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EAN : 9782070196685
192 pages
Gallimard (09/03/2017)
3.58/5   13 notes
Résumé :
À Paris, Catherine s’est battue avec ses amis communistes pour l’indépendance algérienne. En septembre 1962, elle se rend à Alger. Elle veut enseigner, aider le gouvernement de Ben Bella à bâtir un pays libre. Elle est grisée par l’inconnu, cette vie loin des siens : elle explore la ville chaque jour, sûre qu’ici tout est possible. C’est le temps des promesses : Alger devient sa ville, celle de sa jeunesse, de toutes ses initiations. En 1965, Catherine est arrêtée p... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Un roman, très bien et très légèrement écrit. Tout en sentiments retenus. C'est l'histoire d'un amour, amour d'une ville, mais aussi amour de soi ou à tout le moins de sa jeunesse, de son insouciance, de sa légèreté. Un temps qui passe et qui ne reviendra pas, un temps que l'héroïne n'oubliera pas vraiment, qui se dissipera un peu et qui restera, nostalgique, comme une blessure dans la mémoire. Catherine arrive à Alger au lendemain de l'indépendance. Son père qui l'a élevée seul – sa mère une anarchiste ne fait que passer dans sa vie – est un chauffeur de taxi, communiste pur et dur qui attend de sa fille qu'elle soit comme lui. A Alger, elle va enseigner, elle va faire une thèse, elle va partir dans tout le pays sur les traces d'Isabelle Eberhart (son sujet de thèse), elle va attendre son amour de jeunesse et vivre, libre, nombres d'aventures d'un soir. A Alger, elle va se construire au contact de Bachir, un ami de son père mais qui promène sur le monde un regard plus léger, plus indulgent, plus résigné aussi. Au contact de Vincent, son amour d'avant avec qui bien vite elle ne peut partager qu'une amitié, lui qui collabore avec le régime. Au contact d'Ali, qu'elle épousera, qui ne s'engage pas et qui cherche en vain, avec de l'alcool, des fugues, des bagarres, comment et pourquoi son père est mort dans une lutte entre factions du FLN. Ali avec qui elle vivra un amour léger qui se dénouera sans douleur, sans souffrance. Au contact d'Assia, enfin, l'une de ses élèves qui ne rêvait d'Italie, qui oubliera totalement ce rêve et qui deviendra une combattante authentique, notamment pour le droit des femmes. Catherine qui ne fut pas la combattante que son père rêvait, qui progressivement devient compagnon de route des combats des autres, sinon leur simple témoin sera arrêtée – elle raconte toute son histoire de sa cellule – et expulsée. Toujours, elle regrettera Alger, mais Alger n'est rien d'autre que sa jeunesse, ce passage de l'enfance à la maturité, cette construction d'un être de l'intérieur qui finalement, sans le savoir peut-être, est bien plus dilettante qu'elle ne veut le croire. Mais ce dilettantisme qui tranche avec le caractère entier de son père et d'Assia qui est en quelque sorte la fille que celui-ci aurait rêvé, la prive de la possibilité d'être totalement à l'intérieur de ce qu'elle vit. Elle connaît et connaitra nombre de plaisirs, légers, éphémères – le plaisir de se promener, de lire, de visiter, de faire l'amour, de voir la beauté du monde – mais gardera sans doute, intimement enfouie, la douleur de ne pas avoir été totalement entière, de ne pas avoir été réellement « croyante » comme l'étaient les communistes. Il reste le parfum léger et disparu de ses « amis rouges », de la « maison rouge », de ses « années rouges », un temps à jamais révolu
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Si Catherine est communiste, elle ne fait que suivre la voie tracée par ses parents qui l'ont élevée dans une banlieue "rouge"...Sa mère, anarchiste, abandonne vite le foyer et Catherine grandit au milieu des tracts communistes, pourtant quand elle décide d'aller enseigner au Lycée français d'Alger, son père ne comprend pas son engagement.

Pour Catherine, Alger est un paradis. Si, au départ, elle est convaincue de mener une révolution aux côtés de ses amis communistes, les "pieds-rouges" (ceux, parmi les français, qui sont allés en Algérie après 1962), elle tombe vite amoureuse d'une ville, d'un mode de vie et ses propres envies révolutionnaires s'étiolent, se dilatent.

Arrêtée par la police du gouvernement, elle a du mal à expliquer comment elle a glissé d'un combat à une "adoption", comment elle est devenue plus algéroise que communiste...

Coup de coeur pour ce roman dont la narration impeccable, forte et amoureuse, m'a embarquée dans l'Alger post-coloniale, où Catherine, parfois confuse, parfois perdue, semble tout à coup une héroïne, pourtant ordinaire mais foncièrement attachée à la "ville blanche", Catherine qui admire Isabelle Eberhardt, suit ses traces, son engagement, sans s'en rendre compte, devenant autochtone, loin des luttes communistes...
J'ai adoré cette histoire et surtout la narration, entre nostalgie et sensibilit, ce phrasé lumineux, tantôt grave, tantôt léger. J'ai aimé comprendre comment Catherine, forte de convictions devenait une autre, ni tout à fait semblable, ni tout à fait différente, la manière avec laquelle elle analyse ses "lâchetés", comment elle s'éloigne de ce qu'on a pensé pour elle, à sa place.

Un roman magnifique !
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Anne-Sophie Stefanini est née en 1982. Elle nous conte l'histoire de Catherine, jeune femme d'une vingtaine d'années en 1962.

À contre courant du courant des pieds-noirs qui refluent vers Le France en 1962, Catherine a milité avec ses amis communistes pour l'indépendance de l'Algérie et est venue vivre à Alger pour aider le nouvel État dans ses premiers pas. À l'utopie d'un monde nouveau va progressivement se substituer en trois ans la désillusion consécutive au décalage constaté entre le rêve et la "force des choses". Dès que Boumédienne renverse Ben Bella, Catherine est invitée à méditer en prison sur son engagement, ses relations avec son père, ses amours, son destin. le roman rapporte cette introspection.

Je ne saurais dire pourquoi je n'ai pas été "accroché" par ce livre. Trop de place occupée par Catherine ? Difficulté à comprendre son engagement ? À la question posée au lecteur au début (du moins à celle que je me suis posée : "Mais que fait-elle là ?") on ne trouve pas de réponse convaincante si ce n'est peut-être qu'il s'agit en fait de quelque chose qui ressemble à la rébellion tardive d'une post adolescente contre ses pères et mentors.
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Après la révolution, voilà la désillusion.
Vaste projet.
Mais le "je" envahit le livre, le style est plat et soporifique.
Heureusement le livre ne fait que 186 pages, écrites en gros caractères. Moyennant un petit effort on parvient au bout.
En définitive, la désillusion ce fut pour moi.
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Ce roman raconte l'engagement de Catherine, communiste parisienne engagée dans ses années étudiantes pour l'indépendance algérienne. Elle rejoint Alger en 1962 pour participer à la construction d'un pays qui se veut libre. Elle y passe 3 ans pendant lesquels elle enseigne et milite mais ne voit pas (ne veut pas voir) que la révolution n'est pas à la hauteur des espérances et que les reniements du gouvernement laisse venir le coup d'état. Arrêtée parce qu'étrangère et opposante au nouveau gouvernement, elle sera finalement expulsée. Emprisonnée et interrogée, elle revient sur ces années et analyse ses engagements autant que ses renoncements. Belle lecture.
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critiques presse (1)
LeMonde
01 juillet 2017
Ce e qu’Anne-Sophie Stefanini met en place, avec un tact fragile et une rigoureuse sensibilité, c’est un dialogue qui contraint les pères à briser le silence, à s’expliquer.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Je prononcerai les mots université, faculté qui n'évoquent pour lui qu'une place d'Alger, un bâtiment colonial, un tunnel, et j'utiliserai un autre mot, littérature. Je lui dirai que dans ce nouveau monde qu'il tant souhaité, c'est un mot aussi important que victoire, indépendance, liberté. Je vais lui mentir et lui mentirai chaque année. J'irai à l'université parce que vous m'avez convaincue que ce mot est plus important que tous les autres.
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la fête était finie, les rêves aussi, il fallait de l'ordre, de la décence : nous buvions moins, nous fumions davantage, nos jupes étaient plus longues. Ils nous ont rendus solitaires, silencieux, hébétés et stupides. Il ne s'agissait plus de faire la révolution mais juste de pouvoir continuer à vivre ici
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Il fallait toujours débattre, contester, affirmer, tu ne lâchais jamais. Tu ignorais la rêverie, le plaisir, la langueur. Tu ne savais pas que nos esprits s'échappaient. Parfois je prenais ton silence pour un moment de paix mais je me trompais : tu ne connaissais pas la paix.
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Vidéo de Anne-Sophie Stefanini
Anne-Sophie Stefanini : "Les pieds-rouges ont pris part à l'indépendance de l'Algérie"
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