Passés par la case prison

" C'est comme vouloir faire un câlin à King Kong. " Voilà ce que m'a répondu un ami quand je lui ai dit m'être surpris à avoir envie de prendre dans mes bras les anciens détenus qui témoignent.
On croit tout connaitre de la prison. du moins, on croit avoir une idée assez précise de ce qu'est ce lieu, de ce qui s'y passe et des personnes qui les peuplent. Grâce aux journaux, grâce aux JT, grâce aux séries télés. Il n'en est rien.
Ces femmes et ces hommes, de tous âges, livrent des témoignages forts, émouvants, lucides, sans complaisance de leurs parcours, de leurs erreurs, de leurs regrets, de ce moment où tout a basculé comme de la détention et de la vie d'après.
Tous dressent de la prison un portrait désastreux. Ce lieu punit oui mais il blesse, il heurte, il brise, il cabosse, il meurtrit, il tue… Alors, me direz-vous, ce n'est que juste récompense, que juste retour de bâton après les délits ou les crimes qu'ils ont commis et pour lesquels ils ont été condamnés.
Mais quel est le sens de la peine ? Quel est le sens de l'incarcération ? Celui de favoriser, au regard des conditions dans lesquelles cette dernière s'effectue, la récidive, celui d'empêcher les détenus de prendre du recul sur leur acte, d'empêcher les détenus de se réaxer, d'empêcher les détenus de se réparer ? Parce qu'aujourd'hui, c'est le cas…

" Mais la prison, ça n'arrive pas par hasard ! " Effectivement, mais ça n'arrive qu'aux autres non plus. On peut tous, un jour, se transformer, le temps d'un instant, en King Kong.

Mentions spéciales pour les récits de Philippe Claudel et Olivier Brunhes.

Waouh, ce livre est une véritable claque. le rétablissement de la vérité, loin de tout ce qui peut parfois être raconté. La prison est parfois idéalisée, parfois enlaidi. A travers ces 8 témoignages, on la rencontre comme elle est vraiment. Les causes qui ont amené ces personnes à rencontrer cet univers, leur vie là-bas mais aussi leur vie d'après. On y comprend concrètement que la prison n'a pas pour objectif de faire réfléchir celui qui y rentre... non, il "doit souffrir", ne pas vouloir recommencé. Et en même temps, "le milieu carcéral, c'est un peu le Pôle emploi de la délinquance, il y a tous les corps de métiers sur place : dealeurs, braqueurs, receleurs... Il suffit d'aller voir le bon pour perfectionner ses techniques" comme le dit Yazid (page 201).