Je remercie babelio et les édition aNTIDATA pour m'avoir sélectionné lors de la dernière masse critique pour la découverte de ce petit recueil de nouvelles.
Oui, petit ! j'ai été très étonnée par le format du livre. Pour reprendre dans l'ordre je me suis tout d'abord demandé qui m'envoyait un "cadeau" par la poste : je n'imaginais pas que l'enveloppe que je recevais contenait ma lecture du mois.
Le format est celui d'un agenda de poche comme de nombreuses entreprises en distribuaient à leurs salariés il y a encore quelques années.
Mais le plaisir de lecture est inversement proportionnel à la taille du livre. J'ai commencé par grappiller une ou deux nouvelles le soir avant de rejoindre Morphée. Un peu comme enfant, je lisais une histoire dans ce fameux livre qui en contenait 365. Mais finalement, je n'ai pas résister à la gourmandise, et j'ai engloutis la moitié du livre en une soirée.
Les situations s'enchaînent sans se ressembler, et pourtant c'est très souvent des tranches de vies qu'on aurait pu connaitre, avec généralement un final un peu surprenant.
On rencontre un adulte qui n'a jamais connu son père, découvrir ses origines, un vieil aveugle qui s'accroche à sont île engloutie par les flots, des histoires de SDF, une rencontre avec un vieux profs de sports,....
Un bémol toutefois : je n'ai absolument rien compris à la nouvelle qui donne son titre au recueil.
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Thé au citron
Toutes les choses importantes ont été dites autour d’une tasse de thé, chaque événement marquant en a été précédé, accompagné ou suivi.
Lorsqu’ils voulaient se parler, ils se préparaient du thé. L’eau frémissante dans la bouilloire donnait le signal. Elle le prenait avec une rondelle de citron que, tout au long de la conversation, elle écrasait avec sa cuillère pour en extraire le jus. Plus l’échange était pénible, plus elle maltraitait la rondelle de citron. Qu’elle finisse dépouillée de toute sa pulpe et sectionnée en plusieurs endroits, signifiait qu’il se tramait quelque chose de grave.
C’est ainsi qu’en interrogeant le fond d’une tasse, j’ai compris que cette fois-ci mes parents allaient vraiment se séparer.
A mon petit-fils, âgé de treize ans, qui fait ses premières armes avec des blondes prétentieuses de quatorze ans, je demande s'il se marre. De sa réaction, entre incompréhension et malaise, je déduis que non. Pour la forme, parce qu'à la fin de ma vie je sais deux trois choses qui pourraient lui être fort utiles, je lui conseille de mesurer son amour à l'aune du simple bonheur qu'il éprouve en compagnie de son élue.
On débouche le vin et on prend de grandes rasades qui diffusent de la chaleur à l’intérieur. On parle du temps qu’il fait, des gens pressés dans les rues, calfeutrés chez eux, de l’amitié qui fait chaud au cœur, de quelqu’un ou de quelqu’une plus loin, dans une autre ville, à qui il serait arrivé quelque chose qu’on commente avec délice comme on sucerait un berlingot. On regarde le feu, religieusement, avec respect et reconnaissance. On se souvient d’autres feux, des grandioses de la fête de la Saint-Jean, des odorants dans la grande cheminée où grillent les châtaignes, des ronronnants dans les poêles en fonte des grands-mères.
À la lueur des flammes, Dina a les yeux qui brillent et ses pommettes hautes se colorent de mordoré. Elle a dû être autrefois d’une beauté bouleversante. Maurice qui la connaît depuis toujours s’en souvient. Ce n’était pas juste une fille jolie ou bien faite, non elle avait quelque chose qui vous remue tout au fond. Une beauté chaude et mystérieuse de princesse Inca. Aujourd’hui encore, si les circonstances s’y prêtaient, ce serait une sacrée belle femme. J’essaye de ne pas la fixer trop longtemps – elle n’aime pas ça -, et je remonte le col crasseux de mon manteau en jurant contre le froid. (« Au coin du feu »)
La route crevait le paysage. Je m’étais trompée à un embranchement et ne cherchais plus à atteindre ma destination initiale. Je roulais. J’avais ouvert les vitres de la voiture malgré la fraîcheur. L’air entrait violemment et faisait pleurer mes yeux. À l’horizon miroitait la ligne de la forêt. Je voulais juste m’enfoncer dans la campagne, faire le vide, faire le plein. (« Nanosecondes d’éternité »)
Lorsqu'elle s'est couchée hier soir, elle ignorait qu'elle ne se réveillerait pas.