendre pour des dieux, ils déclenchent d'autres catastrophes. La nature profonde des choses est affectée par la perte d'Yggdrasil, alors que les déesses elles-mêmes se déchirent pour l'avenir des hommes. Faut-il les anéantir ou croire encore en une poignée, capable de sauver le monde, de restaurer l'équilibre et de réinventer un arbre de vie?
Ce dernier volet de la trilogie m'a étonnée. Les graphismes sont toujours d'une beauté à couper le souffle et se mettent une fois de plus au service du sens. La colère des uns semble sortir du cadre de la page, toutes les émotions mentionnées irradient et sautent aux yeux dans un élan de couleurs et de traits. Il y a énormément de petites trouvailles graphiques : la représentation des morts est fabuleuse, la manière de représenter le passage du plan des vivants au plan des morts aussi, l'entrée dans le Royaume des élémentaires est très intéressante également. La métaphore des loups, venus dévorer l'humanité, la matière dont ils semblent faits, leurs postures, leurs yeux sont aussi glaçants que beaux. Ils dégagent ce charme de l'horreur, cette beauté du danger et tétanisent en même temps qu'ils fascinent. Je suis totalement subjuguée par ces dessins au charme esthétique et symbolique.
Dans ce tome 3, les rebondissements s'enchaînent et nous ne sommes pas déçus. Nos héros s'acharnent, poursuivent leur destin contre vents et marée, vaille que vaille, coûte que coûte. Cela les rend touchants. Plus d'une fois, j'ai tremblé pour eux, plus d'une fois, mes espoirs ont été déçus.
Quant à la fin, je n'en dirai pas grand chose pour ne pas gâcher le plaisir de la découverte, mais elle est stupéfiante, déroutante, belle bien sûr. Elle est aussi chargée d'optimisme que le traits et la teneur du tome sont chargés de noirceur, de drames, de désespoir et de mort. Ce contraste est étonnant et… particulièrement beau. Je pense très sincèrement que je relirai cette BD et que j'ai trouverai une autre strate de sens, une fois que j'aurai encore un peu plus digéré ma lecture.
Ainsi, nous avons ici une magnifique trilogie. le propos est sublimé par des dessins d'une beauté exquise, le fond est plus que jamais d'actualité : garder mémoire du passé, conserver l'équilibre qui permet à la vie d'éclore. Alliance de modernité et de mythologie, de sciences et de magie, de mortels et de dieux… Tout ici se mêle et s'entremêle pour gagner en épaisseur, pour créer un monde, beau et cruel, balayé par la cupidité et l'orgueil, par le courage et l'altruisme. L'espace de trois tomes, un cycle entier se déroule sous nos yeux, une fresque belle et tragique, scintillante de beauté mais aussi perlée de pleurs. Un petit bijou.
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